THE
POLICE - SYNCHRONICITY
SP 3735 A&M Records – AMLX 63735
Bien avant que Sting ne rêve
de tortues bleues, ni ne s’engage dans la défense des indiens Kayapo, et avant
même que Stewart Copeland, tout comme Andy Summers ne s’égarent dans
l’expérimentation musicale, The Police était un groupe. Plus précisément, un
trio. Le genre d’association dont l’idée originale, entre autres effervescences
créatrices, aura été de fusionner l’âpreté du punk à la fausse nonchalance du
reggae, pour faire de chaque occasion, en l’occurrence de chaque album, un
événement unique. En cinq actes aux couleurs aussi variées que pigmentées,
allant de la provocante Roxanne à la jalouse Every Breath You Take, Police,
puisqu’on les appellera définitivement ainsi, va faire de sa musique un lieu de
rencontre, de convergence et de passage, unique en son genre. Sans doute le
meilleur disque des anglais, tout en étant le témoin pertinent de la prise de
pouvoir de Gordon Matthew Sumner au sein de la formation, Synchronicity est
également le dernier volet d’une collaboration, d’une amitié qui ne survivra
pas aux éternels effets de la comédie humaine.
Si effectivement, derrière
l’image sophistiquée, la crise fait rage : du côté de l’album il en est tout
autre. Du moins, en façade, pourrait-on dire. Car s’il s’avère, ça et là, qu’une
à deux concessions aient pu être faites aux velléités exploratrices de
certains, il est indiscutable que c’est définitivement Sting qui monopolise
l’espace créatif et qui, d’une certaine manière, s’approprie également l’avenir
en se permettant d’imposer les fondations d’un univers jazzy rock que l’on
retrouvera sur ses futures productions. Naturellement, l’album s’en ressent.
Avec pour répercussion directe de cette crise d’ego, deux séquences. Plutôt
deux approches bien distinctes, au service d’un concept album tirant son
essence des théories de Jung sur la synchronicité des événements et son
influence sur l’homme. Ainsi flanqué de telles bases, le résultat est sans
appel. D’un côté, si c’est bien la musique des Policemen qui fait loi sur la
première partie du disque. Sur la seconde, le voyage s’apparente à un récit
d’aventure à la poésie débordante.
Traversées d’espaces, voire
de silences, qui en font une matière immédiatement reconnaissable, pratiquement
toutes les compositions de cet album n’ont qu’un mot à dire pour nous
transporter en territoire préservé. Ici le son est clair, net et possédé par
une poésie toute en métaphores. Et si, au bout du compte, Synchronicity se
révèle d’un équilibre quasi parfait, malgré quelques effusions « frippiennes »
ou instrumentales, c’est parce que quelque chose d’inaltérable, un souffle
d’élégance racée le parcoure de bout en bout. Bien sur, certains ne relèveront
que le côté commercial de ce disque. Cette volonté de plaire au plus grand
nombre sur des accords choisis. Toutefois, ce serait ne faire qu’une lecture
réductrice de celui-ci, tant les fièvres et textes sombres qui le rythment
prouvent à chaque instant qu’il en est autrement. Qu’elle soit parfum d’Afrique
sous influence électronique, saturée d’atmosphère dépressive sur King Of Pain,
la création est ici portée à un tel comble émotionnel, qu’il devient
pratiquement impossible de se soustraire à sa grâce animale.
D’aucuns vous le diront.
S’il est, certes, possible d'embrasser ce disque dès la première écoute, ce ne
sera seulement qu’après plusieurs rendez-vous, nombre d’heures passées à
s’abandonner à l’ombre d’une dune dans le Sahara, que l’on en devient intime. (Starchild).
PLAYLIST :
A1 Synchronicity I
A2 Walking In Your Footsteps
A3 O My God
A4 Mother
A5 Miss Gradenko
A6 Synchronicity II
B1 Every Breath You Take
B2 King Of Pain
B3 Wrapped Around Your Finger
B4 Tea
In The Sahara
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