mardi 12 février 2013

JM JARRE - Equinoxe



JEAN-MICHEL JARRE - EQUINOXE (1978)


En 1977, tout sourit à Jean-Michel JARRE : Oxygène est un carton sans précédent, il est élu – un peu vite – homme de l'année par People et côté vie privée, ça roule avec Charlotte Rampling; c'est sûr que ça change des expérimentations peu convaincantes de Deserted Palace. Et du coup, que faire ? Un Oxygène-bis ? Non, du moins pas tout de suite. Jarre va faire mieux, mille fois mieux avec son troisième album, encore plus génial, répondant au nom d'Equinoxe.

Il est de coutume parmi les jarrophiles de débattre pendant des heures pour savoir qui d'Oxygène ou d'Equinoxe est le meilleur album; pour moi, c'est évidemment le second. Parce qu'il a été enregistré dans un vrai studio et pas dans une cuisine, peut-être ? Bien sûr que non, il est juste meilleur. Et les raisons sont simples. D'abord, l'album, de manière générale, est truffé d'effets sonores aquatiques du plus bel effet, renvoyant ainsi l'image traditionnelle du calme; ensuite, dans sa composition, Equinoxe est un album-concept censé transcrire une journée, ce qui se traduit par des morceaux calmes renvoyant à la nuit, et des morceaux enjoués, manifestes du jour (il faut reconnaitre que ça fait cliché). Enfin, celui qui a vraiment eu de l'importance, ici, c'est Michel Geiss, premier fidèle de Jarre qui s'est occupé des instruments, dont le Matrisequencer qu'il a inventé, et qui a donc fourni de pures merveilles.

Et donc, après presque une année de travail, voici le résultat, à savoir un album magnifique. Bon, après, JARRE ne s'embête pas pour les noms : huit pistes, l'album s'appelle Equinoxe, donc il les numérote Equinoxe 1, Equinoxe 2...ah, vivement Zoolook, pour de vrais titres ! Mais s'attarder là-dessus, c'est chercher la petite bête, et au vu des transitions, on a l'impression d'entendre deux morceaux de 19 minutes; des détails, vous dis-je.

La face A, soit les quatre premiers morceaux, est de loin la meilleure : cependant la première partie ne colle pas vraiment au reste de l'album, surtout avec cette séquence franchement énervante. Heureusement, la partie 2 rattrape largement avec des nappes calmes et apaisantes, agrémentées ça et là de bruitages assez pertinents; après, le morceau s'étire en longueur, mais se trouve du coup parfait en musique de fond. On peut dire la même chose pour la partie 3, sauf qu'il y a une jolie ritournelle donnant un côté romantique à souhait, rendant le morceau mélancolique, et de facto il en devient brillant. Et pour finir en beauté la face, la partie 4 d'Equinoxe, l'un de ses plus grands chefs-d'oeuvre ! Avec sa structure « couplet-refrain » (oui, c'est bizarre à dire pour de l'électro) et sa froideur calculée, on flirte avec les canons allemands de l'époque, en terme de qualité. Malheureusement, en live, il sera charcuté, sauf en Chine, en 1981. De manière générale, les parties 1 à 4 d'Equinoxe représentent de belle manière la nuit, et le soleil se levant sur un monde paisible et mélancolique.

Quant à la face B, il n'y a pas de quoi se dire « et là, c'est le drame », mais quand même. Bon, rien de bien méchant en ce qui concerne la partie 5 : en qualité de morceau placé en tube potentiel – c'est-à-dire en début de face B – il gère bien, mais sonne très daté et pour les esgourdes de 2012, ben ça fait carrément kitsch ! Mais ça passe quand même; quant à la partie 6, avec ses sonorités 8-bit, elle est assez marrante, bien que son côté suite de la partie 5 me chagrine. Par contre, je m'interroge en ce qui concerne la partie 7, longue et répétitive, et qui ne reflète que peu d'émotions, contrairement à ses semblables. Cependant, en replaçant dans le contexte, on peut alors y voir une folle et joyeuse journée se terminer en eau de boudin, mais ce n'est qu'interprétation qui peut quand même sauver le morceau au yeux de certains. Et pour terminer le voyage, la partie 8, avec ce bien chouette « intermède » électro-acoustique qu'est L'orchestre sous la pluie : joli morceau, mais sans plus, suivi par une conclusion minimaliste reprenant le thème de la partie 5, assez sombre pour le coup.

Dans l'ensemble, Equinoxe est donc un véritable monument de la musique électronique, bien imparfait par endroits, mais largement supérieur, de loin comme de près, à Oxygène; de plus, le concept d'album retraçant une journée – JARRE disait lui-même qu'on peut l'écouter quand on veut – est très bien ficelé. Rien que pour cela, les félicitations s'imposent. De plus, le français atteindra la consécration ultime avec son premier concert, et pas des moindres, en 1979 : un million de personnes (!) y assistent, et la télévision couvre l'événement; seul bémol, il n'y aura qu'un triste 45 tours pour seule trace auditive. JARRE, à cette époque, il réussit tout !


TRACKLIST :

A1
Equinoxe Part 1
A2
Equinoxe Part 2
A3
Equinoxe Part 3
A4
Equinoxe Part 4
B1
Equinoxe Part 5
B2
Equinoxe Part 6
B3
Equinoxe Part 7
B4
Equinoxe Part 8






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