jeudi 7 février 2013

JM Jarre - Rendez-Vous



JEAN-MICHEL JARRE - RENDEZ-VOUS (1986)


Difficile de passer à côté de Rendez-vous lorsque l’on s’intéresse à Jean-Michel Jarre. Comme Oxygène, il fait partie de ces albums devenus des classiques et qui reçurent un très bon accueil à leur sortie. Pour ce qui est de Rendez-vous, il fut honoré de la Victoire de la Musique de la meilleure musique instrumentale 1986, et, bien qu’il soit un peu trop court à mon goût (35 minutes environ), il le mérite bien. Que dire de plus pour la petite histoire ? Qu’il fut enregistré en peu de temps, deux mois, en prévision des concerts de Lyon et de Houston (et dont on retrouvera la quasi intégralité sur le live de Lyon et Houston. Sans blague.). Que cet album est dédié aux astronautes qui périrent à bord de la navette spatiale Challenger le 28 janvier de la même année, et que l’un d’eux, Ron McNair, ami de l'artiste, devait jouer le solo de saxophone du Dernier Rendez-vous lors du voyage dans l’espace. Voilà pour les circonstances.

Rendez-vous est un hymne aux synthétiseurs et à l’électronique, qui tissent une trame stellaire, invitation au rêve intergalactique, sur laquelle viennent s’affirmer des mélodies mémorables. Six rendez-vous comme autant de témoignages de l’imagination fertile de leur auteur. Derrière l’aspect purement électronique, on sentira l’influence certaine de la musique classique et baroque, qui se ressent fortement sur des titres comme le fameux Second Rendez-vous ou encore sur le Troisième.

Tout d’abord, on entre dans l’album sur un son de basse, profond, lent, régulier, qui figure la respiration de quelqu’un d’endormi, qui se laisserait bercer par les oniriques accords du songe qui commence, puis les synthétiseurs aux sonorités plus claires s’élèvent dans l’atmosphère. Bienvenue au Premier Rendez-vous. Paisible entrée en matière, mise en bouche, si l’on peut dire, avant l’arrivée du plat principal.
Bientôt, le Second Rendez-vous succède au premier, climat grandiloquent, inquiétant, oppressant presque, frappé par l’urgence des claviers plaintifs et lyriques. On se croirait à l’écoute d’une toccata, à laquelle les arrangements électroniques confèreraient une aura de science-fiction. On appréciera les différents mouvements avec chacun leurs spécificités, présence de chœurs, synthétiques ou réels, break à la harpe laser, à faire frémir Dark Vador, évocation fugace de la respiration du Premier Rendez-vous, avant la reprise du thème pour un final chatoyant. Du grand art.

Le Troisième Rendez-vous calme le jeu cosmique avec un passage atmosphérique à la harpe laser, empreint de pesanteur et de pénombre. Dans ce cas précis, on pourrait penser à un requiem.
Puis retour à une dimension plus rock pour sa rythmique et sa construction, le Rendez-vous à ne pas manquer : le Quatrième, célèbre et accrocheur, avec sa mélodie entraînante, voire imparable. Il est inutile que je m’y perde en formules redondantes : il est excellent et archiconnu, que demander de plus ?
Le Cinquième Rendez-vous est plutôt planant, fragments de sons cristallins qui tintent en évoquant presque une chanson douce, une comptine, puis, passé le voile de souffles psychédéliques, fragments rétrospectifs, fugaces, d’extraits d’anciens morceaux, avant l’élan final un peu plus rapide et pesant.
Et c’est déjà le temps du Dernier Rendez-vous, célèbre aussi, et sa partie de saxophone sidéral, que l’on imaginerait très bien jouée dans l’espace, en apesanteur. Un morceau introspectif et mélancolique, rythmé par les palpitations lentes d’un coeur. Nous avons commencé le périple sur le souffle de la respiration, nous finissons sur des pulsations cardiaques, la boucle est bouclée, le voyage à la fois cosmique et humain est achevé, bon retour sur Terre.

Si le temps a continué sa marche immuable depuis, et même si la production paraîtra avoir un peu vieilli (rien à voir avec le petit dernier, Aero, par exemple), l’album tient encore cependant très bien la route, pour ne pas dire qu’il reste incontournable. Riche de son atmosphère envoûtante, parfois mystérieuse, parfois jubilatoire, Rendez-vous est à apprécier comme un sésame qui ouvre la dimension Jean-Michel Jarre.
Bon, j’avais prévu de terminer ma chronique sur un jeu de mot pourri, du style : "Un Rendez-vous à ne pas manquer donc, ne lui posez pas un lapin", ou encore, "Rendez-vous, vous êtes cerné !" ; mais suite aux menaces de la direction et un peu par orgueil personnel, ce ne sera pas le cas. On se contentera donc d’un :
Excellent album, à écouter encore et encore, pour la magie et le souvenir...


TRACKLIST :


A1First Rendez-Vous (Premier Rendez-Vous)2:53
A2Second Rendez-Vous (Second Rendez-Vous)10:53
A3Third Rendez-Vous (Troisième Rendez-Vous)3:28
B1Fourth Rendez-Vous (Quatrième Rendez-Vous)3:59
B2Fifth Rendez-Vous (Cinquième Rendez-Vous)7:56
B3Last Rendez-Vous (Dernier Rendez-Vous: "Ron's Piece")5:45




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