jeudi 28 mars 2013

The Cure- Wish



THE CURE - WISH (1992)
Fiction Records - FIXH20 - Double LP


Wish sort en 1992, trois ans après le sublime Desintegration dont il est le prolongement logique. En effet l'époque est à la noisy pop et The Cure sort les guitares.

L'album est un peu plus diversifié que le précédent mais garde quand même une cohérence dans le son et dans l'enchaînement des morceaux. L'ouverture et la fermeture par deux titres forts et emblématiques du son Cure (le sublime "Open" et l'énorme "End") viennent renforcer cet effet. En parlant du son, on retrouve en partie celui développé sur Desintegration : longs morceaux mélancoliques, mélodies sublimes, basse omniprésente, son caractéristique de guitare, emploi de la basse à 6 cordes... C'est très évident sur certains titres ("Apart", "Trust" et "To Wish Impossible Things"). Sur d'autres ces ambiances sont accentuées par l'utilisation de guitares plus incisives et plus présentes ("Open", "From The Edge Of The Deep Green Sea" et "End") voire même carrément plus agressives sur le cinglant et noisy "Cut". Enfin le tout est parsemé des inévitables titres ‘pop' ("High", "Friday I'm In Love", l'électrique "Wendy Time" et l'étrange "Doing The Unstuck") plutôt bien réussis dans l'ensemble et bien insérés dans l'album. Sur les 12 morceaux de l'album, il y a très peu de déchets et on plonge très rapidement dans les différentes ambiances qu'il décrit, par petites touches sans perdre le fil conducteur.

J'éprouve encore beaucoup de plaisir à écouter Wish. Même s'il est souvent sous estimé dans la discographie de Cure, il s'agit d'un disque magnifique, imprégné par l'esprit deDesintegration mais bien plus optimiste, plus varié et finalement plus facile d'accès. En même temps je ne suis pas sûr d'être tout à fait objectif puisque c'est en partie grâce la sortie de ce disque que j'ai rencontré la femme de ma vie, mais l'objectivité ça n'existe pas quand on parle d'émotions ... (Supercoincoin).




TRACKLIST :

A1Open6:51
A2High3:37
A3Apart6:38
B1From The Edge Of The Deep Green Sea7:44
B2Wendy Time5:13
B3Doing The Unstuck4:24
C1Friday I'm In Love3:38
C2Trust5:32
C3A Letter To Elise5:14
D1Cut5:55
D2To Wish Impossible Things4:43
D3End6:45





mardi 26 mars 2013

Depeche Mode - Delta Machine




DEPECHE MODE - DELTA MACHINE (2013)
Columbia - 88765460631 - Double LP


Il suffit d’écouter le nouvel album des Strokes pour comprendre que le revival 80 est devenu un des éléments musicaux le plus « in » qui soit. Mais quand les originaux s’en mêlent, c’est une autre affaire. Après plus de 30 ans de carrière Depeche Mode revient avec « Delta Machine », un 13ème album démontrant à qui en doutait qu’ils sont encore les boss de l’electro-pop.
Le titre « Delta Machine » renvoie immanquablement au blues suintant du Mississippi, car du blues, il y en a sur cet album. Mais à la sauce Depeche Mode. « Slow » est un titre qui mélange un riff de guitare simple et de grosses nappes inquiétantes portant une mélodie collante à souhait. Progressivement, les sonorités sombres s’entremêlent. C’est fait avec subtilité, chaque sonorité étant travaillée avec soin, et c’est d’ailleurs l’impression générale qui se dégage de « Delta Machine » : on est là face à une production sans faille comme on en avait pas vu depuis longtemps de la part du groupe.
L’ouverture « Welcome to my world » met bien sûr en exergue une belle mélodie sous-tension, mais c’est surtout les basses énormes qui frappent au premier abord. Du gros son à faire trembler les vitres, qui contraste pourtant avec un minimalisme évident. « My little Universe » est un bon exemple de l’énorme travail studio du groupe (et de l’influence non dissimulée des allemands de Kraftwerk). C’est ultra-dépouillé mais peuplé d’une multitude de sons différents et on est plus proche de la création sonore qui cherche à installer une ambiance, que d’un titre véritablement mélodique. On sent que le travail de Martin Gore et Vince Clarke au sein de VCMG a porté ses fruits…
Pourtant, des belles mélodies, cet album n’en manque pas. On pense bien sûr au single « Heaven », ballade plus classique mais à l’efficacité redoutable, mais surtout à « Alone », grand moment de l’album qui mêle une prod impeccable à un refrain imparable.
Beaucoup de titres lents et très noirs sur « Delta Machine », mais aussi quelques titres plus rythmés et taillés pour la tournée des stades qui s’annonce. «Soothe my soul » est la petite soeur de «Personal Jesus », et est un tube en puissance avec des couplets quelques peu monotones suivis d’une pause qui lance la phrase unique d’un refrain accrocheur.
« Should be higher » trouvera aussi aisément sa place dans la setlist : c’est bien lourd et oppressant, marqué par une rythmique en shuffle qui envoie, mais c’est surtout la voix de Dave Gahan qui emporte le morceau. Gahan est d’ailleurs en très grande forme sur cet album : sa voix donne la sensation d’être plus posée et maîtrisée qu’à l’accoutumée. Il marque « Broken » en electro-crooner qu’il est, un titre pourtant plus standard, mais marqué encore une fois par une bonne mélodie et un arrangement de boîtes à rythme et synthétiseurs ciselé à la perfection.
A mi-parcours, l’album connaît un léger creux. Sur « The child inside », c’est Martin Gore qui se colle au chant : pas désagréable mais moins envoutant. « Soft touch/Raw Nerve » enchaîne et ne fait pas dans la finesse avec son arrangement un brin pompier.
Malgré ce léger trou d’air, « Delta Machine » est sûrement un des albums les plus intéressants de Depeche Mode depuis bien longtemps, et ce n’est pas le dernier titre «Goodbye » qui nous fera change d’avis. Encore de l’electro-bluesy qui monte en puissance grâce à une mélodie forte et des synthétiseurs saturés melés aux guitares avec une fin en apothéose. Un titre qu’on verrait bien clôturer un dernier rappel de concert…
Ce nouvel album est, vous l’aurez compris, une superbe réussite. Gahan & co mettent en place une atmosphère pesante, sombre et envoutante, et ce grâce à une réalisation impeccable. La grande force du groupe, c’est aussi de savoir nous embarquer où ils veulent sans qu’on sache réellement on l’on va. Un labyrinthe de sonorités électroniques qui sait se faire imposant ou ultra-minimaliste, mais toujours ciselé avec une précision chirurgicale, ce qui rend ce « Delta Machine » dangereusement addictif et sans aucun doute incontournable dans la discographie du groupe. (Marty Tobin).

TRACKLIST :
A1Welcome To My World4:56
A2Angel3:58
A3Heaven4:05
A4Secret To The End5:12
B1My Little Universe4:24
B2Slow3:45
B3Broken3:58
B4The Child Inside4:16
B5Soft Touch / Raw Nerve3:27
C1Should Be Higher5:04
C2Alone4:29
C3Soothe My Soul5:22
C4Goodbye5:03
D1Long Time Lie4:23
D2Happens All The Time4:20
D3Always5:07
D4All That's Mine3:24






lundi 25 mars 2013

The Cure - Entreat



THE CURE- ENTREAT (1990)
Fiction Records - FIXH 17

Issu du Prayer tour '89 et enregistré au Wembley Arena de Londres, Entreat suivit un parcours atypique : tout d'abord offert dans le cadre d'une opération promotionnelle en 1990, ce mini live (8 titres seulement) connaîtra quelques mois plus tard une édition commerciale -vu le succès remporté. 

Au fond, que vise un album live, sinon à remercier les heureux présents dans la salle, en leur offrant un support tangible à leurs souvenirs flexibles ? C'est raté, j'y étais pas !!! Or, s'il y a un concert que j'aurais du 'faire', c'est bien celui-ci. 

Quand on sait l'importance de l'ambiance grandiloquente (ce n'est pas un reproche !) et paradoxalement introspective de Disintegration, on pouvait craindre ce qui s'était produit 9 ans plus tôt lors de la tournée de Seventeen Seconds : une perte qualitative au niveau de la retranscription d'un climat. Est-ce la qualité d'enregistrement et de mixage ? Est-ce la maturité technique ? Est-ce encore la cohésion du groupe ? Ou est-ce tout simplement le génie incontestable ?! En tout cas, moi alan b yond le fan blasé, je me suis découvert une passion tardive pour le titre d'ouverture : l'éternel "Pictures Of You". C'est une chanson que je me passe aisément ... 2 heures en boucle ! Car il y a tous les éléments empêchant la saturation accélérée : 7 minutes pour un tube dont 2 minutes de pure intro, une basse en noyau dur, un chant parfait alliant technique (une rage mélodieuse) et émotion (des pleurs contenus), le tout sous un mid-tempo étonnamment rythmé (Jason, quand daigneras-tu doubler le charley ?). Bref, on a vu pire (sic) ! 

Si on n'attend pas de The Cure des versions expérimentalo-dissonantes de 20 minutes de leurs standards, comme on l'estime naturel chez Crispy Ambulance ou encore Section XXV,Entreat distille pourtant une révélation conséquente quant à la présence rythmique. Je ne me permettrais jamais d'émettre une critique négative concernant Disintegration, attention, mais notons que l'espace sonore occupé (et pour cause ...) par le synthétiseur a débordé sur celui de la batterie. Je ne remets donc pas en cause le jeu de batterie, mais seul son mauvais ajustement sonore au mixage final de l'album studio. Il faut ainsi tendre l'oreille un maximum pour cerner le charley (trivialement, c'est ce qui fait 'tic-tic' ...) sur un titre comme "Plainsong", tandis qu'en live on en demanderait presque à Boris Williams de frapper moins fort ! On s'en rend d'autant plus compte que chacun des titres de Entreat témoigne d'une richesse technique et créative. 

J'ai un peu de mal à retranscrire ma réaction, ce live me faisant autant de bien (pour les oreilles) que de mal (en tant que fan). Car cette symbiose musicale, oui, cette magie sonore qui ne s'explique pas mais qui s'impose sans être pour autant un spécialiste, appartient au passé révolu -si j'en crois l'obstination incompréhensible de Robert Smith à 'casser' du mythe. The Cure avec Disintegration, a atteint un sommet musical inespéré en studio qui se prête de façon incontestable au risque du live. "Last Dance" trouve alors un second souffle de part l'énergie rythmique déployée. Et quant à la prestation vocale 'énorme' de Robert sur le titre éponyme, elle fait enfin honneur à la révolte originelle. 

Au cas où vous seriez sourds, à défaut d'être aveugle, détournez-vous un temps soit peu du réchauffé Trilogy pour apprécier l'excellent 'cru' Entreat ! (Alanbyond).




TRACKLIST:

A1Pictures Of You7:08
A2Closedown4:23
A3Last Dance4:41
A4Fascination Street5:19
B1Prayers For Rain4:49
B2Disintegration7:42
B3Homesick6:49
B4Untitled6:33



Blutengel - Nachtbringer



BLUTENGEL - NACHTBRINGER (2011)
Out Of Line OUT525

A la fin de l'année passée est sorti le dernier album du groupe de dark wave BlutEngel qui porte le doux nom de Nachtbringer, après Tränenherz également paru en 2011. Autant dire que BlutEngel a connu une année bien chargée... Composé de morceaux originaux et d'un live, ces Allemands continuent à envoyer des morceaux à l'ambiance sombre sur musique electro qui ne laisse pas du tout indifférent.

Le morceau Nachtbringer ouvre le bal avec quelques arrangements "symphoniques" qui laisse place ensuite à la dominante du disque, l'electro. Le refrain est entêtant et voit arriver, aux côtés du chanteur Chris Pohl la voix féminine d'Ulrike Goldmann. Un très bon morceau d'ouverture donc, qui synthétise à la perfection ce Nachtbringer et qui ne laisse présager que du bon quant au reste de l'album.

C'est un petit peu le même système que l'on retrouve dans tous les morceaux de ce Nachtbringer. Cependant, l'album n'est en rien répétitif, les mélodies et les arrangements sont recherchés et savent se faire apprécier par l'auditeur. Entre morceaux plus entraînants, à l'instar d'Anders sein, d'autres plus indus qui forment une bonne majorité (Wir Sind Die Nacht, Another World), d'autres se présentent plus comme des ovnis. Je pense notamment à Time (There's Nothing More) qui a toujours cette part d'ombre mais qui est plus calme et plus épurée dans sa production. Des instruments plus traditionnels comme le piano sont également inclus dans les compositions comme Voices, un morceau très mélancolique et qui a une de ces puissances émotionnelles à en donner des frissons (cela reste tout de même subjectif).

Contrairement à ce que l'on pourrait s'attendre face à de l'electro, les voix des chanteurs sont parfaitement travaillées. Chris Pohl avec sa voix grave, presque gutturale, colle toutefois à l'ambiance très sombre tandis que le chant plus aérien d'Ulrike Goldmann adoucit les compositions tout en leur donnant un aspect mélancolique qui s'entend parfaitement dans les morceaux qu'elle interprète intégralement, c'est-à-dire Time (There's Nothing More) et Voices.

Nachtbringer  est un album agréable à l'écoute qui contient quelques pépites. Mais le problème, c'est que très vite, et cela se ressent encore plus dans le live, la musique se fait répétitive et peut lasser celui qui n'est pas habitué à ce genre de musique. Mais pour un fan qui se respecte, les bonus et le live font de cet album un must-have qui forcément les ravira au plus haut point. (Nonointhesky).


TRACKLIST:

A1Nachtbringer
A2Out Of Control
A3Time (There's Nothing More)
A4Anders Sein
B1Wir Sind Die Nacht
B2Another World
B3Voices
C1Am Ziel
C2Like A Shadow (Demo 2009)
C3Color Of The Night (Demo 2009)
D1Still Standing (Demo 2009)
D2Black Roses (Live 2011)
D3Reich Mir Die Hand (Live 2011)






jeudi 21 mars 2013

Depeche Mode - Music For The Masses



DEPECHE MODE - MUSIC FOR THE MASSES (1987)
Mute - STUMM47 - U.K. 


Comment un "petit" groupe "destiné à rester un groupe culte pour toujours" (Martin L. Gore) a-t-il pu devenir une des plus grandes "success story" de la fin des années 80 ? C'est bien la question que l'on peut se poser en parlant de Depeche Mode, petit groupe "Pretty In Pink" anglais, dont la musique synth-pop est largement dépassée par ses contemporains tels Human League ou Soft Cell. Les pauvres petits Basildoniens ne sont pas les chevaux sur lesquelles on a envie de parier à l'époque. Pourtant, Black Celebration sorti en 1986 annonce un changement pour le groupe. Ce dernier prend une ampleur gothique absente des opus précédents et la noirceur envahit son œuvre de plus en plus profondément.

Sous la houlette de David Bascombe, le groupe enregistre son nouvel album, Music For The Masses en France. Ce changement de producteur leur est tout à fait bénéfique. Depeche Mode passe dans une toute autre dimension. Il devient le premier groupe électronique à remplir des stades, exploit immortalisé dans le film du dernier concert de la tournée mondiale suivant la sortie de Music ... : "101". Depeche Mode connaît le succès à travers le monde, notamment en Amérique qui l'accueille bras ouverts.
Un succès énorme... et mérité. L'album étant une petite merveille électro ! La dance, Madchester, les gothiques des années 1990, la brit-pop... tous doivent quelque chose à cet album. On y retrouve des rythmiques percutantes, et les arrangements sont tout bonnement parfaits. A-t-on entendu d'aussi beaux arrangements musicaux depuis Sgt. Peppers... ? Les chansons s'enchainent sans que l'on voit le temps passer et en nous accrochant tout du long à l'album. La plus belle façon de commencer un album ? Plaquer l'auditeur au mur avec un morceau aussi puissant que "Never Let Me Down Again".

Les paroles, qui abordent principalement les thèmes de la religion, de la faiblesse et de l'amour torturé, sont parfaites et les ambiances gothiques planantes donnent à l'album un aspect religieux et "cathédralesque" somptueux. Justement, il s'agit presque plus de prêches que de chansons... et ce n'est pas pour me déplaire ("Sacred"). Des singles retravaillés parfaits ("Strangelove"), des chansons qui auraient pu être interprétées par A-Ha, mais qui gagnent une énorme puissance à travers des sonorités inquiétantes, des feulements érotiques et un leitmotive tout en synthétiseurs ("I Want You Now") : Depeche Mode réalise un quasi-grand chelem. Seul "Nothing" reste un peu en dessous du tout, malgré une rythmique sympathique mais rapidement lassante.
Il faut cependant revenir un peu plus longuement sur le meilleur morceau de l'album : l'effrayant "Pimpf". L'apocalypse synthétique comme personne ne l'avait encore réalisée. Une inspiration classique évidente, comme un "O Fortuna" des années 80. Epique et surtout terrifiant, le morceau ne se laisse pas apprivoiser. C'est lui qui emporte l'auditeur dans un tourbillon de frayeur et en même temps de fascination : le sublime n'avait jamais été aussi bien mis en musique par un artiste pop depuis "Child In Time" de Deep Purple dans un autre registre. Le morceau reste gravé à la première écoute dans l'inconscient de son auditeur. Depeche Mode fait peur et fascine.

Jean-Michel Jarre a dit un jour : "Ce n'est pas la musique qui est électronique, ce sont seulement les instruments". Cette phrase n'a jamais eu autant de sens qu'avec un album aussi charnel, puissant, organique et sensuel que Music For The Masses.(Bona - Xsilence.net).


TRACKLIST :

A1
Never Let Me Down Again
A2
The Things You Said
A3
Strangelove
A4
Sacred
A5
Little 15
B1
Behind The Wheel
B2
I Want You Now
B3
To Have And To Hold
B4
Nothing
B5
Pimpf