samedi 31 mars 2018

Garbage - Version 2.0



GARBAGE - VERSION 2.0
Mushroom Records - MUSH29LP – 1998


3 ans… c’est le temps qu’aura mis Garbage à pondre son deuxième album Version 2.0… ou plutôt un an, car le groupe a fait une tournée triomphale après le beau succès de leur album éponyme, et ils devaient vite se dépêcher d’enregistrer le successeur, sinon leur maison de disque allait se fâcher tout rouge.

Avec ce Version 2.0, Garbage réutilise la même formule que son cadet, et arrive pourtant à sortir un disque différent. Il faut dire qu’ils n’ont pas lésiné sur les arrangements et le travail fourni est impressionnant. Garbage n'a pas failli à sa réputation de groupe qui aime les studios.

Mais entamons tout de suite cette galette car j’ai faim…

« Temptations Waits » est un titre très indus (comme beaucoup de ce disque d’ailleurs), imprimé sur un beat techno et des synthés très en avant. Les guitares ne sont pas très présentes, et ne viennent ponctuer que de temps à autre la chanson afin d’en épaissir la consistance… Ma foi, ça commence plutôt bien, mais pour ceux qui croient que le groupe ne fait plus de rock, ne vous inquiétez pas: « I Think I’m Paranoid » véritable mur du son, voit le retour des grosses guitares toutes sales comme on les aime sur un refrain imparable, entrecoupé d’une voix passée au filtre pour Shirley sur certains passages… décidément c’est encore plus expérimental qu’à l’accoutumé, et le groupe assume sans complexe ses influences indus.

Allez, on continue la route avec « When I Grow up » encore plus synthétisé mais qui laisse tout de même de la place à la batterie et à la basse. La rythmique est solide et c’est une fois de plus un gros moment de saturation qui se ramène sur le refrain, mémorisable en un instant. « Medication » est la première ballade du disque, ça part tout doucement avec une guitare limite cristalline (qui l’eût cru?), la voix de Shirley triste et charmeuse, et ça continue très fort avec un refrain puissant comme à l’habitude (on ne change pas une équipe qu gagne hein ?). « Special » propose enfin un temps mort afin de nous faire digérer le reste, l’efficacité est toujours au rendez-vous, mais ce morceau est plus simple dans sa construction et ses arrangements. Une petite réminiscence au premier album n'est pas malvenue!

Bon c’est quand qu’ils font un faux pas les zigotos… pas avec « Hammering in My Head » en tout cas. Déroutant au premier abord, il prend toute son ampleur au fur et à mesure des écoutes. Violent, rapide, malsain, c’est une espèce de rouleau compresseur qui s’empare de vous, un condensé de technologie à lui tout seul, cisaillé au cordeau par les notes de clavier et un chant aigu assez surprenant afin de calmer le tout, avant de repartir de plus belle.

Mais c’est qu’ils commencent sérieusement à m’énerver, c’est quand qu’il arrive le chat noir de ce disque? Pas maintenant Vivi…(vous constaterez que j'aime beaucoup dialoguer avec moi-même). « Push it » est dans le style d’ « I Think I’m Paranoid » mais avec une ambiance plus poisseuse et collante… peut-être mon morceau préféré du disque. « The Trick is to Keep Breathing » colle le frisson grâce à ces claviers éthérés qui distillent une certaine pureté sur un titre d’une intensité rare.

Je crois qu’il n’y aura pas de mauvais titre pour cet opus, et je continue à parcourir ma galette, et mon appétit du début, commence à s'estomper… « Dumb » et « Sleep Together » semblent former le parfait ajustement entre rock et électroniques…ni trop, ni pas assez… « Wicked Ways » bénéficie d’un refrain et d’une rythmique entêtante, rehaussé par les guitares massives qui en rajoutent une bonne couche. C’est déjà le dernier titre qui arrive avec la ballade « You Look So Fine », douce et pleine de tristesse, il suffit juste de se laisser bercer et de fermer les yeux, et pour ceux qui le désirent, verser quelques larmes…

C’est terminé, et maintenant il va falloir que je digère, ce qui risque de me prendre un petit moment. Je suis à la limite de l’indigestion même, et c’est peut être le seul défaut que j'ai trouvé à ce disque. Plus dense, plus froid et plus expérimental que leur premier album, Version 2.0 est un peu plus long à assimiler, et ne prend que toute sa dimension avec le temps.
Mais devant un groupe aussi travailleur, qui ne se repose pas sur ses lauriers et qui arrive à se régénérer avec les mêmes ingrédients qu’auparavant, j’aimerais faire des indigestions plus souvent ! (Vivi - FP).





TRACKLIST :

A1. Temptation Waits
A2. I Think I'm Paranoid
A3. When I Grow Up
A4. Medication
A5. Special
A6. Hammering In My Head

B1. Push It
B2. The Trick Is To Keep Breathing
B3. Dumb
B4. Sleep Together
B5. Wicked Ways
B6. You Look So Fine




vendredi 30 mars 2018

Wishbone Ash ‎– Argus




Wishbone Ash ‎– Argus
MCA Records ‎– 250 473-1 – Europe – 1972



Wishbone Ash, ce groupe à l'identité unique, posé en 1966 sur les cendres de Empty Wessels, qui fait son entrée chez MCA Records avec l'aide de Ritchie Blackmore et Derek Lawrence et qui, savamment, opère à la jonction entre le rock et le rock progressif, n'est pas à présenter, et je n'aurais pas cette audace. Ces informations, vous les connaissez, vous, grands amateurs de musique passée, présente et future. Et sinon, les détails pleuvent à foison sur la toile, jamais rassasiée. Car, que de millions d'albums acquis par les gourmands de son et que de milliers de concerts, pour des yeux écarquillés et des tympans avides? Je paraphrase.


Aujourd'hui, je veux parler de ce qu'on dit souvent être la poutre maîtresse. Le révélateur de talent. La claque dans la tronche. Argus. Enregistré en janvier 1972 dans les studios De Lane Lea à Londres. Considéré bel et bien comme une œuvre majeure du groupe. Plus grand succès de Wishbone Ash au Royaume-Uni. Troisième place des Charts et 169ème au Billboard (USA). Je paraphrase encore. Ce n'est ici que ce que notre bible Wikipédia nous apprend. Pourquoi en parler à présent, quelques quarante-six ans après ? Quelques millions de lignes derrière ? Eh bien, parce qu'avant de coucher ces lignes supplémentaires, je n'en ai eu cure des charts, de l'aura pressentie, ressentie, analysée ou de que sais-je encore. Et si vous me connaissez, vous saurez que je m'en tarte toujours encore tandis que j'écris. Je loue certes le bon sens des contemporains et des suivants qui ont su saluer pleinement l'illustre album de mille louanges mérités. Cet Argus... qu'il me semble avoir découvert bien avant mon âge, alors que c'était juste dans cet hier. Pur paradoxe émotionnel, tant son écoute et son appréciation me semblent aller de soi. J'en parle simplement parce que je l'aime. J'ai cette envie. Moi qui l'ai découvert dans mon alcôve, moi qui m'en suis émue, dans mon coin. Juste comme ça. Et parce que s'il y avait Un album pour tout dire, s'il n'y en avait qu'un seul à choisir, ce serait celui-ci et nul autre, qui à lui seul, condense tant d'essentiels. Tant de vérités. Tant d'instants. Tant de cendres. Comme un fait exprès. Avant que ça ne se passe. Avant que je ne le vive.

Anglais, et en rien flegmatique. Nous débutons sur les tendres arpèges de "Time Was". Un premier mot. Un premier constat. Ce « I've got to rearrange my world. I miss you, I need you », oui. Et trois minutes qui s'écoulent doucement, tendrement. Et sans faillir, passé ces trois petits instants, nous sommes soudain jetés dans un rythme bien chaloupé. Qu'on nous secoue les puces ! Mais bien volontiers, nous répond Wishbone Ash. Mais il ne se contentera même pas de ça ! "Time Was" nous offre au long cours de ressentir cet afflux veineux enjoué, mené notamment par cette superbe envolée de guitare. Prémices à bien d'autres, soulignons le d'avance. Faut que je me secoue. C'est clair. Il le faut. Poursuivons. "Sometimes in Times" brosse ensuite, et à elle seule, ce qui fait tout le charme de cette auguste composition. Les paroles pourraient se prêter à une profonde et triste mélancolie, les groupes de funeral doom ne se priveraient pas de nous flageller sur cette matière offerte, et quelque chose dans la musique pousse en effet véritablement la gorge à se nouer. Mais pourtant, Wishbone Ash se saisit de nous différemment, dans cette rythmique qui donne la chair de poule, dans cet élan qui  propulse, dans ces « lalala » enthousiasmants, que de fougue, que de pulsion pressante vers le « j'm'en fous, j'ai envie d'exploser et de tourbillonner », partant de paroles pourtant riches d'émotions amères, que peu d'entre nous n'ont pas déjà éprouvées. « Sometime world, pass me by again - Carry you, carry me, away ». Cette tension d'un instant. Une alchimie, inédite encore, un transport immédiat. Alors ce "Blowin' Free", alors ces accents introductifs d'une nonchalance toute arrogante. Un pur bonheur. Toujours cet engouement génial qui dépasse les paroles prononcées. Comme une leçon, plus que bienveillante. On pose un instant le propos, certes. La guitare répond, voix superbe, certes. Prenez conscience des faits et puis... secouez-vous bon sang ! On n'a de cesse de vous le dire !  Allez, laissez vous chambarder par cette frénésie, par ces rythmes balancés, par cette basse prenante qui vous saisit les hanches... Free, lâchez-vous, dans la dernière cavalcade qui clôt le titre en puissance, comme une folle lancée sur des rails et qui se moque de tout, et de vous.

Alors. Face B. Cette avancée progressive. Cette marche. Martiale. Et non martiale. Franche. Et barrée tout à la fois. "The King Will Come". Toujours cette guitare fantastique qui mène le propos, bien plus que les voix. Bien plus en avant. Véritable narratrice. Ronde, chaude, débridée. Fulgurante. Elle dit tout à elle seule. Vous emporte dans des songes progressifs de haute volée. Des mots pour la décrire ? Qu'en ai-je à faire. Écoutez seulement le manifeste ! Les voix la cueillent juste au passage pour nous ramener à l’intelligible. Juste ça. Écoutez – ou plutôt, réécoutez, car depuis le temps, vous connaissez l'affaire – et vous saisirez, mieux. Et alors. Alors... Ai-je besoin de vous énoncer ce qui compose le cœur de cette œuvre de Wishbone Ash ? Est-il besoin de nommer seulement celle qui s'élève à présent ? "Leaf and Stream" ? Simple comme son nom. Une feuille et un ruisseau. Elle et nulle autre. Une mélodie folk. Un murmure au crépuscule des pensées. Qui vient nous bercer entre deux rêves et que l'on se sent juste orgueilleux de contempler, encore, et encore, et encore. Sans jamais connaître de lassitude. Jamais. Trop brève est-elle seulement? Volée à l'instant? Peut-être. Ou peut-être pas.  Non. Finalement pas. Car elle laisse une empreinte unique et indélébile. Et il n'est point besoin de coucher les mots sur elle. En quelques instants, elle dit  l'essentiel et ce n'est que trop. "Warrior" ? Une bouffée d'air vrai. Une explosion de saveurs. Une conquête. Un réveil.  "Throw Down the Sword" ? Ni blanc, ni noir. Comme tout cet ensemble. Qui dit une chose, sur ce ton qui dément et acquiesce. Dans le même temps. Fataliste ? Jamais. Mais pas dépourvue d'émois. Certainement pas. Écoutez, écoutez ce duo qui s'élève. C'est épique. Comme tous les dialogues de valeur. Ça vole haut. Très haut. Comme jamais. Quant à "No Easy Road" présente sur la première reissue ? Un final à l'avenant. A l'appui d'un clavier piquant et dynamisant. Une ultime note qui vous réveille les sens. Vous bouscule. Pas facile la vie, n'est-ce pas ? Mais ça va aller ! Vous le savez. Et on vous pose la note, au cas où vous en douteriez.

Argus, c'est juste ça. C'est cette bouffée d'oxygène. Une ventoline quand vous manquez d'air. Une pression sur le plexus solaire. Argus est lumineux. Et ceux qui s'en saisissent le savent bien. Avec tout le bordel qui nous parcourt la tête, n'est-ce pas justice que de tout voir si superbement condensé, illustré et porté, avec tant d'amour, de joie et d'entrain ? Lisez ses mots. Écoutez ses sons. A nouveau. Ce que cet album connu, par trop familier, a encore et toujours à vous conter, à raviver et à nourrir. Et de vous dire, que ça ne date pas d'hier ? Oui. Ce sentiment est daté. De cette heure unique où vous l'avez ouvert la première fois. Si loin. Mais on peut s'en griser encore et encore, à cette heure présente. Il est toujours vivace. Ardent. Magnifique. (Tabris – Les Eternels).









TRACKLIST :

A1. Time Was
A2. Sometime World
A3. Blowin' Free

B1. The King Will Come
B2. Leaf And Stream
B3. Warrior
B4. Throw Down The Sword





dimanche 25 mars 2018

Deep Purple - Machine Head




DEEP PURPLE - MACHINE HEAD (1972)
(Sur la photo, réédition 2012, 40th Aniversary 12"+7" 180Gr Vinyl).



4 décembre 1971. Montreux, Suisse. Les membres de Deep Purple semblent bien partis pour passer une bonne soirée. En effet, ils assistent au concert de Frank Zappa au « Gambling House », au bord du lac Léman, concert incroyable mais également tristement célèbre. En effet, il se trouve qu’un spectateur eu la mauvaise idée de tirer une fusée dans le plafond, mettant ainsi le feu à l’édifice. De cette anecdote, qui coûta tout de même $48 000 de matériel à Franck Zappa, naquit "Smoke On The Water", le titre le plus connu de l’histoire du rock.

Un an auparavant, l’essai "In Rock" a été brillamment transformé par un "Fireball" moins incisif mais plus osé, et le groupe commence à s’installer très confortablement dans la cour des grands. C’est donc chez les Helvètes qu’ils prévoient de donner un successeur à ces deux albums, avec le célèbre studio mobile des Rolling Stones. Les roadies de Purple ayant par chance refusé au dernier moment d’entreposer le matériel du groupe au Casino, l’enregistrement de ce qui allait devenir l’un des albums les plus emblématiques de la décennie pu se dérouler en un temps record pour le groupe : deux semaines.

Réduire "Machine Head" à "Smoke On The Water" est une erreur que je ne commettrai pas. En effet ce titre a, au fil du temps, totalement pris l’ascendant sur les autres (aux yeux du grand public), mais au départ "Smoke on The Water" n’est pas sorti en single, le premier étant "Never Before", qui démarre de façon plutôt groovy pour nous emmener dans un développement incisif et efficace. La marque de fabrique Purple, à savoir la complémentarité entre guitare et claviers, est parfaitement utilisée ici et transcende par ailleurs des titres comme "Maybe I’m A Leo" et "Lazy", composée en une nuit par un Blackmore à qui le reste du groupe reprochait sa fainéantise. Sur l'album, ce même Blackmore est virtuose, mais jamais envahissant comme trop souvent dans le Hard Rock, et les joyeuses digressions de "Pictures Of Home" sont jouissives à souhait grâce à la clarté du propos.

On pourrait penser qu’une production plus minimaliste nuise à l’agressivité de l’album, mais il n’en est rien. Même si le son n’est pas aussi nerveux que celui d' "In Rock", les titres comme "Space Truckin’" ou "Highway Star" sont des brûlots pleins d’énergie. Le premier était écouté par les astronautes de la mission Columbia de 2003, faisant de Machine Head un des rares albums à être allé dans l’espace. "Highway Star" est l’un des titres les plus réussis de l’album et ouvrira superbement de nombreux concert de Deep Purple, dont le fameux "Made In Japan". Le solo de ce morceau speed (plutôt dominé par l'Hammond par ailleurs) reste l’un des plus emblématiques du talent et du touché de Blackmore. Il faut noter aussi que deux titres de cet album, à savoir "Lazy" et surtout "Space Truckin’", donneront lieu à de grandes improvisations en concert.

Il s’est trouvé des personnes pour juger "Machine Head" commercial, trop simple, loin des expérimentations des deux albums précédents. Cette vision des choses me parait bien réductrice. Les morceaux sont peut-être un peu calibrés, mais je lui trouve une variété de mélodie rare dans le milieu, les développements sont toujours parfaitement à propos, et la phrase usée jusqu'à la corde « Il s’écoute sans faim. » prend ici tout son sens. Chaque titre est formidablement mis en valeur par cette production, et l’album vous enchantera par ses atmosphères grandioses et Rock pendant bien longtemps. Il est impossible de se lasser de ces sept titres (huit avec l’incorporation de "When A Blind Men Cries", superbe ballade blues…) qui sont chacun des diamants brut de Hard Rock. Incontournable. (Sozo).





TRACKLIST :

A1. Highway Star   
A2. Maybe I'm A Leo          
A3. Pictures Of Home       
A4. Never Before    
B1. Smoke On The Water 
B2. Lazy       
B3. Space Truckin'





Ten Years After - Ssssh




Ten Years After ‎– Ssssh.
Chrysalis ‎– 1C 038-3 21083 1– Europe – 1969


Quatrième album du groupe de rock anglais (à tendance fortement bluesy) Ten Years After, Ssssh est sorti en 1969. Le titre étrange et pas très réussi et la pochette rouge et assez moyenne cachent probablement le fait que cet album est, derrière Cricklewood Green (1970), le meilleur album du groupe, le second meilleur album (et, chronologiquement parlant, le premier sommet, car venu avant Cricklewood Green). Très court (32 minutes pour 8 titres), Ssssh fait partie des albums les plus réputés de la fin des années 60. Ten Years After (alors constitué d'Alvin Lee à la guitare et au chant, de Leo Lyons à la basse, de Ric Lee à la batterie et de Chick Churchill à l'orgue) y est quasiment en état de grâce.

Alvin Lee, surtout, dont la guitare et la voix sont particulièrement en forme ici. De Bad Scene à I Woke Up This Morning, en passant par Good Morning Little Schoolgirl (une reprise) et The Stomp, Ssssh offre un condensé imparable de rock mâtiné de blues, suffisamment rythmé pour vous faire tenir durant tout l'album, mais très mélodique, et assez bien produit, de plus. Mention ultra spéciale à I Woke Up This Morning. Son seul défaut est d'être franchement  trop court (un peu plus d'une demi-heure), y compris en fonction des standards de l'époque (en général, 36 ou 38 minutes, parfois plus, mais les albums de 30-33 minutes étaient moins fréquents que ceux de 36 ou 37 minutes).

Un des meilleurs albums de Ten Years After, un des meilleurs albums de rock de la fin des années 60 et de l'année 1969 (une très très grande année : les deux premiers Led Zeppelin, Then Play On, Let It Bleed, Abbey Road, Ummagumma, In The Court Of The Crimson King, Beck-Ola, Blind Faith, The Soft Parade...). Ssssh est donc un indispensable pour votre discothèque !






TRACKLIST :

A1. Bad Scene
A2. Two Time Mama
A3. Stoned Woman
A4. Good Morning Little Schoolgirl

B1. If You Should Love Me
B2. I Don't Know That You Don't Know My Name
B3. The Stomp
B4. I Woke Up This Morning






jeudi 22 mars 2018

"M" - Je Dis Aime




-M- ‎– Je Dis Aime
Parlophone ‎– 0190295962920 – Limited Edition, Reissue 180gr. – France Nov 2016



Dans une trilogie, le deuxième opus est souvent le plus consistant, le plus attrayant, un vrai plat de résistance, quoi !

-M- parle de ses trois derniers albums en tant que trilogie, comme s'il constituait un tout unique et indissociable. On peut essayer de comprendre pourquoi? C'est assez simple d'ailleurs. Il suffit de noter la cohérence et la progression de ces trois albums qui amènent le petit -M- du rang de fils de son père, jeune artiste excentrique au stade qu'on lui connait, chanteur de notoriété respecté pour ses textes et son côté original.
Dans le premier album Le Baptême, on retrouve toute la naïveté de l'enfance, ce côté un peu rêveur, nature tout empreint d'une timidité qui ne lui permet pas de s'affirmer totalement. Dans ce deuxième album, -M- acquiert une dimension supplémentaire. Il se crée un personnage grandiose et excentrique aux couleurs flashies, à la coiffure géniale. Cet album se veut plus fun, il se permet tout ce qu'il n'a pas osé dans le premier et ça marche !

Cet album représente réellement l'époque 20/25 ans, tant d'insouciance, l'amitié surtout, les amours furtifs, on ne s'attache à rien, "je dis aime et je sème sur ma planète", je vis dans un "monde virtuel", très loin de notre monde réel, je me crée de toute pièce une "planète artificielle". On ne parle pas d'Amour mais d' "onde sensuelle", c'est physique et ça ne va pas plus loin.

C'est l'album qui le fait connaître, le plus abordable, le plus facile d'accès : peut-être parce que sans le vouloir, avec ce côté jeune, je m'en foutiste, je tente tout, il a touché la base du commerce, ce qui plait aux jeunes, quelque chose de nouveau, de fou, qui leur donne l'impression que eux aussi peuvent aller aussi loin, dépasser toute les limites, se transcender dans leur genre.
Dans le troisième album Qui de Nous Deux, ça sera la rencontre de l'Amour, fini les bêtises, je me range, j'enlève mon masque, je ne suis plus -M-, je m'assume, je suis Mathieu Chedid.

Dans cet album Je Dis Aime, tout est plus abouti, il n'y a plus d'ébauches, de chansons naïves, il n'y a que strass et paillettes. Des chansons remuantes, une verve des plus acérée, des chansons à textes surréalistes et oniriques. La guitare est aussi largement mieux maîtrisée. Ce n'est d'ailleurs même pas une question de maîtrise mais plutôt comme la voix : de touche -M-, la guitare de -M- est touchée elle aussi d'une empreinte -M-. Comme celle de Santana ou de Hendrix dans leurs styles, la guitare de -M- est reconnaissable entre milles. Dans Emilie 1000 Volts, les riffs de Santana ne sont d'ailleurs pas très très loins ....

Certaines sont restées en mémoire, on se rappellera "Monde virtuel", "Je dis aime" (écrit avec sa grand-mère Andrée Chedid tout comme "Bonobo"), "le complexe du corn flakes". Des chansons qui brillent par ce côté fun, unique et tellement bien conçus à la note prêt.
Je vous conseille aussi une chanson hilarante "le festival de connes" dont le titre se suffit à lui-même comme explication, un petit extrait pour la route ?
"elles sont toutes bonnes dans ce festival, c'est toutes des bombes du genre ?. pas mal ! pas mal du tout même ? "

La reprise de "Close to me" de The Cure (en français) est aussi excellente. -M- donne sa touche personnelle à cette superbe chanson, on dirait vraiment qu'elle est écrite pour lui.
Bref, je conclus sur cet album qui mérite vraiment le détour. Une révélation pour moi, un album que j'écoute depuis bien des années et qui m'a complètement séduit. Un modèle d'album rondement mené, tout s'enchaîne, l'équilibre est parfait, la chanson de fin est une acoustique à la Ennio Morricone, la bonus track n'est pas de trop, loin de là ("Mama Sam", un trip sur l'Afrique : "Je serais le plus blanc bec de tout les africains"). Je ne m'en lasse pas et c'est même plus fort à chaque écoute. Si vous vous intéressez au personnage -M-, commencez par celui-là, vous ne serez pas déçu ...









TRACKLIST :


A1. Monde Virtuel
A2. Je Dis Aime
A3. Onde Sensuelle
A4. A Celle Qui Dure
A5. Faut Oublier

B1. Le Festival De Connes
B2. Le Mec Hamac
B3. Close To Me
B4. Emilie 1000 Volts
B5. Qui Est Le Plus Fragile ?

C1. Le Complexe Du Corn Flakes
C2. Au Lieu Du Crime
C3. Bonoboo
C4. Le Commun Des Motels
C5. Mama Sam





samedi 17 mars 2018

Offspring – Smash




Offspring – Smash
Epitaph ‎– 6868-1 Reissue Remastered ‎– Edition Europe ‎– Oct 2017



La « légende » raconte que, en cette année 1994, alors que le grunge était en train de péricliter et que le rock moderne parvenait à un carrefour, deux albums propulsèrent le punk-rock californien en des cimes de popularité. Le troisième album de Offspring, répondant à l’athlétique nom de Smash, fut l’un d’eux.

Après deux albums un peu tâtonnants et bruts de (pomme) décoffrage, le groupe a remis son ouvrage sur le métier à tisser et entrepris d’affiner son approche musicale. Bien lui en a pris, car Smash apparaît comme un aboutissement ou la révélation d’une certaine maturité dans la hargne juvénile. Les compos sont moins brouillonnes, plus variées, et quand l’on retrouve la bonne vieille formule punk-rock pifpaf boum tagada, on s’aperçoit que celle-ci a aussi subi un traitement de raffinage, non dénué de qualité.

Dans l’ensemble, la recette du groupe conjugue puissance vindicative et simplicité dans la rythmique et les riffs, mais de petites nuances bien senties, des choeurs pour porter les refrains et un sens cette fois indéniable de l’accroche, fait passer Offspring du statut d’insigne bourrin à celui de porte-étendard d’une génération acnéique (ou peu s’en faut). On en a le témoignage sur les titres purement punk-rock, bourrés d’énergie, qui constituent le gros des troupes, comme le rentre-dedans « Nitro », « Bad Habit » avec son intro de calme retenu, l’impulsif « Genocide » et son break appuyé, plutôt intéressant, ou encore la reprise « Killboy Powerhead », délicieusement agressive. Je ne citerai pas tous les morceaux par peur de la redondance, mais ils parviennent quasiment tous à tenir la rampe jusqu’à la fin de l’album, qui se clôt sur le morceau titre, très mélodique et les habituels « morceaux cachés qui font peur ».

Ensuite, il y a les titres qui permettent d’élargir la panoplie du groupe et d’étoffer considérablement la portée de l’album. C’est le cas avec le ska de « What Happened to You », qui permet à l’auditeur de reprendre sa respiration, mais surtout avec le trio gagnant : l’excellent tempo moyen « Gotta Get Away », qui fait grunger dans les chaumières (merci les guitares bien grasses), le fameux « Self Esteem », ses choeurs pittoresques et ses riffs qui tachent, et évidemment, le marquant « Come Out and Play » et son gimmick orientalisant qui ferait danser un éléphant dans un magasin de porcelaine. Ici, ce n’est déjà plus du vrai punk, c’est un crime de lèse-majesté, mais franchement, qu’est-ce qu’on peut en avoir à secouer ?

Avec quelques cartouches en plus sur le fusil de l’expérience, Offspring est enfin parvenu à sortir un album très solide, et atteint enfin son coeur de cible, les ados et les amateurs de rock puissant, mais pas trop prise de tête. Et contrairement à l’autre album de punk-rock populaire de 1994, Dookie des Green Day, le succès est mérité.

Certes, cet album n’est pas destiné aux intellos en quête d’arrangements de dingos, pleins de morgue et d’idées préconçues sur le sens métaphysique des platanes en milieu tropical, mais au moins, il botte bien sa mémé. En terme de popularité, c’est le jackpot évidemment, et par la suite, le groupe cherchera à rééditer l’exploit de Smash. Toutefois la qualité ne sera peut-être plus toujours au rendez-vous, la spontanéité ayant été jetée aux orties avec la mémé et l’eau du bain de la célébrité. Quoi qu’il en soit, Smash est à prescrire aux vieux nostalgiques, aux jeunes aux esgourdes innocentes et aux apathiques en manque de vitamine bon marché. Ça fait toujours du bien par où ça passe.( Ameforgee - FP).







TRACKLIST :

A1. Time To Relax  
A2. Nitro [Youth Energy]   
A3. Bad Habit          
A4. Gotta Get Away
A5. Genocide          
A6. Something To Believe In       
A7. Come Out And Play (Keep 'Em Separated)

B1. Self Esteem      
B2. It'll Be A Long Time     
B3. Killboy Powerhead     
B4. What Happened To You?     
B5. So Alone           
B6. Not The One
B7. Smash





jeudi 15 mars 2018

Deep Purple - In Rock



Deep Purple ‎– Deep Purple In Rock
Harvest ‎– SHVL 777 –  Album Gatefold – Edition France – 1970



Ce vacarme terrible résonne sans fin dans votre lecteur pendant près d’une minute. La guitare est frénétique, hantée par le Diable qui ricane grâce au vibrato de la stratocaster ; la batterie est titanesque, surpuissante, ravageuse ; la basse gronde et l’orgue rugit ; les amplis crachent, les vitres cèdent. Tout s’écroule…

Ça devait arriver, ainsi s’achève l’ère de la pop gentillette et du rock à pépère. L’heure est au rentre-dedans, et après que LED ZEPPELIN ait ouvert la voie au Hard-Rock avec une teinte bluesy, DEEP PURPLE instaure son propre concept deux ans plus tard, beaucoup plus direct : une rythmique qui bourrine, un orgue saturé grinçant, une guitare insaisissable, un chant avant-gardiste, le tout avec un son crasseux, poussé au max, au risque parfois de tout faire péter pendant les enregistrements. Pour le coup, c’est sûr, c’est facile d’accès. Vous n’avez d’ailleurs aucun effort à faire pour comprendre quoi que ce soit de ce qui se passe. Vous la bouclez, vous serrez les dents, et vous priez pour être encore vivant après ce qui est pour l’époque l’équivalent d’une charge de sept suppositoires taille XL qui se tiennent la main, prêt à en découdre avec le premier sceptique venu.

Pourtant, rien ne laissait présager un tel changement d’orientation musicale. Mais après trois albums peu remarqués, un membre du groupe a décidé qu’il était temps de passer aux choses sérieuses : BLACKMORE est aux anges. Il jugeait avoir fait assez de concessions en laissant Jon LORD monter son projet de Concerto Rock, et maintenant il en a ras le cul. Il prend les rênes du groupe, et donne le mot d’ordre pour le prochain disque : « If it’s not dramatic or exciting, it has no place on this album ». Tout est dit, voici la définition du Hard-Rock à la sauce DEEP PURPLE, qui s’exprime de la façon la plus impulsive (« Speed King ») et la plus grandiose (« Child In Time ») sur cet album gravé dans la pierre, et dans l’Histoire.

Or donc, après ce demi-suppo qu’est l’introduction toute en subtilité de « Speed King », le calme revient, incarné par un orgue relaxant. Tout va bien, les meubles tiennent, on se laisse bercer, jusqu’à ce que vienne LA note, qui dure, dure, dure… et PAF ! L’orgue, la guitare et la basse s’assemblent pour former un être massif, répétant un riff ultra-efficace, guidés par la frappe de PAICE, et sur lequel GILLAN chante et hurle avec un charisme à faire pâlir Robert PLANT. Mais là où GILLAN l’enfonce complètement, c’est sur le morceau le plus anthologique de groupe, le plus audacieux, qui se résume à trois accords, j’ai nommé « Child In Time » ! Dix minutes d’une intensité monumentale ! Quelle claque ! Beau et terrible à la fois, c’est à pleurer. Le chant est divin, BLACKMORE s’affirme comme un guitariste accompli, prêt à tout balayer, et l’orgue est sur le point d’exploser. Un morceau à écouter absolument, mais si vous avez déjà mal après « Bloodsucker », ne tentez pas le coup, le risque est énorme...

Une fois que tout cela a été dit, présenter le reste de l’album est une corvée si l’on veut absolument éviter de se répéter. Citons simplement les meilleurs titres : « Flight On The Rat », « Living Wreck ».

Mais alors que vaut cet album quarante ans après sa sortie ? Autant être clair, il est une pièce maîtresse dans la discographie de DEEP PURPLE. Jamais le groupe ne se montrera aussi puissant en studio, le son est unique. Ses détracteurs lui reprochent un manque de créativité, une monotonie lassante autant dans le fond que dans la forme. Les fans du groupe, eux, le vénèrent, et cassent souvent la gueule aux détracteurs. Autant bien choisir son camp.







TRACKLIST:

A1. Speed King      
A2. Bloodsucker     
A3. Child In Time
   
B1. Flight Of The Rat        
B2. Into The Fire     
B3. Living Wreck
B4. Hard Lovin' Man






Sting - Brand New Day



Sting ‎– Brand New Day
A&M Records ‎– 0600753704523 – Reissue  – Europe Pressing – Sep 2016



"Progresser"... Ainsi se terminait la dernière chronique sur STING, comment être d'accord avec une pareille affirmation dans le cas de Gordon Sumner ? Le géant de la musique britannique s'est certainement affranchi de nombreuses règles au fur et à mesure du temps qui s'écoule... Pas plus que les autres il ne rajeunit, et ce temps qui nous échappe ne fait pas une exception avec cet homme. Je ne trouve en revanche que peu de reproches à lui faire. A l'aube du 21eme siècle, il continue de créer une musique d'excellente qualité... La preuve en quelques phrases !

Quand retentit dans toute sa moiteur éthérée l'étrange mélodie de "A thousand years", je m'interroge sur ses fameux progrès .. Et je laisse rapidement tomber, car le niveau atteint sur cette composition est tellement élevé que toute discussion sérieuse ne saurait être de mise ici. Question de goût sans doute, mais l'admiration ressentie dans les tripes de ceux qui ont la chance d'écouter cette magnifique ode au temps qui passe sera évidente ... Cette guitare méconnaissable, insatiablement répétitive, cette basse ronde, presque grasse, jusqu'à ces percussions si "raides" pour un titre aussi ambient... Quelle réussite ! Quel talent ! Je ne vois pas quoi dire d'autre sinon vous encourager à son écoute attentive.
Le titre "Brand new day" sort 3 semaines avant l'opus, annonciateur d'une vibration assez world. De jolis arpéges de guitare, une harmonica et un Hammond, on retrouve notre STING là ou nous l'avions laissé, toutes capacités dehors. Un titre mainstream, un chant plus "pressé" que d'ordinaire mais quel beau refrain ! Une intro de qualité, nul doute. La collaboration avec Cheb MAMI sur le deuxième single a évidemment une coloration toute world... N'oublions pas que l'artiste reste un homme d'affaires de premier plan en plus d'être un humain sensible aux causes écologiques et sociales... Le titre se laisse bien écouter, mais la participation exotique de Cheb ne casse pas des briques, et le titre a du coup une identité trop commerciale, même s'il est indubitablement bien foutu. On notera d'ailleurs les paroles directement issus du roman "Dune" de Frank Herbert pour lequel STING "Feyd Rautha" vibre comme on sait. Ensuite je suis moins sensible au titre plus dance et 3eme single qu'est "After the rain has fallen", trop simple, mais nanti à nouveau du superbe refrain que chacun connaît.


Bien entendu, comme dab, on part dans tous les sens et nous voici soudainement confrontés à une jolie Bossa Nova sur "Big lie small world". En tant que fan de cette musique, je ne peux qu'acquiescer dans cette démarche, le bassiste blond parvient à mettre dans cette nouvelle ode un ton furieusement moderne, notamment dans l'ajout des sons synthétisés et sur ce refrain merveilleusement addictif. Les aspects smooth de "Perfect love... gone wrong" me laissent cependant de marbre. Mais les percus de "Tomorrow we'll see", agrémentées d'une guitare Shadow sur un rythme urgent, laissent à STING l'occasion de poser sa voix avec maestria, et quelques réminiscences de "Moon over Bourbon Street". De la country ensuite ? Presque ! Avec la lap steel de "Fill her up", et la participation du James TAYLOR... Comme à l'accoutumée, nous en avons pour notre argent... et comme en plus la song se transforme en gospel new age sur la seconde partie... De quoi rester bouche bée devant le talent insolent du monsieur... Car en plus, on termine sur une portion presque free jazz... Ouais, c'est bien ça la fusion les gars ! Bravo !

Un album de très bonne qualité, dans le droit fil de la vie du Britannique, toute d'équilibre et d'éclectisme. (Erwin – FP).







TRACKLIST :

A1.      A Thousand Years
A2.      Desert Rose
A3.      Big Lie Small World

B1.      After The Rain Has Fallen
B2.      Perfect Love… Gone Wrong

C1.      Tomorrow We'll See
C2.      Prelude To The End Of The Game
C3.      Fill Her Up

D1.      Ghost Story
D2.      Brand New Day