AC/DC - DIRTY DEEDS DONE DIRT CHEAP (1976)
«Papy, c'était qui AC/DC? AC/DC, petit, c'était ça, Dirty Deeds Done Dirt Cheap! Cinq bonhommes qui décident d'abandonner la vie de misère qui les attend pour faire du rock 'n' roll.» Mais attention, hein, pas du rock 'n' roll à papa, bien propre et pas trop décadent, juste bon à faire peur aux minettes. Non, du vrai rock, qui sent la sueur, la bière, les backstages enfumés et les tatouages de marin. Déjà du hard rock ce Dirty Deeds? Difficile à dire. C'est peut-être Bon Scott qui nous fournit la réponse «Lurex socks, blue suede shoes, V8 car and tattoos, I'm a rocker!»
Comme tout bon fan d'AC/DC le sait, la version que l'on connait de Dirty Deeds n'est pas la version originale, celle du pressage australien, qui se voit amputé de deux titres, "Jailbreak" et "Rock In Peace". Si la première apparaitra dans le '74 Jailbreak qui regroupe quelques titres de la période TNT, la seconde disparaitra de la discographie des Australiens, sauf pour les heureux possesseurs du single australien de "Dirty Deeds Done Dirt Cheap" (il reste d'ailleurs un reliquat de R.I.P. à la fin de "Big Balls"). Ces morceaux seront remplacés par "Rocker" et "Love At First Feel" dans la version internationale, celle que l'on retrouve dans les bacs et qui est devenue par la force des choses la version classique. Et quel classique! Si High Voltage était la préface du roman AC/DC, Dirty Deeds nous fait rentrer de plein fouet dans l'histoire en écrivant le meilleur chapitre. Peut-être pas le plus marquant, mais de loin le meilleur, celui qui présente les personnages et pose les jalons des intrigues futures. Pensez donc, les musiciens ne sont pas encore devenus des grosses stars, même pas des petites. Ils ont encore cette rage, cette volonté de s'arracher à leur condition sociale (il suffit d'ailleurs de se pencher sur les paroles de "Ain't No Fun" pour s'en convaincre) qui leur donne cette incroyable énergie, à l'instar de High Voltage... Et comme dans High Voltage, Dirty Deeds commence par un monument : "Dirty Deeds Done Cheap". Un riff simple mais efficace (et surtout méchant), un Bon Scott imparable en tueur à gages qui propose son « sale boulot pour trois fois rien » et un solo mythique pour un morceau non moins mythique.
Et des morceaux d'anthologie, Dirty Deeds en contient! De la bondissante "Rocker" (trois minutes de boogie endiablé qu'il aurait été dommage de rater) à l'extraordinaire "Squealer" en passant par "Problem Child" (qui apparaît aussi sur Let There Be Rock), ce sont 40 minutes de pur bonheur. Les frangins terribles sonnent comme un seul, balancent du riff efficace en pagaille, le lutin en short affute les soli (loin d'être éblouissants de technique mais bourrés de feeling et exécutés avec une conviction qui ne laisse aucune place à la critique), le duo Evans/Rudd reste bien calé sur son rail binaire et Bon Scott est au sommet de son art... Maitrisant à la perfection l'art de faire vivre les chansons, Scott transcende les paroles. Si il y a des sceptiques, une écoute de "Ride On" devrait suffire à les convertir : guidé par les guitares tranquilles, Scott livre une leçon d'émotion à travers l'histoire de ce voyou (qui est un personnage récurrent de l'univers de Scott) condamné à rouler, faute de pouvoir changer de vie. Poignant. Si l'on rajoute que les plaintes de Scott sont sublimées par le jeu des frères Young -qui livrent là leur meilleur blues et un solo qui donne tout son sens au mot feeling- on touche au divin. Mais le rôle préféré de Bon Scott reste quand même celui du voyou libidineux, qui attaque les honnêtes gens dans les ruelles sombres et séduit les filles de bonne famille, à l'instar du personnage de "Squealer" qui détourne les jeunes filles sur les guitares nerveuses des frangins et la basse hypnotique de Evans pour parvenir à ses fins sur le solo extatique d'Angus où vient mourir l'album.
On dit parfois qu'un bon album dépasse la seule somme de ses titres. Dirty Deeds en est la parfaite illustration. Dirty Deeds Done Dirt Cheap c'est évidemment d'excellents morceaux, servis par des musiciens talentueux, mais c'est aussi la naissance de quelque chose d'énorme, qui dépasse le seul cadre des morceaux. Dirty Deeds Done Cheap c'est avant tout l'avènement d'AC/DC, ce monument de l'histoire de la Musique. Encore une fois messieurs : merci.
Tracklist :
Pochette Australienne :
«Papy, c'était qui AC/DC? AC/DC, petit, c'était ça, Dirty Deeds Done Dirt Cheap! Cinq bonhommes qui décident d'abandonner la vie de misère qui les attend pour faire du rock 'n' roll.» Mais attention, hein, pas du rock 'n' roll à papa, bien propre et pas trop décadent, juste bon à faire peur aux minettes. Non, du vrai rock, qui sent la sueur, la bière, les backstages enfumés et les tatouages de marin. Déjà du hard rock ce Dirty Deeds? Difficile à dire. C'est peut-être Bon Scott qui nous fournit la réponse «Lurex socks, blue suede shoes, V8 car and tattoos, I'm a rocker!»
Comme tout bon fan d'AC/DC le sait, la version que l'on connait de Dirty Deeds n'est pas la version originale, celle du pressage australien, qui se voit amputé de deux titres, "Jailbreak" et "Rock In Peace". Si la première apparaitra dans le '74 Jailbreak qui regroupe quelques titres de la période TNT, la seconde disparaitra de la discographie des Australiens, sauf pour les heureux possesseurs du single australien de "Dirty Deeds Done Dirt Cheap" (il reste d'ailleurs un reliquat de R.I.P. à la fin de "Big Balls"). Ces morceaux seront remplacés par "Rocker" et "Love At First Feel" dans la version internationale, celle que l'on retrouve dans les bacs et qui est devenue par la force des choses la version classique. Et quel classique! Si High Voltage était la préface du roman AC/DC, Dirty Deeds nous fait rentrer de plein fouet dans l'histoire en écrivant le meilleur chapitre. Peut-être pas le plus marquant, mais de loin le meilleur, celui qui présente les personnages et pose les jalons des intrigues futures. Pensez donc, les musiciens ne sont pas encore devenus des grosses stars, même pas des petites. Ils ont encore cette rage, cette volonté de s'arracher à leur condition sociale (il suffit d'ailleurs de se pencher sur les paroles de "Ain't No Fun" pour s'en convaincre) qui leur donne cette incroyable énergie, à l'instar de High Voltage... Et comme dans High Voltage, Dirty Deeds commence par un monument : "Dirty Deeds Done Cheap". Un riff simple mais efficace (et surtout méchant), un Bon Scott imparable en tueur à gages qui propose son « sale boulot pour trois fois rien » et un solo mythique pour un morceau non moins mythique.
Et des morceaux d'anthologie, Dirty Deeds en contient! De la bondissante "Rocker" (trois minutes de boogie endiablé qu'il aurait été dommage de rater) à l'extraordinaire "Squealer" en passant par "Problem Child" (qui apparaît aussi sur Let There Be Rock), ce sont 40 minutes de pur bonheur. Les frangins terribles sonnent comme un seul, balancent du riff efficace en pagaille, le lutin en short affute les soli (loin d'être éblouissants de technique mais bourrés de feeling et exécutés avec une conviction qui ne laisse aucune place à la critique), le duo Evans/Rudd reste bien calé sur son rail binaire et Bon Scott est au sommet de son art... Maitrisant à la perfection l'art de faire vivre les chansons, Scott transcende les paroles. Si il y a des sceptiques, une écoute de "Ride On" devrait suffire à les convertir : guidé par les guitares tranquilles, Scott livre une leçon d'émotion à travers l'histoire de ce voyou (qui est un personnage récurrent de l'univers de Scott) condamné à rouler, faute de pouvoir changer de vie. Poignant. Si l'on rajoute que les plaintes de Scott sont sublimées par le jeu des frères Young -qui livrent là leur meilleur blues et un solo qui donne tout son sens au mot feeling- on touche au divin. Mais le rôle préféré de Bon Scott reste quand même celui du voyou libidineux, qui attaque les honnêtes gens dans les ruelles sombres et séduit les filles de bonne famille, à l'instar du personnage de "Squealer" qui détourne les jeunes filles sur les guitares nerveuses des frangins et la basse hypnotique de Evans pour parvenir à ses fins sur le solo extatique d'Angus où vient mourir l'album.
On dit parfois qu'un bon album dépasse la seule somme de ses titres. Dirty Deeds en est la parfaite illustration. Dirty Deeds Done Dirt Cheap c'est évidemment d'excellents morceaux, servis par des musiciens talentueux, mais c'est aussi la naissance de quelque chose d'énorme, qui dépasse le seul cadre des morceaux. Dirty Deeds Done Cheap c'est avant tout l'avènement d'AC/DC, ce monument de l'histoire de la Musique. Encore une fois messieurs : merci.
Tracklist :
A1 | Dirty Deeds Done Dirt Cheap | 3:46 | ||
A2 | Love At First Feel | 3:05 | ||
A3 | Big Balls | 2:39 | ||
A4 | Rocker | 2:46 | ||
A5 | Problem Child | 5:43 | ||
B1 | There's Gonna Be Some Rockin' | 3:14 | ||
B2 | Ain't No Fun (Waiting Round To Be A Millionaire) | 6:51 | ||
B3 | Ride On | 5:47 | ||
B4 | Squealer | 5:12 |
Pochette Australienne :
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