Sting – ...Nothing Like The Sun
A&M Records – AMA 6402 – UK & Europe – 1987
Ce double album, produit par
Sting en personne et Hugh Padgham, outre la consécration internationale
définitive qu’il offrira à Sting, résume admirablement en trois paramètres les
principales facettes de la personnalité du chanteur. Son titre est inspiré d’un
poème de William Shakespeare, et Sting aura toujours à cœur de rappeler qu’il
est fin lettré. Une partie importante des douze chansons du programme rappelle
l’investissement de l’artiste dans les causes humanitaires – en particulier au
sein d’Amnesty International -, et l’Anglais a très tôt souhaité être considéré
comme un chanteur engagé. Enfin, le caractère généralement sombre des thèmes
est directement lié au décès, quelques mois auparavant, de la mère de l’artiste,
et Sting a systématiquement veillé, alimentant ses compositions de notules
autobiographiques, à ce que nul n’ignore ses troubles les plus intimes. Ainsi,
outre une reprise du « Little Wing »de Jimi Hendrix (voilà d’où je viens), l’un
des sommets du disque reste « They Dance Alone (Cueca Solo)» (voilà ce qui me
scandalise), portrait de ces folles de la Place de Mai, qui brandissaient ces
années-là à la face du monde le portrait des victimes de la dictature
chilienne. Et l’un des titres les plus salués, « Englishman in New York »
(voilà comment j’aimerais être considéré), offre un portrait nuancé et sensible
de l’écrivain homosexuel Quentin Crisp. On l’aura compris : l’album est pensé,
réfléchi, jusqu’à la migraine, sans la moindre part de folie, ou de jubilation
excessive. Paradoxalement, c’est dans ce contexte qu’excelle Sting, totalement
pertinent dans un environnement calme, et mesuré. Et c’est ce qui fait de
Nothing Like the Sun un bien meilleur enregistrement (on dira : bien moins
prétentieux) que son prédécesseur. Il est simplement emblématique que ce soit à
l’insistance expresse du label (craignant la déconfiture commerciale) que
figure ici « We’ll Be Together », seule chanson un tant soit peu enlevée du
lot. Les indispensables invités prestigieux répondent naturellement présents à
l’appel : Manu Katché tient la batterie,
Eric Clapton la guitare, Branford Marsalis le fidèle a déboulé avec ses
saxophones, et Gil Evans son grand orchestre. Nothing Like the Sun atteindra la neuvième place des
charts américains, entraîné par les singles «We’ll Be Together » (7ème), «
Englishman In New York » (15ème), et « Be Still My Beating Heart » (15ème). Et
s’écoulera à deux millions de copies.
TRACKLIST
:
A1. The Lazarus Heart
A2. Be Still My
Beating Heart
A3. Englishman In New
York
B1. History Will
Teach Us Nothing
B2. They Dance Alone
(Gueca Solo)
B3. Fragile
C1. We'll Be Together
C2. Straight To My
Heart
C3. Rock Steady
D1. Sister Moon
D2. Little Wing
D3. The Secret Marriage
D3. The Secret Marriage
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