Offspring – Smash
Epitaph – 6868-1 Reissue Remastered – Edition Europe
– Oct 2017
La « légende » raconte que,
en cette année 1994, alors que le grunge était en train de péricliter et que le
rock moderne parvenait à un carrefour, deux albums propulsèrent le punk-rock
californien en des cimes de popularité. Le troisième album de Offspring,
répondant à l’athlétique nom de Smash, fut l’un d’eux.
Après deux albums un peu
tâtonnants et bruts de (pomme) décoffrage, le groupe a remis son ouvrage sur le
métier à tisser et entrepris d’affiner son approche musicale. Bien lui en a
pris, car Smash apparaît comme un aboutissement ou la révélation d’une certaine
maturité dans la hargne juvénile. Les compos sont moins brouillonnes, plus
variées, et quand l’on retrouve la bonne vieille formule punk-rock pifpaf boum
tagada, on s’aperçoit que celle-ci a aussi subi un traitement de raffinage, non
dénué de qualité.
Dans l’ensemble, la recette
du groupe conjugue puissance vindicative et simplicité dans la rythmique et les
riffs, mais de petites nuances bien senties, des choeurs pour porter les
refrains et un sens cette fois indéniable de l’accroche, fait passer Offspring
du statut d’insigne bourrin à celui de porte-étendard d’une génération acnéique
(ou peu s’en faut). On en a le témoignage sur les titres purement punk-rock,
bourrés d’énergie, qui constituent le gros des troupes, comme le rentre-dedans
« Nitro », « Bad Habit » avec son intro de calme retenu, l’impulsif « Genocide
» et son break appuyé, plutôt intéressant, ou encore la reprise « Killboy
Powerhead », délicieusement agressive. Je ne citerai pas tous les morceaux par
peur de la redondance, mais ils parviennent quasiment tous à tenir la rampe
jusqu’à la fin de l’album, qui se clôt sur le morceau titre, très mélodique et
les habituels « morceaux cachés qui font peur ».
Ensuite, il y a les titres
qui permettent d’élargir la panoplie du groupe et d’étoffer considérablement la
portée de l’album. C’est le cas avec le ska de « What Happened to You », qui
permet à l’auditeur de reprendre sa respiration, mais surtout avec le trio
gagnant : l’excellent tempo moyen « Gotta Get Away », qui fait grunger dans les
chaumières (merci les guitares bien grasses), le fameux « Self Esteem », ses
choeurs pittoresques et ses riffs qui tachent, et évidemment, le marquant «
Come Out and Play » et son gimmick orientalisant qui ferait danser un éléphant
dans un magasin de porcelaine. Ici, ce n’est déjà plus du vrai punk, c’est un
crime de lèse-majesté, mais franchement, qu’est-ce qu’on peut en avoir à
secouer ?
Avec quelques cartouches en
plus sur le fusil de l’expérience, Offspring est enfin parvenu à sortir un
album très solide, et atteint enfin son coeur de cible, les ados et les
amateurs de rock puissant, mais pas trop prise de tête. Et contrairement à
l’autre album de punk-rock populaire de 1994, Dookie des Green Day, le succès
est mérité.
Certes, cet album n’est pas
destiné aux intellos en quête d’arrangements de dingos, pleins de morgue et
d’idées préconçues sur le sens métaphysique des platanes en milieu tropical,
mais au moins, il botte bien sa mémé. En terme de popularité, c’est le jackpot
évidemment, et par la suite, le groupe cherchera à rééditer l’exploit de Smash.
Toutefois la qualité ne sera peut-être plus toujours au rendez-vous, la
spontanéité ayant été jetée aux orties avec la mémé et l’eau du bain de la
célébrité. Quoi qu’il en soit, Smash est à prescrire aux vieux nostalgiques,
aux jeunes aux esgourdes innocentes et aux apathiques en manque de vitamine bon
marché. Ça fait toujours du bien par où ça passe.( Ameforgee - FP).
TRACKLIST :
A1. Time To Relax
A2. Nitro [Youth Energy]
A3. Bad Habit
A4. Gotta Get Away
A5. Genocide
A6. Something To Believe In
A7. Come Out And Play (Keep 'Em Separated)
B1. Self Esteem
B2. It'll Be A Long Time
B3. Killboy Powerhead
B4. What Happened To You?
B5. So Alone
B6. Not The One
B7. Smash
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