vendredi 31 janvier 2014

Muse - Absolution




MUSE - ABSOLUTION (2003)
Taste Media Limited - 5050466-8555-1-0 - (United Kingdom)


Avec "Absolution", MUSE aborde le cap du troisième album, où généralement ça passe ou ça casse. Vu la teneur des précédents albums (cf. chroniques), il n'y avait pas trop de soucis à se faire, et "Absolution" va plutôt confirmer cette tendance avec brio... Bien que la recette du groupe soit toujours plus ou moins la même, c'est-à-dire une intro originale et sympa + des couplets plutôt calmes avec une montée en puissance jusqu'au refrain ou il balance la purée, on voit que MUSE a ajouté une fois de plus de nouvelles cordes à son arc. La formation "classique" de Matthew BELLAMY qui donne à MUSE tout son charme est encore mieux mise à profit et les sonorités plus modernes d' "Origin Of Symmetry" sont beaucoup plus contrôlés et maîtrisés.

L'ensemble est à présent plus "lourd" tant au niveau des guitares que de la rythmique basse-batterie assurée par le duo WOLSTENHOLME/HOWARD. Elle est tout simplement énorme, bien mise en avant et diversifiée. A commencer par "Apocalypse Please" qui annonce parfaitement la teneur de l'album avec son piano agressif, sa rythmique tellurique et ses breaks "synthétiques". Les ultra-efficaces "Time Is Running Out", "Stockholm Syndrome" ou encore "Hysteria" viendront renforcer cette optique.

L'album est toujours porté par la voix, toute en émotions de Matthew BELLAMY, qui a encore indéniablement progressé. Certains regretteront quelque peu une perte de sa fougue passée, mais sa voix est ainsi nettement plus contrôlée et se charge d'autant plus en émotions ("Sing For Absolution"). Lui-même ressent peut-être le besoin de plus s'affirmer en tant que chanteur (et ainsi faire taire un peu ses détracteurs) car l'utilisation de filtres vocaux (présents sur les précédents albums de façon plus ou moins réussie) sont ici très peu utilisés. Ils laissent plutôt place à des harmonies vocales assez discrètes qui font meilleur effet. Et quand celles-ci sont couplées à des arrangements de cordes du plus bel effet (chose inédite chez MUSE si je ne m'abuse...), on touche littéralement à des moments de grâce ("Blackout", "Butterflies & Hurricanes").

Malheureusement, une fois de plus, cet album aurait pu être parfait s'il n'avait été entaché d'une fin un peu mollassonne (problème récurent chez MUSE ?). A commencé par "Endlessly", qui fait un peu tâche dans le tableau. Trop expérimental pour MUSE à mon avis, il vaut mieux laisser cela à RADIOHEAD qui se débrouille bien mieux dans ce domaine. Le morceau n'est pas forcement raté (bien que...) mais il est complètement hors-sujet. Vient ensuite un très classique "Thoughts Of A Dying Atheist", avant de terminer sur le faible "Ruled By Secrecy".

Une fois encore MUSE a réussi son pari de proposer quelque chose d'original, et d'évoluer encore et toujours dans son registre. Ce n'est pas une révolution mais cela reste un excellent album, avec sa dose de nouveautés qui permet de ne pas trop avoir un sentiment de "déjà entendu". En somme, un groupe toujours aussi étonnant et atypique, brillant tout simplement !
(Ludo - FP).


TRACKLIST:

A1       Intro                                                    
A2       Apocalypse Please                             
A3       Time Is Running Out                        
A4       Sing For Absolution                           
B1       Stockholm Syndrome                         
B2       Falling Away With You                   
B3       Interlude                                           
B4       Hysteria                                             
C1       Blackout                                         
C2       Butterflies And Hurricanes                
C3       The Small Print                               
D1       Endlessly                                        
D2       Thoughts Of A Dying Atheist          
D3       Ruled By Secrecy                           






dimanche 26 janvier 2014

Phil Collins - No Jacket Required




PHIL COLLINS - NO JACKET REQUIRED (1985)
Wea - 251 699-1 - (France)


« No Jacket Required » va être l’album de la consécration pour Phil Collins. Cet opus va le propulser en quelques mois au rang de superstar. Il est vrai que cet album est un joyau ciselé par Mr Phil Collins et ses comparses en ce début d’année 1985. En effet, cet opus contient pas moins de 5 titres qui deviendront ce que l’on appelle communément des « hits ». (« Sussudio », « Long Long Way To Go », « One More Night », « Don't Lose My Number », et « Take Me Home »).

Phil Collins habillera également la majorité des chansons de rythmes programmés avec la Linn Drum, la Roland 909, ou bien encore la TR 808, et y mariera subtilement son jeu rock, puissant, précis et dévastateur. Une alchimie parfaite entre l’électronique et l’acoustique, pour un album qui va cartonner aux quatre coins de la planète. L’album prend son envol avec le très dansant « Sussudio ». Rythmique effrénée, sections cuivres ultra présentes, une mélodie accrocheuse. Tous les ingrédients sont réunis ici pour un premier tube.
Le puissant et direct « Only You Know And I Know » prend la suite avec sa partie de basse linéaire. Sur ce titre les guitares répondent aux claviers, pendant que les cuivres se fraient un chemin entre les variantes et les couplets. Un titre rock à la rythmique carrée. Première ballade du disque, « Long long way to go » nous transporte dès les premières notes vers l’univers planant que Phil Collins a su instaurer avec quelques uns de ses titres. Cette ballade est voluptueuse et très aérienne. Les claviers sont doux ainsi que les guitares. La voix de Sting apporte aussi une dynamique nouvelle dans le refrain. Phil Collins compose ici une de ses plus jolies ballades.

Vient ensuite « I Don't Wanna Know ». Un titre qui possède des résonances assez « Rock FM » avec des claviers bien en avant et des guitares très affûtées. Le guitariste Daryl Stuermer est comme un poisson dans l’eau. A 2 min 07, un pont musical vient à point nommé pour renforcer ce titre déjà puissant. 30 secondes musicales où la batterie, les guitares et les cuivres s’en donnent à cœur joie. « Who said I would » est sans nul doute un titre qui se trouve assez proche musicalement de « Domino » sur l’album de Genesis « Invisible Touch ».
« Don't Lose My Number » et son rythme programmé avec la Linn Drum est le tube de l’album, et un des plus grands succès commerciaux de Phil Collins. La mélodie entraînante et agréable, la voix de Collins, ainsi que l’instrumentation carrée, donne à ce titre une force incroyable. Deux autres titres également très musclés trouveront leur place dans cette galette d’exception que Phil Collins a pondu. « Doesn't Anybody Stay Together Anymore » déboule avec son intro batterie démesurée et un rythme effréné que Phil impose jusqu’au refrain qui explose. Un titre qui est dans la même veine qu’« Inside out ». Celui-ci arrive avec son savoureux couplet et son refrain ravageur qui réjouiront l’amateur de sensations fortes.

« Take Me Home » est un petit joyau sur cet album. Une programmation de batterie impeccable, des sonorités distillées à la perfection, des nappes de synthés fraîches, et la voix de Phil Collins font vraiment de ce titre une pure merveille. Un titre, où une fois encore, comme dans les grands tubes, l’instrumentation monte crescendo et se fait de plus en plus pressante. Tout cela se finit en apothéose sur une superbe ambiance musicale et des chœurs dantesques ! L’album se termine sur le très mélancolique « We Said Hello Goodbye », avec un écho sur la voix qui rappelle étrangement Mr John Lennon de la grande époque. Les accords successifs au piano ne trompent pas. Mr Phil Collins puise aussi son inspiration chez les « Fab Four ».

Un album finalement qui a tout d’un grand. Mr Phil Collins va acquerir une notoriété de premier niveau avec cet opus. Le monde de la pop music lui sera éternellement reconnaissant d’avoir enfanté une galette aussi belle que précieuse. Merci Monsieur Collins. (Buddy - FP).


TRACKLIST:

A1Sussudio4:23
A2Only You Know And I Know4:20
A3Long Long Way To Go4:20
A4I Don't Wanna Know4:12
A5One More Night4:47
B1Don't Lose My Number4:46
B2Who Said I Would4:01
B3Doesn't Anybody Stay Together Anymore4:18
B4Inside Out5:14
B5Take Me Home5:51






samedi 25 janvier 2014

Culture Club - Colour By Numbers



CULTURE CLUB - COLOUR BY NUMBERS (1983)
Virgin - V2285 - (United Kingdom)

Un après un premier album couronné de succès à la faveur du hit international « Do You Really Want to Hurt Me ? », paraît son successeur, Colour by Numbers.

Le premier single (« Church of the Poison Mind ») voit la collaboration de la chanteuse Helen Terry : emmené par un harmonica, une caisse claire bien présente, un tambourin, des chœurs et le duo de voix efficace, ce titre dynamique remporte un franc succès et se place dans le Top 10 britannique.

Mais c’est surtout le deuxième single, « Karma Chameleon », qui remporte un succès majeur : il se vend à 7 millions d’exemplaires et se atteint la tête du classement dans plusieurs pays. Aux Etats-Unis, il reste trois semaines en première place du Billboard Hot 100. Il demeure six semaines dans les charts anglais et devient la meilleure vente de l’année du pays avec plus d’un million d’exemplaires vendus. La recette de ce titre : rythme entraînant, harmonica, chœurs…  

Le single « Victims », jolie ballade emmenée au piano, ne sort qu’en Europe et en Australie et se place au Top 5 en Grande Bretagne et en Australie. « Miss Me Blind » est diffusé au Japon, en Australie et en Amérique du nord et se place au Top 5 en Grande Bretagne et aux Etats-Unis. 

Vendu à plus de 16 millions d’exemplaires, l’album a été certifié Disque de platine dans de nombreux pays et Disque de diamant au Canada. Culture Club reçoit le Grammy Award du « Meilleur nouvel artiste » en 1984.

En 1989, le magazine Rolling Stone classe Colour by Numbers à la 96ème place dans son classement des 100 meilleurs albums des années 1980. Les membres du groupe, eux-mêmes, considèrent que cet album est leur plus belle réussite.


TRACKLIST:


A1Karma Chameleon4:11
A2It's A Miracle3:25
A3Black Money5:19
A4Changing Every Day3:18
A5That's The Way (I'm Only Trying To Help You)2:46
B1Church Of The Poison Mind3:29
B2Miss Me Blind4:31
B3Mister Man3:36
B4Stormkeeper2:47
B5Victims4:56





Emerson Lake & Palmer - Love Beach



EMERSON LAKE & PALMER - LOVE BEACH (1978)
Ariola - 200 349 320 - (Germany)

Love Beach ou l'album de la honte... Cette chronique le sera aussi sûrement, parce que hein, franchement, mettre 3/5 à Love Beach quand on est censé aimer le rock progressif... Pourtant on est dans le même cas qu'un Tormato ou qu'un And Then There Were Three, eux aussi sortis en 1978, "l'annus horribilis du prog" selon Aymeric Leroy : il n'est plus question de vénérer le prog, mais la Musique de manière globale, et là on se rend compte qu'au fond, il n'y avait pas franchement à rougir. Certes, les ELP eux-mêmes détestent cet album sorti pour raisons contractuelles, reconnaissent qu'ils étaient un groupe fatigué à ce moment-là, vidé par l'expérience Works (deux albums dont un double et une tournée avec un orchestre qui s'est soldée par un véritable désastre financier). Pourtant, et ce n'est pas la première fois que j'essaierai de tempérer le raisonnement de mes amis fans de rock progressif, Love Beach quand on l'écoute, il n'y a pas forcément à rougir non plus !

Quoique quand on regarde la pochette... Palmer reconnaîtra lui-même que ça faisait très copiage des Bee Gees et d'autres groupes disco en vogue à l'époque, mais je doute que la gent féminine, jusque là peu sensible au prog, ait fondu sur les poils du torse d'Emerson. La seule marque de vérité, c'est cette photo des cocotiers des Bahamas où le groupe se prélasse entre deux sessions d'enregistrement (ce brave Keith y possède une maison), comme le fera Dire Straits un an plus tard pour son excellent Communiqué. Le titre Love Beach est lui aussi très typé fin des seventies, à l'époque on pensait simple, direct et exotique. Exit donc les bizarreries du passé, place à la musique "facile".

La première partie est ainsi majoritairement consacrée à des chansons courtes. "All I Want Is You" est un peu le "Jérusalem" de l'album toutes proportions gardées, c'est simplement pour le côté "hymne". On y reconnaîtra la tendance pompière habituelle (mais marrante), et celle de Palmer a en mettre de partout quand il ne titille pas la syncope -rythmique hein, pas cardiaque-. "Love Beach" a un ton rock et accrocheur, Lake conserve son lyrisme mais n'en fait pas trop, au début du moins car les "I'm gonna make love to you on love beach !" de fin sont maladroits pour rester poli. Et je vous assure, toutes les paroles sont écrites de la main de Peter Sinfield, pour la toute dernière fois !

Emerson joue avec les synthés Polymoog sur "Taste of My Love" où l'on ressent un jeu plus bluesy, tout comme sur "The Gambler" qui le mèle carrément avec des escapades... reggae ! L'harmonica, les choeurs féminins soul, c'est une vraie fête à laquelle on prend goût, même quand on a été bercé à Foxtrot et In the Court of the Crimson King. Allez, pour se racheter ils ont mis un petit solo de Moog, le dernier avant longtemps ! "For You" oppose sa récréation emersonienne son synthé baroquisant à une ballade soul au petit piano et effets mélodramatiques. C'est finalement "Canario" qui remporte les faveurs, y compris celles des grincheux. En effet, ce titre instrumental inspiré de la "Fantaisie pour un Gentilhomme" de Joaquin Rodrigo aurait pu officier sur Brain Salad Surgery qu'on n'y aurait vu que du feu. En tout cas, il en a le calibre avec son thème royal, sa variation bluesy, son pont au jeu monstrueux sur la rythmique et ses quelques douceurs sucrées.

Et en deuxième partie qu'est-ce qu'on a ? Un morceau de vingt minutes. Noooooon ? Si !!! Mais ne vous méprenez pas, "Memoirs of a Officer and a Gentleman" qui raconte les déboires et victoires en amour comme à la guerre d'un soldat de la Seconde Guerre Mondiale, est plus un collage de chansons qu'une réelle suite comme a pu l'être le génial "Karn Evil 9". Elle est aussi très différente musicalement, le groupe a bien perdu de sa folie. Bien sûr, la fiesta déjantée de claviers est présente sur le final "Honourable Company (a March)" mais le tout est globalement plus sage. Le petit glockenspiel sur cette même partie le confirme, de même que les très beaux "Prologue" / "The Education of a Gentleman" qui laissent une large place à des piano-voix sobres faisant penser à du Elton John, voire quelques interludes acoustiques comme on n'en avait pas eu depuis "The Sage" sur Pictures at an Exhibition. Seul "Letters from the Front" révèle une certaine folie, c'est un rock bluesy bien délirant à la ELP, où Emerson a eu le bon ton de rajouter un peu de piano Wurlitzer. Certes on est loin du montre de 1973, mais rien de dégueulasse là dedans, au contraire.

Un peu comme cet album dans son entièreté, pas brillant, pas toujours abouti mais agréable d'écoute, et qui permet au groupe de partir en hibernation sur une meilleure note que si ça avait été sur Works volume 2. (Marco Stivell).


TRACKLIST:


A1All I Want Is You2:33
A2Love Beach2:44
A3Taste Of My Love3:31
A4The Gambler3:19
A5For You4:25
A6Canario (Fantasia Para Un Gentilhombre)3:57
 
B1aThe Prologue/The Education Of A Gentleman5:33
B1bLove At First Sight5:37
B1cLetters From The Front5:18
B1dHonourable Company (A March)3:45






Joan Jett and the blackhearts - I Love Rock'n'Roll



JOAN JETT & THE BLACKHEARTS - I LOVE ROCK'N'ROLL (1981)
The Boardwalk Entertainment Co ‎– 518509 - (France)

Deuxième album de Joan Jett et ses Blackhearts, "I love rock n'roll" est devenu un des classiques incontournables de l'histoire du rock. En accouchant de cet opus, Joan Jett(de son vrai nom Joan Larkin) ne se doutait probablement pas que celui-çi aurait un tel succès, un tel impact auprès du public. Mine de rien, ce "I love rock n'roll" fait partie de ces albums qui ont marqué les années 80 et le title-track est un des hymnes majeurs de cette décennie.

Justement, la chanson "I love rock n'roll" est le fil conducteur de cet album. Celle-çi, gràce à son riff facile à mémoriser et son refrain ultra-fédérateur(et je pèse mes mots !), a converti des milliers de personnes au rock, a remarquablement passé le test du temps. D'ailleurs, cette pouffe de Britney Spears a commis le crime de lèse-majesté suprème en osant reprendre, que dis-je, massacrer cet hymne à la gloire du rock (qu'on la lapide sur-le-champs !!).

Mais revenons à nos moutons... Si "I love rock n'roll" est le titre-phare de cet opus (voire même du répertoire entier de Joan Jett pour beaucoup de gens) gràce à son statut de classique intemporel, il représente une arme à double tranchant. En effet, ce titre aurait tendance à faire de l'ombre aux autres titres de l'album et il est fort probable que si vous demandez à certaines personnes quelles chansons elles connaissent de cet album outre le title-track; celles-çi, interloquées, répondront: "Euh...", "Hein ? Comment ?!?".

Pourtant, il serait injuste, voire absurde de résumer cet album à cette chanson. En effet, Joan Jett et ses partenaires ont réussi à sortir de leur chapeau d'excellents titres bien rock n'roll avec quelques touches glam ici et là. Les solos de guitare ne sont pas à proprement parler ultra-techniques, mais là n'est pas l'essentiel puisque Joan Jett et ses partenaires privilégient l'efficacité. Parmi les titres les plus secoués, on citera volontiers "Victim of circumstance", "Be straight", l'énergique "You're too possessive" qui méritent eux aussi plus de considération. Autres titres intéressants, mais dans un registre plus aerien: les mid-tempos "Love is pain" et "Crimson and clover".

"I love rock n'roll" est un bon album de hard-rock n'roll sans prise de tête et agréable à écouter. On sent que Joan Jett s'est affranchie une bonne fois pour toutes de son passage chez les Runaways(groupe dans lequel elle officiait avec Lita Ford dans les 70's) et a bien digéré l'influence de Suzi Quattro. Et c'est aussi en écoutant ce disque qu'on s'aperçoit à quel point Joan Jett a été une source d'inspiration considérable pour les L7 et surtout les Donnas. (The Marginal).


TRACKLIST:


A1I Love Rock N' Roll2:56
A2(I'm Gonna) Run Away2:27
A3Love Is Pain3:07
A4Nag2:46
A5Crimson And Clover3:17
B1Victim Of Circumstance2:54
B2Bits And Pieces2:06
B3Be Straight2:41
B4You're Too Possessive3:36
B5Oh Woe Is Me2:43







jeudi 23 janvier 2014

Lou Reed - Rock'n'Roll Animal



LOU REED - ROCK'N'ROLL ANIMAL (1974)
Music On Vinyl - MOVLP529 - Reissue/Remastered 1810 Gr - Europe Edition



Changement de décor pour Lou Reed : finie l'intimité des salles underground, place aux guitares qui rugissent et friment, aux projecteurs, aux looks provocants (débardeur noir, cheveux ras, collier et bracelets cloutés pour le chanteur) et aux morceaux à rallonge (seuls cinq morceaux sont présents sur l'édition originale de ce disque de 40mn). Des titres qui lorgnent vers le rock progressif ou le hard rock mais qui, pourtant, s'écoutent plutôt avec plaisir car Reed y garde une hargne vive et intacte... Les guitares de Steve Hunter et Dick Wagner (tous les deux engagés par la suite auprès d'Alice Cooper) s'en donnent à cœur joie, rivalisent et s'entrecroisent. "Rock 'n' Roll Animal" flirte parfois avec le mauvais goût d'un rock trop démonstratif mais son côté "animal" (et ses chansons plus que solides, tout de même, comme cette version d'anthologie d' "Heroin") lui permet de marcher "on the wild side" sans tomber dans le caniveau.


TRACKLIST:

A1Intro / Sweet Jane7:55
A2Heroin13:11
B1White Light / White Heat5:15
B2Lady Day4:00
B3Rock 'N' Roll10:17





mercredi 22 janvier 2014

Elton John - A Single Man



ELTON JOHN - A SINGLE MAN (1978)
The Rocket Record Compagny - 9103500 - (France)


A Single Man, le douzième album studio d'Elton John introduit une nouvelle ère, séparée de la précédente par deux ans de "vacances", sans album original. C'est la première fois que l'artiste réalise une oeuvre sans l'aide du producteur Gus Dudgeon, et surtout sans celle ô combien précieuse de Bernie Taupin, qui collaborait alors avec d'autres personnes. Il y a bien un nouveau parolier, Gary Osborne, mais il était alors si peu connu que beaucoup de gens ont interprété le titre de ce nouvel album comme indiquant une tentative d'Elton de produire quelque chose en solitaire ! La pochette aussi peut prêter à confusion, avec un Elton tout seul, habillé très classe et assumant ses racines "so british" jusqu'au bout (l'allée est celle de Long Walk, dans le grand parc Windsor). A Single Man est aussi le premier album de l'artiste à avoir été publié officiellement en ex-URSS, pas forcément bien d'ailleurs : certaines chansons comme "Big Dipper" et "Part-Time Love" ont été censurées, donc tout simplement retirées.

S'il marque le début d'une autre période, A Single Man n'est pas un témoin de la grande baisse d'inspiration que l'on reproche souvent à Elton après Blue Moves. Beaucoup de chansons, pour ne pas dire tout le disque, sont encore empreintes du "classicisme" des albums précédents et ne sont pas à ignorer de ce fait, d'autant plus que, et je suis tout à fait d'accord avec cet avis courant, c'est l'un des opus où Elton chante le mieux. De l'ancien groupe, il n'a gardé que Ray Cooper et Davey Johnstone qui restent les éléments les plus "visibles" de cette musique en dehors de lui-même, tout comme l'arrangeur Paul Buckmaster (dont c'est la dernière participation avant longtemps). Il ne faut pas pour autant renier l'apport de Tim Renwick, musicien dde studio célèbre, et de ses diverses guitares acoustiques et mandolines qui font ressortir leur essence acoustique à beaucoup de chansons. Il y a aussi la contrebasse occasionnelle de Herbie Flowers, le saxophone de John Crocker, ses claviers, les choeurs...

"Shine on Through" et "Georgia" sont des ballades dans la grande tradition eltonjohnesque, avec apport de choeurs et de cordes au ton langoureux. Mais on peut aussi facilement retrouver des cavalcades de ces dernières sur le très disco (et dense) "Madness" ainsi que sur le passionnant "I Don't Care" où elles prennent la place des cuivres. Dans tous les cas, ces chansons font que ce disque a une tonalité épique et ce n'en sont que des très bons exemples. Le piano se réserve de solides échappées toujours adaptées à l'attitude des chansons, et maître Johnstone vient ponctuer le tout de jolis solos. "Part-Time Love" ainsi que "Return to Paradise" sont également efficaces chacune à leur manière, et dotées d'un arrangement seyant de percussions par Ray Cooper (congas, marimbas, vibraphones...)

Ce qui reste de l'album est plus "particulier" dirons-nous. On reste dans un univers propre à l'artiste, mais celui-ci emploie un propos singulier, ouvrant sur d'autres idées. "Big Dipper" par exemple, possède une ambiance qui nous conduit tout droit dans un troquet de New Orleans, grâce à ses intonations bluesy et sa fanfare excentrique. "It Ain't Gonna Be Easy" ne justifie pas forcément toute sa longueur (huit minutes), mais est savoureux pour son côté sombre et mystérieux ainsi que son arrangement savant, que Elton arrive à transporter très haut en chantant. "Shooting Star" réemploie la recette jazzy que l'on avait rencontrée sur Blue Moves, mais y ajoute un peu de saxophone alto et surtout un piano Fender Rhodes céleste. D'ailleurs, cette dernière partie de l'album offre une part belle aux claviers, puisqu'après un petit interlude "Reverie" portant bien son nom, Elton nous offre "Song for Guy". Dédiée au jeune Guy Burchett, employé chez Rocket Records (le label d'Elton) qui s'est tué en moto, cette chanson n'en est pas une puisque presque totalement instrumentale. Un thème de piano très simple et forcément tubesque (le morceau sortira en single et sera un succès) revient systématiquement entre deux passages oniriques chargés en claviers et glockenspiels. Elton vient ajouter sa voix sur le final. Epique et idéal pour conclure un déjà excellent album. (Marco Stivell - FP).





TRACKLIST:

A1. Shine On Through
A2. Return To Paradise
A3. I Don't Care
A4. Big Dipper
A5. It Ain't Gonna Be Easy

B1.Part-Time Love
B2. Georgia
B3. Shooting Star
B4. Madness
B5. Reverie
B6. Song For Guy








lundi 20 janvier 2014

Duran Duran - Notorious



DURAN DURAN - NOTORIOUS (1986)
EMI - 240659 1 - (France)



J’ai du mal à accepter les réticences de certains chroniqueurs envers Roxy Music (que je suis sûr que Bodart finira par adorer), je n’ai aucune difficulté à comprendre le rejet presque épidermique que suscite la seule évocation de Duran Duran chez... presque tout le monde, en fait. Et pour cause : ce sentiment, je l’ai moi-même éprouvé, et ce pendant très longtemps. Pour tout vous dire, du temps où le célèbre Albin Wagener faisait partie de la Rédaction, j’étais parfois irrité par son désir de mettre en avant, souvent de manière très élogieuse, des groupes comme Simple Minds et Duran Duran. Comme toutes les personnes de « bon goût », je me disais que ces formations pop des années 80 étaient globalement inintéressantes et marquées depuis bien trop longtemps du sceau infamant de la ringardise.

A titre personnel, je partageais en fait l’avis de Laurent Bianchi qui, dans sa chronique de Duran Duran, expliquait que « Un groupe qui joue des chansons pop aussi percutantes fait l’effet d’un magasin de friandises dans lequel on ne peut s’empêcher de goûter l’un et l’autre bonbon, tout en sachant qu’il ne s’agit pas de grande gastronomie ». Comme tout le monde, j’avais ondulé du bassin sur The reflex ou Wild boys dans mes jeunes années, mais je n’avais jamais accordé aucun crédit à Duran Duran. Absolument aucun. Ma démarche en achetant Rio, leur deuxième album, était d’ailleurs de rigoler un bon coup de ces sales poseurs (c’est ainsi que je justifiai cet achat honteux auprès de mon épouse). Quelques petites perles comme The chauffeur, dont je ne soupçonnais même pas l’existence, m’incitèrent à pousser un peu plus loin la curiosité... Pour en arriver à reconnaître que Seven and the ragged tiger, leur album de 1983, est finalement une bonne plaque dans son genre. D’autant qu’à côté des hits comme The reflex et Union of the snake, j’eus le plaisir de découvrir encore l’un ou l’autre trésor caché (The seventh stranger, par exemple, qui justifierait presque l’achat de l’album à lui seul).

En continuant ma découverte approfondie de manière chronologique, après le dispensable live Arena, j’arrivai à Notorious, leur quatrième album, souvent présenté comme celui du début du déclin. Sorti en 1986, soit un an après le succès démentiel de A view to kill, le single qui servit de générique au James Bond du même nom (Dangereusement vôtre en français), Notorious fut le premier disque de Duran Duran à sortir sans le concours de deux de ses membres fondateurs. Après s’être quelque peu dispersés dans des side-projects (Arcadia, Power Station), les cinq play-boys londoniens n’avaient plus les mêmes envies ni les mêmes visées artistiques. Une extrême fatigue se faisait en outre ressentir après d’interminables tournées mondiales, et les éternels problèmes d’ego commençaient à devenir ingérables. Andy et Roger Taylor, respectivement guitariste et batteur, ont donc continué la route de leur côté laissant Simon Le Bon, Nick Rhodes et John Taylor poursuivre sans eux sous le nom de Duran Duran. Plutôt que de précipiter la fin du groupe, comme on aurait pu le craindre, ces départs eurent pour conséquence d’ouvrir de nouveaux horizons. Bien secondé par le producteur Nile Rodgers (le Timbaland de l’époque), le trio s’est adjoint les services d’une foule de musiciens de sessions ayant précédemment joué avec Roxy Music, David Bowie, Serge Gainsbourg et même Frank Zappa) pour se fendre ni plus ni moins de son meilleur album à ce jour. Mieux que ça : d’un des disques les plus essentiels des années 80. Sensuel, funky, dansant, bourré de refrains immédiatement mémorisables et doté d’une production capable de résister à l’érosion du temps.

Vous êtes sceptiques ? Je peux le comprendre, je l’étais aussi. Envoyez-vous donc sans tarder dans les esgourdes l’irrésistible Vertigo (Do the demolition), sans doute le meilleur morceau de l’album, et poursuivez, si le cœur vous en dit, par les ultra-sexys American science, Hold me, A matter of feeling, Skin trade (où l’on croit entendre Prince chanter sur une musique de Bowie), etc. Aussi surprenant que cela puisse paraître, chaque chanson de cet album est réussie et vaut le détour. C’est un très grand disque de pop qui ne mérite pas l’oubli dans lequel on l’a un peu trop vite plongé. Comme s’ils venaient de passer à l’âge adulte, Simon Le Bon, Nick Rhodes et John Taylor ont laissé tomber les aspects les plus commerciaux et clichés de leur musique pour atteindre la plus pure perfection pop.

Un mot aussi sur l’arrogance qui transpire de cet album. Car c’est bien là l’une des principales différences entre Duran Duran et certains de ses contemporains comme Depeche Mode et Cure : au lieu de s’apitoyer sur leur sort, les Duran Duran sont sûrs d’eux et affichent une assurance parfois à la limite du démesuré. La dépression, le spleen et les poses gothiques, ils ne connaissent pas. Ils préfèrent les rayons du soleil à l’obscurité de la nuit, eux. Ils boivent du champagne sur des yachts et sont perpétuellement entourés de nanas, toutes plus belles et glamours les unes que les autres (comme la top-modèle Christy Turlington, visible à l’arrière de la pochette), qui n’arrêtent pas de leur répéter à quel point ils sont beaux et talentueux (mais ça, ils le savent déjà). Notorious est, d’une certaine façon, le reflet de tout cela. De cette ambiance, du fric, de la coke en abondance et de la superficialité qu’on prête aux années 80. Avec un supplément d’âme. Pour moi, l’enchantement qu’il procure n’est pas loin de celui d’un Violator ou d’un Boys and girls. Ça vous en bouche un coin, ça, hein ?

(Jérome DELVAUX - PopRock.com).



TRACKLIST:



A1       Notorious     
A2       American Science 
A3       Skin Trade   
A4       A Matter Of Feeling
A5       Hold Me
        
B1       Vertigo (Do The Demolition)        
B2       So Misled     
B3       "Meet El Presidente"         
B4       Winter Marches On

B5       Proposition