samedi 5 janvier 2013

Echo & The Bunnymen - Heaven Up Here




ECHO & THE BUNNYMEN - HEAVEN UP HERE (1981)


Nous sommes en 1981, la new wave atteint son apogée en termes d’affranchissement musical et de richesse stylistique. Le synthétiseur est dorénavant incontournable pour qui veut être in. Plus d’un an auparavant, Joy Division, grâce à l’impulsion de Martin Hannet, injecta du synthé glacial à un rock qui l’était tout autant. Or ici, ne vous attendez pas à entendre de l’ARP Odyssey à gogo pendant quarante minutes, car ce sont bien deux guitares, une basse et la batterie qui sont au travail.

Que dire devant cette œuvre alliant rythmique rock et arrières pensées dépressives ? Il faut comprendre l’intérêt créatif de cet album. Nous sommes bien à Liverpool et non pas à Manchester. Cependant, cette année-là précisément, le groupe rejoint - en esprit - la liste cold wave puriste tant convoitée et consultable chez l’huissier Maître Factory sur simple demande. Ceci prend musicalement forme dans l’utilisation assez décalée des guitares. A la différence d’un Vini Reilly (The Durutti Column) ultra supra technique, Will Sergeant malmène ses cordes de façon artisanale, jouant davantage sur la panoplie de crissements et autres bruitages électriques. Placés judicieusement dans l’espace sonore stéréo (exemple : une guitare positionnée tout à gauche pour la séparer du reste des instruments), on bascule dès lors du simple rock entêtant à une conviction ténébreuse.

Show of strenght reste ainsi une réelle démonstration de force. C’est un titre d’ouverture parfaitement choisi et dont on se lasse jamais tant l’accroche et la glace sont liées. With a hip, tout comme It was a pleasure, A pleasure ou No dark things aurait tout du tube européen, si seulement une atmosphère angoissante ne venait plomber l’affaire... L’introduction quasi sidérale d’Over the wall sur une boîte à rythmes sourde apparaît comme un clin d’œil à leur propre Echo, tandis qu’All my colours infiltre la brèche humaine du groupe avec ces toms roulants et sa flûte de pan dark blue.

Ce climat pesant, malgré une belle frénésie, se creuse avec The disease, titre et sinistre à souhait. Des vocalises lointaines rajoutent une contenance aérienne à une guitare rythmique marbrée (son chorus à la Cure) et les arrangements en reverb se chargent du reste.
Heaven up here est paradoxalement le moins bon titre, malgré un Ian McCulloch tout aussi constant dans le genre grave, mâle, dépressif, puissant : la grande classe, quoi. Ce titre n’atteint pas la magie escomptée. Pour preuve, Turquoise days n’a pas besoin d’une telle dépense d’énergie pour convaincre. D’un tempo lent et sans ligne de basse qui tue, c’est une chanson de grande ampleur. Deux accords dissonants sèchement lâchés suffisent à remporter l’adhésion cold wave ! L’album se termine ensuite sur l’immense All I want et sa rythmique haletante.

Sans mauvaise foi aucune, cet album reste le plus froid, le plus entier, le plus rock mais aussi le plus lointain des Bunnymen.






TRACKLIST :

A1                   Show Of Strength              
A2                   With A Hip               
A3                   Over The Wall                     
A4                   It Was A Pleasure              
A5                   A Promise                

B1                   Heaven Up Here                
B2                   The Disease            
B3                   All My Colours                    
B4                   No Dark Things                  
B5                   Turquoise Days
B6                   All I Want





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