mardi 8 janvier 2013

The Smashing Pumpkins - Machina





THE SMASHING PUMPKINS - MACHINA  (2000)


Huit cent trente mille exemplaires d’Adore vendus n’y avaient rien fait: pour Virgin, les Smashing Pumpkins commençaient à passer de mode. Il faut ajouter à leur crédit que le quatrième album des Citrouilles n’avait pas réussi à atteindre les sommets commerciaux faramineux de Mellon Collie & the Infinite Sadness, du moins aux Etats-Unis. La tournée subséquente permit à Billy Corgan de montrer toute sa grandeur d’âme en reversant tous les bénéfices à des œuvres caritatives, sans pour autant réussir à étouffer les rumeurs de mégalomanie courant sur son compte. L’année 1999 vit le retour très attendu de Jimmy Chamberlin derrière les fûts, enfin débarrassé de son addiction à l’héroïne. La réintégration du batteur n’est pas totalement innocente ; Corgan a en effet concocté un plan ambitieux à l’extrême : enregistrer un double album encore plus prétentieux que Mellon Collie, puis saborder le groupe dans la foulée. Virgin Records, affolée par l’arrogance inconséquente du guitariste, préfère opposer une fin de non-recevoir à sa demande. L’album sera donc simple. Corgan, ulcéré, accepte à contrecœur l’ultimatum de la maison de disques. D’Arcy Wretzky profite du désastre ambiant pour quitter une bonne fois pour toutes les Smashing Pumpkins, s’attirant immédiatement les foudres de Corgan, toujours prompt au mépris envers ses collègues. Machina, premier du nom, paraît au début de l’année 2000, décevant très vite les espérances commerciales placées en lui.

Machina : the Machines of God est la première tentative de concept-album de Billy Corgan. Comme souvent, le synopsis est étrange, emprunté, voire difficilement compréhensible. Il s’agit ici de l’histoire d’une rock star nommée Zero (allusion transparente à Corgan) en pleine crise artistique et spirituelle. Le concept, obscur et un peu lâche, sert plus de fil conducteur que de cadre narratif, ce qui est un certain soulagement. Le retour de Chamberlin a eu pour immédiat effet d’orienter les Smashing Pumpkins dans une direction plus rock, plus particulièrement celle empruntée sur Mellon Collie. Les samples électroniques d’Adore semblent définitivement révolus, balayés par les mélodies pop, les refrains romantiques et les guitares abrasives. Le moment d’égarement électro-acoustique d’Adore semble très lointain, comme une parenthèse aussi brève qu’intense, pour toujours isolée sans pour autant être regrettable. Les critiques ont pointé à raison le retour du mur de guitares caractéristique des deux premiers albums du groupe. Ce dernier, usiné par le célèbre producteur Flood, n’arrive toutefois pas à la hauteur de ce qu’avait accompli Butch Vig sur Siamese Dream ; le mur ici est lointain, diffus, presque éthéré, il manque de puissance, sans être ni massif ni écrasant, juste lyrique.

Chamberlin n’a perdu aucunement de sa superbe durant ses trois années d’absence. Sa frappe est toujours aussi véloce, ses interventions toujours aussi pertinentes, même si elles manquent de mordant et de vigueur. Bien souvent, l’album se résume à un duel entre Chamberlin et Billy Corgan, résumant avec une étonnante acuité la carrière entière des Smashing Pumpkins. James Iha et D’Arcy Wretzky restent en retrait, laissant l’impeccable batteur et l’arrogant guitariste sur le devant de la scène. Corgan possède une étonnante facilité à composer des morceaux à la fois pesants et mélodiques, une dichotomie qui a fait son succès. Les chansons de Machina présentent ainsi quelques pépites de rock alternatif, sans pour autant parvenir à faire oublier les chefs-d’œuvre précédents. Ce disque est de ceux que l’on écoute avec plaisir, sans en retirer autre chose qu’une satisfaction bien réelle mais temporaire. Corgan semble avoir perdu le secret du single accrocheur, du morceau permettant de résumer l’album et de marquer les esprits. Machina est particulièrement homogène, mais son homogénéité même lui fait perdre un peu de sa saveur, surtout vers la fin. Malgré son insuccès très relatif (plus de cinq cent mille exemplaires vendus !), Corgan va passer outre les restrictions de sa maison de disques et publier la seconde moitié de l’album gratuitement sur internet, bien avant les initiatives comparables de Nine Inch Nails.





TRACKLIST :


A1          The Everlasting Gaze                  
A2          Raindrops + Sunshowers                          
A3          Stand Inside Your Love               
A4          I Of The Mourning
                       
B1          The Sacred And Profane                            
B2          Try, Try, Try                     
B3          Heavy Metal Machine                
B4          This Time                          
B5          The Imploding Voice 
                 
C1          Glass And The Ghost Children               
C2          Wound                             
C3          The Crying Tree Of Mercury 
                  
D1          Speed Kills                       
D2          Age Of Innocence                        
D3          With Every Light
D4          Blue Skies Bring Tears



Smashing Pumpkins - Everlasting Gaze from Friedrich Mary on Vimeo.

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