lundi 3 décembre 2012

NOIR DESIR - Veuillez rendre l'âme a qui elle appartient.




NOIR DESIR -  VEUILLEZ RENDRE L'AME A QUI ELLE APPARTIENT (1989)


A sa sortie en 1989, cet album est salué par la critique. Et pour cause : c'est le vrai début de l'aventure médiatique Noir Désir ! C'est l'époque de l'affirmation et de la consécration. Le single, "Aux sombres héros de l'amer" se classe au top 50 et le groupe est même récompensé par la presse spécialisée qui lui attribue le Bus d'acier. Cet album transpire, au sens propre comme au sens figuré. Il transpire tout d'abord d'inspirations larges pour les textes, de Lautréamont à Maïakovski. On y aborde à plusieurs reprises le thème de la mort, du suicide à l'assassinat, de vies en souffrance, en demi-teinte, où la lassitude de l'ennui se mêle douloureusement à la rage d'exister. Quant aux compositions musicales, elles enjambent plusieurs influences du rock underground en surfant sur la vague de la chanson de marins ("Aux sombres héros de l'amer") aussi bien que sur celle du rock saignant au romantisme sombre et écorché ("Sweet Mary"). Des sonorités mal-léchées de guitares saturées font beaucoup penser au rock américain des années 70 ("Les écorchés"). L'interprétation de Bertrand Cantat y est aussi pour beaucoup, sa voix faisant penser sur certains titres à celle de Jim Morrison des Doors ("Sweet Mary").

Les quatre musiciens nous baladent dans un train de désespoir rageur au travers des grandes plaines d'un Far-West imaginaire fait de zones arides, désertiques, chaudes et morbides où des cadavres d'hommes saignent encore, puis entrent en putréfaction sous l'effet de la chaleur de midi et sous les cris avides des vautours qui les survolent. On retrouve cette ambiance dans certains des textes : "Joey I" ("Il y a trois déserts à traverser encore"), "Joey II" ("Dans la chaleur de l'été, les os des hommes pourrissaient"), "La chaleur" ("Cette chaleur, c'est ce démon dans son sang à elle"). Toutefois, c'est surtout la musique qui inspire de telles images. On peut citer en exemple "Joey I" et ses percussions qui rythment des chœurs imitant étrangement les chants d'indiens qui invoqueraient la clémence de leurs dieux autour du totem ; "Le fleuve" y contribue aussi avec des guitares cinglantes qui déraillent, qui saturent, signe de la souffrance de l'éternel insatisfait qui se rebelle insatiablement contre ce que la vie lui a donné, contre le trop peu que la vie lui a donné ; citons enfin "La chaleur", morceau alternant lenteur, lourde et lanscinante, avec une excitation bouillonnante qui semble incontrôlable. Cette impression est amplifiée par la présence d'un harmonica tout au long du disque qui ajoute au côté vibrant des guitares et à la forte impression laissée par les sons bruts de la batterie.

Bien que souffrant de quelques défauts ("Sweet Mary" se termine vite et de façon assez maladroite; bien que "sauvé" par un joli solo à l'harmonica, "Apprends à dormir" pêche par une compo assez banale, moins puissante que l'ensemble), Noir Désir s'affirme ici comme un des seuls groupes de rock français digne de ce nom, mêlant allègrement textes en français et paroles en anglais sur des musiques sombres, vibrantes et énervées qui ravissent les tympans.


TRACKLIST:


A1A L'Arrière Des Taxis3:10
A2Aux Sombres Héros De L'Amer2:58
A3Le Fleuve3:48
A4What I Need3:23
A5Apprends A Dormir3:01
A6Sweet Mary2:01
B1La Chaleur3:39
B2Les Ecorchés4:09
B3Joey I3:00
B4Joey II2:25
B5The Wound4:36





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