PINK FLOYD -THE FINAL CUT (1983)
Voici probablement l'album le plus oublié de la discographie de Pink Floyd. Oui, plus oublié encore qu'Obscured By Clouds. Sorti en 1983 sous une pochette qui, il me semble, montre des décorations militaires britanniques, The Final Cut est, en fait, plus un virtuel album solo de Roger Waters (qui a tout signé, même si David Gilmour a des crédits sur « Not Now John ») qu'un disque de Pink Floyd, ce qu'il est pourtant, officiellement parlant. A la base, l'album ne contenait que 12 titres, « When The Tigers Broke Free » n'ayant été rajouté que sur les récentes rééditions CD (ce n'est pas un mal, la chanson, entendue dans le film Pink Floyd, The Wall d'Alan Parker, étant juste sublime). A propos de ce film, il faut savoir qu'à la base,The Final Cut était pensé pour être la musique du film de Parker (les 13 morceaux ayant été composés en 1981-82 par Waters dans ce but), ce qui explique que « When The Tigers Broke Free », absent du vinyle initial, soit dans le film. Waters a probablement préféré sortir les chansons en un album plutôt que de décontenancer les fans de The Wall en les mettant dans le film en lieu et place des chansons de The Wall.
C'est l'album le moins floydien du groupe, ce qui explique son statut très peu estimé dans la légende floydienne. Pas de Rick Wright ici, le claviériste ayant été viré par Waters en 1981, après la tournée de The Wall. Nick Mason (batterie) est là (c'est le seul membre de Pink Floyd à être sur l'ensemble des albums du groupe), mais la batterie n'est pas tenue que par lui ici : Andy Newmark la tient sur « Two Suns In The Sunset », et Ray Cooper est crédité en tant que percussionniste supplémentaire. Précisons aussi que Michael Kamen et Andy Bown tiennent les claviers. Plus un orchestre philharmonique, dirigé par Kamen. On entend peu la guitare de Gilmour, mais il offre quand même de bons passages (« Not Now John », titre très rock, « The Final Cut » ou « The Gunner's Dream »).
Bien entendu, le chant est intégralement tenu par Waters, ici en total état de grâce, il faut bien l'avouer (je n'ai, personnellement, aucun mal à l'avouer, étant raide dingue de cet album). The Final Cut est un disque contestataire, engagé et sombre, un requiem pour le rêve d'après la guerre, comme dit sur la pochette (et un album dédié au père de Waters, Eric Fletcher Waters, décédé pendant la seconde guerre mondiale, à Anzio, la chanson « When The Tigers Broke Free » y fait explicitement référence, et le film de Parker, durant le passage avec cette chanson, aussi). C'est un disque qui sera vivement critiqué à sa sortie, tant du point de vue de son statut par rapport aux autres albums du groupe (aucun point de comparaison musical) que par les messages qu'il véhicule.
En 1983, année de sortie de l'album, l'Angleterre est sous la coupe de Margaret Thatcher, la fameuse Miss Maggie (pas très) chère à Renaud. Récession économique, chômage, la Dame de Fer mènera une politique contestée. L'Angleterre, et ce n'est pas du football, affrontera aussi l'Argentine pour les Malouines, le match sera nul, et on comptera des morts et blessés pour rien. Et une sévère et farouche mésentente entre l'Argentine et la perfide Albion. The Final Cut critique ouvertement la guerre des Malouines par le biais de « The Post War Dream » (What have we done, Maggie what have we done to England ?) ou de « Get Your Filthy Hands Off My Desert » et du cynique et mélancolique « The Fletcher Memorial Home » dont le titre, encore, est un hommage de Waters au père qu'il n'a jamais connu.
L'album aligne les perles noires comme sur un collier. Les chansons sont déchirantes, et la voix de Waters (qui, souvent, glapit plus qu'il ne chante, et même, des fois, hurle) les rend encore plus déchirantes. Comment ne pas frissonner à l'écoute de « The Gunner's Dream » (And no-one kills the children anymore), de « Your Possible Pasts », de « When The Tigers Broke Free » (And that's how the High Command took my daddy from me), de « Two Suns In The Sunset » (qui nous rappelle que, ennemis ou amis, bons ou mauvais, la mort nous rend tous égaux, citation qui n'est pas sans me rappeler celle que Kubrick avait utilisé à la fin de son magistral Barry Lyndon en 1975)... et enfin, et surtout, « The Final Cut », chanson qui me fait pleurer à chaque écoute. La voix plaintive de Roger Waters, l'orchestre, les paroles tragiques (allusion au suicide, même si The Final Cutsignifie aussi 'droit de regard'), tout concourt à vous coller un frisson majeur dans la moelle épinière.
J'ai souvent lu sur le Net (et avant de découvrir l'album, notamment) que ce disque était mauvais, raté, à fuir comme cette maladie médiévale bien connue. J'ai donc, il y à quelques années, acheté cet album avec circonspection, c'était celui qu'il me manquait pour compléter ma collection des albums du Floyd. Je m'attendais à être déçu, surtout que je ne suis pas raide dingue de The Wall, et que je lisais partout que The Final Cut en était une sorte de suite. J'ai, il faut bien le dire, pris une claque émotionnelle, sensorielle totale, dès la première écoute. Clairement, cet album mal-aimé à sa sortie (mais un critique, je ne sais plus lequel, dira à l'époque qu'il faudrait avoir les portugaises ensablées pour ne pas voir en cet album un sommet mélodique et émotionnel) est une vraie bombe, un des sommets absolus de l'œuvre floydienne... même si, dans un sens, ce n'est pas un vrai album de Pink Floyd, mais une oeuvre solo virtuelle de Waters. Aucune des chansons ne sera jouée par le groupe, Waters sera viré peu après la sortie de l'album, et seul lui les jouera live. Le groupe, désormais réduit à Gilmour et Mason, fera revenir, en invité, Wright pour leur album suivant, qui date de 1987. Le Floyd ne sera alors plus que l'ombre de lui-même, malgré un The Division Bell monumental en 1994.
Quoi qu'il en soit, malgré sa réputation calomnieuse (mais le disque a tendance, heureusement, à être réhabilité), The Final Cut est un chef d'œuvre absolu. (ClashDoherty).
C'est l'album le moins floydien du groupe, ce qui explique son statut très peu estimé dans la légende floydienne. Pas de Rick Wright ici, le claviériste ayant été viré par Waters en 1981, après la tournée de The Wall. Nick Mason (batterie) est là (c'est le seul membre de Pink Floyd à être sur l'ensemble des albums du groupe), mais la batterie n'est pas tenue que par lui ici : Andy Newmark la tient sur « Two Suns In The Sunset », et Ray Cooper est crédité en tant que percussionniste supplémentaire. Précisons aussi que Michael Kamen et Andy Bown tiennent les claviers. Plus un orchestre philharmonique, dirigé par Kamen. On entend peu la guitare de Gilmour, mais il offre quand même de bons passages (« Not Now John », titre très rock, « The Final Cut » ou « The Gunner's Dream »).
Bien entendu, le chant est intégralement tenu par Waters, ici en total état de grâce, il faut bien l'avouer (je n'ai, personnellement, aucun mal à l'avouer, étant raide dingue de cet album). The Final Cut est un disque contestataire, engagé et sombre, un requiem pour le rêve d'après la guerre, comme dit sur la pochette (et un album dédié au père de Waters, Eric Fletcher Waters, décédé pendant la seconde guerre mondiale, à Anzio, la chanson « When The Tigers Broke Free » y fait explicitement référence, et le film de Parker, durant le passage avec cette chanson, aussi). C'est un disque qui sera vivement critiqué à sa sortie, tant du point de vue de son statut par rapport aux autres albums du groupe (aucun point de comparaison musical) que par les messages qu'il véhicule.
En 1983, année de sortie de l'album, l'Angleterre est sous la coupe de Margaret Thatcher, la fameuse Miss Maggie (pas très) chère à Renaud. Récession économique, chômage, la Dame de Fer mènera une politique contestée. L'Angleterre, et ce n'est pas du football, affrontera aussi l'Argentine pour les Malouines, le match sera nul, et on comptera des morts et blessés pour rien. Et une sévère et farouche mésentente entre l'Argentine et la perfide Albion. The Final Cut critique ouvertement la guerre des Malouines par le biais de « The Post War Dream » (What have we done, Maggie what have we done to England ?) ou de « Get Your Filthy Hands Off My Desert » et du cynique et mélancolique « The Fletcher Memorial Home » dont le titre, encore, est un hommage de Waters au père qu'il n'a jamais connu.
L'album aligne les perles noires comme sur un collier. Les chansons sont déchirantes, et la voix de Waters (qui, souvent, glapit plus qu'il ne chante, et même, des fois, hurle) les rend encore plus déchirantes. Comment ne pas frissonner à l'écoute de « The Gunner's Dream » (And no-one kills the children anymore), de « Your Possible Pasts », de « When The Tigers Broke Free » (And that's how the High Command took my daddy from me), de « Two Suns In The Sunset » (qui nous rappelle que, ennemis ou amis, bons ou mauvais, la mort nous rend tous égaux, citation qui n'est pas sans me rappeler celle que Kubrick avait utilisé à la fin de son magistral Barry Lyndon en 1975)... et enfin, et surtout, « The Final Cut », chanson qui me fait pleurer à chaque écoute. La voix plaintive de Roger Waters, l'orchestre, les paroles tragiques (allusion au suicide, même si The Final Cutsignifie aussi 'droit de regard'), tout concourt à vous coller un frisson majeur dans la moelle épinière.
J'ai souvent lu sur le Net (et avant de découvrir l'album, notamment) que ce disque était mauvais, raté, à fuir comme cette maladie médiévale bien connue. J'ai donc, il y à quelques années, acheté cet album avec circonspection, c'était celui qu'il me manquait pour compléter ma collection des albums du Floyd. Je m'attendais à être déçu, surtout que je ne suis pas raide dingue de The Wall, et que je lisais partout que The Final Cut en était une sorte de suite. J'ai, il faut bien le dire, pris une claque émotionnelle, sensorielle totale, dès la première écoute. Clairement, cet album mal-aimé à sa sortie (mais un critique, je ne sais plus lequel, dira à l'époque qu'il faudrait avoir les portugaises ensablées pour ne pas voir en cet album un sommet mélodique et émotionnel) est une vraie bombe, un des sommets absolus de l'œuvre floydienne... même si, dans un sens, ce n'est pas un vrai album de Pink Floyd, mais une oeuvre solo virtuelle de Waters. Aucune des chansons ne sera jouée par le groupe, Waters sera viré peu après la sortie de l'album, et seul lui les jouera live. Le groupe, désormais réduit à Gilmour et Mason, fera revenir, en invité, Wright pour leur album suivant, qui date de 1987. Le Floyd ne sera alors plus que l'ombre de lui-même, malgré un The Division Bell monumental en 1994.
Quoi qu'il en soit, malgré sa réputation calomnieuse (mais le disque a tendance, heureusement, à être réhabilité), The Final Cut est un chef d'œuvre absolu. (ClashDoherty).
TRACKLIST :
A1 | The Post War Dream | 3:02 | ||
A2 | Your Possible Pasts | 4:22 | ||
A3 | One Of The Few | 1:23 | ||
A4 | The Hero's Return | 2:56 | ||
A5 | The Gunners Dream | 5:07 | ||
A6 | Paranoid Eyes | 3:40 | ||
B1 | Get Your Filthy Hands Off My Desert | 1:19 | ||
B2 | The Fletcher Memorial Home | 4:11 | ||
B3 | Southampton Dock | 2:13 | ||
B4 | The Final Cut | 4:46 | ||
B5 | Not Now John | 5:01 | ||
B6 | Two Suns In The Sunset | 5:14 |
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