jeudi 6 décembre 2012

Dire Straits - Alchemy



DIRE STRAITS - ALCHEMY LIVE (1984)

Après quatre albums de bonne voire d’excellente facture, il ne manquait qu’un double live à DIRE STRAITS pour marquer définitivement les esprits. En 1983, nos cinq rockeurs britanniques achèvent la tournée européenne de Love Over Gold par deux dates estivales au légendaire Hammersmith Odeon de Londres. Il fallait au moins ça pour un double digne de ce nom : le public de l’Hammy-O trépigne, siffle, crie, chante en chœur, que le morceau soit calme ou non. Point d’orgue du début de carrière d’un groupe qui tranche avec son époque, Alchemy fait la part belle à Love Over Gold et Making Movies, sans éclipser complètement les deux premiers essais de la Knopfler Company.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les tubes sont là. « Romeo And Juliet » est égal à lui-même : apaisant, mélancolique, lyrique… On peut glisser perfidement que, de toute façon, un certain William S., génie de son état, avait déjà mâché le travail. Il suffisait alors de fermer les yeux et de se mettre à jouer (argument déjà entendu au détour d’un comptoir). « Sultans Of Swing » lui, ne doit rien à un géant de la littérature et ne démérite pas pour autant. Mieux encore, le solo final prend une toute autre envergure en live, les notes s’enchaînent frénétiquement après un break calme inédit, pour le plus grand bonheur d’un public visiblement extatique.

Les fioritures, les ajouts, les notes de bas page, c’est un peu ce qui fait l’âme d’Alchemy. DIRE STRAITS s’éloigne visiblement de la précision et de la méthode parfois aseptisées de ses albums pour laisser libre court à un penchant plus bordélique (tout est relatif, le Free Jazz est encore loin). « Tunnel Of Love » se trouve ainsi allongé de six bonnes minutes, soit autant de constructions et d’épanchements aussi inutiles que délicieux. De la même manière, « Once Upon A Time The West », « Telegraph Road » ou encore « Going Home » rompent parfois avec le minimalisme pour quelques notes salvatrices de saxo ou de piano, ou plus vraisemblablement de clavier réglé sur imitation piano, années 80 obligent.

Volontiers contemplatif et apaisé, Alchemy reprend du poil de la bête sur « Expresso Love » et « Solid Rock », histoire de mettre un bon coup de santiag imitation croco dans le derrière des ronfleurs. La belle image estampillée « Mainstream America » que voilà, tout ça pour dire que derrière la profusion de nappes de synthés, les fondamentaux tiennent le coup. Le dialogue, ou plutôt le monologue entre KNOPFLER chanteur et KNOPFLER guitariste est toujours bien présent. On passe d’un solo à l’autre avec délectation, pour peu que le style du bonhomme soit votre tasse de thé (et je connais des allergiques incurables).

Boursouflé, prétentieux, simpliste, lourd, les critiques contradictoires sur ce double live ne manquent pas. Pourtant, avec Alchemy, DIRE STRAITS réalise ce que je considère comme son seul indispensable. C’est bien simple, chacun des onze titres qui le composent prend une autre dimension dans l’atmosphère électrique de l’Hammersmith Odeon. Passerelle idéale pour découvrir le groupe, live classieux, obèse courbé par le poids des flatteries ou monument de la musique de papa, il va falloir choisir son camp. 1 : jogging, 2 : Björn Borg, 3 : Sultan Of Swing, je choisis le monument. (SASKATCHEWAN).



TRACKLIST :

A1Once Upon A Time In The West
A2Romeo And Juliet
B1Expresso Love
B2Private Investigations
B3Sultans Of Swing
C1Two Young Lovers
C2Tunnel Of Love
D1Telegraph Road
D2Solid Rock
D3Going Home - Theme From 'Local Hero'





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