PINK FLOYD - A MOMENTARY LAPSE OF REASON (1987)
A Momentary Lapse Of Reason est fréquemment cité sur la liste des moins bons albums de Pink Floyd, souvent même en tête de cette liste. Avec un argument qui revient toujours : ce n’est pas un album de Pink Floyd mais un album de David Gilmour déguisé en album de Pink Floyd. Argument valable quoiqu’insuffisant. Techniquement, en 1985, le groupe n’existe plus. Rien ne s’est passé depuis la sortie de The Final Cut et chacun a travaillé de son côté sur des projets solos. Toutefois, dans l’esprit de David Gilmour, il y aura un futur pour Pink Floyd. Il attend tranquillement que Roger Waters amène une nouvelle idée ou bien qu’il se décide à quitter le groupe. En attendant il écrit de quoi faire un autre album solo. Pour Nick Mason les choses sont du même ordre. Si Pink Floyd repart, il en sera. En ce qui concerne Rick Wright la situation est claire puisqu’il ne fait plus partie du groupe depuis les concerts de The Wall. Reste Roger Waters qui tergiverse. Il n’a plus l’envie de travailler avec ses acolytes mais est conscient de ce qu’il risque de perdre. D’autant que Gilmour l’a prévenu : « Si tu t’en vas, on continuera sans toi ». Chose impensable pour le bassiste. Mais si son compère était sérieux ? Comment pourrait-il envisager sereinement une carrière solo alors que Pink Floyd existerait toujours ?
Il se décide finalement à quitter le groupe à la fin de l’année. Comme annoncé, David Gilmour fait part de son intention de continuer et ne tarde pas à rallier Nick Mason et l’entourage du groupe à sa cause. Waters prend cela comme une déclaration de guerre et porte l’affaire devant la justice. Selon lui Pink Floyd ne peut exister sans lui, ce qui n’est bien-sûr pas l’avis des autres. Mais au-delà de la querelle judiciaire, c’est aussi une compétition artistique qui se lance. Le bassiste travaille d’arrache-pied sur Radio K.A.O.S. qui mettra, il en est sûr, une belle pâtée au futur album de ses concurrents, forcément insipide. David Gilmour adopte lui une stratégie différente : c’est sur scène que Pink Floyd se refera un nom. L’album sera avant tout un prétexte à repartir en tournée. Et ça tombe bien, il a déjà un album solo bien avancé. Ne reste plus qu’à le retravailler et le réadapter au cadre Pink Floyd, ce qui suffira amplement dans cette optique.
Après quelque temps à retoucher cette musique, le voila qui rassemble ses compères pour enregistrer le disque. Nick Mason d’abord, puis par la suite Rick Wright. Si celui-ci ne peut être juridiquement réintégré au groupe, sa présence vaut caution morale pour ce nouvel album. Problème : à force de ne plus jouer, les deux musiciens en ont perdu leur technique. C’est du moins l’avis du guitariste qui parlera d’état catatonique de ses deux collègues, ce que Mason réfutera. Quoiqu’il en soit ce dernier délaissera quasiment sa batterie pour se consacrer aux effets sonores. Quant à Wright sa participation relève plutôt de celle d’un musicien additionnel. Ce sont en fait des musiciens de studio qui se sont chargés d'accompagner le nouveau maître du Floyd. Alors album solo de Gilmour maquillé en Pink Floyd : on y est complètement.
Cela dit est-ce un problème ? Les précédents albums ( The Final Cut bien-sûr, mais aussi The Wall et même Animals d’après Gilmour) peuvent être vus comme des albums solos de Roger Waters grimés en Pink Floyd. Pourquoi ce qui n’a pas forcément posé problème avant poserait-il problème désormais ? De plus, il y a quelque chose d’éminemment floydien sur A Momentary Lapse Of Reason, qui lui confère une place légitime au sein de cette immense discographie. Ce ne sont certes pas les paroles (arrête de rire Roger !) mais plutôt cette volonté d’avancer techniquement, d’aller vers la perfection sonore avec le matériel disponible. Le problème est que si cette volonté a pu donner des choses merveilleuses avec l’environnement des années 70, les années 80 étant ce qu’elles furent, cette démarche ne pouvait que déboucher sur un produit conforme à l’air du temps, plutôt repoussant des années après.
Car cette décennie ce fut un peu le règne de la machine sur l’humain. Des synthés et des effets sonores utilisés pour obtenir un son et des ambiances de robots : métalliques, froids et sans-âmes. Rythmiquement, mélodiquement et instrumentalement, une grande partie du disque tombe dans ce néfaste projet. Celui-ci sonne du coup bien plus daté que la plupart des autres du Floyd, qui possédaient ce côté intemporel propre aux grandes oeuvres. A moins d’apprécier particulièrement ces ambiances façon Blade Runner typiques de l’époque, on a désormais du mal à s’accrocher à l’album. Même la guitare de Gilmour, que l’on aurait attendu au premier plan au vu des circonstances, s’efface derrière cet informe bouillie sonore. Pourtant c’est bien elle qui, relevant de temps à autre la tête sous le poids de ces chaines musicales, offre au disque quelques moments de liberté où la magie opère à nouveau. De bien trop courts instants de lucidité qui sauvent pourtant l’album du ratage total et redonnent un peu d'espoir à l'auditeur.
Mais en réalité l’essentiel est ailleurs. Qu’importe la qualité du disque à l’épreuve du temps, car à l’époque elle était grande. Ce qui explique son succès : A momentary Lapse Of Reason explosera sans forcer The Final cut, tous les albums solos et surtout Radio K.A.O.S. De quoi partir sereinement en tournée dans la foulée. Une tournée gigantesque, à la pointe de la technique et de l’affluence, en forme de coup de sifflet final d’une lutte qui s’achève sur une victoire sans appel de Gilmour face à Waters : Pink Floyd existe toujours et c’est bien là le plus important. (Captain Destroy).
Il se décide finalement à quitter le groupe à la fin de l’année. Comme annoncé, David Gilmour fait part de son intention de continuer et ne tarde pas à rallier Nick Mason et l’entourage du groupe à sa cause. Waters prend cela comme une déclaration de guerre et porte l’affaire devant la justice. Selon lui Pink Floyd ne peut exister sans lui, ce qui n’est bien-sûr pas l’avis des autres. Mais au-delà de la querelle judiciaire, c’est aussi une compétition artistique qui se lance. Le bassiste travaille d’arrache-pied sur Radio K.A.O.S. qui mettra, il en est sûr, une belle pâtée au futur album de ses concurrents, forcément insipide. David Gilmour adopte lui une stratégie différente : c’est sur scène que Pink Floyd se refera un nom. L’album sera avant tout un prétexte à repartir en tournée. Et ça tombe bien, il a déjà un album solo bien avancé. Ne reste plus qu’à le retravailler et le réadapter au cadre Pink Floyd, ce qui suffira amplement dans cette optique.
Après quelque temps à retoucher cette musique, le voila qui rassemble ses compères pour enregistrer le disque. Nick Mason d’abord, puis par la suite Rick Wright. Si celui-ci ne peut être juridiquement réintégré au groupe, sa présence vaut caution morale pour ce nouvel album. Problème : à force de ne plus jouer, les deux musiciens en ont perdu leur technique. C’est du moins l’avis du guitariste qui parlera d’état catatonique de ses deux collègues, ce que Mason réfutera. Quoiqu’il en soit ce dernier délaissera quasiment sa batterie pour se consacrer aux effets sonores. Quant à Wright sa participation relève plutôt de celle d’un musicien additionnel. Ce sont en fait des musiciens de studio qui se sont chargés d'accompagner le nouveau maître du Floyd. Alors album solo de Gilmour maquillé en Pink Floyd : on y est complètement.
Cela dit est-ce un problème ? Les précédents albums ( The Final Cut bien-sûr, mais aussi The Wall et même Animals d’après Gilmour) peuvent être vus comme des albums solos de Roger Waters grimés en Pink Floyd. Pourquoi ce qui n’a pas forcément posé problème avant poserait-il problème désormais ? De plus, il y a quelque chose d’éminemment floydien sur A Momentary Lapse Of Reason, qui lui confère une place légitime au sein de cette immense discographie. Ce ne sont certes pas les paroles (arrête de rire Roger !) mais plutôt cette volonté d’avancer techniquement, d’aller vers la perfection sonore avec le matériel disponible. Le problème est que si cette volonté a pu donner des choses merveilleuses avec l’environnement des années 70, les années 80 étant ce qu’elles furent, cette démarche ne pouvait que déboucher sur un produit conforme à l’air du temps, plutôt repoussant des années après.
Car cette décennie ce fut un peu le règne de la machine sur l’humain. Des synthés et des effets sonores utilisés pour obtenir un son et des ambiances de robots : métalliques, froids et sans-âmes. Rythmiquement, mélodiquement et instrumentalement, une grande partie du disque tombe dans ce néfaste projet. Celui-ci sonne du coup bien plus daté que la plupart des autres du Floyd, qui possédaient ce côté intemporel propre aux grandes oeuvres. A moins d’apprécier particulièrement ces ambiances façon Blade Runner typiques de l’époque, on a désormais du mal à s’accrocher à l’album. Même la guitare de Gilmour, que l’on aurait attendu au premier plan au vu des circonstances, s’efface derrière cet informe bouillie sonore. Pourtant c’est bien elle qui, relevant de temps à autre la tête sous le poids de ces chaines musicales, offre au disque quelques moments de liberté où la magie opère à nouveau. De bien trop courts instants de lucidité qui sauvent pourtant l’album du ratage total et redonnent un peu d'espoir à l'auditeur.
Mais en réalité l’essentiel est ailleurs. Qu’importe la qualité du disque à l’épreuve du temps, car à l’époque elle était grande. Ce qui explique son succès : A momentary Lapse Of Reason explosera sans forcer The Final cut, tous les albums solos et surtout Radio K.A.O.S. De quoi partir sereinement en tournée dans la foulée. Une tournée gigantesque, à la pointe de la technique et de l’affluence, en forme de coup de sifflet final d’une lutte qui s’achève sur une victoire sans appel de Gilmour face à Waters : Pink Floyd existe toujours et c’est bien là le plus important. (Captain Destroy).
TRACKLIST :
A1 Signs Of Life
A2 Learning To Fly
A3 The Dogs Of war
A4 One Slip
A5 On The Turning Away
B1 Yet Another Movie
B2 Round And Around
B3 A New Machine Part 1
B4 Terminal Frost
B5 A New Machine Part 2
B6 Sorrow
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire