dimanche 2 décembre 2012

Smashing Pumpkins - Oceania



THE SMASHING PUMPKINS – OCEANIA
Martha's Music ‎– MM 002 - 2 × Vinyl, Europe, 2012

Il y a généralement deux camps qui s'opposent quand on parle des Smashing Pumpkins depuis leur reformation, ou plutôt la reformation autour de la personne de Billy Corgan: ceux qui n'y croient plus et ceux qui veulent encore y croire. Les premiers estiment que chaque album et/ou chaque EP et/ou chaque single et/ou chaque chanson montre que Corgan, délaissé par ses anciens acolytes qui ne participent pas/plus à la supercherie, n'est plus que l'ombre de lui-même, n'est plus en mesure de composer ce rock puissant et à fleur de peau qui les caractérisait, lui et son groupe, durant les nineties. Les seconds se réjouissent à chaque nouvelle livraison; même si pour un certain nombre ils pensent que les Pumpkins c'était mieux avant, ils trouvent généralement de quoi se mettre sous la dent et, à l'écoute de "Spangled" ou de "Stellar", se convainquent que la reformation a finalement apporté de (très) bonnes choses. En 2009, le départ de Jimmy Chamberlin a un peu plus exacerbé la division entre les deux camps: le premier s'est vu conforté dans l'idée que toute cette reformation n'est que du toc, que le nom est resté mais que l'âme est partie.

Mardi 12 juin 2012, le tant attendu (depuis un an tout de même) deuxième album post-reformation, Oceania, est mis en écoute intégrale sur iTunes. Décrit comme un "album within an album", Oceania fait partie du grand projet Teargarden by Kaleidyscope débuté fin 2009 et supposé comprendre à terme quarante-quatre chansons. On retrouve donc nos deux camps: d'un côté, les défaitistes : "j'écoute l'album, mais je suis sûr que je trouverai ça nul"; de l'autre, les optimistes: "j'espère que l'album sera bon."
Il y a quelques mois, Corgan a affirmé qu'Oceania était le meilleur album du groupe depuis Mellon Collie and the Infinite Sadness: les défaitistes ricanent doucement, les optimistes espèrent: il ne leur reste plus que ça. Tous attendent de voir, d'écouter, c'est ce qu'ils partagent encore.

L'album s'ouvre sur "Quasar", probablement le morceau le plus rock de l'album et également l'un des plus largement dispensables: un rock-toc agressif, guitares rugissantes et mélodie sans saveur. Sans doute la plus mauvaise introduction dans toute la discographie des Citrouilles : "Doomsday Clock" sur Zeitgeist avait déjà plus de gueule. Dans le premier camp, on pousse un soupir teinté d'auto-contentement. Pourtant, tout comme cela avait été le cas avec Zeitgeist, la catastrophe annoncée n'aura pas complètement lieu. À nouveau, Billy Corgan parvient à sauver la vieille maison Pumpkins du déshonneur. Si l'opus démarre d'une façon peu engageante, le coeur d'Oceania contient quelques bon morceaux: on pense tout d'abord à "Pinwheels" et sa longue intro qui rappelle vaguement le "Baba O'Riley" des Who. On pense aussi au pop "One Diamond, One Heart", teinté de synthés, qui certes se révèle être facile mais n'échappe pas à une réelle efficacité. On pense également à "Pale Horse" ou au radio-friendly "My Love Is Winter". L'album s'achève enfin sur "Wildflower", une autre réussite pour ceux qui apprécient le côté ouvertement pompeux de Corgan, fait de cordes et de solos de guitare. Si depuis Siamese Dream, les Pumpkins ont glissé dans chacun de leurs albums une chanson approchant les dix minutes, que l'on peut considérer comme une chanson-synthèse pour exprimer l'identité de l'album (ici, c'est le très joli morceau-titre "Oceania" dont on regrette cependant la fin en fade-out), Corgan semble proposer une nouvelle tradition de chansons de fermeture depuis Zeitgeist, tant "Wildflower" fait écho au beau "Pomp and Circumstances" jusqu'au solo qui terminent les deux titres.

Au final, ce n'est pas Oceania qui permettra de redorer les lettres des Smashing Pumpkins, ni de les enterrer complètement, ni enfin de donner raison à l'un ou l'autre camp que nous avons défini au début de cette chronique: certains trouveront que cette nouvelle galette a un goût gerbant, ou tout au mieux très fade; d'autres lui trouveront des saveurs (très) intéressantes. Billy Corgan a cependant trouver une parade pour rassembler nos deux camps sur un point et de les faire communier sur le nom de son bon vieux groupe: en 2012, que l'on croie ou non aux perspectives d'avenir du groupe ou que l'on s'interroge sur le bien-fondé de la reformation, on se réjouira à l'écoute des rééditions deluxe des anciens albums, remplies d'inédits, qui paraissent depuis fin 2011 et paraîtront normalement jusque fin 2013. Que l'on s'interroge sur l'intérêt des Smashing Pumpkins version 2012 ou non, c'est d'un certain point de vue peut-être aussi cette actualité qui permet au passé d'exister dans le présent, d'y briller encore et, on le voudrait, éternellement. C'est aussi la parution de nouveaux albums, honnêtes, qui procure un sentiment de bien-être à l'écoute des Smashing Pumpkins, qui donne à ce sentiment un sens qui n'est pas empreint de passéisme. (par Rebecca Carlson).



Tracklist:

A1       Quasar                                  
A2       Panopticon                         
A3       The Celestials                   
A4       Violet Rays
                           
B1       My Love Is Winter                
B2       One Diamond, One Heart
B3       Pinwheels
                          
C1       Oceania                             
C2       Pale Horse                         
C3       The Chimera
                                    
D1       Glissandra                            
D2       Inkless  
D3       Wildflower                            





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