INTERPOL - INTERPOL (2010)
Voilà déjà trois ans qu'Interpol avait sorti "Our Love To Admire", un album qui n'avait pas su à l'époque convaincre le public et les médias après le succès critique du 1er album et commercial du second. C'était pourtant un bon disque, bien meilleur que ce qu'on avait pu en entendre dire, mais sur lequel le groupe montrait déjà son envie de ne pas devenir une machine à vendre bien huilée, en sortant un peu du format single vers des titres plus calmes. Il cherchait déjà une issue, prisonnier du style ultra référencé qui avait fait son succès.
Alors qu'aujourd'hui le bassiste Carlos Dengler a quitté le groupe (après l'enregistrement), Interpol a dû s'en poser des questions, et traverser pas mal de périodes de doutes. Mais c'est souvent dans la douleur qui naissent les plus beaux disques. Il vous suffira pourtant de faire un petit tour sur le net pour vous apercevoir que beaucoup de monde fait la grimace à l'écoute de ce nouvel opus . Il est vrai que le - désormais - trio ne nous a pas offert un album facile. Aucun vrai single, peu d'accélérations, d'énervement, mais un retour vers une Cold Wave particulièrement mélancolique et atmosphérique. Ils ne font même rien pour plaire : pochette minimaliste, leur nom en guise de titre, et une production vaporeuse bien loin de celle du tranchant "Antics".
Le retour dans une structure indépendante n'y est certainement pas pour rien non plus. De notre point de vue ce fut sans doute une délivrance pour eux. Qui sait, peut-être auraient-ils déjà sorti un tel album il y a 3 ans s'ils avaient eu la même liberté. Et un tel disque, quand les attentes sont nombreuses, il faut avoir du courage pour le faire. Bien loin d'être en manque d'inspiration, comme on a pu l'entendre ici où là, Interpol nous dévoile au contraire une oeuvre aussi sombre qu'intelligente, où les ambiances s'installent lentement, mais finissent par s'ancrer irrémédiablement dans nos oreilles. 'Lights', le premier single d'une durée de 5'37, qui a dû en rebuter pas mal avec son côté plutôt linéaire, démontre qu'au moins le groupe n'a pas cherché à se cacher derrière un tube non représentatif de cette oeuvre. Si 'Barricade est plus mordant, il confirme cependant les premières impressions : 'Interpol' est un album qui repose bien plus sur des textures, des 'nappes sonores' que sur des refrains accrocheurs. 'Always Malaise (The Man I Am)' en est un bel exemple: pendant 3 minutes, on a l'impression qu'il ne se passe pas grand chose, voire rien, et puis voilà subitement que tout décolle et prend son sens dans le dernier quart du morceau. Et le spleen d'Interpol nous envahit, sur 'Safe Without' ou 'Try It On', ou le somptueux titre inaugural 'Success'. L'émotion est particulièrement palpable sur les deux titres qui clôturent l'album, 'All Of The Ways' et 'The Undoing', avec ses quelques mots d'Espagnol. Deux chansons qui auraient pu être vénérées à l'époque où la Cold Wave était reine, et non considérées comme des preuves du manque d'inspiration des New yorkais.
Cette noirceur qui ne quittera pas un instant ce disque éprouvant et pesant voit tout de même Interpol revenir à ses premières amours, souvenez-vous ce que tout le monde disait en 2002: les nouveaux Joy Division... On n'est pas obligé d'aimer ce dernier opus, on ne vous dira pas non plus qu'il s'agit là de leur meilleur disque, il est loin d'être parfait, mais il ne faut pas se tromper de cible. S'ils n'avaient pas entamé leur carrière avec un coup d'éclat aussi admirable que "Turn On The Bright Lights", leur futur aurait certainement été différent. Interpol prouve avec cet album qu'au fond d'eux, il y a toujours un coeur qui bat.
TRACKLIST :
A1
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Success
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A2
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Memory Serves
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A3
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Summer Well
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A4
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Lights
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A5
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Barricade
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B1
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Always Malaise
(The Man I Am)
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B2
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Safe Without
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B3
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Try It On
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B4
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All Of The Ways
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B5
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The Undoing
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