mercredi 19 avril 2017

Nirvana - Incesticide


NIRVANA - Incesticide
Universal Music Group ‎– 00602537204830 2 LP, 45 RPM, Compilation, Reissue, Remastered, 25th Anniversary, 180 Gram - Europe – 2017


Décembre 92, alors que le groupe est au sommet du rock grâce à son album Nevermind, et, avant d'enregistrer en mars son prochain LP, Nirvana fait patienter les foules en sortant pour Noël, sans tambour ni trompette (presque pas de promotion, et une tournée en novembre annulée) une compilation de démos, faces B et raretés. Ce qui n'empêchera pas au disque de bien se vendre, même s'il reste aujourd'hui encore assez sous-estimé.

Une compilation qui se veut être un parfait complément de Bleach. On y trouve en effet parmi cette galette de 15 titres, essentiellement des chansons enregistrées entre 88 et 91. Entre temps, Nirvana a vu défiler plusieurs batteurs. Ainsi, on retrouvera des chansons avec Dale Crover, batteur des Melvins, et accessoirement le batteur de secours du groupe à ses débuts, mais aussi Dan Peters, batteur de Mudhoney, lequel effectuera un passage éclair au sein du groupe, Chad Channing, véritable premier batteur de Nirvana, et enfin Dave Grohl. On retrouve d'ailleurs la photo de chacun d'eux dans le livret.

Incesticide c'est donc l'occasion pour le public de découvrir des chansons peu jouées en concert, mais également des enregistrements de chansons majeures du groupe. On pense notamment à "Aneurysm", ou encore à "Dive", qui sont des pionnières du répertoire de Nirvana.

Lors des rares coupures de presse évoquant l'album à sa sortie, le groupe insistait sur le côté découverte (3/4 du grand public ne connaissait alors que Nevermind), en voulant aussi avertir sur l'aspect brut et rugueux qu'aurait l'album à venir. Une de ses autres motivations était de publier officiellement, sur un seul support et avec une bonne qualité de son, une bonne partie des titres déjà publiés sur des CD ou vinyles pirates qui pullulaient littéralement en 1992 (on trouvait même des bootlegs de Nirvana en France, en province, à cette époque...).

La pochette est une peinture de Kurt Cobain, très fidèle à son style visuel assez torturé. Les notes de pochette, passionnantes, sont signées Cobain elles aussi. Il y parle de beaucoup de choses, de l'année passée, tumultueuse pour lui, de ses influences, de sa femme, et avertit : "si quiconque n'aime pas les homosexuels, les gens d'une autre couleur ou les femmes, rendez nous service : ne venez pas à nos concerts et n'achetez pas nos disques". On a rarement lu aussi radical sur un disque grand public. Malheureusement, seules certaines éditions étrangères semblent contenir ces notes.

Tout comme Bleach, "Dive" ouvre l'album sur une intro à la basse, comme l'avait fait "Blew". D'ailleurs ces deux chansons seront souvent confondues. Elle fût enregistrée au Smart Studios en Avril 90 avec d'autres chansons qui figureront par la suite sur Nevermind et publiée en single avec "Dive". D'un rythme plutôt lourd et trainé en longueur, "Dive" nous plonge dans une certaine ambiance relaxante. Rappelons que cette chanson fût ecrite fin 89, durant la tournée européenne de Bleach. Autant dire qu'il s'agit là d'un des incontournables du répertoire du groupe.

"Sliver" est le seul morceau enregistré avec Dan Peters à la batterie. Malgré tout, c'est Dave Grohl que l'on verra lors de l'enregistrement du clip en 93. Encore une fois, "Sliver" est un des titres phares de Nirvana, que l'on suivra durant toute sa carrière en live.
Peu connu et beaucoup sous estimé, "Stain" n'en reste pas moins l'un des titres les plus intéressants du premier Nirvana. Un riff accrocheur, un gros son (la production de Steve Fisk est très différente de celle de Jack Endino, il a aussi un studio plus équipé) un solo particulier à deux guitares (plus une troisième tenant le rythme initial), un chant nerveux, Stain à tout d'un tube. Elle cartonnera en live lors des premières tournées pour malheureusement passer à la trappe par la suite. On retiendra cependant quelques performances durant l'été 92 aux côtés de "Scoff" et "Swap Meet", deux titres tout droits sortis de Bleach.

"Been A Son" est peut être un titre qui ne plaira pas à tout le monde. Son manque de pêche l'empêche de réellement décoller. Une chanson cependant sympathique énormément axée sur le chant, où l'on y entend Grohl faire les choeurs sur les refrains.

"Turnaround" est une reprise de Devo, enregistrée au John Peel Session à Londres fin 90. Une des reprises les plus géniales que le groupe n'ait jamais réalisé. Très dynamique, et particulière, avec un jeu de batterie intense ( Dave Grohl oblige ) avec un effet de batterie robotique, la voix de Cobain est parfaite pour ce genre de chanson.

S'en suivent deux autres reprises des Vaselines. "Molly's Lips", souvent interpretée en live, et "Son Of A Gun", qui, elle se fait plus timide sur scène, avec seulement de rares performances. Deux chansons encore une fois sympathique d'ecoute, même si elle se voudront plus anecdotiques qu'autre chose.

"Polly (New Wave)" est certainement le morceau le moins facile d'écoute. Une reprise rapide de "Polly". Un format qui ne semble pas du tout coller à l'image acoustique que l'on s'est faîte de la chanson après son ecoute sur Nevermind. Un rythme de batterie trop imposant pour réellement rendre ce titre intéressant, où les detracteurs se verront plus nombreux que les partisans.

Nettement plus sombre, "Beeswax" est la perle noire d'Incesticide. Enregistrée le 23 Janvier 88 avec Dale Crover derrière les fûts, elle nous rappelle ce Nirvana des débuts, encore immature dans ses paroles. La chanson anti-machos par excellence, ces rares performances lives sont assez grandioses pour être soulignées. Une chanson très appréciée des fans.

Les quatre titres suivants, "Downer", "Mexican Seafood", "Hairspray Queen" et "Aero Zeppelin" ont également été enregistrés au Reciprocal le 23 Janvier 88. Toutes ces chansons auraient donc facilement pu figurer sur Bleach.

Incesticide nous permet de profiter de ces musiques longtemps restées au placard. Le groupe s'en trouve rajeuni et l'on y découvre des titres inédits pour la première fois. Pas toujours facile d'accès il est vrai avec des morceaux comme "Downer" (déjà paru sur la réédition de Bleach), ou "Hairspray Queen" (véritable prouesse vocale de Cobain).

Plus 'groovy', "Aero Zeppelin" est un véritable petit bijou. Lente et rapide, à la mélodie dynamique.

Autant vous dire que ces 5 titres ("Beeswax [...] Aero Zeppelin") n'auront que très peu vu le jour sur scène et que leurs rares performances ont surtout été faites lors des premiers shows du groupe.

"Big Long Now", le titre le plus long de la compilation se révèle très calme malgré les passages soulevés. Là encore, une chanson énormément appréciée des fans, qui, malheureusement, n'aura jamais connu le goût du concert. La seule performance live recensée est un extrait sur le DVD du coffret "With The lights Out", dans la répétition de 1988...

Concluant de la même manière qu'il avait commencé, Incesticide s'achève sur la très grande "Aneurysm". Chanson parfaite pour les ouvertures de concerts, et tout bonnement taillée pour être jouée en live. Une structure à part, un refrain divin, un finish grandiose, tous les ingrédients sont réunis pour faire d'"Aneurysm" une chanson à la fois poétique et violente et un des nombreux incontournables.


Incesticide n'est pas à écouter comme un album, mais comme quelque chose qui permettrait au novice d'approfondir sa découverte de Nirvana. Le fan de souche, lui, verra incontestablement en Incesticide un véritable trésor lui donnant l'opportunité de découvrir des versions studio de titres inédits rarement joués en live, ou tout simplement d'ecouter certains des morceaux les plus sublimes du groupe à travers un son proche de celui de Bleach. Indispensable.





TRACKLIST:


A1
Dive
A2
Sliver
A3
Stain
A4
Been A Son

B1
Turnaround
B2
Molly's Lips
B3
Son Of A Gun
B4
(New Wave) Polly
B5
Beeswax

C1
Downer
C2
Mexican Seafood
C3
Hairspray Queen
C4
Aero Zeppelin

D1
Big Long Now
D2
Aneurysm




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