THE SMASHING PUMPKINS – OCEANIA
Martha's Music – MM 002 - 2 × Vinyl, Europe, 2012
Martha's Music – MM 002 - 2 × Vinyl, Europe, 2012
Il y a généralement deux
camps qui s'opposent quand on parle des Smashing Pumpkins depuis leur
reformation, ou plutôt la reformation autour de la personne de Billy Corgan:
ceux qui n'y croient plus et ceux qui veulent encore y croire. Les premiers
estiment que chaque album et/ou chaque EP et/ou chaque single et/ou chaque
chanson montre que Corgan, délaissé par ses anciens acolytes qui ne participent
pas/plus à la supercherie, n'est plus que l'ombre de lui-même, n'est plus en
mesure de composer ce rock puissant et à fleur de peau qui les caractérisait,
lui et son groupe, durant les nineties. Les seconds se réjouissent à chaque
nouvelle livraison; même si pour un certain nombre ils pensent que les Pumpkins
c'était mieux avant, ils trouvent généralement de quoi se mettre sous la dent
et, à l'écoute de "Spangled" ou de "Stellar", se
convainquent que la reformation a finalement apporté de (très) bonnes choses.
En 2009, le départ de Jimmy Chamberlin a un peu plus exacerbé la division entre
les deux camps: le premier s'est vu conforté dans l'idée que toute cette
reformation n'est que du toc, que le nom est resté mais que l'âme est partie.
Mardi 12 juin 2012, le tant
attendu (depuis un an tout de même) deuxième album post-reformation, Oceania,
est mis en écoute intégrale sur iTunes. Décrit comme un "album within an
album", Oceania fait partie du grand projet Teargarden by Kaleidyscope
débuté fin 2009 et supposé comprendre à terme quarante-quatre chansons. On
retrouve donc nos deux camps: d'un côté, les défaitistes : "j'écoute
l'album, mais je suis sûr que je trouverai ça nul"; de l'autre, les
optimistes: "j'espère que l'album sera bon."
Il y a quelques mois, Corgan
a affirmé qu'Oceania était le meilleur album du groupe depuis Mellon Collie and
the Infinite Sadness: les défaitistes ricanent doucement, les optimistes
espèrent: il ne leur reste plus que ça. Tous attendent de voir, d'écouter,
c'est ce qu'ils partagent encore.
L'album s'ouvre sur
"Quasar", probablement le morceau le plus rock de l'album et
également l'un des plus largement dispensables: un rock-toc agressif, guitares
rugissantes et mélodie sans saveur. Sans doute la plus mauvaise introduction
dans toute la discographie des Citrouilles : "Doomsday Clock" sur
Zeitgeist avait déjà plus de gueule. Dans le premier camp, on pousse un soupir
teinté d'auto-contentement. Pourtant, tout comme cela avait été le cas avec
Zeitgeist, la catastrophe annoncée n'aura pas complètement lieu. À nouveau,
Billy Corgan parvient à sauver la vieille maison Pumpkins du déshonneur. Si
l'opus démarre d'une façon peu engageante, le coeur d'Oceania contient quelques
bon morceaux: on pense tout d'abord à "Pinwheels" et sa longue intro
qui rappelle vaguement le "Baba O'Riley" des Who. On pense aussi au
pop "One Diamond, One Heart", teinté de synthés, qui certes se révèle
être facile mais n'échappe pas à une réelle efficacité. On pense également à
"Pale Horse" ou au radio-friendly "My Love Is Winter".
L'album s'achève enfin sur "Wildflower", une autre réussite pour ceux
qui apprécient le côté ouvertement pompeux de Corgan, fait de cordes et de
solos de guitare. Si depuis Siamese Dream, les Pumpkins ont glissé dans chacun
de leurs albums une chanson approchant les dix minutes, que l'on peut
considérer comme une chanson-synthèse pour exprimer l'identité de l'album (ici,
c'est le très joli morceau-titre "Oceania" dont on regrette cependant
la fin en fade-out), Corgan semble proposer une nouvelle tradition de chansons
de fermeture depuis Zeitgeist, tant "Wildflower" fait écho au beau
"Pomp and Circumstances" jusqu'au solo qui terminent les deux titres.
Au final, ce n'est pas
Oceania qui permettra de redorer les lettres des Smashing Pumpkins, ni de les
enterrer complètement, ni enfin de donner raison à l'un ou l'autre camp que
nous avons défini au début de cette chronique: certains trouveront que cette
nouvelle galette a un goût gerbant, ou tout au mieux très fade; d'autres lui
trouveront des saveurs (très) intéressantes. Billy Corgan a cependant trouver
une parade pour rassembler nos deux camps sur un point et de les faire
communier sur le nom de son bon vieux groupe: en 2012, que l'on croie ou non
aux perspectives d'avenir du groupe ou que l'on s'interroge sur le bien-fondé
de la reformation, on se réjouira à l'écoute des rééditions deluxe des anciens
albums, remplies d'inédits, qui paraissent depuis fin 2011 et paraîtront
normalement jusque fin 2013. Que l'on s'interroge sur l'intérêt des Smashing
Pumpkins version 2012 ou non, c'est d'un certain point de vue peut-être aussi
cette actualité qui permet au passé d'exister dans le présent, d'y briller
encore et, on le voudrait, éternellement. C'est aussi la parution de nouveaux
albums, honnêtes, qui procure un sentiment de bien-être à l'écoute des Smashing
Pumpkins, qui donne à ce sentiment un sens qui n'est pas empreint de passéisme. ( par Rebecca Carlson).
Tracklist:
A1 Quasar
A2 Panopticon
A3 The
Celestials
A4 Violet
Rays
B1 My Love
Is Winter
B2 One
Diamond, One Heart
B3 Pinwheels
C1 Oceania
C2 Pale
Horse
C3 The
Chimera
D1 Glissandra
D2 Inkless
D3 Wildflower
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