jeudi 1 novembre 2012

TEARS FOR FEARS - THE HURTING


TEARS FOR FEARS - THE HURTING (1983)

Bien qu'ayant lancé de manière assez fulgurante la carrière de Tears for Fears en Grande-Bretagne en devenant disque de platine avec trois singles dans le top five britannique, "The hurting" a longtemps été quelque peu écrasé internationalement par le succès fracassant du hit "Shout" deux ans plus tard. Je dois confesser moi-même l'avoir négligé à tort trop longtemps en l'écoutant à l'ombre du second. Et pourtant, la maîtrise dont font déjà preuve Roland Orzabal et Curt Smith est impressionnante, non seulement en termes de mélodie mais également d'écriture. Tout d'abord, avec un recul salutaire, ce premier essai est plus cohérent musicalement en ne proposant que de bonnes choses là où le successeur oscille entre l'excellence et une ou deux belles bouses. Ensuite, au niveau vocal, il témoigne d'une complicité quasi fusionnelle entre les deux jeunes gens alors que par la suite, le timbre de Orzabal joue l'assurance grave face à la mélancolie gentille de Smith, un peu comme Dave Gahan et Martin Gore au sein de Depeche Mode. Rien de tout ça ici, pas de véritable dualité mais plutôt une complémentarité. Et la musique ? Je pourrais me contenter de vous renvoyer à l'écoute des brûlots que sont "Mad world", "Pale shelter" , "The prisoner" ou "The hurting" mais ce ne serait pas rendre justice à ce disque. J'ignore pourquoi mais leur musique a souvent été qualifiée de synthie pop alors qu'en réalité, elle me paraît osciller plutôt dans la veine de Echo and the Bunnymen ("Watch me bleed", 'Change') ou Teardrop Explodes, avec des machines certes mais pas dans l'optique de Depeche Mode ou Gary Numan par exemple. Oui, "Suffer the children" évoque volontiers Howard Jones mais de manière plus inquiète dans le feeling, oui, on y retrouve des synthés, des boîtes à rythmes mais également de la guitare, de la basse. Les chansons de Tears for Fears sont bourrées d'émotion, c'est comme ça, des émotions volontiers grises et tristes mais également sincères et belles. On sent pourtant un véritable travail sur les sonorités elles-mêmes, les deux Anglais ne se contentant pas d'utiliser un arsenal de base ; écoutez les percussions de "The hurting" ou "Ideas as opiates", les glissés de basse de 'Change', les synthés de "The prisoner", voilà qui confirme que ces deux-là ne sont pas de simples artistes pop même s'ils savent en capter les saveurs dans leurs mélodies. Notons aussi que les compositions alternent entre rythmes et passages plus intimistes sans la moindre mièvrerie ; Tears for Fears démontrent encore cette capacité qu'ils perdront par la suite, contrairement à Depeche Mode. "The hurting" n'est donc pas si naïf qu'on pourrait le croire ; certes, la production de "Songs from the big chair" est en béton armé mais ces premiers enregistrements révèlent un doigté d'artisan. A y bien songer, ce ne serait pas celui-ci, leur meilleur album ? Après écoute du sombre "The prisoner", du mélancolique "Mad world" ou du passionné "Pale sheleter"... Si ! (Twillight).


TRACKLIST:

A1       The Hurting
A2       Mad World
A3       Pale Shelter
A4       Ideas As Opiates
A5       Memories Fade
B1       Suffer The Children
B2       Watch Me Bleed
B3       Change
B4       The Prisoner
B5       Start Of The Breakdown







Ci-dessus Pochette de l'édition U.S.





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