mardi 6 mars 2018

Telephone - Au Coeur De La Nuit




Téléphone ‎– Au Cœur De La Nuit
Pathé ‎– France ‎– 1980


En 1980, un an seulement après la sortie de Crache ton Venin, TELEPHONE retrouve le studio pour y enregistrer leur troisième album très attendu, Au Cœur de la Nuit. Et les ventes du disque se montreront très cohérentes : il devient double disque d’or en deux mois, grâce à deux tubes, « Argent trop cher » et « Au cœur de la nuit ». Et si ces deux morceaux sont des classiques aux riffs ravageurs et aux mélodies gravées dans la plupart des têtes, elles ne sont pas les seules chansons de cet album, où de très bonnes idées s’enchainent en évitant presque parfaitement les fautes de goût.

Le style téléphone est toujours aussi féroce, dans les paroles, parfois très agressives (« Ploum Ploum ») et dans le style musical, mais l’on sent progressivement que les musiciens ne se contentent plus de leurs schémas-types et risquent certains changements de style : ballade, funk, acoustique jazzy et même un morceau uniquement composé de voix et de percussions (« Un homme + un homme »). Et soyons francs, ces expérimentations s’avèrent surprenantes et réussies, et rajoutent beaucoup de saveur à l’album. Il est donc étonnant de constater à quel point, en un an seulement, les musiciens de TELEPHONE ont muri dans leurs compositions, voire également dans leurs paroles, qui se détachent du « ho la la ça va pas, soyons rebelles » pour des thèmes sensiblement plus adultes. Une autre nouveauté du disque : « 2000 nuits », écrite, composée et chantée par Louis Bertignac, première œuvre de celui qui écrira deux ans plus tard « Cendrillon ». Sa voix, moins écorchée que celle de Jean Louis Aubert, offre un parfum différent à l’album, mais malheureusement pas une chanson de légende. ¹

Cependant, l’album n’est pas parfait, et ne reste qu’à constater que du punk survitaminé « Seul » à la ballade « Laisse tomber » s’étend une palette de chansons dont certaines moyennement inspirées. Ainsi, certains morceaux comme « Pourquoi n’essaies-tu pas ? » s’avèrent trop classiques, pas assez innovantes et inévitablement moins à la hauteur de l’album précédent. Ces chansons sont, heureusement, minoritaires et jamais complètement mauvaises, mais suffisent pour "casser" l'album dans son écoute intégrale, surtout lorsqu'elles succèdent à certaines qui ont vraiment de la gueule (je ne vise pas du tout la succession « Argent trop cher » / « Ordinaire », suivez mon regard).

En 1980, TELEPHONE s’éloigne donc progressivement de leurs influences originelles et on s’étonne, au terme de notre écoute, de constater à quel point Au Cœur de la Nuit peut posséder une ambiance homogène tout en étant composé de morceaux aussi hétérogènes. La cause ? Sans doute une ambiance au sein du groupe encore très bonne à l’époque, une inspiration à toute épreuve, un public qui le leur rend bien, une technique qui s’améliore grâce à l’expérience, mais surtout, un plaisir à composer que l’on ressent rien qu’à l’écoute. Quelques mois avant était également sorti Téléphone Public, testament vidéo réalisé par LE Jean-Marie Périer, film mythique où l’on découvrait que Jean-Louis Aubert était une bête de scène, que Corine Marienneau était bien plus que « la gonzesse du groupe », que Louis Bertignac était un put*** de guitariste et que Richard Kolinka savait casser des batteries. Alors, ne boudons pas notre plaisir et réécoutons Au Cœur de la Nuit, l’album au centre de leur discographie, dernière trace de leur alchimie qui bientôt disparaîtra jusqu’à devenir, actuellement, un vrai nid à tensions.
( BOMBE_HUMAINE – FP).







TRACKLIST :

A1.      Au Cœur De La Nuit
A2.      Ploum Ploum
A3.      Pourquoi N'Essaies-Tu Pas?
A4.      Seul
A5.      Laisse Tomber
A6.      Un Homme + Un Homme
A7.      Les Ils Et Les Ons

B1.      Argent Trop Cher
B2.      Ordinaire
B3.      2000 Nuits
B4.      Fleur De Ma Ville
B5.      La Laisse
B6.      Le Silence

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