samedi 29 décembre 2012

Lords Of The New Church ‎– Killer Lords



THE LORDS OF THE NEW CHURCH - KILLER LORDS (1985)

Formé par l'ex-Damned Brian James et l'ex-Dead Boys feu Stiv Bator, les Lords of the New Chruch sont la rencontre entre Billy Idol, Iggy Pop et les New York Dolls emballée d'un feeling gothique, des mauvais garçons échevelés portant jeans noirs serrés, cuirs, bottes pointues et bandanas sombres. C'est aussi une succession d'hymnes taillés dans un rock authentique marqué des stigmates du post punk, de la fumée des bars underground et de la forme des crucifixs. A l'instar des Ramones, Generation X mais dans un registre un brin différent, nos lascars savent traquer la mélodie imparable, les accords simples mais redoutables, avec de temps à autre une production plus commerciale (les synthés de 'Dance with me', la parodie rotante de 'Like a virgin', le feeling cool de 'Russian roulette') qui, curieusement, ne nuit pas tant que ça à l'ensemble. En effet, contrairement aux Stranglers, les Lords ne se sont jamais reniés et ont réussi à rester électriques du début à la fin; le timbre éraillé de Stiv a fait le reste.

12 Titres qui nous retracent l'histoire d'une formation culte (certes toujours en activité mais qui peine à se remettre sur les rails depuis le décès de Stiv), des rythmiques martelantes et accents gothiques de 'New church', 'Method to my madness', 'Dance with me', 'I never believed' aux incursions new wave. Les Lords savent tout faire et le font bien, les Lords plaisent aux gothiques mais aussi aux rockers post punk, les Lords sont un groupe culte et ils le méritent. Si vous doutez, écoutez cet album.

TRACKLIST :

A1Dance With Me3:25
A2Hey Tonight4:55
A3Russian Roullette3:47
A4M-Style4:12
A5Black Girl White Girl5:39
A6Live For Today3:38
B1Method To My Madness3:16
B2Open Your Eyes3:27
B3I Never Believed3:38
B4Lord's Prayer3:39
B5New Church3:30
B6Like A Virgin3:47






Pink Floyd - A Momentary Lapse Of Reason



PINK FLOYD - A MOMENTARY LAPSE OF REASON (1987)

A Momentary Lapse Of Reason est fréquemment cité sur la liste des moins bons albums de Pink Floyd, souvent même en tête de cette liste. Avec un argument qui revient toujours : ce n’est pas un album de Pink Floyd mais un album de David Gilmour déguisé en album de Pink Floyd. Argument valable quoiqu’insuffisant. Techniquement, en 1985, le groupe n’existe plus. Rien ne s’est passé depuis la sortie de The Final Cut et chacun a travaillé de son côté sur des projets solos. Toutefois, dans l’esprit de David Gilmour, il y aura un futur pour Pink Floyd. Il attend tranquillement que Roger Waters amène une nouvelle idée ou bien qu’il se décide à quitter le groupe. En attendant il écrit de quoi faire un autre album solo. Pour Nick Mason les choses sont du même ordre. Si Pink Floyd repart, il en sera. En ce qui concerne Rick Wright la situation est claire puisqu’il ne fait plus partie du groupe depuis les concerts de The Wall. Reste Roger Waters qui tergiverse. Il n’a plus l’envie de travailler avec ses acolytes mais est conscient de ce qu’il risque de perdre. D’autant que Gilmour l’a prévenu : « Si tu t’en vas, on continuera sans toi ». Chose impensable pour le bassiste. Mais si son compère était sérieux ? Comment pourrait-il envisager sereinement une carrière solo alors que Pink Floyd existerait toujours ?
Il se décide finalement à quitter le groupe à la fin de l’année. Comme annoncé, David Gilmour fait part de son intention de continuer et ne tarde pas à rallier Nick Mason et l’entourage du groupe à sa cause. Waters prend cela comme une déclaration de guerre et porte l’affaire devant la justice. Selon lui Pink Floyd ne peut exister sans lui, ce qui n’est bien-sûr pas l’avis des autres. Mais au-delà de la querelle judiciaire, c’est aussi une compétition artistique qui se lance. Le bassiste travaille d’arrache-pied sur Radio K.A.O.S. qui mettra, il en est sûr, une belle pâtée au futur album de ses concurrents, forcément insipide. David Gilmour adopte lui une stratégie différente : c’est sur scène que Pink Floyd se refera un nom. L’album sera avant tout un prétexte à repartir en tournée. Et ça tombe bien, il a déjà un album solo bien avancé. Ne reste plus qu’à le retravailler et le réadapter au cadre Pink Floyd, ce qui suffira amplement dans cette optique.

Après quelque temps à retoucher cette musique, le voila qui rassemble ses compères pour enregistrer le disque. Nick Mason d’abord, puis par la suite Rick Wright. Si celui-ci ne peut être juridiquement réintégré au groupe, sa présence vaut caution morale pour ce nouvel album. Problème : à force de ne plus jouer, les deux musiciens en ont perdu leur technique. C’est du moins l’avis du guitariste qui parlera d’état catatonique de ses deux collègues, ce que Mason réfutera. Quoiqu’il en soit ce dernier délaissera quasiment sa batterie pour se consacrer aux effets sonores. Quant à Wright sa participation relève plutôt de celle d’un musicien additionnel. Ce sont en fait des musiciens de studio qui se sont chargés d'accompagner le nouveau maître du Floyd. Alors album solo de Gilmour maquillé en Pink Floyd : on y est complètement.
Cela dit est-ce un problème ? Les précédents albums ( The Final Cut bien-sûr, mais aussi The Wall et même Animals d’après Gilmour) peuvent être vus comme des albums solos de Roger Waters grimés en Pink Floyd. Pourquoi ce qui n’a pas forcément posé problème avant poserait-il problème désormais ? De plus, il y a quelque chose d’éminemment floydien sur A Momentary Lapse Of Reason, qui lui confère une place légitime au sein de cette immense discographie. Ce ne sont certes pas les paroles (arrête de rire Roger !) mais plutôt cette volonté d’avancer techniquement, d’aller vers la perfection sonore avec le matériel disponible. Le problème est que si cette volonté a pu donner des choses merveilleuses avec l’environnement des années 70, les années 80 étant ce qu’elles furent, cette démarche ne pouvait que déboucher sur un produit conforme à l’air du temps, plutôt repoussant des années après.

Car cette décennie ce fut un peu le règne de la machine sur l’humain. Des synthés et des effets sonores utilisés pour obtenir un son et des ambiances de robots : métalliques, froids et sans-âmes. Rythmiquement, mélodiquement et instrumentalement, une grande partie du disque tombe dans ce néfaste projet. Celui-ci sonne du coup bien plus daté que la plupart des autres du Floyd, qui possédaient ce côté intemporel propre aux grandes oeuvres. A moins d’apprécier particulièrement ces ambiances façon Blade Runner typiques de l’époque, on a désormais du mal à s’accrocher à l’album. Même la guitare de Gilmour, que l’on aurait attendu au premier plan au vu des circonstances, s’efface derrière cet informe bouillie sonore. Pourtant c’est bien elle qui, relevant de temps à autre la tête sous le poids de ces chaines musicales, offre au disque quelques moments de liberté où la magie opère à nouveau. De bien trop courts instants de lucidité qui sauvent pourtant l’album du ratage total et redonnent un peu d'espoir à l'auditeur.
Mais en réalité l’essentiel est ailleurs. Qu’importe la qualité du disque à l’épreuve du temps, car à l’époque elle était grande. Ce qui explique son succès : A momentary Lapse Of Reason explosera sans forcer The Final cut, tous les albums solos et surtout Radio K.A.O.S. De quoi partir sereinement en tournée dans la foulée. Une tournée gigantesque, à la pointe de la technique et de l’affluence, en forme de coup de sifflet final d’une lutte qui s’achève sur une victoire sans appel de Gilmour face à Waters : Pink Floyd existe toujours et c’est bien là le plus important. (Captain Destroy).


TRACKLIST : 

A1          Signs Of Life                     
A2          Learning To Fly                
A3          The Dogs Of war                            
A4          One Slip                             
A5          On The Turning Away                  
B1           Yet Another Movie                       
B2           Round And Around                      
B3           A New Machine Part 1                 
B4           Terminal Frost                 
B5           A New Machine Part 2                 
B6           Sorrow





Pink Floyd - The Final Cut



PINK FLOYD -THE FINAL CUT (1983)

Voici probablement l'album le plus oublié de la discographie de Pink Floyd. Oui, plus oublié encore qu'Obscured By Clouds. Sorti en 1983 sous une pochette qui, il me semble, montre des décorations militaires britanniques, The Final Cut est, en fait, plus un virtuel album solo de Roger Waters (qui a tout signé, même si David Gilmour a des crédits sur « Not Now John ») qu'un disque de Pink Floyd, ce qu'il est pourtant, officiellement parlant. A la base, l'album ne contenait que 12 titres, « When The Tigers Broke Free » n'ayant été rajouté que sur les récentes rééditions CD (ce n'est pas un mal, la chanson, entendue dans le film Pink Floyd, The Wall d'Alan Parker, étant juste sublime). A propos de ce film, il faut savoir qu'à la base,The Final Cut était pensé pour être la musique du film de Parker (les 13 morceaux ayant été composés en 1981-82 par Waters dans ce but), ce qui explique que « When The Tigers Broke Free », absent du vinyle initial, soit dans le film. Waters a probablement préféré sortir les chansons en un album plutôt que de décontenancer les fans de The Wall en les mettant dans le film en lieu et place des chansons de The Wall

C'est l'album le moins floydien du groupe, ce qui explique son statut très peu estimé dans la légende floydienne. Pas de Rick Wright ici, le claviériste ayant été viré par Waters en 1981, après la tournée de The Wall. Nick Mason (batterie) est là (c'est le seul membre de Pink Floyd à être sur l'ensemble des albums du groupe), mais la batterie n'est pas tenue que par lui ici : Andy Newmark la tient sur « Two Suns In The Sunset », et Ray Cooper est crédité en tant que percussionniste supplémentaire. Précisons aussi que Michael Kamen et Andy Bown tiennent les claviers. Plus un orchestre philharmonique, dirigé par Kamen. On entend peu la guitare de Gilmour, mais il offre quand même de bons passages (« Not Now John », titre très rock, « The Final Cut » ou « The Gunner's Dream »). 

Bien entendu, le chant est intégralement tenu par Waters, ici en total état de grâce, il faut bien l'avouer (je n'ai, personnellement, aucun mal à l'avouer, étant raide dingue de cet album). The Final Cut est un disque contestataire, engagé et sombre, un requiem pour le rêve d'après la guerre, comme dit sur la pochette (et un album dédié au père de Waters, Eric Fletcher Waters, décédé pendant la seconde guerre mondiale, à Anzio, la chanson « When The Tigers Broke Free » y fait explicitement référence, et le film de Parker, durant le passage avec cette chanson, aussi). C'est un disque qui sera vivement critiqué à sa sortie, tant du point de vue de son statut par rapport aux autres albums du groupe (aucun point de comparaison musical) que par les messages qu'il véhicule. 

En 1983, année de sortie de l'album, l'Angleterre est sous la coupe de Margaret Thatcher, la fameuse Miss Maggie (pas très) chère à Renaud. Récession économique, chômage, la Dame de Fer mènera une politique contestée. L'Angleterre, et ce n'est pas du football, affrontera aussi l'Argentine pour les Malouines, le match sera nul, et on comptera des morts et blessés pour rien. Et une sévère et farouche mésentente entre l'Argentine et la perfide Albion. The Final Cut critique ouvertement la guerre des Malouines par le biais de « The Post War Dream » (What have we done, Maggie what have we done to England ?) ou de « Get Your Filthy Hands Off My Desert » et du cynique et mélancolique « The Fletcher Memorial Home » dont le titre, encore, est un hommage de Waters au père qu'il n'a jamais connu. 

L'album aligne les perles noires comme sur un collier. Les chansons sont déchirantes, et la voix de Waters (qui, souvent, glapit plus qu'il ne chante, et même, des fois, hurle) les rend encore plus déchirantes. Comment ne pas frissonner à l'écoute de « The Gunner's Dream » (And no-one kills the children anymore), de « Your Possible Pasts », de « When The Tigers Broke Free » (And that's how the High Command took my daddy from me), de « Two Suns In The Sunset » (qui nous rappelle que, ennemis ou amis, bons ou mauvais, la mort nous rend tous égaux, citation qui n'est pas sans me rappeler celle que Kubrick avait utilisé à la fin de son magistral Barry Lyndon en 1975)... et enfin, et surtout, « The Final Cut », chanson qui me fait pleurer à chaque écoute. La voix plaintive de Roger Waters, l'orchestre, les paroles tragiques (allusion au suicide, même si The Final Cutsignifie aussi 'droit de regard'), tout concourt à vous coller un frisson majeur dans la moelle épinière. 

J'ai souvent lu sur le Net (et avant de découvrir l'album, notamment) que ce disque était mauvais, raté, à fuir comme cette maladie médiévale bien connue. J'ai donc, il y à quelques années, acheté cet album avec circonspection, c'était celui qu'il me manquait pour compléter ma collection des albums du Floyd. Je m'attendais à être déçu, surtout que je ne suis pas raide dingue de The Wall, et que je lisais partout que The Final Cut en était une sorte de suite. J'ai, il faut bien le dire, pris une claque émotionnelle, sensorielle totale, dès la première écoute. Clairement, cet album mal-aimé à sa sortie (mais un critique, je ne sais plus lequel, dira à l'époque qu'il faudrait avoir les portugaises ensablées pour ne pas voir en cet album un sommet mélodique et émotionnel) est une vraie bombe, un des sommets absolus de l'œuvre floydienne... même si, dans un sens, ce n'est pas un vrai album de Pink Floyd, mais une oeuvre solo virtuelle de Waters. Aucune des chansons ne sera jouée par le groupe, Waters sera viré peu après la sortie de l'album, et seul lui les jouera live. Le groupe, désormais réduit à Gilmour et Mason, fera revenir, en invité, Wright pour leur album suivant, qui date de 1987. Le Floyd ne sera alors plus que l'ombre de lui-même, malgré un The Division Bell monumental en 1994. 

Quoi qu'il en soit, malgré sa réputation calomnieuse (mais le disque a tendance, heureusement, à être réhabilité), The Final Cut est un chef d'œuvre absolu. (
ClashDoherty).


TRACKLIST :

A1The Post War Dream3:02
A2Your Possible Pasts4:22
A3One Of The Few1:23
A4The Hero's Return2:56
A5The Gunners Dream5:07
A6Paranoid Eyes3:40
B1Get Your Filthy Hands Off My Desert1:19
B2The Fletcher Memorial Home4:11
B3Southampton Dock2:13
B4The Final Cut4:46
B5Not Now John5:01
B6Two Suns In The Sunset5:14









vendredi 28 décembre 2012

Pink Floyd -Obscured By Clouds



PINK FLOYD - OBSCURED BY CLOUDS (1972)
EDITION : Golden Anniversary Records – PF 111 007 - Gold - UK


Obscured By Clouds est la bande originale du film La Vallée, un film "peace and love forever" que Roger Waters a bien entendu trouvé nul (mais ça lui arrive d'aimer quelque chose à celui-là ?). Considéré comme un album mineur par les fans, il ne faut pas s'attendre à autre chose qu'une p'tite récréation pour le groupe. Pas de prise de tête, juste un album pop rock sympathique, sans trop forcer. Bizarrement, j'aime bien ce disque, il ne m'a jamais rebuté contrairement aux titres mollassons de Atom Heart Mother et Meddle

Peut-être est-ce dû aux claviers de Rick Wright, plus présents qu'à l'accoutumée ? Ou aux mélodies, cette fois-ci planantes et non plus soupassières comme avant ? Ou même tout simplement au retour des guitares saturées, ajoutant un peu de punch à certains morceaux. Donc, on pénètre sans difficultés dans le trip baba cool de cette B.O. Juste un regret pour ce disque; que les chansons ne soient pas plus abouties, c'est vraiment dommage, on sent que Pink Floyd ne s'est vraiment pas foulé. En effet, dès les deux premiers titres, "Obscured By Clouds" et "When You're In" (avec un riff limite heavy sur celui-là), deux instrumentaux, on aurait pu tenir des tueries absolues tellement l'ambiance dégagée est oppressante et prend aux trippes. Mais elles sont bien trop courtes, quel dommage ! Ensuite, pas mal de ballades suivront, généralement dans des structures hyper simples : couplet - refrain couplet - refrain et basta, même pas de solos, rien !

Mais on se laisse prendre au jeu : "Burning Bridges" et ses claviers lancinants ou l'arpège ô combien classique de "Wot's... Uh The Peal", c'est doux et c'est beau. Mais c'est surtout Stay et son superbe refrain qui retiendra l'attention, aaah ces choeurs "doux comme des agneaux" de Roger Waters et David Gilmour sur fond d'ambiance piano bar, imparable ! Les guitares aériennes de Gilmour font leur p'tit effet à chaque fois, elles chatouillent notre fort intérieur mine de rien ! D'autres titres plus quelconques, à fortes consonances pop-rock, ne marqueront pas les esprits, mais ça n'empêche pas de passer un bon moment, comme sur le très seventies "The Cold It's In The...", le plus énergique du lot. L'acoustique "Free Four" et ses claviers façon "Mars attack" était peut-être dispensable, de même que "Childhood's End" voit Pink Floyd retomber dans la niaiserie habituelle de son répertoire. Normal, "Childhood's End" est le seul morceau composé seul par Gilmour, ceci expliquant cela !


Obscured By Clouds occupe un statut anecdotique dans la discographie de Pink Floyd, un jugement un peu abrupt car je trouve certains morceaux ("Stay", "Burning Bridges", "When You're In", "Obscured By Clouds") plus intéressants que ce que l'on trouve sur leurs albums dits "classiques". Si ces bonnes idées avaient été davantage développées, il y avait matière à en faire des classiques. Mais il est vrai que le manque d'ambition de ce disque n'aide pas à le rendre incontournable. (Fishbowlman).




TRACKLIST:

A1       Obscured By Clouds
A2       When You're In
A3       Burning Bridges
A4       The Gold It's In The...
A5       Wots... Uh The Deal
A6       Mudmen
B1       Childhood's End
B2       Free Four
B3       Stay
B4       Absolutely Curtains




O.Children - Apnea



O.CHILDREN - APNEA (2012)

Second album tant attendu des londoniens de O. Children, Apnea s'éloigne quelque peu des fondations de son prédécesseur pour laisser place à un naturel et une sobriété permettant aux chansons de plus respirer et de dévoiler ainsi un songwriting imposant.

Aux feux artifices instrumentaux s'insère ici une sincérité plus proche des aînés desquels le groupe se revendique. Exit l'emphase d'un Ruins, la plupart des titres d'Apnea se rapprochent davantage d'un Joy Division, mené bien entendu par la voix de Tobias O'Kandi, rauque et puissante, aux vrais airs de Ian Curtis.


L'album débute et se termine par deux compositions relativement simples dans leur structure mais extrêmement riches dans les émotions qu'elles savent transmettre, contrairement àdes titres sur O. Children, qui bien qu'intéressants, étaient souillés par les trop nombreux ajouts d'effets ou d'instruments qui à la longue lassaient l'auditeur.


Entre temps, le groupe nous abreuve d'une cold wave tendue (Red Like Fire, Solid Eyes, The Realest), d'un post-punk dévergondé (PT Cruiser, Swim) et de I Know (You Love Me), chanson certes facile d'accès et quelque peu grandiloquente, mais qui offre un repos bienvenu en milieu d'album, entre des titres plus sombres et ambitieux.


O. Children nous rassurent donc sur cet album encore une fois ô combien réussi. Sans être le chef d’œuvre baroque que l'on est en droit de s'attendre lorsque son leader possède une voix aussi caverneuse, Apnea, disque idéal par un temps lourd et pluvieux en fin de printemps, devrait toutefois rester quelque temps sur nos platines.



TRACKLIST :


A1           Holy Wood             
A2           The Realest             
A3           Red Like Fire          
B1           Oceanside             
B2           PT Cruiser                 
B3            I Know (You Love Me)     
C1           Yours For You        
C2           H8 City       
C3           Swim           
D1           Solid Eyes            
D2           Chimera             







Indochine - La République des Météors



INDOCHINE - LA REPUBLIQUE DES METEORS (2009)

Il y a quatre ans, la fille de Nicola Sirkis avait l'âge de se faire lire Alice au pays des merveilles par son rockeur de papa. L'histoire ne dit pas si elle a aimé, en revanche, on sait que cela inspira à l'éternel ado l'album "Alice & June", version un peu trash et forcément sexuelle du conte de Lewis Carroll. Aujourd'hui, la gamine a grandi, mais pas son père, qui inspiré par le travail de Sophie Calle (Prenez soin de vous), l'a relié aux lettres qu'envoyaient les poilus à leur famille. Cela donne "La République des Météors", un album sur la guerre, l'absence, la séparation, qui n'oublie pas pour autant le mal-être adolescent, le sexe et l'amour, parce qu'à 50 ans, on ne se refait pas.
Ce pseudo concept-album était attendu comme rarement un disque d' Indochine, la faute au succès des deux précédents, et à des anniversaires en série. Presque 30 ans que Sirkis en a 17 dans sa tête, une décennie tout juste depuis la mort de son frère Stéphane. Et si certains ont tenté de faire du people à cette occasion, la concordance de date a surtout profité à Nicola, qui depuis le creux des années 90 (l'époque de "Wax" et "Dancetaria" que les fans chérissent comme d'autres l'année 67), maîtrise le marketing comme personne. Résultat, aujourd'hui, il semble devenu de bon ton de soutenir et d'aimer Indochine. Ca fera bien rire ceux qui se souviennent des années 80, mais quand on voit les critiques qui ont accueilli "La république des Météors", le doute n'est plus permis. De Rock & folk au magazine Le Point, c'est un florilège d'adjectifs flatteurs, et là, la fan ne comprend plus.
Car la fan, elle, n'est pas vraiment emballée, ou en tout cas beaucoup moins que pour les albums précédents. Alors oui, elle est peut être trop vieille pour ses conneries, mais ce serait trop facile de dédouaner ainsi l'homme à la mèche, qui est pour beaucoup dans ce désappointement. Car les principaux défauts de "La république des Météors" viennent avant tout des textes et de la voix de Mr Sirkis, qui donne la désagréable impression de ne pas s'être beaucoup fatigué pendant les phases de compositions. Certes, on a toujours su, et accepté, que les paroles indochinoises soient un peu hermétiques, les plaçant pour éviter la critique dans la catégorie "poésie", parfois à juste titre d'ailleurs. De même, les difficultés de justesse dans les aigus de Sirkis lui avaient jusque là fait opter pour se limiter à des envolées lors des refrains. Mais le succès semble lui avoir fait oublier la dure réalité. Résultat, l'album s'ouvre sur deux morceaux où la voix comme les paroles des couplets frôlent l'auto-caricature. Que ce soit "Go Rimbaud Go !" et son " Un homme assis dans un couloir, à l'outillage, moi je préfère les amoureux, et dieu créa les mêmes", ou "Junior Song" et le profond "ah la fanfare, la vie est pourrie, à qui la faute, le mal que l'on a, le mal qu'on nous fait", on a de quoi être inquiet pour la suite.
Ce serait oublier les refrains, toujours d'une efficacité imparable, et oublier surtout, que Nicola Sirkis n'est plus tout seul aux manettes d' Indochine. A chaque album, Oli-le fan devenu guitariste-de Sat affirme un peu plus son emprise sur les compositions du groupe. Et si, musicalement parlant, "La république des Météors" s'impose comme un des meilleurs opus de la formation, c'est sûrement en grande partie grâce à lui. Le guitariste est à la réalisation depuis "Alice et June" et apporte ses influences aux thèmes "sirkisiens", insufflant un peu d'air pur et de nouveauté à des compositions qu'on aurait sans celà l'impression d'avoir entendu 15 fois. Ainsi, comme "Alice et June", La république... recèlent une multitude de petites trouvailles musicales, que ce soit les ritournelles au glockenspiel, les airs de fanfares en fond, ou l'arrivée imprévue d'un ukulélé ou d'un accordéon. Grâce à ces arrangements toujours très soignés, la magie opère sur des morceaux pourtant un peu aventureux comme "Le grand soir", "la lettre de métal" ou "le dernier jour". Sur le thème de la guerre (qu'il avait déjà abordé, notamment à travers le conflit du Vietnam sur "Un Jour Dans Notre Vie", Sirkis parvient à créer l'émotion, et c'est finalement tout ce qu'on attend d'Indochine. Le groupe a toujours joué sur l'affect plus que sur l'intellect, et c'est son point fort. 
Son autre atout, ce sont bien sûr ces morceaux enlevés aux refrains qu'on retient en deux écoutes, et qui vous donnent toujours envie de sautiller. Le premier single de l'album "Little dolls" en fait partie, et s'il a donné la fausse impression que La république... serait une sorte d'Alice et June 2, "Republica", "Play Boy" ou la reprise de "Je t'aime tant" prouvent avant tout qu'Indochine fait toujours... de l'Indochine. On retrouve dans ces morceaux des éléments qui rappellent aussi bien "Dancetaria" que "Paradize", tout comme les premières notes de "Bye Bye Valentine" nous remémore inévitablement le joli "Tallula" de l'album précédent. Résultat, le titre devrait être rapidemment zappé au fil des écoutes tant il ne s'en dégage rien de nouveau. A l'inverse, les riffs lourds aux influences électro de "Les aubes sont mortes", le beau "L wolrd" composé avec sa compagne Gwen B (qu'on retrouve dans la reprise de "Je t'aime tant") ou le duo "Un ange à ma table" avec Suzanne Combo (plus connue comme la Sue de Pravda) devraient devenir des titres incontournables de la discographie indochinoise. 
La république des Météors est un disque qui mérite qu'on s'y attarde, car les premières écoutes ne sont pas flatteuses. Les morceaux d'ouverture ne sont pas les meilleurs et il faut du temps devant soi pour s'enfiler les 16 titres à la suite. Dommage, car c'est dans la deuxième moitié que l'album prend vraiment son envol. Il reste toutefois très inégal et loin d'atteindre l'intensité émotionelle d'Alice et June ou de Dancetaria, plus cohérents dans leur déroulement. (Elise).

TRACKLIST:

A1Republika Meteor Ouverture0:56
A2Go, Rimbaud Go!4:08
A3Junior Song3:09
A4Little Dolls4:37
B1Le Grand Soir3:43
B2Un Ange A Ma Table4:20
B3La Lettre De Métal3:41
B4Le Lac3:30
C1Republika4:15
C2Play Boy2:49
C3L World3:53
C4Je T'Aime Tant3:04
D1Bye Bye Valentine4:41
D2Les Aubes Sont Mortes4:04
D3Union War3:17
D4Le Dernier Jour5:37
D5Tom & Jerry