dimanche 17 mars 2013

The Doors - The Doors




THE DOORS - THE DOORS (1967)
Elektra‎ – EKS 74007



S’il fallait décerner le prix du « Meilleur premier album », nul doute possible : la première galette en vinyle de Jim MorrisonRay ManzarekRobby Krieger et John Densmore se trouverait dans le top 5 (je prends quelques précautions). Vous allez finir par me dire que je suis une femme battue, mais bon sang, quelle claque que fut cet album ! La rencontre de ces 4 types nous a donné à entendre l’un des premiers disques de rock où toutes les chansons sont sur un pied d’égalité, mis à part « The End », qui ne soit pas une collection de singles, formatés ou non, comme ce qu’on pouvait écouter à l’époque. À tel point qu’en lisant la liste des chansons, on a l’impression que ce disque est un best-of.
Et le fait est que la plupart des chansons que j’écoute régulièrement des Doors figurent sur ce disque. « Break on Through (To the Other Side) », « The Crystal Ship », « Twentieth Century Fox », « Alabama Song (Whisky Bar) », « Light My Fire », « Back Door Man », « End of the Night », « Take It as It Comes », « The End », que voulez-vous que j’vous dise… Quand j’entends sur un disque une seule chanson du calibre de l’une ou l’autre des 11 pistes de l’album, je saute déjà au plafond, alors là, je grimpe au rideau dès les premières notes, et je n’en redescends qu’à la fin, lessivée, comme après l’amour.
Passons rapidement sur Jim Morrison, vous connaissez tous le personnage, ou alors vous avez vu le film d’Oliver Stone. D’une beauté ravageuse, poète, fasciné par le chamanisme, la transe, et qui trouva dans le rock le medium idéal pour toucher les foules. Passons également rapidement sur les drogues et le sexe, Morrison en consommait à foison, il est l’un des archétypes du rock et du stupide schéma « sex, drug & rock ‘n roll ». Même si c’est intéressant pour comprendre ce qu’il est devenu, pour décrypter ses textes, ce n’est pas la raison principale (c’en est une, évidemment) de mon ébahissement devant la qualité de la musique des Doors.
Ce disque est leur meilleur, car il est le plus consistant. Les 3 suivants ne comprendront que quelques titres vraiment très bons (et les 2 derniers seront presque aussi bon que celui-ci, et s’il n’était pas mort… raah…), mais celui-ci frappe juste d’entrée. Les claviers hypnotiques de Ray Manzarek sont appuyés à la guitare par Robby Krieger et à la basse par John Densmore. Ces 3 messieurs, tous parmi les meilleurs dans leur domaine, fusionnent leur influences blues, rock, jazz et même classique, pour construire un son très ambitieux (surtout à l’époque), ambition qui atteint son sommet dans les 11 minutes 4à secondes de l’inqualifiable « The End », où Morrison captive par ses textes complexes et ambigüs, chef-d’oeuvre épique et psychédélique, où tant de sentiments se mélangent, véritable voyage qui vous emmène de l’amour à la haine, où au Vietnam, si vous avez été marqué, comme des millions de personnes, par la première séquence de Apocalypse Now.
Mais quelle erreur ce serait de passer à côté des autres chansons. La recette est imparable : la beauté des paroles, provocantes, habitées, les mélodies incroyables de Manzarek, les riffs de Krieger et la batterie parfaite d’un Densmore, le tout aidé par un peu de LSD, et vous obtenez des moments de génie comme dans « Light My Fire » où les solos de claviers et de guitare vous envoient une double-couche de bonheur tandis que la voix de Morrison est plus sexuelle (à ce niveau on peut plus dire « sensuel ») que jamais. Le manifeste « Break On Through (To the Other Side) » ouvre l’album, que dis-je, propulse l’album avec son rythme rapide et ses paroles évocatrices et censurées (« she gets high » a été remplacé par le « she gets … »).
« The Crystal Ship » est une vraie chanson de rupture (« we’ll meet again »), les paroles étant un des poèmes présents dans le recueil que Morrison avait écrit avant même la création du groupe, et qui se fit descendre par la critique (la poésie et moi faisant douze, je préfère m’abstenir de commentaires). La reprise de la « Alabama Song » de Bertold Brecht et Kurt Weill (qui a mis le poème de Brecht en musique) est une de mes chansons préférées lorsqu’il s’agit d’une soirée privée et arrosée (bah oui, que voulez-vous…). La reprise du classique blues « Back Door Man » de Willie Dixon est complètement… acide, si vous voyez ce que je veux dire, Morrison y ajoute une charge sensuelle gigantesque, avec ses cris, ses « c’mon yeah » et autres « oh baby », et en concert, je vous raconte pas l’ambiance…
Un album intense et dionysique, qui sait se faire frénétique, mystérieux, fiévreux ou paisible, porté par les talents mélodiques et conjugués de ces 3 musiciens et de ce personnage génial et illuminé dans un sens pas une seconde péjoratif (la drogue, c’est mal) qu’était Jim Morrison, le Hendrix des chanteurs, dont la voix grave n’a pas fini de faire frissonner nos cages à miel, et bien plus. (Eddie).



TRACKLIST :

A1Break On Through (To The Other Side)2:25
A2Soul Kitchen3:30
A3The Crystal Ship2:30
A4Twentieth Century Fox2:30
A5Alabama Song (Whisky Bar)3:15
A6Light My Fire6:50
B1Back Door Man3:30
B2I Looked At You2:18
B3End Of The Night2:49
B4Take It As It Comes2:13
B5The End11:35









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