U2 - RATTLE AND HUM (1988)
"« L'Amérique est violente ! » C’est en substance ce qu’ont du se dire nos quatre Irlandais lors de la conception de The Joshua Tree et la tournée triomphale qui s’en suivit. En 1988 U2 est au sommet de sa gloire : The Joshua Tree leur a enfin ouvert avec tambours et trompettes les portes à travers le monde et l’aura de Bono, qui s’impose en leader charismatique, fait des ravages sur scène. Bien sûr le fait de dire que le groupe est à son zénith ne signifie pas qu’ils plongeront dans le déclin par la suite, mais la ferveur qu’ils suscitent alors est celle fiévreuse des débuts, non celle formatée d’une notoriété bien établie.
Rattle & Hum est le témoignage de cette folie, de ces premiers émois, de cette période révolue… Et c’est l’exacte raison pour laquelle il n’a pas trouvé son public ! C’est également la raison pour laquelle il a essuyé des critiques mitigées ou assassines. Car si aujourd’hui le document est perçu comme un extraordinaire témoignage, il fut jugé prétentieux par ses contemporains. Après tout, U2 était encore un « jeune » groupe sur la scène américaine, et s’adjuger le droit de reprendre de grand standards tels que « Helter Skelter » des Beatles ou « All Along The Watchtower » de Dylan, ne fut pas du goût de tout le monde. Pourtant Dylan vient accompagner Bono sur « Love Rescue Me », preuve que le principal intéressé ne devait pas lui en tenir rigueur ! Méchants critiques !
Et Rattle & Hum est… violent ! (Bravo pour les 2 du fond qui suivent !). Levons le suspense, U2 ne s’est pas mis sur scène à faire du hard-rock ! Ce sont toujours les mêmes morceaux, mais le son est plus brut, collant parfaitement à la couleur rock / blues des compositions. Ainsi de « Helter Skelter » à « Bullet In The Blue Sky » en passant par « Silver And Gold », chaque titre est rendu avec une puissance décuplée. Et même lorsqu’il s’agit de chapitres plus apaisés (« Van Diemen's Land », « Heartland » ou « All I Want Is You »), cette production crue leur confère une énergie supplémentaire, un supplément d’âme. Que dire à ce titre de « I Still Haven’t Found What I’m Looking For », magnifié par la chorale gospel des New Voices of Freedom, bouleversante d’émotion et d’intensité.
Rattle & Hum est donc un témoignage, un hommage et un live intense. Mais il reste une caractéristique à analyser : la moitié des titres proposés sont inédits. En fait d’inédits absolus, il s’agit de tout ce que le groupe avait enregistré un an auparavant pour The Joshua Tree mais qui n’avait pas trouvé sa place sur la dite galette. Pour la petite histoire, tandis que Bono militait pour un double album, c’est finalement The Edge qui imposa que Joshua Tree soit un 11 titres, reléguant le reste des compositions en B-sides des singles à venir.
Ce ne sont ainsi pas moins de 8 titres inédits qui sont proposés, principalement rythmés et de très bonne facture tel ce « When Love Comes To Town » auquel le pape du Blues B.B. King vient accorder sa bénédiction, et accessoirement ses voix et guitare ! Ou ce « All I Want Is You » glissant du calme au déchirant sur fond de cordes bienvenues. « Van Diemen’s Land » est un OVNI dans la carrière du groupe puisque composée, jouée et interprétée par le seul The Edge, faisant montre d’une voix à l’émotion communicative par ailleurs.
Au milieu de ces qualités, comment rendre à cette œuvre un peu d’humanité ? Tout simplement en relevant un détail, minime mais qui peut s’avérer irritant au regard de la qualité générale : la voix de Bono. Impeccable dans son registre habituel, notre homme se trouve à la limite de la rupture à certaines occasions (« Hawkmoon 269 », « All I Want Is You ») et nous souffrons avec lui de ce désir de vouloir trop en faire. Mais il suffit de nous repasser son interprétation impeccable de « Bullet The Blue Sky » pour se dire que ce n’est qu’un travers de jeunesse mal effacé !
Fin 1989, le groupe fera craindre le pire à ses fans en annonçant sur leur scène natale en Irlande leur besoin de prendre du temps et du recul sur leur activité musicale. Cela pouvait aisément se comprendre aux vues de l’abondante production des 3 années écoulées, et plus largement de la décennie passée. Beaucoup y virent un motif d’inquiétude et commencèrent à se ronger les sangs, de rares autres, se repassant en boucle « God Part II » savaient déjà qu’ils ne pouvaient pas en rester là…"
TRACKLIST :
"« L'Amérique est violente ! » C’est en substance ce qu’ont du se dire nos quatre Irlandais lors de la conception de The Joshua Tree et la tournée triomphale qui s’en suivit. En 1988 U2 est au sommet de sa gloire : The Joshua Tree leur a enfin ouvert avec tambours et trompettes les portes à travers le monde et l’aura de Bono, qui s’impose en leader charismatique, fait des ravages sur scène. Bien sûr le fait de dire que le groupe est à son zénith ne signifie pas qu’ils plongeront dans le déclin par la suite, mais la ferveur qu’ils suscitent alors est celle fiévreuse des débuts, non celle formatée d’une notoriété bien établie.
Rattle & Hum est le témoignage de cette folie, de ces premiers émois, de cette période révolue… Et c’est l’exacte raison pour laquelle il n’a pas trouvé son public ! C’est également la raison pour laquelle il a essuyé des critiques mitigées ou assassines. Car si aujourd’hui le document est perçu comme un extraordinaire témoignage, il fut jugé prétentieux par ses contemporains. Après tout, U2 était encore un « jeune » groupe sur la scène américaine, et s’adjuger le droit de reprendre de grand standards tels que « Helter Skelter » des Beatles ou « All Along The Watchtower » de Dylan, ne fut pas du goût de tout le monde. Pourtant Dylan vient accompagner Bono sur « Love Rescue Me », preuve que le principal intéressé ne devait pas lui en tenir rigueur ! Méchants critiques !
Et Rattle & Hum est… violent ! (Bravo pour les 2 du fond qui suivent !). Levons le suspense, U2 ne s’est pas mis sur scène à faire du hard-rock ! Ce sont toujours les mêmes morceaux, mais le son est plus brut, collant parfaitement à la couleur rock / blues des compositions. Ainsi de « Helter Skelter » à « Bullet In The Blue Sky » en passant par « Silver And Gold », chaque titre est rendu avec une puissance décuplée. Et même lorsqu’il s’agit de chapitres plus apaisés (« Van Diemen's Land », « Heartland » ou « All I Want Is You »), cette production crue leur confère une énergie supplémentaire, un supplément d’âme. Que dire à ce titre de « I Still Haven’t Found What I’m Looking For », magnifié par la chorale gospel des New Voices of Freedom, bouleversante d’émotion et d’intensité.
Rattle & Hum est donc un témoignage, un hommage et un live intense. Mais il reste une caractéristique à analyser : la moitié des titres proposés sont inédits. En fait d’inédits absolus, il s’agit de tout ce que le groupe avait enregistré un an auparavant pour The Joshua Tree mais qui n’avait pas trouvé sa place sur la dite galette. Pour la petite histoire, tandis que Bono militait pour un double album, c’est finalement The Edge qui imposa que Joshua Tree soit un 11 titres, reléguant le reste des compositions en B-sides des singles à venir.
Ce ne sont ainsi pas moins de 8 titres inédits qui sont proposés, principalement rythmés et de très bonne facture tel ce « When Love Comes To Town » auquel le pape du Blues B.B. King vient accorder sa bénédiction, et accessoirement ses voix et guitare ! Ou ce « All I Want Is You » glissant du calme au déchirant sur fond de cordes bienvenues. « Van Diemen’s Land » est un OVNI dans la carrière du groupe puisque composée, jouée et interprétée par le seul The Edge, faisant montre d’une voix à l’émotion communicative par ailleurs.
Au milieu de ces qualités, comment rendre à cette œuvre un peu d’humanité ? Tout simplement en relevant un détail, minime mais qui peut s’avérer irritant au regard de la qualité générale : la voix de Bono. Impeccable dans son registre habituel, notre homme se trouve à la limite de la rupture à certaines occasions (« Hawkmoon 269 », « All I Want Is You ») et nous souffrons avec lui de ce désir de vouloir trop en faire. Mais il suffit de nous repasser son interprétation impeccable de « Bullet The Blue Sky » pour se dire que ce n’est qu’un travers de jeunesse mal effacé !
Fin 1989, le groupe fera craindre le pire à ses fans en annonçant sur leur scène natale en Irlande leur besoin de prendre du temps et du recul sur leur activité musicale. Cela pouvait aisément se comprendre aux vues de l’abondante production des 3 années écoulées, et plus largement de la décennie passée. Beaucoup y virent un motif d’inquiétude et commencèrent à se ronger les sangs, de rares autres, se repassant en boucle « God Part II » savaient déjà qu’ils ne pouvaient pas en rester là…"
TRACKLIST :
A1 | – | Helter Skelter (Live) | 3:07 | |
A2 | – | Van Diemen's Land | 3:06 | |
A3 | – | Desire | 2:58 | |
A4 | – | Hawkmoon 269 | 6:22 | |
B1 | – | All Along The Watchtower (Live) | 4:24 | |
B2 | – | I Still Haven't Found What I'm Looking For (Live) | 5:53 | |
B3 | – | Freedom For My People | 0:38 | |
B4 | – | Silver And Gold (Live) | 5:50 | |
B5 | – | Pride (In The Name Of Love) (Live) | 4:27 | |
C1 | – | Angel Of Harlem | 3:49 | |
C2 | – | Love Rescue Me | 6:23 | |
C3 | – | When Love Comes To Town | 4:14 | |
C4 | – | Heartland | 5:02 | |
D1 | – | God Part II | 3:15 | |
D2 | – | The Star Spangled Banner | 0:43 | |
D3 | – | Bullet The Blue Sky (Live) | 5:37 | |
D4 | – | All I Want Is You | 6:30 |
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