Deep Purple – Deep Purple In
Rock
Harvest – SHVL 777 –
Album Gatefold – Edition France – 1970
Ce vacarme terrible résonne
sans fin dans votre lecteur pendant près d’une minute. La guitare est
frénétique, hantée par le Diable qui ricane grâce au vibrato de la stratocaster
; la batterie est titanesque, surpuissante, ravageuse ; la basse gronde et
l’orgue rugit ; les amplis crachent, les vitres cèdent. Tout s’écroule…
Ça devait arriver, ainsi
s’achève l’ère de la pop gentillette et du rock à pépère. L’heure est au
rentre-dedans, et après que LED ZEPPELIN ait ouvert la voie au Hard-Rock avec
une teinte bluesy, DEEP PURPLE instaure son propre concept deux ans plus tard,
beaucoup plus direct : une rythmique qui bourrine, un orgue saturé grinçant,
une guitare insaisissable, un chant avant-gardiste, le tout avec un son
crasseux, poussé au max, au risque parfois de tout faire péter pendant les
enregistrements. Pour le coup, c’est sûr, c’est facile d’accès. Vous n’avez
d’ailleurs aucun effort à faire pour comprendre quoi que ce soit de ce qui se
passe. Vous la bouclez, vous serrez les dents, et vous priez pour être encore
vivant après ce qui est pour l’époque l’équivalent d’une charge de sept
suppositoires taille XL qui se tiennent la main, prêt à en découdre avec le
premier sceptique venu.
Pourtant, rien ne laissait
présager un tel changement d’orientation musicale. Mais après trois albums peu
remarqués, un membre du groupe a décidé qu’il était temps de passer aux choses
sérieuses : BLACKMORE est aux anges. Il jugeait avoir fait assez de concessions
en laissant Jon LORD monter son projet de Concerto Rock, et maintenant il en a
ras le cul. Il prend les rênes du groupe, et donne le mot d’ordre pour le
prochain disque : « If it’s not dramatic or exciting, it has no place on this
album ». Tout est dit, voici la définition du Hard-Rock à la sauce DEEP PURPLE,
qui s’exprime de la façon la plus impulsive (« Speed King ») et la plus
grandiose (« Child In Time ») sur cet album gravé dans la pierre, et dans
l’Histoire.
Or donc, après ce demi-suppo
qu’est l’introduction toute en subtilité de « Speed King », le calme revient,
incarné par un orgue relaxant. Tout va bien, les meubles tiennent, on se laisse
bercer, jusqu’à ce que vienne LA note, qui dure, dure, dure… et PAF ! L’orgue,
la guitare et la basse s’assemblent pour former un être massif, répétant un
riff ultra-efficace, guidés par la frappe de PAICE, et sur lequel GILLAN chante
et hurle avec un charisme à faire pâlir Robert PLANT. Mais là où GILLAN
l’enfonce complètement, c’est sur le morceau le plus anthologique de groupe, le
plus audacieux, qui se résume à trois accords, j’ai nommé « Child In Time » !
Dix minutes d’une intensité monumentale ! Quelle claque ! Beau et terrible à la
fois, c’est à pleurer. Le chant est divin, BLACKMORE s’affirme comme un
guitariste accompli, prêt à tout balayer, et l’orgue est sur le point
d’exploser. Un morceau à écouter absolument, mais si vous avez déjà mal après «
Bloodsucker », ne tentez pas le coup, le risque est énorme...
Une fois que tout cela a été
dit, présenter le reste de l’album est une corvée si l’on veut absolument
éviter de se répéter. Citons simplement les meilleurs titres : « Flight On The
Rat », « Living Wreck ».
Mais alors que vaut cet
album quarante ans après sa sortie ? Autant être clair, il est une pièce
maîtresse dans la discographie de DEEP PURPLE. Jamais le groupe ne se montrera
aussi puissant en studio, le son est unique. Ses détracteurs lui reprochent un
manque de créativité, une monotonie lassante autant dans le fond que dans la
forme. Les fans du groupe, eux, le vénèrent, et cassent souvent la gueule aux
détracteurs. Autant bien choisir son
camp.
TRACKLIST:
A1. Speed King
A2. Bloodsucker
A3. Child In Time
B1. Flight Of The Rat
B2. Into The Fire
B3. Living Wreck
B4. Hard Lovin' Man
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