MYLENE FARMER - EN CONCERT (1989)
« Tout le monde pense que je vais passer à la guillotine. [...] Et je l’affûte moi –même ». C’est en ces termes quelques peu ironiques que Mylène Farmer s’exprime sur l’événement à venir: sa première série de concerts, entreprise hautement périlleuse pour quelqu’un qui n’est pas considéré comme une chanteuse à voix.
Après deux albums, dont le multi-platine « ainsi soit je » qui a propulsé la chanteuse dans le top 3 des chanteuses françaises les plus populaires, l’épreuve du feu a lieu à St Étienne en mai 1989. La scène est théâtrale, le décor somptueux, ancré dans le romantisme sombre qui symbolise son début de carrière: l’ange blessé convie son public dans un cimetière dont les grilles sont ouvertes par un moine encapuchonné et errera parmi les pierres tombales pour interpréter les chansons les plus marquantes de son répertoire.
La prestation de Mylène Farmer et de ses musiciens est magistrale. La voix est assurée, les morceaux sont réarrangés et offrent des différences intéressantes par rapport aux versions studio (introduction a capella de « Allan », solo de guitare sur « pourvues qu’elles soient douces », dialogue entre Mylène Farmer et Carole Fredericks sur « Maman a tort », intro à l’orgue liturgique sur « Libertine »). Mylène s’est entourée de pointures telles que le guitariste Slim Pezin (Hallyday, Goldman), les choristes Carole Fredericks et Beckie Bell qui ont travaillé avec des groupes internationaux, mais également le bassiste Christian Padovan (Sardou, Balavoine) et ça se sent : musicalement, c’est bien en place et très professionnel. La rythmique batterie-basse et la guitare sont plus présentes que sur les versions studios où le synthé et les boites à rythme étaient majoritairement utilisés. Ce qui apporte une couleur différente, plus humaine aux morceaux et contribue à leur efficacité sur scène.
La chanteuse interprète également 3 titres que l’on ne retrouve sur aucun album :
la ballade lancinante « puisque », la pop irrésistible d’« à quoi je sers » et la reprise déchirante de Marie Laforêt « je voudrais tant que tu comprennes » où la voix à la limite de la cassure rend magnifiquement bien. Dans le même registre, la version d’« ainsi soit-je », délivrée ce soir là, est également bouleversante et constitue un des moments forts en émotions du show.
Donc, on l’aura vu, les points forts ne manquent pas: une set-list et une interprétation parfaite, l’adjonction d’inédits étant la cerise sur le gâteau.
Au rayon des doléances, notons simplement une version un peu longuette (le mieux étant l’ennemi du bien) de « Libertine » qui, du haut de ses douze minutes, me paraît un peu répétitive sur la fin. Ensuite, sur « Maman a tort » si Mylène est très à l’aise et naturelle (court Florent oblige…) dans son dialogue avec Carole Fredericks, ce n’est pas le cas de cette dernière qui est à la limite du ridicule avec une intervention clownesque qui dessert plutôt le morceau. Dommage l’idée était bonne à la base et apporte un peu de fantaisie à la comptine.
Enfin, le prologue et les « mouvements de lunes », longs instrumentaux, sont assez durs à digérer quand on est privé de l’image. Effectivement, si sur le film « en concert » ces défauts sont mineurs, sur le live audio, ils me gênent un peu. Ils ne doivent de toute façon pas faire oublier que ce live est une grande réussite et demeure un concert anthologique de Mylène Farmer et de ses musiciens, immortalisé pour le plus grand bonheur des fans un soir d’octobre 1989 à Bruxelles .
TRACKLIST :
A1 | Prologue | 2:00 | ||
A2 | L'Horloge | 4:30 | ||
A3 | Plus Grandir | 4:50 | ||
A4 | Sans Logique | 5:06 | ||
A5 | Maman A Tort | 6:05 | ||
B1 | Puisque | 6:05 | ||
B2 | Pourvu Qu'Elles Soient Douces | 8:58 | ||
B3 | Allan | 6:50 | ||
C1 | À Quoi Je Sers... | 4:40 | ||
C2 | Sans Contrefaçon | 5:35 | ||
C3 | Jardin De Vienne | 5:15 | ||
C4 | Tristana | 7:03 | ||
D1 | Ainsi Soit Je... | 5:52 | ||
D2 | Libertine | 8:40 | ||
D3 | Je Voudrais Tant Que Tu Comprennes | 4:12 | ||
D4 | Mouvements De Lune | 3:33 |
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