lundi 14 janvier 2013

Rolling Stones - Tattoo You



ROLLING STONES - TATTOO YOU (1981)


Phénomène rare, il arrive que le pronostic vital d’une réussite échappe à la volonté de ses concepteurs. Prenons Tattoo You, par exemple. Voici le prototype parfait de l’album composé d’inédits recyclés, voire exhumés qui aurait pu passer inaperçu si le destin n’en avait pas décidé autrement. En effet, produit dans un contexte alliant manque d’inspiration et nécessité de sortir un nouvel album avant une tournée mondiale, que pouvait-on espérer d’un enregistrement composé à la va-vite, perclus de matière secondaire, si ce n’est qu’il fasse placebo ou naufrage programmé. En fait, contre toute attente, l’accueil du public fut en décalage de toute prescription. Tattoo You rencontra un vrai succès. De pseudo bootleg, il devint grand cru. Allant même jusqu’à tutoyer le sommet des Charts. Que dire face à une telle fortune, si ce n’est que la petite musique du hasard fit bien les choses. Qu’elle fut bien inspirée de se pencher sur l’épaule de Chris Kimsey, lorsque celui-ci fit sa sélection parmi les chutes studio des cinq albums précédents. Qu’elle le fut également, lorsque avec Jagger, ils eurent l’idée de composer cette face rock et cette face lente qui rendront définitivement séduisant un pari singulièrement risqué.

Cependant, si deux volets distincts peuvent donner le change, encore faut-il que leurs contenus soient à la hauteur de l’ambition. Encore une fois, ce sera le cas et ce, grâce à trois éléments moteurs ; la variété des morceaux choisis, la customisation d’un titre à tendance reggae et la participation de l’immense saxophoniste Sonny Rollins. En premier lieu, sur la face A, on retiendra deux titres qui à eux seuls méritent un détour chez le tatoueur. Un Start Me Up plus que convainquant - dépoussiéré de son indolence rasta - qui deviendra le tube d’ouverture de nombreux concerts à venir. Mais surtout Slave, dont le pattern rythmique rappelle un certain Sympathy For The Devil. Une séquence dans laquelle le groove devient soul de passion lorsque le saxophone colossus y jette son âme. Une pure merveille de symbiose entre musiciens. A souligner également, les autres plages rock ou Chicago Blues qui émaillent cette première partie, car elles font toutes leur petit effet. Particulièrement, Little Tits & Ass, a qui on décernera une mention spéciale. Comme on a pu le constater, le rock des Stones reste efficace même lorsqu’il est extrait des fonds de tiroirs. Plutôt emballé, reste à savoir ce que nous réserve la section ballades.

Objectivement, si l’opposition des genres semble discutable de prime abord, force est de constater que la seconde face remplit parfaitement son contrat et n’occasionne aucune critique. Jagger y est tout simplement royal dans son rôle de chanteur caméléon (Worried About You, No Use in Crying). Celui-ci allant même jusqu’à nous surprendre un peu plus sur la séraphique Heaven. Reste que si le choix est varié et de qualité, c’est une chanson datant des sessions de Goats Head Soup qui remporte la palme haut la main. Sereine, apaisée, Waiting on a Friend porte en elle un charme indéfinissable qui la rend intemporelle. La guitare de Mick Taylor, peut-être ? Les envolées de Sonny Rollins ? Peu importe, puisqu’elle franchira les âges sans difficulté. Pour autant, avec le recul, on lui reconnaîtra une nouvelle dimension. Celle d’avoir su parfaitement illustrer le savoir faire passé à un instant où le doute faisait loi. Inquiétude qui sera confirmée sur les albums suivants. Quoi qu’il en soit, en attendant la débâcle, l’album va faire mieux que de la figuration. Le public comme les ventes vont suivre. Tattoo You va sonner le retour en grâce de Rolling Stones qui ne s’attendaient pas vraiment à pareille fête. Il suffit vraiment de peu de choses. (StarChild).


TRACKLIST :

A1Start Me Up3:31
A2Hang Fire2:20
A3Slave6:34
A4Little T & A3:23
A5Black Limousine3:31
A6Neighbours3:30
B1Worried About You5:16
B2Tops3:45
B3Heaven4:21
B4No Use In Crying3:24
B5Waiting On A Friend4:34







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