vendredi 23 novembre 2012

The Smashing Pumpkins - Pisces Iscariot


THE SMASHING PUMPKINS - PISCES ISCARIOT (1994)

Quelqu'un a dit un jour : "Les années 90 paraîssent aujourd'hui plus éloignées de nous que peuvent l'être les sixties". C'est sans doute ce paradoxe qui est à l'origine de ce doux mais déstabilisant sentiment de nostalgie qui nous submerge et nous pénètre à l'écoute d'un grand groupe de cette génération. C'est le cas avec les Smashing Pumpkins.

On a l'impression d'être en présence d'un trésor tant cette musique est oubliée à l'heure actuelle. Le flot de souvenirs qu'elle véhicule, parce qu'elle était le témoin d'une certaine époque, parce qu'elle était d'une qualité telle qu'elle restera à jamais inégalée, parce qu'on aura vécu avec elle, nous innonde d'une sentation unique. C'est une émotion riche, palpable qui s'impose alors à nous ; une mélancolie que souvent, seule la musique nous fournit. On a le coeur un peu serré mais il bât plus vite. Ce sont les mêmes frissons d'autrefois qui nous parcourent le dos. On se dit alors que cette époque-là était avant tout bénite, que ce groupe frisait le génie et pouvait tout se permettre, mais que leur impact fut ensuite incompris et injustement tombé aux oubliettes par une société toujours peu accomodée aux gratitudes.
Réecouter un de leurs albums, c'est mesurer à quel point ce rock bruitiste, inventif et pléthorique ne sera plus jamais rejoué. Car il s'agissait de grandes compositions, interprétées avec les tripes, nerveusement et sans calcul. Pisces Iscariot est peut-être l'album qui illustre le mieux une des facettes les plus touchante des Citrouilles.
A l'origine simple recueil de faces B, sorti pour faire patienter les fans avant la publication du monumental Mellon Collie And The Infinite Sadness, cette compilation se révèle un authentique objet de simplicité et de franchise éléctrique. Piochés parmis les démos de Gish et Siamese Dream, ces quatorze titres sont de pures merveilles, interprétés sans épate et avec passion par quatre musiciens parfaits. Car les Smashing Pumpkins avaient une fertilité débordante dont ils ont profité pour mêler toutes leurs influences (incalculables...) avec un rock alternatif brillant.
Déjà la pochette tranche nettement avec les opus précédents : pas de nom, pas de titre, juste une photo brumeuse et verdâtre, hommage non dissimulé à My Bloody Valentine. Quant au son, il est à la fois dépouillé et sauvage, brut, efficace et superbe de sincérité. On oscille entre ballade émouvante chantée sur la corde raide par un Billy Corgan habité ("Soothe", "Whir") ou décharge saturée envoyée pieds au plancher ("Plume", "Pissant"). "Blue" rappelle la mythique époque du premier album. "Luna" est une montée à la majesté cristaline. A noter également deux reprises aussi étonnantes que captivantes : "Landslide" de Fleetwood Mac et "A Girl Named Sandoz" des New Animals. L'ensemble forme un vrai tout de délicatesse, de désenchantement auto-destructeur et d'envolée psychédélique (et psychotrope).
Mais Pisces Iscariot est aussi le disque qui contient une des plus belles chansons des Smashing Pumpkins : "Starla", mélopée héroïque de plus de dix minutes dont une partie de nous ne revient jamais ... Inimitable et inoubliable. Ces types-là nous manquent... (Vic).



TRACKLIST :


A1   Soothe
A2   Frail And Bedazzled
A3   Plume
A4   Whir

B1   Blew Away
B2   Pissant
B3   Hello Kitty Kat
B4   Obscured

C1   Landslide
C2   Starla
D1   Blue
D2   Girls Named Sandoz
D3   La Dolly Vita
D4   Spaced



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