IRON MAIDEN - POWERSLAVE (1984)
Après un Piece Of Mind qui sonnait la pré-retraite pour le groupe phare de la New Wave Of British Heavy Metal, quand une majorité des groupes issus de cette vague avaient déjà rendu les armes, Iron Maiden revient un an plus tard avec ce Powerslave à la pochette magnifique, emprunte d'une grandeur que l'on associera toujours à l'Egypte pharaonique. Une jaquette grandiose, donc, mais pour laquelle l'illustrateur Derek Riggs s'est grandement amusé, comme en témoigne les divers graffitis repérables sur la jaquette, à condition toutefois d'avoir un exemplaire format LP vinyle, le format CD gâchant une bonne partie de ces détails croustillants. On notera aussi la luminosité du dessin, qui tranche radicalement avec les différents travaux de Riggs. Les situations explicites laissent place à un univers où l'imaginaire du fan est mis à contribution. Quelle histoire cache cette pochette ? Il y aurait beaucoup à raconter...
Si Piece Of Mind développait des morceaux pépères, plus lents qu'à l'accoutumé, Steve Harris et compagnie se sont ici rendu compte qu'une nouvelle forme de concurrence arrivait tout droit des USA, une bande de sauvage qui assenaient un metal plus radical, fortement hérité du punk, de Motörhead et de cette fameuse NWOBHM dont Maiden était le fer de lance. Aussi, le groupe, qui présente enfin un line-up stable - pour le cinquième album en cinq ans, il était temps ! - passe la vitesse supérieure.
Et cela débute de façon radicale par un Aces High d'anthologie. Titre rapide, dopé par la batterie en rafale de Nicko McBrain qui est à présent bien intégré en groupe et qui voit son jeu mis en valeur. Le chant de Bruce Dickinson monte haut et se veut en même temps très agressif. On est loin de la facilité de morceaux comme Running Free, les harmonies à la guitare sont de plus en plus travaillées et les soli, très immédiats, sonnent de façon très spontanée.
Tout l'album ne progresse pas sur le schéma de la composition rapide, directe et efficace. D'autres prennent leur temps ou se teintent de sonorités plus rock comme c'est le cas pour la célèbre 2 Minutes To Midnight au tempo plus lent et au refrain simple, mais efficace. Seul problème en prenant cet album de 1984, c'est que ce titre est devenu un incontournable de concert et qu'à force, il devient lassant. Mais surtout, Maiden a mis le doigt sur la puissance. Elle est partout, elle se traduit par une nervosité dans l'interprétation qui n'a rien de péjorative, au contraire, elle vient créer de la tension comme sur le rapide Back In The Village, la suite logique de The Prisonersur The Number Of The Beast vu que la chanson reprend également la thématique de la série télé le Prisonnier. La puissance se traduit également par un chant conquérant, qui allait faire école (à l'écoute des refrains aigus de Flash Of The Blade, il parait inconcevable qu'elle n'ait pas inspiré à Michael Kiske sa façon de chanter par exemple). On retrouve également cette puissance au niveau de la composition, comme pour la chanson titre, qui développe une ambiance, entre le lugubre et l'oriental, et qui sera d'ailleurs le seul morceau réellement en adéquation avec la pochette.
Il est également difficile de passer outre The Rime Of The Ancient Mariner, titre fleuve de pus de treize minutes, qui condense un long poème de Samuel Taylor Coleridge datant de la fin du XVIIIème siècle, "le Dit du Vieux Marin". Certes, abréger un texte peut paraitre barbare, mais parfois la nécessité fait loi. Si les premiers couplets passent tout seuls, c'est que l'on se retrouve dans le schéma du Maiden pépère de Piece Of Mind. Puis il y a cette coupure où la narration de Dickinson répond à la basse de Harris, tandis que les mats craquent, puis c'est le final, en forme d'apothéose. Un titre qui s'en sort bien mieux que ce qu'il laissait présager et qui fini par marquer même si en matière de longs morceaux le groupe fera bien mieux par la suite.
On remarquera aussi que la composition, de plus en plus, n'est plus du seul fait de Harris. En fait, il y a deux pôles dans Iron Maiden. Le premier, contrôlé par le bassiste, fait dans le traditionnel, avec les cavalcades habituelles, tandis que l'autre s'articule principalement autour de Dickinson, souvent épaulé par Adrian Smith. Ces derniers composent dans l'optique Iron Maiden, en suivant certains plans, mais ils apportent également des sonorités différente, une musicalité autre, qui permet à ce Powerslave d'avoir un relief des plus intéressant. Pas une concurrence, mais plutôt une émulation entre membres qui permet une osmose des plus surprenante et qualitativement, unique.
Powerslave, c'est le point d'orgue de la première partie de carrière d' Iron Maiden. Contentant son lot de classiques, il se veut plus classieux tout en retrouvant une certaine virulence même si le côté punk, qu'on liait surtout à Paul Di'Anno et Clive Burra définitivement disparu. Un grand album de heavy metal, qui traverse glorieusement les âges et qui servit de point de départ à la plus célèbre tournée de la Vierge de Fer, le World Slavery Tour. Tout simplement monstrueux.
TRACKLIST :
A1 | Aces High | 4:31 | ||
A2 | 2 Minutes To Midnight | 6:03 | ||
A3 | Losfer Words (Big 'Orra) | 4:14 | ||
A4 | Flash Of The Blade | 4:04 | ||
A5 | The Duellists | 6:07 | ||
B1 | Back In The Village | 5:02 | ||
B2 | Powerslave | 7:09 | ||
B3 | Rime Of The Ancient Mariner | 13:36 |
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