dimanche 17 février 2013

R.E.M. - Chronic Town



R.E.M. - CHRONIC TOWN "EP" (1982)

La force du hasard. Comme lorsqu'un jeune homme du nom de Michael Stipe se rend en janvier 1980 chez un disquaire dans sa ville d'Athens en Géorgie (USA), et qu'il y rencontre l'autre blanc-bec qui y travaille, un certain Peter Buck. Qu'il se met à parler avec lui et que tous deux se trouvent rapidement des atomes crochus en musique, principalement en punk et protopunk (Velvet Underground, Patti Smith...). Que l'un est chanteur et l'autre guitariste, et qu'ils décident de composer ensemble. Qu'ils rencontrent à l'Université deux autres garçons, Mike Mills (bassiste, pianiste...) et Bill Berry (batteur), qui jouent ensemble depuis pas mal de temps, et qui acceptent de collaborer avec eux. Qu'ils auraient pu s'appeler Twisted Kites, Cans of Piss ou Negro Wives et que finalement, Michael Stipe pioche dans le dictionnaire le mot "R.E.M.", qui signifie Rapid Eye Movement. Qu'un certain manager Jefferson Holt, tellement impressionné par une performance live du groupe déménage à Athens et décide de les prendre sous son aile. En revanche, qu'après un an passé à tourner dans le sud des Etats-Unis avec un vieux van, ils enregistrent un hit "Radio Free Europe" acclamé par les jeunes universitaires et certains périodiques ("un des dix meilleurs singles de l'année" dans le New York Times), ça, ce n'est pas un hasard...

Mitch Easter, le producteur du single, a su les convaincre de le laisser s'occuper de leur premier album. Un LP aurait été trop long et risqué selon lui, et le titre seul ayant déjà été probant, un EP semblait être une bonne alternative. Comme le groupe était ouvert à toutes les expériences possibles en studio, Easter les a confortés dans leur choix, et a entre autres proposé que Michael Stipe chante en plein air ! Tout cela donne le résultat que vous connaissez, le fameux Chronic Town, premier disque sur le label I.R.S. et point de départ d'une faste carrière.

Une gargouille bien froide nous toise en tirant la langue. Cela fait partie de l'aura sombre, pleine de mystère, et aussi "un brin" contestataire de la musique du groupe. Sur cet EP, la batterie de Bill Berry jouera sans grandes frioritures, surtout amenée à soutenir un tempo rapide et typique d'un mélange pop et punk. Michael Stipe lui ne fera aucun compromis entre textes scandés et voix de tête, deux attitudes qui domineront chacune à leur manière au cours des cinq morceaux. Les R.E.M. sont de vrais musiciens, comme en témoignent toutes les subtilités de l'excellent Mike Mills (sans clavier pour le moment) et bien sûr tout le savoir-faire riffoarpégique de Peter Buck, qui contrairement à d'autres groupes de son pays et de son époque, n'utilise pas un brin de distortion. On mettra ainsi facilement la musique de R.E.M. en parallèle avec celle des glorieux anciens Byrds. Ajoutons à cela les petits artifices de studio venant faire sortir la musique de son carcan de simplicité.

Des titres comme "Stumble", "Wolves, Lower" et "Carnival of Sorts (Box Cars)" sont enrichis là où ce tempo "calibré" et ces riffs-arpèges répétitifs tendaient à nous faire croire à une musique toute gentille. On entend ça et là des crissements, des sons evanescents grandioses, quand ils ne rappellent pas ceux d'un carroussel fantômatique. La guitare de Peter Buck pourra donner l'impression de sonner comme un sitar à certains endroits, et Bill Berry quittera son rythme uniforme pour amener un jeu plus tribal sur certains ponts. Car oui, c'est surtout sur les ponts que ces choses se passent. Les chansons sont déjà franchement très bonnes, dynamisées grâce à Michael Stipe (et Mills aux choeurs) qui jongle entre diverses intonations, mais c'est bien lors de ces ponts que le potentiel du groupe se révèle vraiment.

Derrière ces cinq rengaines qui sont bien plus que des chansonnettes, on reconnaît déjà un travail de studio plus qu'intéressant. Le tout va entraîner R.E.M. à devenir l'un des plus grands espoirs du rock dit "alternatif", à une époque où la pop calibrée eigthies tout comme le heavy-metal font des ravages. Chronic Town reste un objet propice à attirer toutes les curiosités, même pour ceux qui connaissent bien les futurs grands albums. Jamais édité en CD, on le trouve dans ce format sur la compilation Dead Letter Office de 1987. (Marco Stivell - FP).


TRACKLIST :

A11000000
A2Stumble
B1Wolves, Lower
B2Gardening
B3Carnival Of Sorts (Boxcars)



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