Téléphone
– Au Cœur De La Nuit
Pathé
– France – 1980
En 1980, un an seulement
après la sortie de Crache ton Venin, TELEPHONE retrouve le studio pour y
enregistrer leur troisième album très attendu, Au Cœur de la Nuit. Et les
ventes du disque se montreront très cohérentes : il devient double disque d’or
en deux mois, grâce à deux tubes, « Argent trop cher » et « Au cœur de la nuit
». Et si ces deux morceaux sont des classiques aux riffs ravageurs et aux
mélodies gravées dans la plupart des têtes, elles ne sont pas les seules
chansons de cet album, où de très bonnes idées s’enchainent en évitant presque
parfaitement les fautes de goût.
Le style téléphone est
toujours aussi féroce, dans les paroles, parfois très agressives (« Ploum Ploum
») et dans le style musical, mais l’on sent progressivement que les musiciens
ne se contentent plus de leurs schémas-types et risquent certains changements
de style : ballade, funk, acoustique jazzy et même un morceau uniquement
composé de voix et de percussions (« Un homme + un homme »). Et soyons francs,
ces expérimentations s’avèrent surprenantes et réussies, et rajoutent beaucoup
de saveur à l’album. Il est donc étonnant de constater à quel point, en un an
seulement, les musiciens de TELEPHONE ont muri dans leurs compositions, voire
également dans leurs paroles, qui se détachent du « ho la la ça va pas, soyons
rebelles » pour des thèmes sensiblement plus adultes. Une autre nouveauté du
disque : « 2000 nuits », écrite, composée et chantée par Louis Bertignac,
première œuvre de celui qui écrira deux ans plus tard « Cendrillon ». Sa voix,
moins écorchée que celle de Jean Louis Aubert, offre un parfum différent à
l’album, mais malheureusement pas une chanson de légende. ¹
Cependant, l’album n’est pas
parfait, et ne reste qu’à constater que du punk survitaminé « Seul » à la
ballade « Laisse tomber » s’étend une palette de chansons dont certaines
moyennement inspirées. Ainsi, certains morceaux comme « Pourquoi n’essaies-tu
pas ? » s’avèrent trop classiques, pas assez innovantes et inévitablement moins
à la hauteur de l’album précédent. Ces chansons sont, heureusement,
minoritaires et jamais complètement mauvaises, mais suffisent pour
"casser" l'album dans son écoute intégrale, surtout lorsqu'elles
succèdent à certaines qui ont vraiment de la gueule (je ne vise pas du tout la
succession « Argent trop cher » / « Ordinaire », suivez mon regard).
En 1980, TELEPHONE s’éloigne
donc progressivement de leurs influences originelles et on s’étonne, au terme
de notre écoute, de constater à quel point Au Cœur de la Nuit peut posséder une
ambiance homogène tout en étant composé de morceaux aussi hétérogènes. La cause
? Sans doute une ambiance au sein du groupe encore très bonne à l’époque, une
inspiration à toute épreuve, un public qui le leur rend bien, une technique qui
s’améliore grâce à l’expérience, mais surtout, un plaisir à composer que l’on
ressent rien qu’à l’écoute. Quelques mois avant était également sorti Téléphone
Public, testament vidéo réalisé par LE Jean-Marie Périer, film mythique où l’on
découvrait que Jean-Louis Aubert était une bête de scène, que Corine Marienneau
était bien plus que « la gonzesse du groupe », que Louis Bertignac était un
put*** de guitariste et que Richard Kolinka savait casser des batteries. Alors,
ne boudons pas notre plaisir et réécoutons Au Cœur de la Nuit, l’album au
centre de leur discographie, dernière trace de leur alchimie qui bientôt
disparaîtra jusqu’à devenir, actuellement, un vrai nid à tensions.
( BOMBE_HUMAINE – FP).
TRACKLIST :
A1. Au Cœur De La Nuit
A2. Ploum Ploum
A3. Pourquoi N'Essaies-Tu Pas?
A4. Seul
A5. Laisse Tomber
A6. Un Homme + Un Homme
A7. Les Ils Et Les Ons
B1. Argent Trop Cher
B2. Ordinaire
B3. 2000 Nuits
B4. Fleur De Ma Ville
B5. La Laisse
B6. Le Silence
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire