GENESIS - A TRICK OF THE TAIL (1975)
A Trick of the Tail est un peu le Back in Black de
GENESIS. En 1980, les fans d’AC/DC ne pouvaient pas imaginer que
leur groupe sortirait un excellent album peu après la mort de Bon SCOTT, LE
chanteur rock voyou par excellence et indissociable du son du groupe. Même topo
chez les papes du prog rock en ce début 1976 : Peter GABRIEL étant parti,
comment se relever ? Le secret se trouve dans l’écriture : Pete n’était pas le
principal compositeur (tâche surtout menée par BANKS et RUTHERFORD pour la
musique), tout comme chez AC/DC où les frères YOUNG troussaient ces riffs
imparables. GENESIS conservant son ossature musicale, et le nouveau chanteur
qui n’est autre que Qui-Vous-Savez ayant une voix pas si éloignée de celle du
démissionnaire, la maison tient bien sur ses fondations.
Elle tient tellement bien
qu’on peut parler, donc, d’un album formidable. Les morceaux ne s’étirent pas
mais laissent le temps aux digressions propres au genre (du rock qui raconte
des histoires) : entre 5 et 8 minutes. Bourré d’instants musicaux bluffants,
d’une qualité d’enregistrement irréprochable (peut-être le meilleur du groupe
sur ce plan ?), le disque fait des étincelles à chaque écoute. En fait, A Trick
of the Tail est un parfait medley de GENESIS. Comme un best-of de leurs
talents.
On y trouve donc tout ce qui
constitue le magnétisme de ce groupe : solos instrumentaux et dialogues
virtuoses (« Robbery, Assault and Battery », comme un écho à « The Cage » sur
The Lamb…), ambiances médiévales de contes (« Dance on a Volcano », intro mythique
!), ballade où les 12-cordes s’entremêlent magnifiquement (« Entangled »),
évoquant le « Cinema Show » de Selling England, avant que les claviers s’y
superposent pour nous emmener dans des contrées lointaines et oniriques… Les
claviers de BANKS, justement, sont toujours aussi parfaits, au piano comme sur
les synthés ou le mellotron dont il extrait ces timbres typiques et ces phrases
qui constituent, avec la guitare de HACKETT, le son maison.
A « Entangled », on peut
encore préférer « Ripples… » et ses huit minutes d’une mélodie majestueuse et
addictive (mais qui annonce, quelque part, leur future tendance au sirop
tiède). « Squonk » et son mid-tempo bien lourd ramassent également tout ce
qu’on aime chez GENESIS : batterie hallucinante, accords sublimés par des
guitares et claviers denses, changements de rythme parfaitement assimilés à la
phrase d’ensemble… Ils en feront une ouverture magistrale sur le live Seconds
Out.
La conclusion de « Los Endos
» est une idée qu’ils reprendront sur Duke : reprendre en instrumental la
plupart des thèmes de l’album, et les faire tenir en un seul morceau. C’est
époustouflant, et fait encore davantage prendre conscience de la richesse
mélodique de chacun d’entre eux.
Ce disque est grand, moins
que son prédécesseur certes, mais comment l’égaler ? Plus accessible que les
premiers, sans pour autant sombrer dans la facilité et la guimauve dans
laquelle ils vont s’engluer souvent par la suite, il tutoie un équilibre rare.
Notons pourtant que GABRIEL manque. COLLINS chante bien (ils en ont auditionné
400 avant de se rabattre sur leur tambourine man, c’est qu’il doit avoir un
brin de talent…), mais son timbre est moins riche, moins varié, moins émouvant.
On ne peut que rêver en imaginant un Trick of the Tail avec Pete Gab’ au micro..
TRACKLIST :
A1 Dance On A Volcano
A2 Entangled
A3 Squonk
A4 Mad Man Moon
B1 Robbery, Assault And Battery
B2 Ripples
B3 A Trick Of The Tail
B4 Los Endos
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire