DIRE STRAITS - ALCHEMY LIVE (1984)
Après quatre albums de bonne voire d’excellente
facture, il ne manquait qu’un double live à DIRE STRAITS pour marquer
définitivement les esprits. En 1983, nos cinq rockeurs britanniques achèvent la
tournée européenne de Love Over Gold par deux dates estivales au légendaire
Hammersmith Odeon de Londres. Il fallait au moins ça pour un double digne de ce
nom : le public de l’Hammy-O trépigne, siffle, crie, chante en chœur, que le
morceau soit calme ou non. Point d’orgue du début de carrière d’un groupe qui
tranche avec son époque, Alchemy fait la part belle à Love Over Gold et Making
Movies, sans éclipser complètement les deux premiers essais de la Knopfler
Company.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les tubes
sont là. « Romeo And Juliet » est égal à lui-même : apaisant, mélancolique,
lyrique… On peut glisser perfidement que, de toute façon, un certain William
S., génie de son état, avait déjà mâché le travail. Il suffisait alors de
fermer les yeux et de se mettre à jouer (argument déjà entendu au détour d’un
comptoir). « Sultans Of Swing » lui, ne doit rien à un géant de la littérature
et ne démérite pas pour autant. Mieux encore, le solo final prend une toute
autre envergure en live, les notes s’enchaînent frénétiquement après un break
calme inédit, pour le plus grand bonheur d’un public visiblement extatique.
Les fioritures, les ajouts, les notes de bas page,
c’est un peu ce qui fait l’âme d’Alchemy. DIRE STRAITS s’éloigne visiblement de
la précision et de la méthode parfois aseptisées de ses albums pour laisser
libre court à un penchant plus bordélique (tout est relatif, le Free Jazz est
encore loin). « Tunnel Of Love » se trouve ainsi allongé de six bonnes minutes,
soit autant de constructions et d’épanchements aussi inutiles que délicieux. De
la même manière, « Once Upon A Time The West », « Telegraph Road » ou encore «
Going Home » rompent parfois avec le minimalisme pour quelques notes
salvatrices de saxo ou de piano, ou plus vraisemblablement de clavier réglé sur
imitation piano, années 80 obligent.
Volontiers contemplatif et apaisé, Alchemy reprend du
poil de la bête sur « Expresso Love » et « Solid Rock », histoire de mettre un
bon coup de santiag imitation croco dans le derrière des ronfleurs. La belle
image estampillée « Mainstream America » que voilà, tout ça pour dire que
derrière la profusion de nappes de synthés, les fondamentaux tiennent le coup.
Le dialogue, ou plutôt le monologue entre KNOPFLER chanteur et KNOPFLER
guitariste est toujours bien présent. On passe d’un solo à l’autre avec
délectation, pour peu que le style du bonhomme soit votre tasse de thé (et je
connais des allergiques incurables).
Boursouflé, prétentieux, simpliste, lourd, les
critiques contradictoires sur ce double live ne manquent pas. Pourtant, avec
Alchemy, DIRE STRAITS réalise ce que je considère comme son seul indispensable.
C’est bien simple, chacun des onze titres qui le composent prend une autre
dimension dans l’atmosphère électrique de l’Hammersmith Odeon. Passerelle
idéale pour découvrir le groupe, live classieux, obèse courbé par le poids des
flatteries ou monument de la musique de papa, il va falloir choisir son camp. 1
: jogging, 2 : Björn Borg, 3 : Sultan Of Swing, je choisis le monument. (SASKATCHEWAN).
TRACKLIST :
A1 | Once Upon A Time In The West | |||
A2 | Romeo And Juliet | |||
B1 | Expresso Love | |||
B2 | Private Investigations | |||
B3 | Sultans Of Swing | |||
C1 | Two Young Lovers | |||
C2 | Tunnel Of Love | |||
D1 | Telegraph Road | |||
D2 | Solid Rock | |||
D3 | Going Home - Theme From 'Local Hero' |
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