vendredi 31 mai 2013

Ange - Emile Jacotey




ANGE - EMILE JACOTEY (1975)
Philips - 9101012


Après l’excellent « Au-Delà du Délire », tout le public français se demandait si un groupe de rock prog de nos contrées allait enfin décoller et devenir une référence du genre. Beaucoup d’espoirs étaient donc placés en Ange, et ce « Emile Jacotey », quatrième album du combo originaire de l’Est de la France, était attendu au tournant. Peut-être trop proche de son prédécésseur, Ange a voulu jouer la carte de la sécurité, et préfère confirmer son nouveau statut de grand, plutôt que de prendre le risque de retomber dans l’anonymat.

Ainsi, on retrouve sur la fin du « Nain de Stanislas », morceau délirant et vraiment bien trouvé, le même type de déclamation que sur « Si j’étais le Messie » de l’album précédent. Sur « Sur La Trace des Fées », c’est plutôt l’ambiance dépeinte qui rappelle celle d’« Au-delà du Délire », ambiance magique qui nous transporte une fois de plus au royaume médiévo-fantastique de Christian Decamps et de sa troupe. « Bêle, bêle petite chèvre » renoue avec l’humour sombre que le groupe n’a jamais voulu abandonner, et « Les Noces » critiquent une fois de plus l’utilité du mariage, et plus largement toutes les sortes de sphère religieuse.

Au niveau instrumental, le groupe continue sur sa lancée, c’est à dire qu’il exploite au mieux la capacité de Christian à créer des ambiances médiévo-fantastique (« Jour Après Jour » rappelle quant à lui le titre éponyme de l’album précédent), mais a aussi progressé dans des passages plus rock (« Bêle, Bêle Petite Chèvre », « Ego et Deus », ou encore la partie instrumentale après la déclamation sur « Le Nain De Stanislas »).

Les paroles quant à elles sont toujours aussi poétiques, et nous replonge encore dans l’univers fantastique si spécifique au groupe (« J’irais dormir plus loin que ton sommeil »). Celles-ci étant renforcées par l’intervention d’Emile Jacotey à deux reprises, sur la fin de « Bêle, Bêle petite Chèvre », et sur l’exceptionnel « Ode à Emile », surement l’un de mes morceaux préférés de toute la discogaphie du groupe tant la magie qu’il dégage est sublime. Frissons garantis sur ce titre d’une intensité rare !

Ce quatrième album amène donc la confirmation du nouveau statut du groupe (à savoir le leader de la scène progressive française). Il contient d’excellents titres (« Ode à Emile », « Sur la Trace des Fées »), des bons morceaux (« Le Nain de Stanislas », « Les Noces », « J’irai dormir plus loin que ton sommeil »), mais aussi quelques autres moins bons (« Le Marchand de Planète », « Ego et Deus », « Aurealia »). J’ai longtemps hésité entre 3 et 4 sur 5, j’opte finalement pour les 4 étoiles, grâce au superbe « Ode à Emile », mais la note la plus appropriée serait 3,5/5. Un bien bon disque ! 
(Merci a Jeremy FP pour sa bien belle chronique.).


TRACKLIST :

A1
Bêle! Bêle! Petite Chèvre
A2
Sur La Trace Des Fées
A3
Le Nain De Stanislas
A4
Jour Après Jour
A5
Ode A Emile

Ego Et Deus
B1
Ego Et Deus
B2
J'Irai Dormir Plus Loin Que Ton Sommeil
B3
Aurélia
B4
Les Noces
B5
Le Marchand De Planetes






The Who - Live At Leeds




THE WHO - LIVE AT LEEDS (1970)
Polydor - 2480004


"LIVE AT LEEDS, OU L’ART DU SPECTACLE"

Les prestations scéniques des Who, au tournant des années 1960, étaient réputées pour être les plus ébouriffantes, les plus stupéfiantes, les plus ahurissantes de l’ensemble de la scène musicale populaire. Pourtant, l’époque était riche en performers de grande réputation, de James Brown aux Doors en passant par les Rolling Stones. Mais les Who avaient atteint une dimension supérieure, après avoir plié à leur volonté le continent américain lors de l’imposante tournée de 1969, qui suivait la sortie de Tommy. Chacun sentait confusément que cette communion entre un groupe à son zénith et un publique extatique devait être transcrite sur disque. Ce qui fut fait à la Saint-Valentin 1970, à l’Université de Leeds, froide ville de l’Angleterre ouvrière.

Avec un peu d’imagination, on peut revoir le film de cette nuit-là. Une imposante ligne d’amplificateurs Hiwatt barre le fond de la scène. Au centre trône une batterie de marque Premier, éclatante sous le feu des projecteurs. Sous les acclamations d’un public surexcité, le groupe arrive enfin. Keith Moon, vêtu de blanc, se jette derrière ses fûts après avoir improvisé quelque facétie. Roger Daltrey, resplendissant dans son boléro à franges, se positionne derrière le micro. John Entwistle se place du côté gauche de la scène sans mot dire. Enfin, Pete Townshend, mal fagoté dans sa combinaison de peintre en bâtiment trop petite pour lui, vint bondir devant sa rangée d’amplis. Le show débute, emplissant la salle d’une avalanche incroyable de décibels. 
C’est un lieu commun de dire que Live At Leeds est l’un des meilleurs, sinon le meilleur, album en concert de l’histoire du rock. Mais le critique, devant cet objet musical, ne peut qu’être désarmé. Le seul défaut que l’on puisse trouver à ce concert, c’est de ne pas avoir été filmé.
(Merci a Ullysangus pour sa chronique).



TRACKLIST :

A1Young Man Blues4:45
A2Substitute2:05
A3Summertime Blues3:22
A4Shaking All Over4:15
B1My Generation14:27
B2Magic Bus7:30







jeudi 23 mai 2013

Siouxsie & The Banshees - Juju




SIOUXSIE & THE BANSHEES - JUJU (1981)
Polydor - 2383 610 - Pressage Italien



Juju tire son nom d'une musique nigériane basée sur les percussions : la pochette, où figure un masque africain, y fait d'ailleurs allusion. Paru en 1981, il constitue sans doute le meilleur album de cet immense groupe qu'est Siouxsie And The Banshees. Volet central d'une trilogie, dont le dénominateur commun est le prodigieux guitariste John McGeoch (récemment décédé), commencée avec le bien nommé Kaleidoscope (1980) et achevée avec A Kiss In The Dreamhouse (1982), il en constitue certainement l'apogée. 

Juju est moins expérimental et éclectique que ces deux albums, mais aussi plus homogène et, surtout, plus abouti. On y retrouve tous les ingrédients de l'âge d'or de Siouxsie and the Banshees : voix ensorcelante de Siouxsie Sioux, guitares sublimes de John McGeoch, l'un des guitaristes les plus doués et inventifs de sa génération, basse en apnée de Steven Severin, au son unique (peut-être parce qu'il ne joue qu'en retour), batterie délicieusement tribale du génial Budgie, compagnon de la chanteuse. Chaque titre est un pur bonheur, en particulier les deux singles, le virevoltant "Spellbound" et l'arabisant "Arabian Knights" (bon jeu de mots !), mais aussi "Halloween" et "Into The Light", sans oublier le terrifiant "Voodoo Dolly". En résumé, un véritable chef-d'œuvre, à déguster de toute urgence ! (Merci à Gaylord pour sa chronique).





TRACKLIST :

A1Spellbound
A2Into The Light
A3Arabian Knights
A4Halloween
A5Monitor
B1Night Shift
B2Sin In My Heart
B3Head Cut
B4Voodoo Dolly






mercredi 22 mai 2013

Simple Minds - Street Fighting Years




SIMPLE MINDS - STREET FIGHTING YEARS (1989)
Virgin 209 785 UK Pressing



4 ans se sont écoulés depuis l’objet du scandale, Once Upon A Time, manifeste de l’abandon des sonorités new wave et d’une direction résolument commerciale. Entre temps Simple Minds tente de trouver sa voie, laissant croire lors de ses dernières prestations live à une incorporation d’influences progressives et celtiques. C’est effectivement le choix du groupe pour ce Street Fighting Years, finis les refrains en chœur et la sauce stadium rock des années 80, le son se fait plus planant et la durée des morceaux est sensiblement rallongée.

Le résultat est tout simplement le meilleur album de Simple Minds, le plus engagé, le plus riche et surtout le plus beau. L’entrée en matière est excellente avec un Street Fighting Years poignant, suivi de l’un des chefs d’oeuvre de l’album, "Soul Crying Out". Magistral, beau et varié, avec un magnifique air acoustique en toile de fond et une voix de Jim Kerr profonde, ce titre illustre déjà la classe du disque. Avec une introduction aussi intense, on pouvait craindre une suite en deçà, mais c’était sans compter sur une créativité retrouvée des écossais, enchaînant les exploits avec "Mandela Day" et surtout le monument "Belfast Child", mené par un air de flute minimaliste et émouvant avant une explosion rock rappelant les productions contemporaines de Pink Floyd. Dans un registre plus rock, le groupe ne commet pas l’erreur de tomber dans le stadium rock et produit des titres très efficaces comme "Wall of Love", "Kick It in" ou "Take a Step Back", sorte de compromis bien dosé entre la fulgurance de Sparkle in The Rain" et le côté séduisant des meilleurs moments (il y en a) de Once Upon a Time. L’album se conclut sur une reprise renversante de Biko de Peter Gabriel. Si l’ex leader de  Genesis en avait fait l’un de ses titres world music phares avec des sonorités africaines, Simple Minds l’a complètement revisité en y incorporant des cornemuses et un rythme martial.
(Merci a Zvlorg pour sa chronique).





TRACKLIST :

A1Street Fighting Years6:26
A2Soul Crying Out6:07
A3Wall Of Love5:20
A4This Is Your Land6:22
A5Take A Step Back4:23
B1Kick It In6:11
B2Let It All Come Down4:56
B3Mandela Day5:45
B4Belfast Child6:42
B5Biko7:34
 





mardi 21 mai 2013

Metallica - S&M




METALLICA - S&M (1999)
Warner E/M Ventures - LP 524605-1 (2011)


S&M est un double album live qui réunit une collection des plus grands titres de Metallica(Master of Puppets, Fuel, The Memory Remains...) sur lesquels est venu s'unir l'orchestre symphonique de San Francisco dirigé par Michael Kamen. L'idée originale vient du bassiste de Metallica, Cliff Burton, qui a une grande passion pour les compositeurs classiques. C'est ainsi que le temps de deux dates en 1999 dans le théâtre de Berkeley, ils ont joué un mélange de métal et de symphonie à nous en hérisser l'épiderme !
Ces interprétations éclatantes éclipsent à mon humble avis les versions originales. Là, je me mets à dos les vieux croutons ;-) fiers d'avoir découvert ces bêtes de scène durant leurs très longues tournées de 1989 à 1993 quand le groupe parcourait le monde pour jouer les titres du célèbre Black Album, ainsi que les djeun's métaleux chevelus qui arborent les t-shirts à l'effigie de leurs idoles en dodelinant de la tête.
L'interlude sur une des plus célèbres compositions d'Ennio Morricone, The Ecstasy of Gold démarre le concert magistralement. Puis, Metallica rejoue leurs morceaux les plus connus avec une précision grisante. Pas de temps mort, chaque titre semble suivre la continuité du précédent, au moins dans la première partie, l'intensité monte crescendo à vous en donner des frissons. Ces émotions courent la foule qu'on ressent fébrile, frémissante et stupéfaite à l'écoute des arrangements inattendus entre l'orchestre et le groupe. C'est une parfaite symbiose musicale qui opère, un réenchantement de leurs morceaux les plus athlétiques.
(Merci a Gilles pour son article).


TRACKLIST :
A1The Ecstasy Of Gold
A2The Call Of Ktulu
A3Master Of Puppets
B1Of Wolf And Man
B2The Thing That Should Not Be
B3Fuel
B4The Memory Remains
C1No Leaf Clover
C2Hero Of The Day
C3Devil's Dance
C4Bleeding Me
D1Nothing Else Matters
D2Until It Sleeps
D3For Whom The Bell Tolls
D4Human
E1Wherever I May Roam
E2Outlaw Torn
E3Sad But True
F1One
F2Enter Sandman
F3Battery





lundi 20 mai 2013

Santana - Moonflower




SANTANA - MOONFLOWER (1977)
Columbia - Music On Vinyl Reissue 180gr - 2012 - MOVLP566



Dans la lignée des double albums mi-live mi-studio, Moonflower se pose là. En effet, s'il s'agit d'un album de ce genre, il ne comporte pas un disque live et un disque studio, mais plutot un mélange habile des deux styles sur chaque face (à l'exception de la face B, quasi intégralement live à part le très court Bahia).

Enregistré en 1976 à l'Hammersmith de Londres pour les titres live (et en Californie, 1977, pour les titres inédits studio), Moonflowerest un des tous meilleurs albums de Santana. Soyons quand meme honnetes, parmi les titres studio, peu de grands classiques : on peut quand meme citer I'll Be Waiting et la reprise du hit des Monkees She's Not There. Personellement, j'adore aussi les instrumentaux El MoroccoZulu (ligne de piano imparable) et Flor D'Luna (Moonflower).

L'enchainement entre titres studio (chaque face en comporte un en ouverture) et live est prodigieux : de par le mixage, savamment orchestré, on jurerait entendre l'intégralité d'un live - j'ai personellement connu quelqu'un qui croyait que ce disque était un live dans son intégralité ; il n'avait pas bien lu les notes de pochette...
En ce qui concerne la partie studio, elle est très réussie. La partie live, elle, est phénoménale, entre versions à tomber par terre deEuropa (Earth's Cry, Heaven's Smile)Black Magic Woman/Gypsy QueenSoul Sacrifice, et morceaux plus récents, mais tout aussi réussis (CarnavalLet The Children Play).

Dans l'ensemble, je donne (presque) la note maximale à Moonflower, un des plus grands live que j'ai entendu de ma vie (je suis sérieux), meme si, en ce qui concerne Santana, Lotus, triple album de 1974 (et entièrement live, lui) est encore plus beau, plus fort, plus évocateur...

A posséder, impérativement. (Merci a Tagomago).



TRACKLIST :

A1Dawn/Go Within2:44
A2Carnaval2:17
A3Let The Children Play2:37
A4Jugando2:09
A5I'll Be Waiting5:20
A6Zulu3:25
B1Bahia1:37
B2Black Magic Woman/Gypsy Queen6:32
B3Dance Sister Dance (Baila Mi Hermana)7:45
B4Europa (Earth's Cry Heaven's Smile)6:07
C1She's Not There4:09
C2Flor d'Luna (Moonflower)5:01
C3Soul Sacrifice/Head, Hands & Feet14:01
D1El Morocco5:05
D2Transcendence5:13
D3Savor/Toussaint L'Overture12:56