vendredi 28 juin 2013

Alice In Chains -Dirt




ALICE IN CHAINS - DIRT (1992)
Music On Vinyl - MOVLP037- 2009



La vague Grunge venue tout droit de Seattle est en train de déferler sur toute la Planète Rock, emmenée bien sûr par Nirvana, mais également Pearl Jam et Soundgarden. Un autre groupe répondant au nom d’Alice in Chains s’est fait une petite place avec son premier opus Facelift sorti en 1990. Mais cela n’est rien comparé à ce que le groupe prépare.

C’est en 1992 qu’Alice in Chains sort l’album Dirt. Ce disque est emmené par la guitare lourde et acérée de Jerry Cantrell et le chant de Layne Staley dont les textes torturés et mélancoliques rentreront dans la légende. Le frontman se sert de Dirt comme d’un exutoire pour exprimer le cercle nuisible que sa dépendance à l’héroïne lui a fait prendre. Constat effrayant d’un homme conscient de sa lente autodestruction dont il n’a de cesse de tenter de s’extirper sans succès.

Them Bones pose déjà le tableau, un riff incisif et agressif, accompagné des cris de Staley, qui prédit une mort imminente vers laquelle il se sent glisser. S’ensuit un Dam the River dans la même veine, sans mauvais jeu de mots, la rivière représentant ici un fix d’héroïne. Layne Staley la compare à un serpent dont il n’arrive pas à se dégager. Le thème de la mort est bien sûr un sujet récurrent sur cet album, à l’image de Rain When I Die avec son rythme pachydermique. Et que dire du troublant Sickman où le chanteur semble dresser son propre autoportrait.

Alice in Chains fait aussi preuve de talent quand il s’agit de composer des mélodies plus douces avec des titres comme Rooster, Would?, ou encore le poignant Down in a Hole, où la volonté de Layne Staley de se débarrasser de son addiction n’a jamais semblé aussi touchante. Le combo de Seattle nous sert également quelques morceaux à la beauté parfois terrifiante comme Junkhead rappelant la terrible domination d’un dealer sur sa "clientèle" ou encore Angry Chair évoquant la libération provoquée par un "camé" prenant sa dose.

L’inquiétant morceau-titre Dirt est à l’image même de l’album, tant au niveau de la musique que des textes. Le sentiment de déchéance dû à l’héroïne est parfaitement retranscrit par la guitare de Cantrell semblant elle aussi emportée par son dernier fix.

Dirt (couplé à son successeur éponyme surnommé Tripod ou The Dog Album) est une œuvre unique en son genre. Bon nombre de musiciens de talent ont été emporté dans le tourbillon morbide de la came, mais aucun avant Alice in Chains n’avait retranscrit avec autant d’esthétique les différentes facettes de l’asservissement à la dope, qu’il s’agisse de la délivrance obtenue par l’injection du poison, ou du tourment causé par la dépendance conduisant parfois à des pulsions suicidaires pour s’en libérer.

Terrible paradoxe de se dire que le groupe n’a jamais été plus brillant que dans l’affliction la plus profonde, qui finira par couter la vie à l’un d’entre eux. A l’image du concert acoustique d’Alice in Chains avec un Layne Staley cadavérique, semblant en pleine crise de manque, et qui n’a pourtant que rarement aussi bien chanté. (FX - Aux Portes du Metal).



TRACKLIST :

A1Them Bones2:29
A2Dam That River3:09
A3Rain When I Die6:02
A4Down In A Hole5:38
A5Sickman5:30
A6Rooster6:15
B1Junkhead5:09
B2Dirt5:17
B3Godsmack3:51
B4Hate To Feel5:16
B5Angry Chair4:47
B6Would?3:28






Rammstein - Mutter




RAMMSTEIN - MUTTER (2001)
Motor (Universal) - UICO-2012



Attention, Rammstein, c'est du gros, du très gros, même. Faut dire que le metal allemand, ça ne rigole pas. Après un Sehnsucht très pêchu au bourrinisme réglé comme du papier à musique, Rammstein a décidé d'expérimenter de nouvelles facettes musicales avec ce Mutter au visuel très impressionnant, comme toujours. Le foetus de la pochette (sublime!) coincide parfaitement avec la métaphore tissée par le disque, musicalement parlant. Le groupe teuton fait toujours dans le metal indus, mais il a décidé d'adoucir le son électro/martial qui le caractérise à l'aide d'un orchestre et de voix féminines, très bien intégrées au demeurant. 

Cet orchestre apparaît le temps de quelques morceaux résolument plus subtiles et émotionnels, comme le sublime "Sonne" et son refrain qui vous rentre dans le crâne et qui n'en sort plus ensuite, comme le non moins indispensable "Mein Herz Brennt" qui ouvre l'album d'une bien belle manière, les violons mélancoliques en toile de fond et l'orchestre sculptural donnant une dimension élégiaque à un titre qui restera dans les mémoires... Les riffs, bien sentis, mais peu démonstratifs haussent la puissance de l'ensemble, à un niveau déjà très élevé ("Feuer Frei!" et ses sirènes affolantes). Mais ces riffs, lourds comme du parpaing, sont la marque de fabrique du groupe, maintes fois copiée, nullement égalée.

Mais l'approche metallesque de Rammstein est limpide et facile à assimiler: coupler de grosses guitares à tête chercheuse (le riff principal de "Mutter", court mais dantesque) à des samples accrocheurs et à une mélodie facilement reconnaissable. Les lignes de chant vont d'ailleurs dans ce sens: Lindermann possède un timbre de voix résolument unique, charismatique et collant parfaitement à la musique proposée par le groupe et ses origines. Elles vous paraîtront parfois rugueuses, anti-mélodiques (Lindermann, frontman charismatique, a encore quelques petits progrès à faire sur son chant) mais après quelques écoutes, ce chant devient addictif au possible. Lindermann, qui d'ailleurs, se lâche aussi bien dans le gros hurlement viril ("Feuer Frei") que dans la litanie subtile et émouvante ("Mutter"), preuve de l'avancement d'un groupe décidément explosif à tous points de vue.

Mutter est un album phare, contenant des titres-hymnes à la pelle, mais aussi, fait nouveau, très varié. SiSehnsucht se complaisait dans la chanson grasse et épaisse, en devenant ainsi plutôt répétitif, ce nouvel album change la donne. Il contient toujours ses titres gros comme des fusées ("Links 2 3 4" et son rythme guerrier, "Feuer Frei!", "Ich Will", "Zwitter") imparables en concert, propices à la pyrotechnie habituelle du groupe, mais aussi des titres planants ("Sonne", "Mutter" ou comme quoi Rammstein sait aussi être sensible, "Nebel" et ses choeurs impressionnants) ou encore bien électro ("Spieluhr", "Rein Raus").
 

Bref, un album rempli à craquer de bon metal bien entraînant et pas prise de tête pour un sou. Il a d'ailleurs fait un carton un peu partout en Europe, bien sûr en Allemagne, mais il faut dire que ce succès n'est pas mésestimé: Rammstein en concert, c'est un show magistral. Mutter complète avec brio une discographie encore balbutiante, mais prometteuse et nous fait découvrir une facette du groupe qu'on osait à peine penser qu'elle pouvait exister: le metal allemand, malgré la réputation qu'il a, peut aussi être sensible, subtile et mélodieux tout en restant puissant. Carton plein! (Beren - Métal Immortel).


TRACKLIST:


A1Mein Herz Brennt4:39
A2Links 2 3 43:36
A3Sonne4:32
A4Ich Will3:37
A5Feuer Frei!3:08
A6Mutter4:28
B1Spieluhr4:46
B2Zwitter4:17
B3Rein Raus3:09
B4Adios3:48
B5Nebel4:54
B6Hallluja (Bonus Hidden Recording)







mardi 25 juin 2013

Kate Bush - Never For Ever





KATE BUSH - NEVER FOR EVER (1980)
EMI - 1A 062-07339 -  Pressage Pays Bas

La toute jeune Catherine Bush est sortie telle une colombe d’un chapeau de magicien deux ans plus tôt, en 1978, drivée par la volonté de David Gilmour -guitariste chanteur de Pink Floyd- et sa certitude qu’il tient là une voix exceptionnelle doublée d’un talent unique. « Wuthering heights » sa version très personnelle des « hauts de hurlevent » d’Emily Brontë résonne encore aux oreilles d’une Grande Bretagne toute entière acquise à sa cause.

La fraîche jeune femme a tous les talents, son exquise beauté n’a d’égale que l’extrême sensualité de ses pas de danse, sa voix couvre toutes les nuances, ses compositions en font un ovni dans le paysage musical de ce début des années 80.
Kate Bush s'est forgée une culture musicale sans Pygmalion, mieux, sans aide d'aucune sorte. Les ailes de l'innocence déployées, à peine sortie de l'adolescence, elle ne reconnaît aucune influence majeure, à peine les noms de Peter Gabriel et de Bryan ferry lui viennent-ils en mémoire lorsque l'on évoque ses maîtres à chanter. Bien sûr, l'écoute de Janis Joplin ou de Joan Baez a bercé son enfance paradisiaque, mais son style unique et exubérant ne tolère pas la comparaison. On peut en revanche stigmatiser ses passions pour le mime et la danse, son talent de pianiste, les influences celtiques que l'on retrouve de-ci de-là dans ses lignes de chant.

Ce troisième album s’annonce comme celui de la maturité après un « Lionheart » bien ésotérique. Plusieurs morceaux exceptionnels trouvent un écrin de choix dans ce skeud à la pochette représentant Kate d’un côté, et le monde dont elle "accouche" de l'autre… La rencontre entre les deux n'atteint-elle pas d'ailleurs son zénith sur « Babooshka », cette ode à une "Emma Bovary" du XXeme siècle qui revendique plaisir et désir, énorme succès de l’année 80? Pièce sublime aux trois accords fantomatiques, que tout le monde connaît, où le son de la basse fretless résonne telle une caresse de papillon sur une épaule féminine… Une chanson qui interpelle, qui choque, qui stresse même éventuellement… En tout état de cause, un véritable chef d’œuvre de la musique du 20eme siècle, passée à la postérité comme son plus grand classique.

La belle n’est pas femme banale… Que nenni! Elle est fatale! La voix fabuleuse repart sur « The infant kiss », pour un autre rythme extravagant, le piano envahit l’espace sonore, accompagnant un chant d’une profondeur immaculée, nimbé de douceur, pour l’une des plus belles œuvres de la native du Kent. Le sujet abordé peut paraître scabreux: thème récurrent chez Kate, celui des jeunes hommes et du désir qu'elle ressent en leur présence. Tant de grâce, tant de sens mélodique chez une si jeune personne! Elle est bénie des dieux… Dieux qu’elle sermonne au travers d’une autre ode à « Delius », avec toujours la même réussite.
« Army dreamers » est désarmante de charme, sa voix monte et descend les octaves avec facilité, comme aucune autre ne l’aura fait avant elle dans la musique populaire… Mais finalement, est-on bien toujours dans la musique pop? La sophistication permanente de l’œuvre est propice à une qualité musicale d'une richesse rare. Qualifier Kate Bush de Pop, c’est donner à cette musique des lettres de noblesse qu’elle ne possède pas encore. Kate marche sur des sentiers non balisés. Elle n’en a cure, sa personnalité unique se nourrit de sa créativité comme d’autres vampirisent leurs contemporains. Elle semble tirer toute sa force d’elle même, une qualité rare dans ce monde, preuve de son équilibre.

Bien sur, certains titres de "Never for ever" sont difficiles d’accès voire incompréhensibles à l’oreille du mortel non avisé. C’est ainsi que « Blow away », « Night scented stock » et « the wedding list » me laissent totalement de marbre, alors qu’une érection, même minime, paraît toujours de bon aloi à l’écoute d'un opus de la brunette flamboyante… C’est pourquoi le disque n’atteint pas la perfection. Il n’en est pas moins le meilleur de cette sublime créature céleste si troublante qu’est Kate Bush, femme que tout homme normalement constitué rêve de séduire et de posséder... (Erwin - FP).






TRACKLIST :

A1. Babooshka
A2. Delius (Song Of Summer)
A3. Blow Away (For Bill)
A4. All We Ever Look For
A5. Egypt

B1. The Wedding List
B2. Violin
B3. The Infant Kiss
B4. Night Scented Stock
B5. Army Dreamers
B6. Breathing







Kate Bush - Babooshka from Friedrich Mary on Vimeo.

lundi 24 juin 2013

AC/DC - Let There Be Rock



AC/DC - LET THERE BE ROCK (1977)
Simply Vinyl - Reissue SVLP324 -180 Gr

Let There Be Rock ... ou comment avec ces 4 mots 5 Australiens amoureux de blues et de rock'n roll basique et bruyant remettent sur pied le hard rock avec une énergie sans pareille (les doigts dans la prise). Et ce alors que les groupes de la première génération (LED ZEPPELIN, DEEP PURPLE ...) sont déjà en perte de vitesse en cette année 1977 marquée par l'apogée du punk. Un mouvement punk qui voulait rompre avec le rock et le hard rock, mais qui commence d'ailleurs à se faire ronger par ses propres oripeaux et à se noyer dans ses contradictions. Un genre qui prétendait détenir à lui tout seul les clefs de ce que signifiait rock'n roll. Il faut noter d'ailleurs qu'à l'époque, AC/DC était avec MOTORHEAD l'un des rares groupes à plaire à la fois au public hard rock et punk.

Avec Let There Be Rock, AC/DC prend la défense du rock'n roll : la musique, rien que la musique. Il n'y a plus de metal, plus de punk : rien que le rock, encore le rock, toujours le rock. On revient à l'essentiel, à la base de cette musique qui a fait vibrer tant de génération depuis des pionniers comme Chuck Berry ou Little Richards. Une philosophie clairement scandée par un Bon Scott religieusement installé sur sa chaire, comme l'illustre le clip de la chanson phare. Quant à l'album, c'est carrément l'un des meilleurs d'AC/DC mais je ne suis pas objectif car pour moi, les album des Australiens avec Bon Scott sont tous essentiels. Je dirais que Let There Be Rock est sans doute le plus direct du combo, celui qui va "droit au but", sans chercher midi à 14H, et loin des géniaux Highway To Hell ou même Powerage qui sont un peu plus travaillés. 8 titres qui sentent les dessous de bras, et qui parcourent le style et les influences du groupe. Une pochette magnifique et inoubliable.

Après avoir sorti 3 albums en Australie (High Voltage et T.N.T. en 1974, Dirty Deeds Done Dirt Cheap en 1975) ainsi que 2 alter ego européens en 1976 (les versions européennes de High Voltage et Dirty Deeds Done Dirt Cheap) qui ne sont en fait que 2 compilations à peu près chronologiques des 3 albums australiens, Let There Be Rock démarre l'offensive d'un groupe qui commence réellement sa conquête du monde. Pour beaucoup le vrai démarrage du succès mondial d'Angus et ses compagnons.

Je pense ne pas avoir besoin de revenir sur les titres de bravoure devenus des classiques du hard rock comme "Problem Child", "Hell Ain't A Bad Place To Be" et surtout "Let There Be Rock" (ce riff ! et ce solo terrible du guitariste en culottes courtes) et l'efficace "Whole Lotta Rosie". Il ne faudrait pas sous-estimer non plus le très rythmé "Dog Eat Dog" où la trilette Phil Rudd/Mark Evans/Malcom Young construisent une charpente solide permettant à Angus et Bon d'y inclure leurs parties efficaces. Je ne parle pas des "Go Down", du carré "Bad Boy Boogie" ou du plus rock "Overdose" qui enchaînent des riffs redoutables, immédiats, inutile d'essayer de ne pas taper du pied.

Let There Be Rock est un disques des plus recommandables pour s'initier à AC/DC, un disque incontournable qui a jaloné l'histoire d'un des plus grands groupes de hard rock de tous les temps. Voire de la rock music tout court. C'est aussi le début du réel impact musical et commercial pour le groupe. Un succès que le bassiste Mark Evans ne saura gérer, il sera remplacé par le premier non Australien du gang, Cliff Williams pour la suite. Indispensable.
(Powersylv - MetalNightfall).



TRACKLIST:


01Go Down5:31
02Dog Eat Dog3:34
03Let There Be Rock8:34
04Bad Boy Boogie4:27
05Problem Child5:25
06Overdose6:08
07Hell Ain't A Bad Place To Be4:13
08Whole Lotta Rosie5:24







dimanche 23 juin 2013

Dream Theater - A Dramatic Turn Of Events




DREAM THEATER - A DRAMATIC TURN OF EVENTS (2011)
Roadrunner Records - RRCAR 7765-1 - 2 LP 180 Gr.


Tout a été dit, tout a été écrit, tout a même été filmé, documenté, produit avec soin et diffusé en grande pompe. De quoi parle-t-on? Des circonstances entourant l’enregistrement du présent méfait, le bien-nommé A Dramatic Turn of Event. Jouons-là donc en version courte : exit Portnoy, welcome Mangini ! Quand on connait l’importance qu’avait Mike, premier du nom, dans tout ce qui touchait au groupe, on pouvait dès lors imaginer plusieurs scénarios. 

Le premier aurait été de jouer la carte de l’immobilisme, en continuant sur la lancée d’albums pas très inspirés, aux influences pas toujours très discrètes, mais avec toujours une ou deux tueries histoire que le nostalgique continue d’acheter et que les fans arrivent toujours plus nombreux. Le second, fondé sur l’importance de Portnoy au sein du groupe, aurait été que le changement de poste provoque un bouleversement profond de la musique de Dream Theater et qu’il en ressorte une boîte de Pandore. Mais nos proggeux préférés ont choisi un troisième scénario, assez surprenant, mais finalement logique : celui du coup de pied au cul. Le départ d’un élément clé d’une machine bien huilée, qui tournait à son rythme de croisière, sans remou, depuis bien trop longtemps, a créé une secousse suffisamment forte pour que tout le monde y mette deux fois plus de coeur à l’ouvrage, tout simplement. Cette nouvelle formation réussit même à résoudre une équation que l’on pensait insolvable : rendre hommage à son passé sans renier son récent héritage. 

Il en ressort une belle somme de réjouissances, à commencer par “On the Backs of Angels”, qui débute sur quelques arpèges de guitare, comme au bon vieux temps de ... Images & Words, une référence que l’on retrouvera régulièrement tout au long de A Dramatic Turn of Event, aussi bien en terme de composition que d’interprétation. Ainsi, chose assez surprenante pour être soulignée, on découvre sur cet album un Jordan Rudess autrement plus sobre qu’à l’accoutumée. Lui qui nous a habitué a une excentricité parfois agaçante, le plaisir est d'autant plus grand de le retrouver tout en retenue, au service des compositions, à l’image de quelques excellents soli, sur “On the Backs of Angels” (à l’occasion d’un break de piano qui est peut-être le plus beau moment du morceau) ou “Lost Not Forgotten” (Kevin Moore n’est pas loin ...), mais aussi en soutien, sur le refrain de “Breaking All Illusions” notamment, bien aidé par un mixage mettant les instruments harmoniques très en valeur. Petrucci étant cette fois-ci seul aux manettes, il laisse toute la place aux guitares et aux synthés de s’exprimer, tandis que la batterie se retrouve plus en retrait (on laissera aux analystes psychologues le soin d’analyser le pourquoi du comment de ce point précis). Et surtout ... on entend la basse! 

Malgré sa position moins frontale que par le passé, il convient tout de même d’évoquer le cas de la batterie au travers d’une question très simple :  est-ce que Michel prend sa race? Heu... pardon : Mangini est-il à la hauteur de son glorieux prédécesseur? Là encore, la réponse est positive. Car contrairement à Portnoy (vous me pardonnerez ces comparaisons puériles et prévisibles), batteur plutôt exubérant et se voulant le plus en avant possible, le nouveau Mike évolue dans un registre plus traditionnel, si j’ose dire, à savoir qu’il s’en tient au soutien rythmique de ses comparses, en essayant de constituer une vraie symbiose basse/batterie. Cela donne lieu à quelques envolées musicales qui auraient été jusque là impossibles, à l’image du solo bluesy d’anthologie de Petrucci sur “Breaking All Illusions”. D’ailleurs ce passage illustre bien le fait le plus marquant de cet album, c’est que pour la première fois - et c’est paradoxal, puisque Mangini n’a pas participé à la composition - on a l’impression de faire face à un vrai travail de groupe et une inspiration retrouvée, que ce soit en matière de gros riffs (“Bridges in the Sky”), d'ambiances (“Outcry”), ou pour tirer sur la corde émotionnelle (“Beneath The Surface”). Même les quelques banalités (“Build Me Up, Break Me Down”, ou la dispensable “Far From Heaven”) ne s’en sortent finalement pas si mal.


Ce qui aurait pu être un coup de massue définitif à une carrière qui avait amorcé son déclin de longue date s’est finalement révélé être le coup de fouet indispensable. Qui eut pu croire, autrement, que Dream Theater en ait encore autant sous la semelle? A Dramatic Turn of Events est un album frais, réjouissant. Pas parfait, mais de ceux qui s’inscriront dans le temps et dont on se souviendra lorsque l’on évoquera l’histoire de ce grand groupe.
(Dupinguez - Les Eternels).



TRACKLIST:


A1On The Backs Of Angels
A2Build Me Up, Break Me Down
B1Lost Not Forgotten
B2This Is The Life
C1Bridges In The Sky
C2Outcry
D1Far From Heaven
D2Breaking All Illusions
D3Beneath The Surface





samedi 22 juin 2013

AC/DC - For Those About To Rock




AC/DC - FOR THOSE ABOUT TO ROCK (1981)
Atlantic Records - ATL K 50851 - Germany Pressing


En 1980, AC/DC a surpris tout son monde. Là où beaucoup pensaient que le groupe ne se remettrait pas de la perte de son chanteur charismatique, ils ont sorti l’album qui fut leur plus gros succès à ce jour. Et un an après un tel coup d’éclat, le défi auquel doit faire face le groupe est de proposer un album tout aussi réussi. Mais il n’est pas toujours facile de relever ce type de défis.

Forcément moins percutant que les deux albums qui l'ont précédé, ce For Those About To Rock est, à mon avis, l'album le plus sous-estimé de la discographie d'AC/DC. Peut-être est-ce dû au fait qu'il soit paru après deux monuments du Hard Rock (Highway to Hell et Back in Black pour ceux qui n’auraient pas encore compris à quels albums je faisais allusion). Il contient tout de même une poignée de titres excellents. En commençant bien sûr par le titre éponyme, un hymne parmi les hymnes.

Avec ce morceau, AC/DC sort l'artillerie lourde (au propre comme au figuré). Ce titre fait toujours un malheur à chaque concert du groupe avec tous les canons sortis. Il n’est pas seulement un des hymnes du groupe mais aussi du rock au sens large. Je me rappelle Angra, par exemple, à l’époque de la tournée Fireworks, qui avait choisi ce titre comme musique d’avant-scène pour faire monter la pression. "For those about to rock ! Fire ! BOOM ! We salute you"... Ou l’art de construire un hymne dédié au Rock qui envoie. Qui ne connaît pas ce morceau ne peut pas dire qu’il connaît le Hard Rock. Rien de plus à ajouter.

Oui mais voilà, même s'il s'agit incontestablement du meilleur titre de l'album, il y en a d’autres qui se défendent bien aussi. En commençant par I Put The Finger On You, son riff purement AC/DCien et son groove qui fait plaisir. Voilà un morceau qui aurait tout à fait eu sa place sur le Back In Black. Let’s Get It Up fait son petit effet également. Après un Inject the Venom un peu moins inspiré, on trouve un bien énergique Snowballed qui vient clore la première face.

La seconde face démarre de manière bien Heavy avec Evil Walks et ses chœurs scandés sur le refrain. C.O.D. (rien à voir avec un cours de grammaire) et Breaking The Rules, sans doute plus convenus, restent efficaces mais sont un peu en dessous du reste.

Heureusement, Night of the Long Knives, au refrain bien accrocheur relève le niveau. Brian Johnson, qui ne s’est pas encore esquinté la voix à l’époque, hurle comme un damné (ce qui a sûrement contribué à bousiller ladite voix). Angus Young, de son côté, envoie les solos dont il a le secret.

L’album se termine par Spellbound, un morceau assez sombre et bien heavy encore une fois mais très intéressant.

Finalement, For Those About To Rock montre une facette plus Heavy qu’à l’accoutumée du groupe australien. C’est peut-être ce qui a déplu à certains qui ont ainsi vu leur groupe préféré s’éloigner considérablement de ses racines Blues Rock. (Merci a Orion pour son excellente chronique).


TRACKLIST:

A1For Those About To Rock (We Salute You)5:44
A2Put The Finger On You3:26
A3Let's Get It Up3:54
A4Inject The Venom3:31
A5Snowballed3:23
B1Evil Walks4:24
B2C.O.D.3:19
B3Breaking The Rules4:23
B4Night Of The Long Knifes3:26
B5Spellbound4:30