dimanche 21 janvier 2018

Dexys Midnight Runners – Too-Rye-Ay


Kevin Rowland & Dexys Midnight Runners ‎– Too-Rye-Ay
Mercury ‎– MERS 5 – LP – UK - 1982


Retour vers le futur. Direction août 1982. Je n’étais pas bien grand. A peu de choses près, le même âge que mon fils aujourd’hui. A l’observer, j’imagine que je devais, comme lui, gambader allègrement en couche-culotte, croquer le monde avec un solide appétit, jouer beaucoup, pleurer un peu, rire, être heureux, curieux, insouciant, m’endormir comme un bienheureux sur la routes des vacances, à l’arrière de la Simca 1100 rouge de mes parents. A défaut de pouvoir s’offrir une Ferrari, mon père tenait absolument à ce que sa voiture soit rouge. Ça roule plus vite, disait-il. Au Nord, c’était Les Corons. Henry Fonda et Ingrid Bergman cassaient leur pipe pendant que Daniel Balavoine chantait Vivre ou Survivre. Le Père Noël est une ordure débarquait sur les écrans de cinéma sans se soucier de la saison. Monsieur Spok montrait le bout de ses oreilles sur les téléviseurs. Sony et Philips inventaient le CD audio sans savoir que les enfants d’alors s’accrocheraient encore trente ans plus tard aux antiques 33 Tours. Je n’ ai pas la moindre idée de ce que mes parents écoutaient cet été-là. Mais si je pouvais vraiment voyager dans le temps, autrement qu’en caractères d’imprimerie, je leur dirais de farfouiller un peu chez le disquaire du coin et d’aller dénicher d’urgence un disque extraordinaire: Too-Rye-Ay des Dexys Midnight Runners.

J’en vois déjà venir certains avec leurs gros sabots. Pourquoi nous rebattre les oreilles avec ton vieux vinyle rayé alors que Dexys, désormais amputé de ses coureurs nocturnes, vient de sortir un nouvel album tout beau, tout neuf, après tant d’années de (quasi)-silence? Mettons tout de suite un terme à cette polémique stérile et faisons frémir d’horreur ceux qui trouvent que mes avis sont généralement trop tranchés. Si les trois albums originaux de la bande à Kevin Rowland avaient au moins trente ans d’avance sur la musique, leur nouvelle livraison m’a tout l’air d’en avoir trente de retard. Je ne m’explique d’ailleurs pas les relatives bonnes critiques dont jouit le pâlichon One Day I’m going to Soar autrement que par le plaisir des journalistes à voir Rowland sortir enfin de sa réclusion. Ou peut-être par la crainte que leur inspire cet artiste réputé caractériel. Quoi qu’il en soit, la chose, bien falote à mes oreilles, n’arrive à la cheville d’aucun des trois chefs-d’œuvre offerts par le groupe dans la première moitié des années 80. Un conseil à ceux qui étaient encore moins nés que moi à l’époque, ne vous laissez pas endormir par cette récente escapade en dehors de la maison de retraite. Voyagez vous aussi dans le temps et découvrez Searching For The Young Soul Rebels, Too-Rye-Ay et Don’t Stand Me Down, trois albums indispensables. Je reviendrai peut-être un jour sur les deux autres mais, pour l’instant, attardons-nous, si vous le voulez bien, sur Too-Rye-Ay.  Alors que Rowland s’est brouillé avec une bonne partie des membres du groupe, il revient deux ans après Searching For The Young Soul Rebels à la tête d’un tout nouveau line-up. Si ce nouvel opus garde intacte l’énergie héritée des débuts punk de Rowland et consorts, il se caractérise surtout par un mélange inédit de rock, de soul et de musique celtique. Cocktail détonnant qu’illustrent parfaitement le premier titre du disque, The Celtic Soul Brothers et le recrutement de la violoniste Helen O’Hara. La production, très soignée, confère au disque un son intense, volontairement proche du live. La voix unique et facilement reconnaissable de Rowland fait des merveilles. L’album, porté par le succès du single Come on Eileen, qui atteint la première place des charts au Royaume-Uni et aux États-Unis, apporte une consécration méritée à Rowland et les siens. Et peut-être aussi les tourments d’une célébrité difficile à supporter pour cet individu aussi fragile que génial. En 1985, Don’t Stand Me Down sera le chant du cygne de Dexys Midnight Runners avant leur récent retour au premier plan. Nous verrons dans trente ans ce que l’Histoire en aura retenu… (Cédric QUENIART).



TRACKLIST :

A1       The Celtic Soul Brothers
A2       Let's Make This Precious
A3       All In All (This One Last Wild Waltz)
A4       Jackie Wilson Said (I'm In Heaven When You Smile)
A5       Old

B1       Plan B
B2       I'll Show You
B3       Liars A To E
B4       Until I Believe In My Soul
B5       Come On Eileen






lundi 15 janvier 2018

David Bowie ‎– Earthling


David Bowie ‎– Earthling
RCA ‎– MOVLP815, ISO Records ‎– MOVLP815, Music On Vinyl ‎– MOVLP815
LP, Reissue, Gatefold, Europe, 21 Oct 2013



Sorti quelques jours après le cinquantième anniversaire de son auteur, "Earthling" marque le retour en grâce de David Bowie. Plus accessible que son prédécesseur, il garde tout de même les caractéristiques du son techno indus (jungle dirons-nous) qui ont redonné à Bowie de véritables lettres de noblesse. Earthling est donc un très bon disque, sans temps mort notable et montrant un Bowie en phase avec la réalité de son temps.

Certes, tous les titres ne sont pas à loger à la même enseigne ; "Looking For Satellites" et "Law" n'ont pas l'aura escomptée en étant trop expérimentaux et nécessitant plusieurs écoutes attentives pour véritablement saisir toute leur subtilité. Le niveau est meilleur sur "Battle For Britain" et "Telling Lies", où la voix décidemment très pop de Bowie se marie curieusement bien aux sonorités indus, fil conducteur incontestable des compositions de Bowie de 1995 à 1997. On notera également que le groupe qui accompagne Bowie est jeune et très professionnel, donnant à l'ensemble un poids supplémentaire.

De surcroît, quatre chefs d'oeuvre jalonnent le disque. Tout d'abord, "Little Wonder" qui ouvre l'album, est une merveille de vitalité et d'énergie, en étant tantôt puissant, tantôt aérien. Ensuite, "Seven Years In Tibet" est plus rock et louche vers le metal. Le refrain est taillé pour les stades même si l'ensemble est assez sombre. On notera également que ce titre a été adapté en mandarin avec un résultat surprenant et accrocheur. Rien que pour Bowie chantant en mandarin, ce morceau vaut le détour. On continue avec "Dead Man Walking" qui transcende littéralement son auditoire en étant tout simplement surpuissant et chaotique dans tous les domaines. On est totalement conquis et que dire de "I'm Afraid Of Americans", véritable incarnation du retour en grâce de Bowie. Ce titre efficace et provocateur est l'occasion de capter l'attention d'un public jeune d'autant que la présence de Trent Reznor (du groupe Nine Inch Nails) en Américain psychopathe au sein du clip ne passe pas inaperçue.

En résumé, "Earthling" est presque une réussite totale même si quelques morceaux sont difficiles à aborder. On retrouve un David Bowie avant-gardiste tout en étant populaire et pour tout dire, cela manquait sur "Outside". Ce disque donne à David Bowie une nouvelle jeunesse, puisqu'un nouveau public commence à apprécier le Thin White Duke et l'ensemble de son répertoire. Il faut dire que tous les groupes qui émergent dans les années 1990 le citent comme référence. Objectivement, cela peut aider... (Cyril - FP).








TRACKLIST:

A1       Little Wonder
A2       Looking For Satellites
A3       Battle For Britain (The Letter)
A4       Seven Years In Tibet

B1       Dead Man Walking
B2       Telling Lies
B3       The Last Thing You Should Do
B4       I'm Afraid Of Americans
B5       Law (Earthlings On Fire)