vendredi 19 juin 2015

Scorpions - Savage Amusement





SCORPIONS - SAVAGE AMUSEMENT (1988)
Harvest ‎- SHSP 4125 - (United Kingdom)



Il flotte sur ce Savage Amusement comme une étrange odeur de fin de cycle. Sorti plus de quatre ans après le succès majeur des SCORPIONS que fut l'album Love At First Sting, ce nouvel opus marque la fin d'une collaboration de 13 ans avec le producteur fétiche du groupe, Dieter Dierks, et aurait pu sortir plus tôt sans le perfectionnisme exacerbé de celui-ci. Dès 1987, le groupe propose à son « sixième membre » de nouvelles compositions. Dierks, peu satisfait de la qualité de celles-ci, les rejette en bloc et renvoie les SCORPIONS travailler leurs chers instruments. Ce conflit marquera la scission entre les arachnides et leur producteur. Ce dernier se chargera de la production d'un tiers des morceaux du nouvel album, tandis que le britannique Nigel Green (Iron Maiden) s'occupera de mixer le reste. Le résultat montre un groupe à l'esthétique renouvelée, dont la musique est à l'image du look de ses membres : gonflée et quelque peu précieuse (qui a dit maniérée ?).

Il est vrai que succéder à un album du calibre de Love At First Sting n'était pas chose aisée. En prenant son temps avant d'offrir une suite à cet album, SCORPIONS se permet également d'éviter d'inutiles comparaisons. Savage Amusement témoigne d'un groupe renouvelé et toujours inspiré. Sans céder aux sirènes de la mode Hard US (bien que la moustache permanentée de Rudolf Schenker soit un signe extérieur de tentation), le combo fait preuve d'une sophistication accrue et offre une facette plus polie et affinée de sa musique. Moins fédérateur et « bombastic » que les deux précédents, l'album comporte également moins de tubes. Bien entendu, certains rencontreront un succès planétaire, dont le sensuel « Rhythm of Love », illustré par un clip polisson, ou encore la ballade finale « Believe in Love », qui peine à égaler l'émotion dégagée par ce titre intemporel qu'est « Still Loving You ». En proposant une musique plus léchée, SCORPIONS reste très convaincant, et se fait le porte-parole d'un hard rock riche et travaillé, comme l'époque l'exigeait. Le titre introductif « Don't Stop At the Top », le délicat « Passion Rules the Game » (seul titre de l'opus composé par Herman Rarebell) et surtout le formidable « Every Minute Every Day » et son formidable refrain sont à placer dans cette catégorie, et font preuve d'une efficacité à toute épreuve. Les brûlots, rageurs et rugueux, sont également de la partie, et sont à compter parmi les plus réussis de SCORPIONS. Alors que « The Same Thrill » sur Love At First Sting péchait par un manque évident de structure et de cohésion, « We Let it Rock...You Let it Rock » et « Love On the Run » sont tout bonnement imparables. Le premier, agrémenté des chœurs virils de Peter Baltes (bassiste d'Accept), se fit le titre d'ouverture des concerts de la tournée qui suivit la sortie de l'album. Agressif et taillé pour le live, ce morceau se verra malheureusement totalement éclipsé des tournées suivantes, et constitue sans doute l'un des titres les plus sous-estimés du groupe. Le second est pour sa part un véritable rouleau-compresseur, marqué par une batterie aux allures de panzer d'un Herman Rarebell métronomique et un chant surpuissant du toujours formidable Klaus Meine.

Si chaque membre du groupe effectue son travail de manière remarquable sur cet album, c'est néanmoins l'aura de Matthias Jabs qui rejaillit de plus sur Savage Amusement. Agrémentant chaque composition de touches discrètes et imparables de sa guitare lead intenable, le bonhomme est partout, et s'impose comme un soliste d'exception. Au service des chansons, l'artiste n'hésite pas à varier son propos, usant une nouvelle fois de sa célèbre talk-box sur un « Media Overkill », farouche critique des médias, mid-tempo sympathique et original. Original est l'adjectif qui caractérise également cette magnifique fausse ballade qu'est « Walking On the Edge », mid-tempo alternant délicatesse et énergie brute et qui s'inscrit parfaitement dans l'ambiance globale de cet album. (Gegers-FP).



TRACKLIST:

A1
Don't Stop At The Top
4:03
A2
Rhythm Of Love
3:47
A3
Passion Rules The Game
3:58
A4
Media Overkill
3:32
A5
Walking On The Edge
5:05
B1
We Let It Rock...You Let It Roll
3:38
B2
Every Minute Every Day
4:21
B3
Love On The Run
3:35
B4
Believe In Love
5:20







Annie Lennox - Diva





ANNIE LENNOX - DIVA (1993)
RCA ‎- PL 75326 - (Germany)



EURYTHMICS n'est plus. Annie LENNOX n'a que 37 ans alors qu'elle et Dave STEWART ont décidé de mettre un terme à leur collaboration. La vie continue donc, d'une autre manière. Elle a encore beaucoup à faire, beaucoup à dire, et comme l’Écossaise n'a pas sa langue dans sa poche, on peut s'attendre à de belles envolées. C'est avec l'appui du grand Trevorn Horn que sa carrière va se poursuivre. Mais voyez donc cette photo : Annie en brunette, l'air plus énigmatique que jamais, toute chamarrée, bien loin de l'icône blond platine de son personnage New wave. Et ce titre : Diva ! Peu de doute sur ses capacités à symboliser celle de notre temps, à des années lumières à mon sens des -pseudos- divas américaines. Toujours est-il que nous voici confronté à son premier album. Peu de doute sur le fait qu'on ne s'attendra pas ici à des essais new Wave mais bien à des tentatives plus proches de la soul ou d'une pop sophistiquée.

La vie a continué depuis la dissolution d'EURYTHMICS. Elle est devenue maman et s'est beaucoup investie dans la composition puisque la totalité des titres portent sa marque. La renaissance démarre avec "Why", quelques semaines avant la sortie de l'album. Difficile de ne pas être dithyrambique à l'écoute de cette sublime mélodie portée par des synthés lourds et intemporels. Visiblement, la solitude convient magnifiquement à la native d'Aberdeen, cette chanson ouvre les portes et notamment celle des tops 50 qui étaient restées depuis plusieurs années fermées aux singles produits par le duo. Ce refrain angélique est connu de tous, je vous laisse juge, votre mémoire devrait suffire quelques soient vos goûts.
"Precious" prend le relais deux mois plus tard avec quelques intonations jazzy progressives sur l'intro, puis une énorme basse, des nappes de synthés, et un chant d'une profondeur totale. Ca alors, mais oui ! Vous risquez bien encore de vous en souvenir !

L'esprit frondeur de "Walking on broken glass" rappellera aux spécialistes l'époque de "Right by your side"... Comme quoi Annie ne faisait pas que la potiche dans EURYTHMICS, c'est désormais une certitude ! S'ensuit la fabuleuse et éthérée "Cold" qui sied si bien à l'originale beauté d'Annie LENNOX, rarement une chanson aura aussi bien symbolisée son interprète. La voix s'élève avec la sensibilité rare qui la caractérise, une superbe réalisation. "Little bird" sera le dernier single, le seul réminiscent de la new wave pratiquée auparavant par Annie et Dave. En revanche, le titre est très adictif, et bien meilleur que ce qu'avait proposé dans ce même genre le groupe peu auparavant - On se souvient que les deux derniers albums n'avaient guère passionné les esprits des critiques -.

Mais le reste de l'album n'est pas à l'image de ce que le groupe proposa trop souvent... Ouais, c'est rempli les gars, et pas qu'à moitié ! La Synth popesque de "Legend in my living room" jouxte le piano rétro début 20eme de "Keep young and beautiful", mais Annie est à l'aise partout. On erre ensuite dans le cosmos avec "Money can't buy it", l'argent n'achète pas le bonheur, non ! De bien belles paroles, qui font honneur à sa jolie personnalité  ! On est emporté dans l'onirisme de "Primitive" et "Stay by me" est une merveille de contemplation. La voix magique ne faiblit nulle part et achève au même niveau d'excellence l'opus sur "The gift", un cadeau évident d'Annie LENNOX au monde la musique.

Album de l'année 93 au Royaume-Uni, ce Diva est une réussite totale et relance complètement la carrière de la blonde péroxydée. Furieusement recommandé pour découvrir la voix unique de l'artiste écossaise. (Erwin - FP).



TRACKLIST:


A1. Why
A2. Walking On Broken Glass
A3. Precious
A4. Legend In My Living Room
A5. Cold
B1. Money Can't Buy It
B2. Little Bird
B3. Primitive
B4. Stay By Me
B5. The Gift