dimanche 22 septembre 2013

The Who - Who's Next



THE WHO - WHO'S NEXT (1971)
Music On Vinyl - MOVLP664 (Reissue 180 Gr)

En plus d'être le meilleur disque de la bande à Pete Townsend, "Who's next" peut se vanter d'être le disque qui commence le mieux de toute l'histoire du rock ! Un tapis de claviers bondissants accueille l'auditeur, dans un trululu qui a du se faire gausser bien des puristes du rock'n'roll… Jusqu'à ce que les trois notes de "Baba O'Riley" résonnent dans l'air, tonnant comme un orage dans le tranquille ciel d'été… Et là, arrive la frappe massive du batteur Keith Moon en personne, annonçant fièrement la charge de son groupe : The Who.
Et la foudre peut commencer à tomber. Keith Moon, brute ou bouffon, fou à lier ou simple gai-luron fait comme à son habitude parler la poudre. Les femmes et les enfants d'abord. Moon est peut-être le plus grand batteur ayant existé après Bonzo, ours en chef de Led Zeppelin. Toute bonne compagnie de cirque a un ours. Ce n'était pas le cas des Who, mais à la place ils avaient leur lion : Roger Daltrey, le chanteur qui rugissait sous les éclairs. D'ailleurs, revenons à notre orage. Il ne semble pas impressionner notre lion qui rugit de plus belle. "Teenage Wasteland !" hurle-t-il. Mais qui veut l'entendre ? En 1971, la défonce est en effet tout ce qu'il reste des grands idéaux hippies. "They're All Wasted !". Daltrey est le seul dans son groupe à refuser de toucher aux drogues. Townsend en prend pour calmer ses angoisses et cela ne fait qu'attiser sa mégalo. Moon en prend pour aller encore plus vers cet idéal qui est devenu le sens de sa vie : la déconnade. On pourrait parler des lignes entières de la légende existante autour de ce grand casseur de batteries (et de chambres d'hotels) devant l'Eternel, mais il est temps de passer à la suite du disque.
"Bargain" démarre par une courte vision de vent soufflant dans les herbes hautes… dont on ce demande ce qu'elle fait là. Puis ce paysage si placide qu'on a cru apercevoir furtivement s'enflamme, et la terre de trembler une nouvelle fois. On ne va pas faire un dessin : tous les morceaux de ce disque se ressemblent à peu près. Tous dotés par Townsend (le chef de la troupe du cirque, en chapeau haut de forme) d'un son édifiant. Edifiant, c'est le mot. "Who's Next" fait penser à un édifice, peut-être ce monolithe en béton présenté de manière fort peu esthétique sur la pochette. On y voit les membres du groupe remonter leur braguette après avoir uriné sur ledit monolithe. Sachant qu'une autre idée du groupe était une photo de Keith Moon en porte-jarretelles, on n'ira pas se plaindre. En réalité, "Who's Next" n'a pas toujours été ce monument d'assurance tranquille d'où semble bannie la prise de tête. C'est en fait une résurgence de "Lifehouse", concept album avorté de Pete Townsend qui voulait continuer dans cette voie après le succès de "Tommy".

Les autres chansons qui auraient du figurer sur le projet original se retrouvent à la suite de "Who's Next" sur les éditions CD. Ce qui nous permet de nous rendre compte que seule la crème de la crème a été gardée. Ainsi, l'album ne s'épanche que sur neuf titres pêchant parfois par manque de variété. Mais quel disque ! Si les Pixies ont inventé la dynamique couplet calme-refrain furax, les Who ont inventé celle-ci : intros zen, presque éthérées, et reste de la chanson pied au plancher, dans le tumulte des amplis. Comprendre avant-après Keith Moon. Ça se calme un peu sur la virevoltante "Going Mobile", pop song enjouée à fredonner mais trop rapide pour faire un single. "My Wife" est écrite par John Entwistle, le discret bassiste qui ne dit jamais rien. Les accents épiques du début de l'album se retrouvent sur "The Song Is Over", magnifique péplum sonore déclamé par un Daltrey seul, gladiateur victorieux dans son arène.

Les claviers qui avaient tant surpris sur la première chanson sont en fait présents sur tout l'album, mais cachés par le vacarme céleste du groupe le plus bruyant du monde. Heureusement d'ailleurs, car ceux enfouis dans "The Song Is Over" rappellent une machine à laver. Mais c'est avec "Behind Blue Eyes" que les claviers s'en iront pour de bon. Cette chanson est un peu le "Stairway to Heaven" du groupe. Tout en étant radicalement différente de l'hymne du Zeppelin (au passage, c'est Keith Moon qui a eu l'idée du Nom Led Zeppelin), "Behind Blue Eyes" s'en rapproche par son côté chanson trop évidente, et son final-brasier qui achève l'album avec autant de panache qu'il avait commencé. Pourtant, c'est une chanson extrèmement importante pour Townsend, aux paroles amères et reminiscentes des tourments du guitariste sauteur.

Les possesseurs de la version CD auront le bonheur ensuite d'écouter les chansons de "Lifehouse" (dont "Baby Don't You Do It", véritable vitrine du génie de Keith Moon) et surtout "Won't Get Fooled Again" le single de plus de six minutes (une autre époque, assurément…) qui ne laisse derrière lui que décombres fumantes. Que dire sur ce morceau de bravoure ? C'est une merveille, tout simplement. Le jeu de guitare de Townsend est à son zénith, le groupe fait mine de terminer la chanson, puis revient pour la dernière couche, en beauté. Sans le savoir, les Who mettent ici en place un style qui fera le bonheur des futur groupes pour stades ! Queen, U2, Van Halen, tous ont une dette envers les cris de Daltrey et les moulinets de Townsend, un des premiers, sinon le premier des guitar-heroes du rock. (m-lamusic.net).


TRACKLIST :
A1Baba O'Riley4:59
A2Bargain5:33
A3Love Ain't For Keeping2:11
A4My Wife3:35
A5Song Is Over6:16
B1Getting In Tune4:49
B2Going Mobile3:40
B3Behind Blue Eyes3:40
B4Won't Get Fooled Again8:31





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