PINK FLOYD - ATOM EARTH MOTHER (1970)
Dans la discographie floydienne, Atom Heart Mother détonne. L'album à la vache, comme surnommé affectueusement par les fans du groupe (et par ceux qui, sans être connaisseurs, ont déjà entendu parler de l'album), est un disque assez controversé. Clairement, il y à les amateurs et les détracteurs. Précisons d'emblée que si vous ne connaissez pas trop Pink Floyd, mieux vaut que vous ne commenciez pas votre découverte des albums du groupe par cet album de 1970. Trop complexe, trop décalé, trop difficile à ingérer quand on est néophyte. Sans faire de l'élitisme, je le dis haut et fort, il vaut mieux bien connaître l'univers du Pink Floyd quand on découvre Atom Heart Mother. J'ai commis, personnellement, l'erreur de l'écouter très jeune avant de découvrir Wish You Were Here, Animals et Meddle (parmi les plus accessibles), etAtom Heart Mother m'a longtemps résisté. Jusqu'à il y à une dizaine d'années, je n'aimais, sur ce disque, que les trois chansons, « If », « Summer 68 » et « Fat Old Sun ». Par la suite, tout m'a percuté en pleine face. Entre temps, je découvris A Saucerful Of Secrets, More, Ummagumma, trois albums qu'il vaut sans doute mieux connaître un tantinet avant d'écouter l'album à la vache.
L'album offre 5 morceaux pour 52 minutes ; autrement dit, pas de place pour les chansonnettes de 2,30 minutes. Rien que le premier titre, éponyme, occupe l'intégralité de la face A (et la face B est plus longue, quasiment 30 minutes, du jamais vu). 23,36 minutes, en un seul bloc mais en six sous-parties titrées, voilà ce qu'est « Atom Heart Mother ». Dire de ce morceau-titre qu'il est complexe serait encore être loin de la vérité. Rien quel 'emplacement des différentes sous-parties est, parfois, sujet à controverse, entre les fans qui pensent différemment quant à leurs débuts et fins. Je ne vais donc pas me risquer de les définir ici, au risque de misérablement me planter. Je vais juste les citer : Father's Shout (vous serez d'accord avec moi pour dire qu'elle démarre au début du morceau, celle-là ! ah ah ah !), Breast Milky, Mother Fore, Funky Dung, Mind Your Throats Please (le passage bruitiste) et Remergence (reprise du thème d'intro).
« Atom Heart Mother » (la chanson-titre) offre une succession d'ambiances totalement décalées et hétéroclites, entre passage fanfare, participation du John Aldiss Choir (chœurs sépulcraux qui me terrifiaient étant ado, oppressant), passage bruitiste qui est sans aucun doute l'œuvre de Ron Geesin, musicien avant-gardiste ayant co-écrit le morceau avec le groupe, solo de guitare et d'orgue... Progressif comme ce n’est pas permis, ce morceau-titre inclassable est une des pièces maîtresses de l'œuvre du Floyd. Oppressant, angoissant, envoûtant, dérangeant, ce titre installe une atmosphère lugubre et décalée, instable et magistrale. Unique.
Forcément, après tel coup d'éclat en première face, la seconde face ne pouvait qu'être, elle aussi, unique. Quasi-intégralement composée de chanson, elle est assez différente, et quasiment aussi belle. « If » est une ballade à la Barrett, chantée et composée par Roger Waters, une petite douceur mélancolique et douceâtre, à savourer sans risque d'abus ; « Summer 68 », avec ses cuivres en final, est une des rares chansons du groupe à parler de sexe (poétiquement), et est composée et interprétée par le regretté Rick Wright ; « Fat Old Sun » est une merveille signée David Gilmour, possédant un beau solo de guitare en final. Cette chanson aurait pu se trouver sur la bande-son More.
Et il y à le cas du dernier titre, « Alan's Psychedelic Breakfast », longue pièce instrumentale de 13 minutes, scindée en trois sous-parties faciles, elles, à définir (interlude quasi silencieux entre chaque) et qui est le maillon faible de Atom Heart Mother. Non, ne nous leurrons pas, ce titre final est vraiment raté. Bon, ce n'est pas foiré, hein, c'est musicalement très beau (notamment la dernière partie, Morning Glory ; les deux autres s'appellent Sunny Side Up et Rise And Shine), mais sans intérêt majeur, et les intermèdes entre chaque partie (le Alan en question, qui n'est pas l'ingénieur du son Alan Parsons, futur créateur du Alan Parsons Project, mais Alan Stiles, un des roadies du groupe) sont ennuyeux (on entend Alan parler tout en se préparant le petit-déjeuner psychédélique du titre). Le moins que l'on puisse dire est qu'après 39 minutes aussi réussies que celle que nous venons d'écouter, les 13 minutes finales de l'album sont très décevantes. C'est dommage. Mais ça ne m'empêche pas de donner la note maximale à Atom Heart Mother, car l'album est quand même assez impressionnant.
TRACKLIST :
A1 | Atom Heart Mother | |||
A1a | Father's Shout | |||
A1b | Breast Milky | |||
A1c | Mother Fore | |||
A1d | Funky Dung | |||
A1e | Mind Your Throats Please | |||
A1f | Remergence | |||
B1 | If | |||
B2 | Summer '68 | |||
B3 | Fat Old Sun | |||
B4 | Alan's Psychedelic Breakfast | |||
B4a | Rise And Shine | |||
B4b | Sunny Side Up | |||
B4c | Morning Glory |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire