THE SMASHING PUMPKINS - MACHINA (2000)
Huit cent trente mille
exemplaires d’Adore vendus n’y avaient rien fait: pour Virgin, les Smashing
Pumpkins commençaient à passer de mode. Il faut ajouter à leur crédit que le
quatrième album des Citrouilles n’avait pas réussi à atteindre les sommets
commerciaux faramineux de Mellon Collie & the Infinite Sadness, du moins
aux Etats-Unis. La tournée subséquente permit à Billy Corgan de montrer toute
sa grandeur d’âme en reversant tous les bénéfices à des œuvres caritatives,
sans pour autant réussir à étouffer les rumeurs de mégalomanie courant sur son
compte. L’année 1999 vit le retour très attendu de Jimmy Chamberlin derrière les
fûts, enfin débarrassé de son addiction à l’héroïne. La réintégration du
batteur n’est pas totalement innocente ; Corgan a en effet concocté un plan
ambitieux à l’extrême : enregistrer un double album encore plus prétentieux que
Mellon Collie, puis saborder le groupe dans la foulée. Virgin Records, affolée
par l’arrogance inconséquente du guitariste, préfère opposer une fin de
non-recevoir à sa demande. L’album sera donc simple. Corgan, ulcéré, accepte à
contrecœur l’ultimatum de la maison de disques. D’Arcy Wretzky profite du
désastre ambiant pour quitter une bonne fois pour toutes les Smashing Pumpkins,
s’attirant immédiatement les foudres de Corgan, toujours prompt au mépris
envers ses collègues. Machina, premier du nom, paraît au début de l’année 2000,
décevant très vite les espérances commerciales placées en lui.
Machina : the Machines of
God est la première tentative de concept-album de Billy Corgan. Comme souvent,
le synopsis est étrange, emprunté, voire difficilement compréhensible. Il
s’agit ici de l’histoire d’une rock star nommée Zero (allusion transparente à
Corgan) en pleine crise artistique et spirituelle. Le concept, obscur et un peu
lâche, sert plus de fil conducteur que de cadre narratif, ce qui est un certain
soulagement. Le retour de Chamberlin a eu pour immédiat effet d’orienter les
Smashing Pumpkins dans une direction plus rock, plus particulièrement celle
empruntée sur Mellon Collie. Les samples électroniques d’Adore semblent
définitivement révolus, balayés par les mélodies pop, les refrains romantiques
et les guitares abrasives. Le moment d’égarement électro-acoustique d’Adore
semble très lointain, comme une parenthèse aussi brève qu’intense, pour
toujours isolée sans pour autant être regrettable. Les critiques ont pointé à
raison le retour du mur de guitares caractéristique des deux premiers albums du
groupe. Ce dernier, usiné par le célèbre producteur Flood, n’arrive toutefois
pas à la hauteur de ce qu’avait accompli Butch Vig sur Siamese Dream ; le mur
ici est lointain, diffus, presque éthéré, il manque de puissance, sans être ni
massif ni écrasant, juste lyrique.
Chamberlin n’a perdu
aucunement de sa superbe durant ses trois années d’absence. Sa frappe est
toujours aussi véloce, ses interventions toujours aussi pertinentes, même si
elles manquent de mordant et de vigueur. Bien souvent, l’album se résume à un
duel entre Chamberlin et Billy Corgan, résumant avec une étonnante acuité la
carrière entière des Smashing Pumpkins. James Iha et D’Arcy Wretzky restent en
retrait, laissant l’impeccable batteur et l’arrogant guitariste sur le devant
de la scène. Corgan possède une étonnante facilité à composer des morceaux à la
fois pesants et mélodiques, une dichotomie qui a fait son succès. Les chansons
de Machina présentent ainsi quelques pépites de rock alternatif, sans pour
autant parvenir à faire oublier les chefs-d’œuvre précédents. Ce disque est de
ceux que l’on écoute avec plaisir, sans en retirer autre chose qu’une
satisfaction bien réelle mais temporaire. Corgan semble avoir perdu le secret
du single accrocheur, du morceau permettant de résumer l’album et de marquer
les esprits. Machina est particulièrement homogène, mais son homogénéité même
lui fait perdre un peu de sa saveur, surtout vers la fin. Malgré son insuccès
très relatif (plus de cinq cent mille exemplaires vendus !), Corgan va passer
outre les restrictions de sa maison de disques et publier la seconde moitié de
l’album gratuitement sur internet, bien avant les initiatives comparables de
Nine Inch Nails.
TRACKLIST :
A1 The
Everlasting Gaze
A2
Raindrops + Sunshowers
A3
Stand Inside Your Love
A4 I Of
The Mourning
B1 The
Sacred And Profane
B2 Try,
Try, Try
B3
Heavy Metal Machine
B4 This
Time
B5 The
Imploding Voice
C1
Glass And The Ghost Children
C2
Wound
C3 The
Crying Tree Of Mercury
D1
Speed Kills
D2 Age
Of Innocence
D3 With
Every Light
D4 Blue
Skies Bring Tears
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