lundi 29 septembre 2014

Oasis - (What's The Story) Morning Glory ?



OASIS - (WHAT'S THE STORY) MORNING GLORY ? (1995)
Big Brother ‎RKIDLP732 × Vinyl, LP, Album, Reissue, Gatefold (Europe)


Chroniquer Morning Glory d'Oasis... Voilà tout un défi, car au-delà de son succès phénoménal partout dans le monde, cet album représente aussi un héritage pour le monde de la musique pop britannique: Il est en quelque sorte l'acte fondateur, la bible de la brit-pop moderne. Pour analyser le culte de cet album, il faut reculer au tout début des années 90. Alors que la vague grunge déferle sur l'amérique, la musique britannique doit se trouver un nouveau son, de nouvelles idoles. C'est par cette opportunité qu'apparaissent deux nouveaux groupes au son tout à fait nouveau: Blur et Oasis. Très rapidement, ces deux groupes deviennent les coqueluches des britanniques et récoltent un grand succès critique et commercial.

En 1994, alors que Blur est au sommet de son art et qu'Oasis sort son premier album, la presse britannique saute sur l'opportunité et crée une rivalité entre les deux groupes. Attirant toute attention médiatique, les deux groupes, toujours aussi opportunistes embarquent dans le jeu, au grand plaisir des fans. C'est bien entendu Oasis qui sortira vainqueur de cette rivalité avec son deuxième album intitulé (What's The Story) Morning Glory? sorti en 1995. Véritable consécration pour le groupe qui connaîtra dès lors un succès démesuré à travers toute la planète. Par sa diversité, cet album se démarque remarquablemet du premier opus et propulse le groupe au sommet des palmarès partout dans le monde. Une description piste par piste est de mise pour décrire ce chef-d'oeuvre, car il déconcerte par sa diversité et sa recherche musicale.

Mais quelle est la recette de ce succès? Très simple: s'inspirer du groupe britannique ayant obtenu le plus grand succès international: les Beatles. Fallait y penser plus tôt! Oui, à travers la musique d'Oasis l'influence des fab four se fait sentir. Mais n'allez pas croire qu'il ne s'agit que d'un vulgaire calque de leur musique. Noel Gallagher a cette capacité innée qu'avaient Paul Mccartney et John Lennon à composer des chansons aux mélodies accrocheuses et originales. On retrouve aussi une certaine sophistication dans la composition des morceaux, propre à la pop britannique depuis toujours. L'album s'ouvre avec "Hello", un morceau purement rock, très rythmé et mettant en avant plan la voix de Liam Gallagher. Même formule où à peu près sur la deuxième plage: "Roll With It", et c'est avec ce morceau qu'on commence à déceler l'influence des Beatles, principalement avec la performance vocale de Liam, qui décidément offre sur cet album une très bonne performance. Troisième morceau: tout le monde le connaît, c'est "Wonderwall", une ballade acoustique (ou presque) d'une simplicité et d'une efficacité déconcertantes. Ce morceau deviendra le single le plus populaire d'Oasis et encore aujourd'hui, il est très populaire, preuve de l'influence qu'a eu cet album sur le monde de la musique.

Ensuite, un enchaîne avec "Don't Look Back In Anger", deuxième simple extrait de l'album. Une perle avec son piano remémorant un peu "Let it be" ou "Imagine". Noel Gallagher étale sur ce morceau son talent guitaristique, notamment à travers le solo. Et que dire de ce refrain, si accrocheur? On frôle avec ce morceau la perfection. Par la suite, ça s'estompe un peu. Les morceaux "Hey Now!" et "Some Might Say", bien qu'ils soient excellents, ne semblent pas à la hauteur des morceaux précédents. On peut dire qu'ils sont similaires à "Hello" et "Roll With It", mais en moins bon...

C'est avec "Cast No Shadow" que l'on retrouve la classe des premiers morceaux de la galette. La plage ouvre en quelque sorte la deuxième partie de l'album. Il tranche avec l'ambiance de "Some Might Say" par son côté plus intimiste et acoustique. Pas exceptionnel, mais très efficace pour introduire la deuxième partie de l'opus. Par la suite, on a "She's Electric", qui constitue l'allusion la plus évidente aux fab-four à cause de son côté rythmé et joyeux. La voix de Liam Gallagher, qu'il fait dérailler de façon séduisante est presqu'une caricature de celle de John Lennon tellement elle lui ressemble. Ce morceau aurait facilement pu sortir comme simple, tellement il est accrocheur.

On arrive ensuite au morceau éponyme, "Morning Glory". Il s'agit là d'un morceau très orienté guitare avec un riff plutôt accrocheur et une guitare solo bruyante. On y arrive enfin: la fin de l'album. Le troisième simple: "Champagne Supernova". Avec cette chanson, le côté sophistiqué du groupe atteint carrément son paroxysme. On ne parle plus simplement de musique pop, mais de grand art. Oasis expose dans ce morceau toute sa personnalité. Il se démarque de tous les autres par son aspect si épique, raffiné et recherché. Les instruments se marient à perfection et le groupe fait appel à tous ses atouts. La voix de Liam est parfaite, les solis de guitare sont mémorables... bref, ils ne pouvaient pas mieux finir cet album.

Si je devais choisir un mot pour décrire la sensation que laisse cet album, je dirais "mémorable". Mémorable parce qu’a lui seul, il représente le mouvement brit-pop en entier selon moi. Oasis aura, avec un seul album influencé toute une génération de nouveaux groupes dans le genre, principalement Coldplay. Toutefois, l' « oasismania » n'aura pas duré aussi longtemps que la « beatlemania ». Rapidement, la relation entre les frères Gallagher se détériorera et malgré une réconciliation, Oasis perdra sans cesse des plumes à cause de l’attitude déplorable de ses membres... Il faut dire qu'après un album de cette qualité, il est difficile de répondre aux attentes des fans, et surtout à celles de la critique. Après tout, c'est la presse qui a fait connaître Oasis… (Keraz - FP).


TRACKLIST:

A1Hello3:21
A2Roll With It3:59
A3Wonderwall4:18
B1Don't Look Back In Anger4:48
B2Hey Now!5:41
B3Untitled0:44
B4Bonehead's Bank Holiday4:03
C1Some Might Say5:29
C2Cast No Shadow4:51
C3She's Electric3:40
D1Morning Glory5:03
D2Untitled0:39
D3Champagne Supernova7:27








dimanche 28 septembre 2014

The Rolling Stones - Somegirls


THE ROLLING STONES - SOMEGIRLS (1978)
Pathé Marconi - Emi - 2C06861016 - (France)


Les Rolling Stones ne sont pas loin de toucher le fond à la fin des années 70. Après avoir vu leur rock’n roll se déliter jusqu’à le perdre sur Black and Blue, après avoir été sur le fil du rasoir des excès, c’est désormais une affaire judiciaire qui met leur existence en péril.Keith Richards a été arrêté à Toronto en février 1977 pour trafic d’héroïne et risque sept ans de prison, ce qui mettrait vraisemblablement un terme au groupe. En panne d’inspiration, en danger de mort, il va falloir quelque chose de fort pour sauver les Stones !

Et par miracle cela va arriver. Car 1977, c’est d’abord l’année des punks qui débarquent et poussent dans leurs retranchements les dinosaures, dont les Rolling Stones sont une espèce des plus évidentes. Mais une espèce fière, qui ne se laisse pas submerger facilement. Tout se passe comme si Jagger et les siens avaient de nouveau quelque chose à prouver face à ces jeunes impudents. Comme c’est de plus leur possible dernier album, autant se lâcher non ?

C’est ainsi qu’après avoir pris leur temps pour l’enregistrer, les Stones sortent Some Girls en juin 1978. Album qui allait devenir leur disque le plus vendu, tout en étant salué comme leur retour aux affaires. Il faut entendre Charlie Watts, tout content de rejouer enfin du rock qui déménage, se déchainer sur "When the whip comes down". C’est alors que l’on comprend ce que ce disque a en plus de ces prédécesseurs : on ressent tout du long le plaisir de ceux qui l’ont fait.

Un coup de frais qui doit beaucoup à Mick Jagger. Keith Richards empêtré dans ses problèmes, c’est le lippu qui impulse l’essentiel de la dynamique. Emballé par sa vie new-yorkaise (qu’il célèbre dans "Shaterred"), il donne une forte orientation américaine au disque, tant dans la musique que dans les paroles. Son chant est constamment habité, débarrassé d’une bonne partie de ses artifices. Jamais il n’aura été aussi à son aise qu’ici et jamais on n’aura eu autant envie de le suivre dans ses délires. Avec la cerise en prime : "Miss You".

Essentiellement écrite par ses soins, elle traduit dans la musique des Stones la mode d’alors : le disco. Alors que ce style parait encore plus déplacé par rapport à ce qu’il joue habituellement, le groupe est bien plus à l’aise que pour le funk de "Hot Stuff" ouvrant Black and Blue. Dernier grand tube en date du quintette, trait de génie pour certains et véritable trahison commerciale pour beaucoup, il convient de ne pas trop s’attarder sur ce titre car il ne représente en rien l’esprit général de l’album. Celui-ci est en effet forgé au rock comme on n’en n’a pratiquement plus entendu depuis Exile on Main Street. "When the whip comes down", "Lies", "Respectable" et "Shaterred" envoient un maximum tandis que "Some girls", "Far away eyes" ou "Before they make me run" jouent la bonne vieille carte du blues. Soient les vieilles marmites stoniennes en pleine ébullition.

Une marche vers l’essentiel symbolisée par le faible effectif recruté par les Glimmer Twins pour enregistrer le disque. Exit Billy Prestonnotamment, seul l’harmonica de Sugar Blue (un musicien rencontré dans le métro mais promis à une belle carrière) se taille une vraie place aux côtés des Stones qui n’en n’ont laissé que pour un saxophone, un orgue et quelques rares percus.

En limitant le nombre de musiciens (et donc d’influences), ils se recentrent sur la musique qu’ils savent le mieux jouer et laissent la plus grosse place aux guitares. Keith Richards n’étant pas au mieux, ce sont Mick Jagger et surtout Ron Wood qui viennent le suppléer. Le nouveau guitariste se retrouve en première ligne et s’en sort tout à fait honorablement en truffant l’album de parties de guitare-slide savoureuses. Il n’a certes pas l’inspiration d’un Mick Taylor mais n’en n’a nul besoin ici. Son jeu colle au contraire parfaitement avec cette volonté de recentrage.

Keith Richards n’est pas non plus totalement absent puisqu’en plus d’avoir participé à l’essentiel des sessions, il a composé deux titres. Le premier ("Before they make me run") fait le point sur ses problèmes d’alors, sur la lassitude qui l’assaille et son désir de changement. Le second est la ballade de l’album, "Beast of Burden". Un texte à nouveau introspectif mais surtout une musique laissant la place aux traits de guitare inspirés soutenant un Mick Jagger de haut niveau. Une réussite de plus fixée sur ce disque.

Si l’on met de côté Miss You, ainsi que quelques détails annonciateurs des années 80 (la basse trafiquée de "Shaterred", certains gimmicks de "Beast of Burden"), Some Girls est d’abord un grand disque de rock’n roll, issu certainement de la situation désespérante dans laquelle le groupe se trouvait. Quelques mois plus tard Richards ne fut condamné qu’à jouer un concert au profit d’une association d’aveugles. Les Stones furent par ailleurs comptés au rang des groupes plutôt épargnés par le punk.

Hors de danger, ils se complurent alors dans une situation confortable, devenant un groupe de grand-messe populaire. Après tout pourquoi pas, ils venaient bien de prouver qu’ils n’avaient plus rien à prouver. Ils pouvaient bien jouir tranquillement de leur statut de groupe majeur. Mais on attend toujours le digne successeur de Some Girls dans la liste des grands albums des Rolling Stones. (Destination Rock).




TRACKLIST:

A1       Miss You
A2       When The Whip Comes Down
A3       Just My Imagination (Runing Away With Me)
A4       Some Girls
A5       Lies

B1       Far Away Eyes
B2       Respectable
B3       Before They Make Me Run
B4       Beast Of Burden
B5       Shattered









jeudi 18 septembre 2014

Cabaret Voltaire - The Crackdown



CABARET VOLTAIRE - THE CRACKDOWN (1982)
Virgin
 ‎– 205 596-320 - (Europe)


The Crackdown ('resserrement') est le top du duo Richard H.Kirk et Stephen Mallinder. Sur la 1ère face on dénote quelques plages intéressantes par leur mélange électropop, minimalisme et gros sons de basse.

Mais j'ai une préférence pour ce qui suit : "Over and Over", rappelle un bon tube électro cold-wave style Deutsh Amerikanische Freundschaft ... des élans de basse qu'on retrouve aussi chez Charles de Goal.

"Haïti" est un superbe morceau au rythme saccadé par les aigus de fines cordes de guitare et de trompette lointaine. "Crackdown" : patchwork de sons et voix pressante sur quelques boucles de basse et percus évasives puis 2, 3 notes de synthé nu avant le déclic du pick-up qui va m'obliger à me lever de mon siège, changer de vinyle et positionner en 45 tours.

"Diskono" comme "Double Vision" me transportent, je ne trouve plus les mots, les adjectifs et les superlatifs pour décrire ces engouements. Il y a un jeu de va-et-vient sur les deux tracks, le son part et revient ce qui donne l'illusion d'un mouvement, joyeux et optimiste pour "Diskono" et sombre pour "Double Vision".

"Moscow", moment de pureté, à se demander si Einsturzende Neubauten n'en aurait pas été inspirés pour Armenia. Frottements de cordes ou de cloches, cymbales éparses sur une bandes son limite infra. 

"Badge of Evil", me laisse encore sans voix... incantations style Virgin Prunes peut-être, une voix d'outre-tombe qu'on pourrait croire qu'elle s'adresse à vous, mais non ! Le "Cabaret Voltaire" n'est qu'une parfaite illusion ! Qu'on se le dise.




TRACKLIST:


A124-245:55
A2In The Shadows4:34
A3Talking Time5:21
A4Animation5:35
B1Over And Over4:25
B2Just Fascination4:05
B3Why Kill Time (When You Can Kill Yourself)3:50
B4Haiti3:19
B5Crackdown6:24