CABREL - PHOTOS DE VOYAGES (1985)
Dernier des trois albums
constituant le « ventre mou » de la discographie de CABREL, Photos de Voyages
est pourtant l'opus le plus aventureux de l'artiste moustachu. Prenant
totalement à contrepied ses auditeurs, c'est avec le funky « Tourner les
Hélicos » que débute la sixième réalisation de l'artiste. Cuivres et violons
s'unissent à une guitare électrique pour proposer un premier titre totalement
ancré dans son époque (rappelant étrangement la BO du film Crocodile Dundee !)
mais ne parvenant pas à faire mouche. Car si l'intention d'évoluer est louable,
le résultat n'est malheureusement pas à la hauteur des attentes.
CABREL avait-il là
l'impression de tenir un bon album? Car à l'écoute de « L'Homme qui Marche »,
dont la mélodie indigente et un solo de saxophone totalement incongru en font
l'un des morceaux les plus insignifiants du bonhomme, le niveau du très
recommandable Fragile est loin, très loin. Se la jouant pop de série B («
Qu'est-ce que je viens de dire ») ou rock aseptisé (« Docteur », qui voit
CABREL se fendre d'un ridicule « Ouh baby » à l'accent marqué...), l'artiste
laisse de côté son folk pourtant si convaincant pour aller nager en eaux
troubles...
Trois titres plus réussis
parviennent tout de même à surnager dans ce marasme. « Je te Suivrai » est le
premier de ceux-là. Ballade pourtant fort éloignée de l'univers traditionnel du
chanteur, ce morceau voit un saxophone cette fois-ci fort à propos transcender
une chanson d'amour loin d'être impérissable mais néanmoins fort agréable.
CABREL parvient aussi à faire rocker son auditeur avec l'imparable « Encore et
Encore » ou guitare, mélodie et chant parviennent enfin à s'accorder pour
livrer un petit brûlot que l'on attendait plus. Sans doute LA réussite de cet
opus. Dernière bonne surprise, l'acoustique « Lisa », dont la montée en
puissance offre une inédite et sympathique bouffée de nostalgie, rappelant les
meilleurs moments de l'album Les Chemins de Traverse. Doté d'un accordéon
mélancolique, « Lisa » vient narrer avec une pudeur propre à CABREL les
vicissitudes de l'existence en Union Soviétique.
Si l'album est loin de tenir
la route musicalement, il faut bien avouer que les paroles, plus mordantes et
engagées que jamais (même si CABREL se montrait déjà plus virulent sur
Quelqu'un de l'Intérieur) constituent le principal intérêt de cet opus.
Critiquant le tourisme « imbécile » de ceux qui font ronfler leurs hélicos dans
les pays du tiers-monde (« Tourner les hélicos », « Photos de Voyages », un
thème que CABREL reprendra plus tard avec « Le monde est sourd » sur Hors
Saison », la chirurgie esthétique (« Docteur »), et faisant preuve d'empathie
envers ces peuples ayant du mal à trouver leur place dans notre société
citadine et moderne (« Gitans », « Le lac Huron »), l'artiste affute sa plume
et tente de contrebalancer la faiblesse musicale de l'album.
TRACKLIST:
A1 Tourner Les
Hélicos
A2 L'Homme Qui
Marche
A3 Qu'Est-Ce
Que Je Viens De Dire?
A4 Je Te
Suivrai
A5 Gitans
B1 Encore Et
Encore
B2 Le Lac
Huron
B3 Lisa
B4 Docteur
B5 Photos De
Voyages
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire