lundi 26 novembre 2012

Cabrel - Photos de Voyage



CABREL - PHOTOS DE VOYAGES (1985)


Dernier des trois albums constituant le « ventre mou » de la discographie de CABREL, Photos de Voyages est pourtant l'opus le plus aventureux de l'artiste moustachu. Prenant totalement à contrepied ses auditeurs, c'est avec le funky « Tourner les Hélicos » que débute la sixième réalisation de l'artiste. Cuivres et violons s'unissent à une guitare électrique pour proposer un premier titre totalement ancré dans son époque (rappelant étrangement la BO du film Crocodile Dundee !) mais ne parvenant pas à faire mouche. Car si l'intention d'évoluer est louable, le résultat n'est malheureusement pas à la hauteur des attentes.

CABREL avait-il là l'impression de tenir un bon album? Car à l'écoute de « L'Homme qui Marche », dont la mélodie indigente et un solo de saxophone totalement incongru en font l'un des morceaux les plus insignifiants du bonhomme, le niveau du très recommandable Fragile est loin, très loin. Se la jouant pop de série B (« Qu'est-ce que je viens de dire ») ou rock aseptisé (« Docteur », qui voit CABREL se fendre d'un ridicule « Ouh baby » à l'accent marqué...), l'artiste laisse de côté son folk pourtant si convaincant pour aller nager en eaux troubles...

Trois titres plus réussis parviennent tout de même à surnager dans ce marasme. « Je te Suivrai » est le premier de ceux-là. Ballade pourtant fort éloignée de l'univers traditionnel du chanteur, ce morceau voit un saxophone cette fois-ci fort à propos transcender une chanson d'amour loin d'être impérissable mais néanmoins fort agréable. CABREL parvient aussi à faire rocker son auditeur avec l'imparable « Encore et Encore » ou guitare, mélodie et chant parviennent enfin à s'accorder pour livrer un petit brûlot que l'on attendait plus. Sans doute LA réussite de cet opus. Dernière bonne surprise, l'acoustique « Lisa », dont la montée en puissance offre une inédite et sympathique bouffée de nostalgie, rappelant les meilleurs moments de l'album Les Chemins de Traverse. Doté d'un accordéon mélancolique, « Lisa » vient narrer avec une pudeur propre à CABREL les vicissitudes de l'existence en Union Soviétique.


Si l'album est loin de tenir la route musicalement, il faut bien avouer que les paroles, plus mordantes et engagées que jamais (même si CABREL se montrait déjà plus virulent sur Quelqu'un de l'Intérieur) constituent le principal intérêt de cet opus. Critiquant le tourisme « imbécile » de ceux qui font ronfler leurs hélicos dans les pays du tiers-monde (« Tourner les hélicos », « Photos de Voyages », un thème que CABREL reprendra plus tard avec « Le monde est sourd » sur Hors Saison », la chirurgie esthétique (« Docteur »), et faisant preuve d'empathie envers ces peuples ayant du mal à trouver leur place dans notre société citadine et moderne (« Gitans », « Le lac Huron »), l'artiste affute sa plume et tente de contrebalancer la faiblesse musicale de l'album.



TRACKLIST:

A1       Tourner Les Hélicos
A2       L'Homme Qui Marche
A3       Qu'Est-Ce Que Je Viens De Dire?
A4       Je Te Suivrai
A5       Gitans

B1       Encore Et Encore
B2       Le Lac Huron
B3       Lisa
B4       Docteur
B5       Photos De Voyages


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