JEAN-MICHEL JARRE - THE CONCERTS IN CHINA (1982)
Chine, 1981. Cela fait maintenant cinq ans que Mao, le Grand
Timonier qui dirigeait son peuple à coups de révolutions culturelles, a cassé
sa pipe, ce qui n'a pas été sans conséquence sur l'ouverture de l'Empire du
Milieu au génial/horrible/inutile (rayez la mention inutile) monde occidental.
C'est dans ce contexte qu'arrive Jean-Michel JARRE, auréolé du succès sans
faille de ses trois derniers albums en date; cela est d'ailleurs une première
historique pour un musicien occidental. De plus, non seulement il débarque à
Pékin, puis à Shanghai avec d'autres zicos, à savoir Frédéric ROUSSEAU, le
futur aide de camp de VANGELIS, ainsi que Dominique Perrier et Roger
Rizzitelli, membres de Space Art, afin de vraiment jouer sa musique (et pas
entuber son monde comme il l'a fait en 1979 sur la Concorde), mais en plus il
va présenter de nouvelles compositions, ainsi qu'une formidable invention
musicale, à savoir la harpe laser qui deviendra un incontournable de ses
concerts par la suite. Malheureusement, la trace auditive de ces concerts en
Chine ne correspond pas à ce que les spectateurs chinois ont entendu puisque
les morceaux ont été retravaillés en studio, il y en a même qui ont été
intégralement rejoués ! Au vol !
Bon, on râle, certes, mais d'un autre côté, en faisant
l'effort de se dire «concentrons-nous sur le morceau en lui-même», force est de
constater que les inédits, composés pour l'occasion, sont superbes, ne frôlant
certes pas la perfection mais s'en approchant grandement. Ainsi,
"L'Ouverture", qui est en fait le premier tiers de la première partie
des Chants Magnétiques, brille par son caractère sombre et maîtrisé; et que
dire d'"Arpégiateur", un véritable concentré de séquences qui rendent
un morceau particulièrement puissant, ou encore de "Souvenir de Chine",
utilisant certes des claviers putassiers mais qui sont à même de nous faire
verser de sincères larmes ?
Mais il y a encore mieux ! JARRE a carrément composé deux
des plus grands morceaux de sa carrière, rien que ça : il y a d'abord
"Jonques de Pêcheurs Au Crépuscule", un véritable choc entre les
claviers français et la musique traditionnelle chinoise jouée par le
conservatoire de Pékin, où le talent du claviériste français transparaît aussi
bien dans l'écriture que dans l'interprétation; quant à "Nuit à
Shanghai", il s'agit de la plus belle montée en puissance que j'ai jamais
vue dans la discographie de Jarre (en excluant toutefois "Ethnicolor"
sur Zoolook), sans compter sa durée. Le morceau "Harpe Laser", en
revanche, laisse plus dubitatif, puisque l'instrument du même nom est plus
visuel que sonore, et puis il est assez bancal sur le plan purement musical; en
fait, le plus intéressant serait de voir l'interprétation du morceau pour en
comprendre le caractère hésitant de la démarche, étant donné que c'est la
première fois qu'elle est utilisée en concert.
Quant aux morceaux déjà présents dans le répertoire de
JARRE, ils sont moins percutants mais toujours de bonne facture : "Les
Chants Magnétiques II", par exemple, est joué dans sa meilleure version,
avec notamment le solo final à la vraie-fausse guitare électrique, un pur régal
qui compense les errances de la version studio. Cependant, les autres morceaux
ne sont pas particulièrement supérieurs à leurs premières versions respectives
(surtout "Les Chants Magnétiques IV"), sauf "Equinoxe IV",
qui pour le coup est magnifiée par l'apport de la batterie de Roger RIZZITELLI,
un vrai régal. Il est d'autant plus incontournable qu'il est joué en
intégralité, ce qui ne sera hélas pas le cas pour ses prochains concerts.
Notons que bizarrement, aucun morceau d'Oxygène n'a été joué, tout au plus
peut-on entendre un extrait d'"Oxygène IV" dans "Harpe
Laser", mais qui provient d'une émission radio.
Les Concerts en Chine est donc un très bon premier album
live qui se laisse écouter avec plaisir, surtout les morceaux inédits, pour peu
qu'on ferme les yeux sur le fait que les morceaux ont été massivement
retravaillés lors du mixage. Pour conclure, rajoutons que JARRE a fait
tellement forte impression qu'il lui fût attribué le surnom de "Grand
maître de l'électricité", et même qu'on lui offre un side-car quand il
rentre en France. C'est pas la classe, ça ? (Waltersmoke - FP).
TRACKLIST :
A1
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L'Ouverture
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A2
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Arpegiateur
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A3
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Equinoxe IV
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B1
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Jonques De Pecheurs Au Crépuscule
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B2
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L'Orchestre Sous La Pluie
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B3
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Equinoxe VII
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B4
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Harpe Laser
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C1
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Orient Express
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C2
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Les Chants Magnétiques I
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C3
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Les Chants Magnétiques III
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C4
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Les Chants Magnétiques IV
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D1
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Nuit A Shanghai
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D2
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La Derniere Rumba
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D3
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Les Chants Magnétiques II
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D4
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Souvenir De Chine
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