dimanche 6 septembre 2015

Carlos Santana & Buddy Miles ! Live !



CARLOS SANTANA & BUDDY MILES ! LIVE ! (1972)
CBS ‎- S 65142 - Netherlands

L’année 1972 semble être une année de repos pour l’ami Carlos SANTANA. Entre les enregistrements des albums III et Caravanserai, le virtuose de la six cordes révélé à Woodstock s’accorde une tournée avec son ami, le batteur Buddy MILES, connu pour son jeu percutant et pour avoir coulé le Band Of Gypsys en s’étant attiré les foudres des puristes d’Hendrix qui regrettaient le jeune Mitch MITCHELL… Monumentale erreur selon moi. Quoiqu’il en soit, ladite tournée est aussi un prétexte qui permet à SANTANA de s’éloigner de son groupe étouffant et sombrant de plus en plus à mesure que le succès grandit (et il est pour la troupe, à l’époque, monumental) dans la trilogie sex, drugs and rock n’ roll. Finalement, la tournée s’achève sur cet album qu’il s’agit maintenant de décortiquer.

Joué et enregistré dans le cratère d’un volcan Hawaïen (sans déconner), ce concert ne pouvait en être que brûlant. Les deux premiers titres sont des instrumentaux, plutôt brefs par rapport à ce que nous avait habitué l’ami mexicain, mais joués à la vitesse de la lumière avec tous les instrumentistes du groupe réunis (peut-on imaginer un Santana sans ses divines percussions ?), la frappe funky de Buddy Miles en prime. Car là est tout l’intérêt de la galette : la guitare est là, cela ne fait aucun doute, les ingrédients de tous les (bons) Santana aussi, mais le tout se trouve magnifié par l’impulsion funky de MILES, impulsion qu’il avait parvenu à transmettre à HENDRIX quelques temps plus tôt mais qui n’avait pas su se libérer du carcan du trio. N’écoutons que « Them Changes », déjà interprétée dans le live du Band Of Gypsys mais de manière plutôt mollassonne (cet échec avait été attribué au batteur, aussi compositeur et chanteur du titre). Or, quand on entend ce que, cette fois-ci, la dizaine de musiciens présents sur scène a réussi à en faire, le solo de Santana, la voix de Miles enfin épanouie et qui hurle sur la fin comme emportée par sa propre folie, on peut se dire que c’est le Voodoo Child qui n’avait su tirer pleinement partie de l’immense potentiel de son batteur. Vous l’aurez compris, « Them Changes » est furieuse, Santana, Miles et leurs compagnons y excellent, chacun dans leur domaine.

Et puis il y a « Evil Ways », reprise d’une reprise parue sur le premier Santana. Tout d’abord, d’où sort cette intro ?? S’en suit la totale : jouée deux fois plus rapidement, trois chanteurs à la SLY AND THE FAMILY STONE, ces trompettes fabuleuses (comme sur « Them Changes » d’ailleurs), le riff magnifiquement exécuté par un SANTANA qui laisse ses copains claviéristes, trompettistes et percussionnistes s’éclater comme bon leur semble. Dansant tout simplement (à en croire les réactions du public, manifestement conquis par la fiesta générale), et un chroniqueur de disque de salsa vous l’expliquera mieux que moi.

Mais bon voilà, ces deux titres sont les deux seuls potentiellement écoutables : l’intérêt du dernier titre réside dans ses 25 minutes de délire portée par une basse proéminente, tendant irrémédiablement cette fois vers le funk, et où chacun des solistes a son mot à dire. Mention spéciale au son de la guitare de SANTANA, particulièrement acerbe et vicieux. Impossible de vous en décrire ici toutes les ficelles, je signale juste ce petit roulement militaire aux alentours des 11 minutes où guitare, basse, synthé (qui fait aussi des merveilles ne l’ai-je pas assez souligné ?), flûte (?) et bien sûr batterie fricotent avec un groove implacable avant l’explosion et les « whoohoo » incantatoires de MILES.

Vous l’avez sûrement compris, ce live est porté par des musiciens d’exception et par des titres en fusion, à la croisée entre les genres latinos propres à Carlos SANTANA, le jazz électrique qui allait bientôt accaparer sa carrière et le funk apporté par Buddy MILES. Rien n’est à jeter ça non, mais on peut regretter le peu de chansons (on en vent encore !) et les instrumentaux qui, délirants au premier abord et très bien menés (d’autant plus qu’improvisés de A à Z, j’ose le croire, dans le cas de « Free Form Funkafide Filth »), s’avèrent vite lourds et à ne pas écouter tous les jours. Tout cela reste quand même plus que recommandable, si ce n’est que pour (re)découvrir ce guitariste d’exception et se batteur/chanteur infiniment mal jugé. (TomTom - FP).


TRACKLIST:

A1. Marbles
A2. Lava
A3. Evil Ways
A4. Faith Interlude
A5. Them Changes

B. Free Form Funkafide Filth







vendredi 19 juin 2015

Scorpions - Savage Amusement





SCORPIONS - SAVAGE AMUSEMENT (1988)
Harvest ‎- SHSP 4125 - (United Kingdom)



Il flotte sur ce Savage Amusement comme une étrange odeur de fin de cycle. Sorti plus de quatre ans après le succès majeur des SCORPIONS que fut l'album Love At First Sting, ce nouvel opus marque la fin d'une collaboration de 13 ans avec le producteur fétiche du groupe, Dieter Dierks, et aurait pu sortir plus tôt sans le perfectionnisme exacerbé de celui-ci. Dès 1987, le groupe propose à son « sixième membre » de nouvelles compositions. Dierks, peu satisfait de la qualité de celles-ci, les rejette en bloc et renvoie les SCORPIONS travailler leurs chers instruments. Ce conflit marquera la scission entre les arachnides et leur producteur. Ce dernier se chargera de la production d'un tiers des morceaux du nouvel album, tandis que le britannique Nigel Green (Iron Maiden) s'occupera de mixer le reste. Le résultat montre un groupe à l'esthétique renouvelée, dont la musique est à l'image du look de ses membres : gonflée et quelque peu précieuse (qui a dit maniérée ?).

Il est vrai que succéder à un album du calibre de Love At First Sting n'était pas chose aisée. En prenant son temps avant d'offrir une suite à cet album, SCORPIONS se permet également d'éviter d'inutiles comparaisons. Savage Amusement témoigne d'un groupe renouvelé et toujours inspiré. Sans céder aux sirènes de la mode Hard US (bien que la moustache permanentée de Rudolf Schenker soit un signe extérieur de tentation), le combo fait preuve d'une sophistication accrue et offre une facette plus polie et affinée de sa musique. Moins fédérateur et « bombastic » que les deux précédents, l'album comporte également moins de tubes. Bien entendu, certains rencontreront un succès planétaire, dont le sensuel « Rhythm of Love », illustré par un clip polisson, ou encore la ballade finale « Believe in Love », qui peine à égaler l'émotion dégagée par ce titre intemporel qu'est « Still Loving You ». En proposant une musique plus léchée, SCORPIONS reste très convaincant, et se fait le porte-parole d'un hard rock riche et travaillé, comme l'époque l'exigeait. Le titre introductif « Don't Stop At the Top », le délicat « Passion Rules the Game » (seul titre de l'opus composé par Herman Rarebell) et surtout le formidable « Every Minute Every Day » et son formidable refrain sont à placer dans cette catégorie, et font preuve d'une efficacité à toute épreuve. Les brûlots, rageurs et rugueux, sont également de la partie, et sont à compter parmi les plus réussis de SCORPIONS. Alors que « The Same Thrill » sur Love At First Sting péchait par un manque évident de structure et de cohésion, « We Let it Rock...You Let it Rock » et « Love On the Run » sont tout bonnement imparables. Le premier, agrémenté des chœurs virils de Peter Baltes (bassiste d'Accept), se fit le titre d'ouverture des concerts de la tournée qui suivit la sortie de l'album. Agressif et taillé pour le live, ce morceau se verra malheureusement totalement éclipsé des tournées suivantes, et constitue sans doute l'un des titres les plus sous-estimés du groupe. Le second est pour sa part un véritable rouleau-compresseur, marqué par une batterie aux allures de panzer d'un Herman Rarebell métronomique et un chant surpuissant du toujours formidable Klaus Meine.

Si chaque membre du groupe effectue son travail de manière remarquable sur cet album, c'est néanmoins l'aura de Matthias Jabs qui rejaillit de plus sur Savage Amusement. Agrémentant chaque composition de touches discrètes et imparables de sa guitare lead intenable, le bonhomme est partout, et s'impose comme un soliste d'exception. Au service des chansons, l'artiste n'hésite pas à varier son propos, usant une nouvelle fois de sa célèbre talk-box sur un « Media Overkill », farouche critique des médias, mid-tempo sympathique et original. Original est l'adjectif qui caractérise également cette magnifique fausse ballade qu'est « Walking On the Edge », mid-tempo alternant délicatesse et énergie brute et qui s'inscrit parfaitement dans l'ambiance globale de cet album. (Gegers-FP).



TRACKLIST:

A1
Don't Stop At The Top
4:03
A2
Rhythm Of Love
3:47
A3
Passion Rules The Game
3:58
A4
Media Overkill
3:32
A5
Walking On The Edge
5:05
B1
We Let It Rock...You Let It Roll
3:38
B2
Every Minute Every Day
4:21
B3
Love On The Run
3:35
B4
Believe In Love
5:20







Annie Lennox - Diva





ANNIE LENNOX - DIVA (1993)
RCA ‎- PL 75326 - (Germany)



EURYTHMICS n'est plus. Annie LENNOX n'a que 37 ans alors qu'elle et Dave STEWART ont décidé de mettre un terme à leur collaboration. La vie continue donc, d'une autre manière. Elle a encore beaucoup à faire, beaucoup à dire, et comme l’Écossaise n'a pas sa langue dans sa poche, on peut s'attendre à de belles envolées. C'est avec l'appui du grand Trevorn Horn que sa carrière va se poursuivre. Mais voyez donc cette photo : Annie en brunette, l'air plus énigmatique que jamais, toute chamarrée, bien loin de l'icône blond platine de son personnage New wave. Et ce titre : Diva ! Peu de doute sur ses capacités à symboliser celle de notre temps, à des années lumières à mon sens des -pseudos- divas américaines. Toujours est-il que nous voici confronté à son premier album. Peu de doute sur le fait qu'on ne s'attendra pas ici à des essais new Wave mais bien à des tentatives plus proches de la soul ou d'une pop sophistiquée.

La vie a continué depuis la dissolution d'EURYTHMICS. Elle est devenue maman et s'est beaucoup investie dans la composition puisque la totalité des titres portent sa marque. La renaissance démarre avec "Why", quelques semaines avant la sortie de l'album. Difficile de ne pas être dithyrambique à l'écoute de cette sublime mélodie portée par des synthés lourds et intemporels. Visiblement, la solitude convient magnifiquement à la native d'Aberdeen, cette chanson ouvre les portes et notamment celle des tops 50 qui étaient restées depuis plusieurs années fermées aux singles produits par le duo. Ce refrain angélique est connu de tous, je vous laisse juge, votre mémoire devrait suffire quelques soient vos goûts.
"Precious" prend le relais deux mois plus tard avec quelques intonations jazzy progressives sur l'intro, puis une énorme basse, des nappes de synthés, et un chant d'une profondeur totale. Ca alors, mais oui ! Vous risquez bien encore de vous en souvenir !

L'esprit frondeur de "Walking on broken glass" rappellera aux spécialistes l'époque de "Right by your side"... Comme quoi Annie ne faisait pas que la potiche dans EURYTHMICS, c'est désormais une certitude ! S'ensuit la fabuleuse et éthérée "Cold" qui sied si bien à l'originale beauté d'Annie LENNOX, rarement une chanson aura aussi bien symbolisée son interprète. La voix s'élève avec la sensibilité rare qui la caractérise, une superbe réalisation. "Little bird" sera le dernier single, le seul réminiscent de la new wave pratiquée auparavant par Annie et Dave. En revanche, le titre est très adictif, et bien meilleur que ce qu'avait proposé dans ce même genre le groupe peu auparavant - On se souvient que les deux derniers albums n'avaient guère passionné les esprits des critiques -.

Mais le reste de l'album n'est pas à l'image de ce que le groupe proposa trop souvent... Ouais, c'est rempli les gars, et pas qu'à moitié ! La Synth popesque de "Legend in my living room" jouxte le piano rétro début 20eme de "Keep young and beautiful", mais Annie est à l'aise partout. On erre ensuite dans le cosmos avec "Money can't buy it", l'argent n'achète pas le bonheur, non ! De bien belles paroles, qui font honneur à sa jolie personnalité  ! On est emporté dans l'onirisme de "Primitive" et "Stay by me" est une merveille de contemplation. La voix magique ne faiblit nulle part et achève au même niveau d'excellence l'opus sur "The gift", un cadeau évident d'Annie LENNOX au monde la musique.

Album de l'année 93 au Royaume-Uni, ce Diva est une réussite totale et relance complètement la carrière de la blonde péroxydée. Furieusement recommandé pour découvrir la voix unique de l'artiste écossaise. (Erwin - FP).



TRACKLIST:


A1. Why
A2. Walking On Broken Glass
A3. Precious
A4. Legend In My Living Room
A5. Cold
B1. Money Can't Buy It
B2. Little Bird
B3. Primitive
B4. Stay By Me
B5. The Gift







vendredi 29 mai 2015

The Smiths - The Smiths




THE SMITHS - THE SMITHS (1984)
Rhino Records  ‎– 2564665880 - Vinyl, LP, Album, Reissue (U.K. & Europe)


Au début des années 80, à Manchester, Steven Patrick Morrissey, un jeune homme moderne à la sensibilité exacerbée et à l'ambiguïté sexuelle affirmée décide de créer un groupe avec un guitariste surdoué, Johnny Marr. S'ajoutent la section rythmique, Andy Rourke et Mike Joice, et un nom de scène, The Smiths, volontairement choisi pour se moquer des groupes qui se torturaient l'esprit pour trouver un nom à rallonge (Siouxsie & The Banshees, Echo & The Bunnymen, Adam & The Ants...). The Smiths est le nom propre le plus commun en Grande-Bretagne. Déjà, on sent le goût de la provocation chez Morrissey.

Leur premier album sorti en 1983 est très homogène et cohérent. Son écoute est très agréable bien que la production souffre d'un manque de moyens préjudiciable.
Dès le premier morceau, le décor est planté. Ce sera une musique mélancolique sans aucun son de synthétiseur, mince exploit pour l'époque. Morrissey, le chanteur poète, déclame des textes plaintifs sur des arpèges lancinants de Johnny Marr.

Ainsi, " Reel around the fountain " est une longue litanie de lamentations (I dreamt about last night, Take me to the haven of your bed was something that you never said). Déjà, on sent la frustration sexuelle et la quête de l'être idéal qui seront des thèmes récurrents dans l'univers romantique et désespéré de Morrissey. Chaque chanson tourne autour de son mal-être, le reste du groupe étant chargé de mettre en musique ses appels au secours. 
Quelques chansons " joyeuses " parsèment l'album de lueurs d'espoir mais l'ensemble est désespéré.

" This charming man " et " Hand in glove " sont des titres punchy aux textes homo-érotiques acerbes.

Il se termine par un final macabre avec une vindicte sur des meurtriers d'enfants qui avaient ébranlé la ville de Manchester dans les années 60. Les rires d'enfants à la fin de la chanson font froid dans le dos lorsque Morrissey chante: " Vous pouvez dormir mais vous ne rêverez plus jamais... ".

Cet album est un coup de maître dans la discographie des Smiths. Le groupe s'est trouvé dès le premier morceau. Ils ne cesseront de s'améliorer et avec " The Queen is Dead ", livreront un des chefs d'oeuvres de l'histoire de la musique. (Xsilence.net).




TRACKLIST:

A1. Reel Around The Fountain
A2. You've Got Everything Now
A3. Miserable Lie
A4. Pretty Girls Make Graves
A5. The Hand That Rocks The Cradle

B1. Still Ill
B2. Hand In Glove
B3. What Difference Does It Make?
B4. I Don't Owe You Anything
B5. Suffer Little Children






The Smiths - What Difference Does It Make from Friedrich Mary on Vimeo.

dimanche 24 mai 2015

REM - Green



R.E.M. - GREEN (1988)
Warner Bros. Records ‎– WX 234 - (UK & Europe)


Green s'inscrit dans la plus pure tradition R.E.M. En effet, le groupe d'Athens signe pour leur entrée chez Warner 11 pop-songs (dont une cachée) à la fois simples, fraiches et efficaces, d'une durée moyenne de quatre minutes.

L'album démarre sur les chapeaux de roues : "Pop Song 89" ouvre le bal, avec ces guitares et cette basse qui s'entrecroisent à merveille, suivie par l'excellente "Get Up", et par "You are the Everything", jolie ballade acoustique aux accents folks. Puis vient "Stand", une de ces chansons qui respire le bonheur et la joie de vivre, contrastant avec "World Leader Pretend" qui lui succède, où Micheal Stipe chante d'un ton assez sombre et grave. On aurait aimé que la seconde moitié de l'album soit aussi plaisante et agréable que la première, car malheureusement le rythme s'essouffle un peu, malgré de bons titres comme "Turn You Inside Out" et "I Remember California", avec son riff diaboliquement efficace. Quant à la piste cachée, elle n'apporte rien à l'album et aurait carrément mieux fait de ne pas apparaître sur la galette. En ce qui concerne les paroles, c'est du très grand R.E.M. Le groupe y traite principalement d'écologie (d'où le nom Green), mais aussi de la manipulation des masses ("World Leader Pretend"),du traitement de l'actualité ("Pop Song 89"), de l'handicap ("The Wrong Child"), ou même des dégats et autres pollutions causés par un agent défolliant utilisé par les Américains pendant la Guerre du Viêtnam ("Orange Crush"). Si Green est un disque très riche de par ses textes, ce sera aussi le dernier politiquement engagé de la part de R.E.M. De plus, il est important de noter l'utilisation pour la première fois d'instruments tels que la mandoline ou le violoncelle, qui prendront une place importante dans les prochaines compositions du groupe.

Irrésistiblement pop, Green est un album dans son ensemble symphatique, qui s'écoute agréablement et qui, pour la bande à Stipe, constitue le point de départ de leur succès et de leur popularité. (XSilence.net).





TRACKLIST:

Air
A1. Pop Song 89
A2. Get Up
A3. You Are Everything
A4. Stand
A5. World Leader Pretend
A6. The Wrong Child

Metal
B7. Orange Crush
B8. Turn You Inside Out
B9. Hairshirt
B10. I Remember California
B11. Untitled







Orchestral Manoeuvres In The Dark - Orchestral Manoeuvres In The Dark




ORCHESTRAL MANOEUVRES IN THE DARK (1980)

Virgin ‎– 201 653-320 - LP, Album, Repress, Reissue (Europe)



Fondé par le duo Paul Humphreys / Andy McCluskey, OMD (pour Orchestral Manœuvres in the Dark) publie son premier album éponyme au tout début de la décennie 80, faisant le lien entre les expérimentations électroniques du Krautrock et la vague new-wave qui va débouler. Il ouvre alors avec succès la voie pour d'autres formations telles que Depeche Mode (dont le titre Photographic présent sur le 1er album Speak and Spell ressemble à s'y méprendre à Red Frame / White Light) ou plus près de chez nous Indochine.

Dès cette première production, tous les ingrédients qui vont faire le succès du groupe durant une petite décennie sont déclinés tout du long des 10 plages portées par un usage massif des synthétiseurs. Des gimmicks entêtants répétés en boucle et délivrés sans artifice (l'esprit punk est encore parfois proche, comme sur Bunker Soldier) portent des mélodies entêtantes à effet immédiat, distillées par les voix chaudes et légèrement nasillardes du duo fondateur. C'est ainsi que de véritables tubes vont se retrouver portés au pinacle des différents charts : plus de 30 ans après, les Electricity et autres Messages résonnent toujours dans les têtes et n'ont rien perdu de leur efficacité, tandis que d'autres compositions comme l'envoûtant The Messerschmitt Twins auraient également mérité de connaître le même sort.

Pourtant, loin de se complaire dans la facilité, OMD sait également sortir des sentiers bien balisés par ces perles de pop synthétique : n'hésitant pas à inclure d'autres instruments plus conventionnels comme un saxophone mais aussi un vrai batteur sur quelques titres, le quatuor produit également quelques passages plus aventureux. Les trois minutes de Dancing vont ainsi venir marcher dans les traces de Kraftwerk et, loin d'être un acte isolé, cette tendance se confirmera tout du long de la discographie du groupe, y-compris dans ses publications les plus récentes.

Véritable coup de maître pour un coup d'essai, Orchestral Manœuvres in the Dark est un véritable pilier non seulement de la discographie du groupe, mais aussi de l'histoire de la pop électronique, influençant de manière durable les nombreuses productions qui s'en suivront. (Tony B - Music Waves).


TRACKLIST:

A1. Bunker Soldiers
A2. Almost
A3. Mystereality
A4. Electricity
A5. The Messerschmitt Twins

B1. Messages
B2. Julia's Song
B3. Red Frame/White Light
B4. Dancing
B5. Pretending To See The Future




jeudi 14 mai 2015

Coldplay - A Rush Of Blood To The Head





COLDPLAY - A RUSH OF BLOOD TO THE HEAD (2002)
Parlophone ‎– 7243 5 40504 1 1 - (Europe)



Il est difficile de ne pas commencer cette critique sans rappeler les chiffres de vente de “Parachutes”, le premier album de Coldplay sorti voilà deux ans : plus de 5 millions de copies écoulées. Ce chiffre suffit à indiquer à quel point le second opus du quatuor était attendu au tournant. Manque de bol pour tous les détracteurs de l’écriture simple et directe de Chris Martin et Jonny Buckland, ce “Rush of Blood to The Head” est une totale réussite. A l’image de Parachutes, les mélodies sont là, et la voix troublante de Chris n’a rien perdue de son impact.

Entrée en jeu avec “Politik”. Ca commence avec la guitare de Jonny Buckland, tranchante, et continue avec Chris Martin au piano. Instantanément, on se retrouve en territoire connu. Pourtant, ce titre d’ouverture est résolument différent de ce qui avait été entendu sur “Parachutes”, preuve que le groupe britannique sait se renouveler.

“In My Place”. Premier single. Une merveille, au même titre que “Yellow” ou “Trouble”. Chris Campion martèle sa batterie et le duo Chris / Jonny fait encore des merveilles. Une très belle chanson, sobre, à l’image du clip qui passe en boucle sur Mtv.

Mais il serait inutile de continuer à faire du titre par titre, tant ces 11 morceaux se ressemblent. Pas dans leurs structures, même si l’on retrouve du piano par-ci par-là, ni même dans leurs mélodies, mais dans leur niveau de qualité. Les singles doivent être difficiles à trouver dans de telles conditions. Après “In My Place”, on verrait bien “Clocks” et “The Scientist” prendre le relais.


Et au moment où il faut regarder autour de nous ce qui passe sur les radios, on se dit qu’au milieu du nu-metal et du R’n’B, les quatre petits gars de Coldplay pourraient bien être nos sauveurs, bien loin devant Travis et consorts.


TRACKLIST:

A1. Politik
A2. In My Place
A3. God Put A Smile Upon Your Face
A4. The Scientist
A5. Clocks

B1. Daylight
B2. Green Eyes
B3. Warning Sign
B4. A Whisper
B5. A Rush Of Blood To The Head
B6. Amsterdam






vendredi 8 mai 2015

Rammstein - Rosenrot





RAMMSTEIN - ROSENROT (2005)
Universal Music  ‎– 987 458-9 - (Europe 2011)


Un mur de guitare, une rythmique binaire bien appuyée avec une caisse claire qui claque. Le disque a à peine commencé depuis 28 secondes qu’on sait déjà que le nouveau disque de Rammstein ne révolutionnera pas leur style. Comment cela aurait-il pu d’ailleurs, puisqu’il fut composé dans la foulée du précèdent album (« Reise, Reise ») ?


Le groupe allemand s’applique donc à (bien) faire ce qu’il sait (bien) faire : des morceaux martiaux, épiques, aux refrains puissants et accrocheurs. L’énorme « Mann Gegen Mann » et son pont éléphantesque en étant le meilleur exemple. On notera pour le coup que c’est Fake, le claviériste qui se montre le meilleur, ses samples apportant beaucoup de reliefs aux morceaux, en ne manquant ni d’originalité, de variété. Il arrive même à enrichir et à re-dynamiser des riffs parfois un peu trop simpliste au moyen de boucles électro du meilleur effet.


Ensuite il faut bien avouer que le groupe se mord de plus en plus la queue en proposant par exemple des structures stéréotypées où les guitares n’apparaissent systématiquement qu’au début, et pendant les refrains. Où encore avec « Strib nicht vor mir » power-ballade sirupeuse en duo avec Sharleen Spiteri de Texas, qui se laisse agréablement écouter, mais qui ne fait pas le poids face à ces aïeules que sont « Seeman » ou « Mutter ».
Pour l’originalité, il faudra aller à la piste 9, où Rammstein nous montre comment aurait pu sonner le groupe s’ils avaient été espagnols. Tandis que Till s’essaye à la langue de Cervantès, le groupe part dans un délire qu’on pourrait baptisé le « bandas-metal ». Ce morceau au titre plus qu’évocateur n’est peu être pas le meilleur de l’album mais sans aucun doute le plus frais.


« Rosenrot » n’est pas mauvais, c’est même un disque plutôt bon, mais il est vrai que quand on sait ce qu’a composé ce groupe avant on est en droit d’attendre mieux. (Bloody - MetalFrance).





TRACKLIST:

A1. Benzin
A2. Mann Gegen Mann
A3. Rosenrot
A4. Spring
A5. Wo Bist Du
A6. Stirb Nicht Vor Mir (Don't Die Before I Do)

B1. Zerstören
B2. Hilf Mir
B3. Te Quiero Puta!
B4. Feuer Und Wasser
B5. Ein Lied





Tears For Fears - Elemental





TEARS FOR FEARS - ELEMENTAL (1993)
Mercury ‎– 514875-1 - (United Kingdom)

TEARS FOR FEARS aura marqué une décennie. Géniteurs des formidables "Woman In Chains" et "Pale Shelter" ou encore des célèbres "Shout", "Mad World" et "Everybody Wants To Rule The World", les Anglais surent se montrer très inspirés sur trois albums aussi variés que qualitativement irréprochables. Et si Songs From The Big Chair reste leur album phare, ma préférence ira toujours vers le suivant, qui s'impose définitivement comme l'un des albums me faisant le plus vibrer au monde, je parle bien sûr de l'incroyable The Seeds Of Love, sorti en 1989.

Plus par souci d'image que de transparence artistique, le groupe s'était affiché depuis le début comme l'oeuvre d'un duo devenu mécaniquement mythique : Roland Orzabal et Curt Smith. Il n'échappait cependant à  personne que le véritable maître de la machine TEARS FOR FEARS n'était en réalité personne d'autre que Roland Orzabal, talentueux guitariste, incroyable chanteur et compositeur, et sans doute implacable dictateur. Du point de vue de la créativité, c'était donc (et de loin) ce dernier qui s'exprimait le plus, régulièrement aidé par Ian Stanley ou Nicky Holland cependant peu médiatisés à l'époque. Les pochettes de Songs From The Big Chair et Seeds Of Love en disent long : seuls Curt et Roland y figurent.

Pourtant, si on met de côté ses talents de bassiste, Smith se montrait quelque peu fantômatique niveau compositions. "Head Over Heals" (1985) et "Sowing The Seeds Of Love" (1989) furent ses seules oeuvres au sein du groupe, mais ces titres étant parmi les meilleurs de leurs albums respectifs, on pouvait imaginer que le musicien préférait se concentrer plutôt sur la qualité que sur la quantité. Bon. Cette démarche, avérée ou non, ne plût pas à Rolad Orzabal puisqu'il accusa son vieil ami de ne pas s'impliquer assez dans leur groupe, notamment pendant la conception de Seeds Of Love (1989). Les tensions provoquèrent le départ plutôt froid de Curt Smith, laissant Orzabal seul maître à  bord. Ce qui finalement n'allait pas changer grand-chose, pouvait-on imaginer.

Elemental pourrait être considéré comme le premier album solo de Roland Orzabal, et connaîtra bien moins de succès que ses prédécesseurs. D'un point de vue commercial, l'âge d'or du groupe s'acheva avec l'opus de 1989. Qu'en est-il qualitativement parlant ?

"Break It Down Again", premier single d'Elemental, qui sera le dernier tube international de TFF, se veut plus simple et fédérateur qu'un "Woman In Chais", et accentue davantage le côté "fraîcheur spontanée" qu'évoquaient "Everybody Wants To Rule The World" ou "Advice For A Young At Heart". La réussite est réelle, le titre est inspiré et plaisant.

L'album s'ouvre sur la chanson titre, hallucinante de classe et de beauté, notamment sur sa première minute. Une certaine froideur se dégage du titre, mais Orzabal frappe surtout par la maîtrise de son sujet : Elemental ne sera pas l'album hésitant de TEARS FOR FEARS, résultant d'une séparation précoce et déchirante. Le chanteur semble confiant et à  l'aise, et nous signe l'un des meilleurs morceaux de sa carrière. On y retrouve ces fameux arpèges de guitare frissonnants, et bien sûr la voix cristalline et envoûtante de ce véritable génie musical qu'est Roland Orzabal.

Elemental est un bon album. Le fait qu'il le soit moins que ses illustres prédécesseurs ne tient pas du départ de Curt Smith, mais plus d'un léger et simple essoufflement de son créateur, qui n'arrivera pas à donner aux 10 compositions de l'opus le même niveau qu'à  la première. Plus généralement, l'album a une structure qualitative grossièrement décroissante : les quatre meilleurs titres sont tout en fait les quatre premiers, avec notamment un "Mr. Pessimist", riche et subtil, de toute beauté.

"Cold", mais aussi les séduisants "Fish Out Of Water" et "Goodnight Song" résument parfaitement la mentalité du TEARS FOR FEARS à  partir des années 90 : les titres se veulent simples, portés par quelques accords de guitares enchanteurs et un refrain mélodieux.

"Dog's A Best Friend's Dog" dynamise l'ensemble, mais semble légèrement décousu malgré une guitare très inspirée (il n'y a qu'à  écouter les riffs et le solo inhabituellement long). Dans le moins réjouissant on citera un "Power" qui traîne un peu en longueur ou un "Brian Wilson Said" intéressant mais quelque peu bancal. Ces titres, plus anecdotiques, restent agréables à l'écoute et seul "Gas Giant" est complètement inutile. On est loin d'un "Broken".

J'aime personnellement beaucoup cet album, qui dégage une certaine fraîcheur et ne montre que peu de faiblesse. On pourra noter que la basse est largement audible et appréciable, et qu'on se sent donc pas de vide à ce niveau depuis The Seeds Of Love, mais il est vrai que Smith avait un rôle bien plus important sur les deux précédents. Quoiqu'il en soit, il n'y a finalement pas grand-chose à rajouter sur cet Elemental qui porte l'étiquette de l'"album de rupture" sans vraiment l'incarner. (Kid66 - FP).



TRACKLIST:
A1
Elemental
A2
Cold
A3
Break It Down Again
A4
Mr. Pessimist
A5
Dog's A Best Friend's Dog
B1
Fish Out Of Water
B2
Gas Giants
B3
Power
B4
Brian Wilson Said
B5
Goodnight Song








Korn - Issues




KORN - ISSUES (1999)
Music On Vinyl ‎– MOVLP109 2 × Vinyl, Limited Edition, Numbered, Reissue, Yellow/Red, 180 gram 
(Europe)

Conchié par une partie du public à cause de son côté fortement commercial, Follow The Leader avait établi l'ère du Korn Superstar. Des singles imparables tels "Got The Life" ou "Freak On A Leash" s'étaient imposés au plus grand nombre, et en sacrifiant une partie de la frange dure du public heavy Korn avait réaffirmé son statut de référence du néo. La suite s'annonçait risquée, et le groupe releva le défi avec brio. Porteur à la fois de l'efficacité directe et catchy de l'album précédent et s'ouvrant à une noirceur mélodique annonçant UntouchablesIssues est un grand album de Korn.

Le titre le plus connu d'Issues est aussi le moins intéressant : "Falling Away From Me" est un single honnête qui a surtout eu pour effet de faire croire aux fans que le groupe effectuait un retour vers Life Is Peachy. Ce n'est pas du tout le cas : à part les riffs du titre précité on ne retrouve nullement le côté brouillon et échevelé du deuxième album de Korn sur ce CD. Tout au contraire Issues est un album réfléchi et profond, signe d'une introspection et d'une recherche artistique réelles, ce qui est d'autant plus étonnant que l'album a été composé et enregistré très vite. Résultat : si on retrouve des riffs distordus "à la Life Is Peachy" sur des titres comme "Beg For Me" ou "Wake Up," c'est ce à quoi ils sont enchaînés qui crée la nouveauté.

En effet, ces deux morceaux voient s'opposer aux riffs massifs des passages ambiancés d'une atmosphère nouvelle : à la fois calmes et malsains, les harmonies et les sons étranges -fruits de l'exploration de la paire Head/Munky- dégagent un feeling unique en plus d'être différents d'une chanson à l'autre. Du groove chaud de "Make Me Bad" aux arpèges éthérés et féériques de "Wake Up" tout en passant par l'excellente pop de "Somebody Someone" et l'ambiance de suicide de "Trash", le groupe déploie une palette qui laisse coi. Ce tout séduisant est haché par de gros passages mosh et violents qui font du bien par où ils ramonent, car ce n'est pas ce virage mélodique qui empêche les guitaristes d'envoyer le bois quand il le faut.

Jonathan Davis commence à laisser entrevoir l'énorme potentiel de chanteur qui a explosé par la suite, et son chant clair a fait des progrès très perceptibles. Même si son chant clair-agressif est moins mis en avant, le chœur final de "No Way" est un bel exemple de ce qu'il peut faire... sans compter la montée du refrain de "Hey Daddy" où le vocaliste se révèle capable d'une sensibilité et d'une technique sans failles. L'énorme "Let's Get This Party Started" nous rassure quant à lui sur la capacité de Korn à inclure son nouveau sens de l'angoisse mélodique dans un gros titre ultracatchy. Mais ce qui fait la force d'Issues est bien cet incroyable sens de l'ambiance et des atmosphères. Untouchables poussera le bouchon, mais tout est déja là.


Cet album très complet s'apprivoise dans la durée : les surprises sont nombreuses (le break central de "Counting"!) et le tout dégage une impression de grande maturité artistique. Si vous avez de gros préjugés négatifs sur le néo et que vous ne voulez pas changer d'avis, n'écoutez surtout pas Issues… car il est difficile de ne pas craquer pour ce joyau contemplatif et varié à l'extrême. Dernier album du premier cycle de Korn, Issues en est également le point culminant. Indispensable. (Cosmic Camel Clash - Les eternels).



TRACKLIST:


A1. Dead
A2. Falling Away From Me
A3. Trash
A4. 4 U
A5. Beg For Me

B1. Make Me Bad
B2. It's Gonna Go Away
B3. Wake Up
B4. Am I Going Crazy
B5. Hey Daddy

C1. Somebody Someone
C2. No Way
C3. Let's Get This Party Started

D1. Wish You Could Be Me
D2. Counting
D3. Dirty