jeudi 30 avril 2015

Blur - The Magic Whip




BLUR - THE MAGIC WHIP (2015)
Parlophone ‎– 2564614171 - 2 × Vinyl, LP, Album - UK & Europe

Peu de groupes peuvent se vanter d'avoir survécu à la déferlante britpop du début des années 90 et s'il en est un qui a su s'en extraire avec brio et se réinventer, c'est bien Blur. D'un Leisure très immédiat, tout en énergie, à un Blur ou 13 plus introspectif et flirtant avec les sonorités électroniques, le groupe n'a cessé d'étonner, probablement grâce aux quatre musiciens et compositeurs de talent, mené par un Damon Albarn aussi charmant (et charmeur) que talentueux, qui le composent. En pause depuis maintenant une décennie, chacun a ainsi pu vaquer à ses nombreuses occupations : d'une carrière solo brillante pour les uns (Graham Coxon a su démontrer que sans la présence de Damon, il pouvait tout de même faire des merveilles, et le génie d'Albarn, que ce soit avec The Good The Bad And The Queen, Gorillaz, ou en solo, ne cesse d'éclater) à une fabrication renommée de fromages artisanaux pour un autre (Alex James est devenu un producteur émérite) ou une carrière politique pour Dave Rowntree, il faudra attendre 2009 pour que Graham revienne et que Blur repartent en tournée, éludant soigneusement la question d'un nouvel album lors des interviews.

C'est donc seize ans après 13, dernière sortie avec Coxon (le guitariste ayant quitté le groupe durant l'enregistrement de Think Tank) que la nouvelle tombe lors d'une conférence de presse et interview diffusées en direct sur Internet : Blur reviennent avec un nouvel album intitulé The Magic Whip. Depuis, le groupe ne cesse de nous faire languir en dévoilant quelques titres qui augurent le meilleur. Profitant d'une pause à Hong Kong durant leur tournée marathon de 2013, ils commencent à travailler sur du nouveau matériel pendant cinq jours consécutifs. Ces sessions seront ensuite reprises par Graham Coxon, assisté du légendaire Stephen Street, pour que Damon Albarn puisse y apposer ses paroles. Douze nouvelles compositions et autant de réponses aux détracteurs pensant que l'argent est l'unique raison de ce come back. Loin d'être un Best Of ou une redite des albums précédents, The Magic Whip s'immisce là où on ne l'attend pas forcément et dresse un état des lieux représentatif des multiples talents et influences du groupe. 

On connaissait la facilité avec laquelle Blur créaient de petits missiles à tubes en puissance et ici, qu'il s'agisse d'un Go Out ou d'un Lonesome Street (deux titres qui pourraient figurer dans le top de la discographie du groupe), nous constatons qu'ils n'ont rien perdu du feu sacré et les « Oh oh oh » et « Ouh ouh ouh », marque de fabrique blurienne s'il en est, sont légion. Cependant, le goût prononcé des lads pour les ballades nostalgiques est ici mis en avant à plusieurs reprises, notamment en début d'album avec New World Towers. La nostalgie est d'ailleurs l'un des fils conducteurs de The Magic Whip et elle culmine sur la sublime Pyongyang et ses diverses subtilités que l'on découvre au fur et à mesure des écoutes. D'un clin d'œil à leurs débuts enragés (I Broadcast) à leurs hymnes fraternelles (Ong Ong), il n'y a qu'un pas, que Blur franchit sans aucune difficulté ; si l'électronique est moins omniprésente que sur Think TankThought I Was A Spaceman lui fait tout de même honneur. 
The Magic Whip garde une forte empreinte de son pays de création et nous propose un voyage entre l'Orient et l'Occident, sur fond de réalité abrupte (There Are Too Many of Us). Albarn appose une nouvelle fois sa vision incisive du monde, à la manière d'un Ray Davies, mais moins anglo-centrée qu'à leurs débuts, notamment sur Parklife ou The Great Escape. Certains moments sont probablement moins inspirés (The Ghost Ship) mais la touche Blur est intacte : de la ligne de Basse d'Alex James aux distorsions de Graham Coxon, nous retrouvons le groupe comme s'il n'avait jamais mis sa carrière entre parenthèses. 

Loin de n'être qu'un groupe à trentenaires nostalgiques, Blur posent avec The Magic Whip, les bases d'une nouvelle ère, dans la continuité logique de leur carrière. Entre audace et mélancolie, la bande de Damon prouve qu'elle en a encore sous le pied.
(Amandine - Sound of Violence.).



TRACKLIST:
A1 Lonesome Street

A2 New World Towers
A3 Go Out
B1 Ice Cream Man
B2 Thought I Was a Spaceman
B3 I BroadcastC1 My Terracotta HeartC2 There Are Too Many of UsC3 Ghost Ship
D1 Pyongyang
D2 Ong Ong
D3 Mirrorball




samedi 18 avril 2015

David Bowie - Hunky Dory





DAVID BOWIE - HUNKY DORY (1971)
RCA Victor ‎- 443041- (France)


1971 est l'année du take-off pour David Bowie. Après deux albums en forme de préambule, Hunky Dory (drôle de nom) sort et c'est la révélation. La talent du Thin White Duke explose littéralement à la face du monde. Non pas que les morceaux livrés sur les deux premiers disques soient insipides - loin s'en faut - mais il faut bien admettre que David Bowie atteint ici des sommets d'inspiration vertigineux. La tonalité folk de cet opus y est sans doute pour quelque chose, le jeune Bowie étant plus à l'aise dans un répertoire unplugged que dans les explosions électriques.

"Changes" ouvre l'album sur des notes de piano nostalgiques laissant rapidement place à un morceau pop absolument parfait. Le refrain est reconnaissable entre mille et la chanson devient un moment privilégié, interprétée très souvent au fil des tournées, même les plus récentes. Dans un registre similaire, "Oh ! You Pretty Things" enfonce le clou. La structure est pour ainsi dire identique : le piano est le seul accompagnement des couplets et le refrain reste simple et efficace. On enchaîne avec "Eight Line Poem" qui est d'emblée moins accessible, plus recherché. Ce passage est pourtant sans commune mesure avec "Life On Mars?" qui est (n'ayons pas peur des superlatifs) une des plus belles compositions de Bowie. Il s'agit d'un véritable joyau chargé d'onirisme, la mélodie et le chant étant d'un lyrisme inégalable. C'est LE titre qui tue, celui qui ne volerait pas l’honneur d’être parmi les plus belles chansons du siècle… Non, je n’exagère pas !

Effet de contraste oblige, la suite est forcément plus légère, "Kooks" étant une chanson raffinée mais assez mineure tout comme "Fill Your Heart" qui prend par moment des accents presque enfantins. Tout cela est sympathique mais loin d'être décisif. Rien à voir avec "Quicksand" qui fait le lien entre les deux morceaux. Après une première minute très douce, la montée en puissance se veut presque psychédélique. David Bowie fait ici preuve d'une maîtrise déconcertante d'autant plus que le texte qu'il interprète renforce ce sentiment de maturité. « Don’ believe in yourself, don’t deceive with belief » est une phrase à méditer. On sent ici l'influence d'un certain Mr Dylan qui est d'ailleurs revendiquée sur "Song For Bob Dylan". Un titre qui donne bien et sur lequel la guitare électrique de Mick Ronson (déjà !) s'exprime à bon escient. Dans la même veine, "Andy Warhol" rend hommage à l'incarnation du pop-art, Bowie étant fasciné par la Factory et se réclamant du Velvet Underground.

Une fois les hommages rendus (tout ceci est un peu pompeux tout de même), les choses vraiment excitantes reprennent pour clore le disque. "Queen Bitch" est un bon rock qui lorgne vers les compositions du précédent album. Plus violent, moins lyrique, ce titre explicite s'inscrit dans la mouvance glam très en vogue à ce moment là. Il contraste avec "The Bewlay Brothers" qui évoque avec grâce et émotion (le mot est faible) l'internement de Terry, le demi-frère de David Bowie, pour raisons psychiatriques. Bowie partageant des traits de caractère communs avec lui, cet évènement le hante et le tourmente. Le rendu musical est tout simplement exceptionnel et clôt admirablement les hostilités.

Au final, Hunky Dory marque le vrai point départ de la carrière Bowienne, le succès ne le lâchant plus vraiment à partir de ce disque. Néanmoins, cet opus est également un véritable aboutissement, considéré comme le chef d’œuvre du sieur Bowie. Peut-être à juste titre... En tout cas, pour se faire une idée de la beauté de ce disque, retenons la phrase de Jérôme Soligny, fan jusqu’au bout des ongles, qui déclare dans un excès de nuance que "posséder cet album sans jamais l'écouter peut suffire au bonheur !". Comme compliment, il est difficile de faire mieux mais un conseil, ne prenez pas au pied de la lettre un telle boutade ! Passer à côté de Hunky Dory serait une connerie, une vraie ! (Cyril - FP).




TRACKLIST:

A1       Changes
A2       Oh! You Pretty Things
A3       Eight Line Poem
A4       Life On Mars?
A5       Kooks
A6       Quicksand

B1       Fill Your Heart
B2       Andy Warhol
B3       Song For Bob Dylan
B4       Queen Bitch
B5       The Bewlay Brothers





Kraftwerk - Tour de France Soundtracks




KRAFTWERK - TOUR DE FRANCE SOUNDTRACKS (2003)
EMI ‎- 7243 591708 1 7 - 2 × Vinyl, LP, Album, 180g (Europe)


Après être revenu avec le single Expo 2000, à l'occasion de l'exposition universelle d'Hanovre, KRAFTWERK revient avec un nouvel album studio en 2003. Dit comme ça, on pourrait dire « chouette », mais non. La bonne réaction serait « Oh mon Dieu, KRAFTWERK revient !!! ». En effet, en excluant Expo 2000 et The Mix, le dernier album du groupe allemand remonte à...1986. Cela fait donc 17 ans que KRAFTWERK n'a plus sorti de LP, il s'agit donc d'un grand événement – je rappelle que Kraftwerk est l'un des plus grands groupes de l'Univers.
Pour ce nouvel opus, Hütter, Schneider, Hilpert et Schmitz se retroussent les manches pour un centenaire, et pas n'importe lequel. En effet, en l'an de grâce 1903, dans une contrée lointaine appelée la France, Henri Desgrange créa le Tour de France cycliste. Un concept bien astucieux, à savoir traverser tout le pays en petite reine, et qui marche bien depuis. Bon, évidemment, la réputation de cette compétition n'est plus à faire, et les légendes s'accumulent autour (et se défont aussi parfois, coucou Lance). Ralf und Florian vont donc pouvoir célébrer la plus réputée des courses de vélo, ce sport qu'ils affectionnent bien haut et fort. Cela fait également une nouvelle thématique au palmarès du groupe allemand, après les autoroutes, les robots ou encore les ordinateurs, entre autres. A noter que pour la première fois depuis Autobahn, il n'existe qu'une version de Tour de France, avec des paroles en français (évidemment), en allemand ET en anglais. Une preuve du caractère mondial du Tour ?

C'est donc à l'été 2003 que sort l'album Tour de France. Et c'est à l'été 2003 que KRAFTWERK sort une nouvelle merveille, un nouveau chef-d'oeuvre de la musique électronique ! Tout y est génial : aucune composition plus faible que l'autre, aucune approximation dans l'interprétation ou presque. La traque du défaut est alors fortement compromise, mais pour ne pas revenir les mains vides, on pourrait discuter du découpage en deux de la plupart des titres. C'est peu pour râler.
Le centre névralgique de Tour de France est son morceau éponyme. Si l'on considère les cinq parties comme faisant partie d'un tout, il s'agit du morceau le plus long depuis "Autobahn", issu de l'album génial du même nom. Avec "Tour de France", KRAFTWERK réalise un véritable tour de force. L'immersion dans le concept est réussie, la thématique est des plus respectées. Quant à la musique en elle-même, elle est tout simplement géniale. Le temps est certes loin où KRAFTWERK était le pionnier de la techno, mais au niveau de la maitrise sonore, chapeau.

Mais Tour de France brille aussi par les autres morceaux qui le composent. La tension qui anime "Elektro Kardiogramm" est clairement palpable, de même que la joie procurée par "Vitamin". Il est d'ailleurs amusant de penser que certains y ont vu une apologie du dopage. Très drôle. L’enchaînement "Aerodynamic"/"Titanium" est quant à lui un grand moment de techno à la fois dansante et intelligente. Un autre nom qui peut lui être associé serait « démonstration de force ». Enfin, "La Forme"/"Régénération" doit bien être le morceau le plus envoûtant, ou du moins le plus ambient jamais crée par KRAFTWERK depuis les débuts. Dois-je encore préciser si c'est une réussite ?
Tour de France ne saurait cependant être complet sans le single du même nom sorti en 1983. C'est ainsi que ce dernier se retrouve à fermer l'album. Il s'agit en revanche d'une version remixée, avec un Ralf Hütter hélas quelque peu fatigué, surtout au troisième couplet. Mais cela n'arrive pas à faire de Tour de France un mauvais morceau, oh que non !

Avec Tour de France, KRAFTWERK arrive de plain-pied dans le IIIe millénaire, et montre à quel point il est grand. Après la sortie de l'album, le groupe ira ensuite faire le tour du monde pendant tout le restant de la décennie. Par contre, pour un nouvel opus studio, on attend encore au moment où j'écris ces lignes, même si ce Tour de France est une fin d'étape remarquable. (Waltersmoke - FP).



TRACKLIST:

A1       Prologue
A2       Tour De France Étape 1
A3       Tour De France Étape 2
A4       Tour De France Étape 3
A5       Chrono

B1       Vitamin

C1       Aéro Dynamik
C2       Titanium
C3       Elektro Kardiogramm

D1       La Forme
D2       Régéneration
D3       Tour De France





Mark Hollis - Mark Hollis





MARK HOLLIS - MARK HOLLIS (1998)
Ba Da Bing! ‎- Bing 075 - LP, Album, Reissue (USA)



L'album le plus intimiste de tous les temps.

Comment peut-on imaginer un tel disque ? C'est un mystère... comme une équation insoluble. Comment Mark Hollis, plus connu comme le chanteur de Talk Talk (reconnu par le grand public pour ses tubes pop des années 80) est-il parvenu à cette épure ? C'est un mystère, et comme tous les mystères, il fascine.

Mark Hollis a réussi avec cet album à dévoiler une certaine forme d'intimité (mais sans être impudique), une certaine proximité (l'auditeur entre littéralement dans le disque comme on entre dans une pièce), et un travail sur les silences inédits dans le milieu rock. Le tour de force de cet album est d'introduire des préoccupations de composition proches de la musique classique (on a souvent cité Debussy et Ravel à son sujet, mais je pense que l'influence de Satie, de John Cage et de Morton Feldman s'entendent également tant les silences sont présents). C'était un peu la direction prise par l'ultime album de Talk Talk, le génial Laughing Stock, et on pourrait considérer l'album solo de Mark Hollis comme le meilleur album de Talk Talk... allant encore plus loin dans l'abandon, sans concession.

En 1998, alors que le monde entier discute de savoir si le trip-hop doit être a la mode glitch ou à la mode blip-blip... ce monsieur compose un disque seul au piano, avec des filigranes de clarinettes, de hautbois. Cela n'a rien à voir avec une approche ornementale, style classique postmoderne: l'instrumentation provoque des résonnances lointaines, des respirations, comme un souffle court, comme un chuchotement. Le silence est lourd de sens. C'est surtout un rythme inhabituel dans les disques pop.

Même écouté à fort volume ce disque a l'air calme et silencieux... Beaucoup de mes amis trouvent ce disque déprimant, mais il me fait l'effet inverse. C'est un mystère, je vous dis... Je suis subjugué par la beauté étrange de ses compositions, fasciné par cette musique à la fois radicale dans sa forme et tellement accessible dans son propos. Comment dire ? Un disque discret, dont la secrète beauté se révèle dans le temps et ne vous lâche plus. Allez, osons la comparaison: ce disque est tout simplement le Rock Bottom des années 90. Un objet étrange, une pierre angulaire qui fera date. Un chef d'œuvre, vous l'aurez compris. (David F.).


TRACKLIST:



A1       The Colour Of Spring        
A2       Watershed   
A3       Inside Looking Out
A4       The Gift 
       
B1       A Life (1895 - 1915)           
B2       Westward Bound   
B3       The Daily Planet
B4       A New Jerusalem







Alain Bashung - Bleu Pétrole





ALAIN BASHUNG - BLEU PETROLE (2008)
Barclay
 ‎- 530 709-4 - 2 LP (France)



Six ans après "L’imprudence", "Bleu pétrole" était annoncé comme un album plus simple et abordable, démarche en soi raisonnable et saine. En revanche, on était un peu plus inquiets de savoir que la greffe n’avait pas pris avec Jean Fauque, tant le verbe avait été porté haut sur les deux derniers albums. C’est vrai que pour apprécier "Bleu pétrole", il faut d’abord oublier "L’imprudence", se laisser porter par les mélodies, entrer dans l’album par petites touches. 
Mais très vite, la magie opère. D’abord parce qu’un album de Bashung est avant tout un album de Bashung. Quels que soient ses collaborateurs, notre homme a la capacité rare de toujours tirer les chansons vers le haut. Que ce soit la production, irréprochable, sans ostentation ni frime, le choix des musiciens, et plus encore le chant, remis ici à l’honneur, tout concourt à obtenir une fluidité, une classe naturelle. Ainsi, Hier à Sousse et son rythme chaloupé, Tant de nuits,splendide ballade aux arrangements de cordes soignés, sont imparables. Bashung a en outre le don de faire cohabiter des éléments qui chez d’autres, se révéleraient hétéroclites. Car la grande affaire de "Bleu pétrole", c’est la rencontre avec Manset, fantasme assouvi de tous ceux pour qui la chanson française n’évoque pas la deuxième division de la musique. Sans surprise, les sommets de l’album sont Je tuerai la pianiste et Comme un légo, où les mots implacables et terriblement justes sur la condition humaine de Manset rencontrent le génie de l’interprétation de Bashung, dont la voix semble à la fois au bord des larmes et indestructible. 
Face à un tel monument, le risque était que les paroles de Gaëtan Roussel, Arman Méliès ou Joseph D’Anvers soient trop faiblardes. Mais s’il est clair que ses derniers ne tiennent pas la comparaison face à Manset, cet aspect ne transparaît pas à l’écoute de l’album. Sur Comme un trapèze, Bashung opte pour un chant plus nuancé qui met les mots en valeur, rend leur simplicité naturelle. Sur Résidents de la république, c’est le côté nonchalant et évident de la mélodie qui retient l’attention. "Bleu pétrole" vient donc prendre sa place très haut dans la discographie de Bashung et s’ajoute à ces disques pas si nombreux, à la fois intemporels et modernes, qui s’adressent aussi bien aux mélomanes occasionnels qu’aux obsessionnels des mots et des sons. Preuve en est qu’il n’est pas toujours nécessaire de faire preuve de démagogie pour s’adresser au plus grand nombre. (Hervé.).


TRACKLIST:

A1Je T'Ai Manqué
A2Résidents De La République
A3Tant De Nuits
B1Hier A Sousse
B2Comme Un Légo
C1Vénus
C2Sur Un Trapèze
C3Je Tuerai La Pianiste
D1Suzanne
D2Le Secret Des Banquises
D3Il Voyage En Solitaire





Berurier Noir - Abracadaboum !





BERURIER NOIR - ABRACADABOUM!
Archives De La Zone Mondiale
 ‎- AZMLP05 - (France)


Abracadaboum est l'album des bérus qui a rencontré le plus de succès, un succès qui a dépassé tout ce qu'un groupe punk français pouvait soupçonner. Les bérus eux-mêmes ne s'en remettront jamais complètement puisque ce sera une des raisons majeures de leur séparation. Toujours l'éternel complexe punk : est-ce que le succès va nuire à la crédibilité de leurs textes ? Ne serait-ce pas contradictoire ? Vont-ils calmer le jeu ? Les bérus sont pourtant loin d'avoir adouci leur discours. Les paroles sont davantage axées vers l'international, le Moyen-Orient, sans avoir perdu de leur mordant. Mais au niveau musical, Abracadaboum se veut plus accessible, avec un son "propre", davantage de saxophone et des chœurs en "lalalala" moins bourrins et plus joyeux que sur Concerto Pour Détraqués. Les riffs sont plus accrocheurs à mon goût, plus variés. Pour la première fois, les bérus ont même un intérêt musical, et non plus seulement au niveau des paroles. On peut même y déceler des mélodies bérurières de temps à autre (Casse-Tête Chinois, Ibrahim, Tzigane) alors que cela paraissait improbable avant.

Les chœurs apportent un aspect festif à l'album (L'Empereur Tomato-Ketchup d'inspiration hispanique et Ibrahim, ces chœurs là sont inspirés de la culture juive). Le saxo est plus que jamais l'instrument mélodique des bérus et il intervient régulièrement. Tout ce "macadam circus" ne sera pas sans conséquence puisque les bérus vont acquérir l'image de mecs "cool" et non plus seulement de bourrins punk et anarchistes. Cette image séduira les plus jeunes, les lycéens plus particulièrement, et l'Empereur Tomato-Ketchup passera même à la radio sur NRJ, preuve du succès des bérus à cette époque. Ça plaît aux jeunes, donc hop, ça passe à la radio (et ce ne sont pas les bérus qui ont tout fait pour passer à la radio) !!!

Pour les puristes n'acceptant pas que les bérus puissent avoir du succès auprès d'autres personnes que les punks, Abracadaboum est assurément l'album de trop. Le "macadam circus" a remplacé le "macadam massacre" et d'après eux, les "faux fans" arrivés sur le tard n'accordent pas d'importance à l'essentiel, c'est-à-dire les paroles. Ils écoutent les bérus parce que "ça fait cool" et c'est à la mode. Une vision quelque peu élitiste du succès des bérus, mais le groupe lui-même s'en rendra vite compte en concert. La troupe va faire "boom" durant l'année 1987 (le groupe parlera de "grève bérurière"), avant de se reformer rapidement avec d'autres musiciens et "danseurs" (enfin, disons des mecs et des nanas pour se déguiser et foutre le bordel sur scène). Le noyau dur restera intact ; Loran et François formant quand même l'âme du groupe. (David - FP).




TRACKLIST:

A1Nuit Apache
A2Ibrahim
A3Vie De Singe
A4Tzigane Tzigane
A5L'Empereur Tomato-Ketchup
B1Casse-Tête Chinois
B2Jim-La-Jungle
B3S.O.S.
B4Descendons Dans La Rue
B5Et Hop