MARILLION - SCRIPT FOR A JESTER'S TEAR (1983)
Chronologiquement, ce premier album de Marillion sort durant la même période que Tony Banks, le claviériste de Genesis, ait décidé d'abandonner définitivement le rock progressif. A l'écoute de ce disque, on comprend aisément le pourquoi de ce virage à 90° de Tony Banks. La relève de Genesis était bel et bien arrivée ; ce dernier se retrouvant quelque peu largué aux yeux des fans de prog.
Dès l'intro très classieuse au piano du morçeau-titre "Script For A Jester's Tear", le lien avec Genesis est évident, surtout avec la voix de Fish que l'on confondrait presque par moments avec celle de Peter Gabriel. Elle possède en plus les mêmes forces de caractères ; tantôt triste, joyeuse ou même agressive, elle contribue beaucoup à donner aux morceaux une dimension théâtrale qui se rapporte au personnage du Jester, un artiste replié sur lui-même et en mal de reconnaissance comme le montre la pochette. En tout cas, on n'a pas vraiment à faire à des rigolos ! Le groupe est signé sur une major (EMI) et a déjà son fan club en Angleterre (The Web), preuve que la demande était énorme à l'époque. Mais musicalement, si l'influence de Genesis reste évidente, les compositions de Marilion sont quand même moins alambiquées que celles de son aîné. Les parties de batterie de Mick Pointer (futur Arena) surtout sont très basiques, à l'opposé du jeu très rythmé aux influences jazz de Phil Collins. Ce manque de rythme sur Script et le fait d'avoir l'impression d'entendre une boite à rythme plutôt qu'un batteur rend l'album pas très abordable et les premières écoutes pénibles, surtout si on a découvert Marillion avec des albums antérieurs. Il convient aussi de préciser que les solos de Steve Rothery sont encore loin d'atteindre des sommets d'inspiration et de beauté divine, ils sont même plutôt bruyants la plupart du temps.
Ce qui m'empêche de mettre la note maximale à Script For A Jester's Tear, c'est la naïveté dont le groupe faisait preuve sur ses morceaux, mais c'est souvent le cas sur le premier album d'un groupe. Mais d'un coté, cette spontanéité fait justement tout le charme de cet album, on sent que le groupe se lâchait davantage ici que sur les deux suivants, Fugazi et Misplaced Childhood, plus homogènes. Ca se remarque surtout pour le chant de Fish, vraiment gueulard parfois, il y allait carrément sans retenue ! Marillion en était à ses débuts, donc les mecs pouvaient faire tout ce qu'ils voulaient, personne ne les attendaient au tournant (à part les premiers fans) vu que c'était le premier album. Enfin, y'a quand même un single potentiel dans tout ça, "He Knows You Know", un super hit en puissance, sûrement le meilleur single de l'époque Fish voire de Marillion tout court. Ce morceau, pourtant très simple avec quelques arpèges et nappes de claviers, est hyper accrocheur, sans être bêtement catchy comme un "Punch & Judy" ou un "Incommunicado". "Garden Party" est le second single, et là encore c'est du grand art. Le morceau est basé essentiellement sur une partie de synthé superbe et sur un rythme bâtard (mais avec Mick Pointer on commence à en avoir l'habitude). On pense à "Market Square Heroes" pour son coté joyeux et entraînant et les fameux rrrrrr roulés de Fish, mais "Garden Party" est plus profond.
Les compos ont bien tendance à partir un peu dans tous les sens, avec différentes parties pas toujours bien liées entre elles. On peut parfois penser à du copier-coller pour les contrastes entre les parties très calmes et les parties plus enjouées. C'est surtout le cas sur "Forgotten Sons" qui est le morceau le plus étrange et le plus inhabituel pour Marillion. Fish est déchaîné sur ce titre, plus que sur les autres. Ça commence de manière joyeuse, avec des parties de synthé à gogo comme on les aime ; elles sonnent kitschs et font poindre un p'tit soupson de nostalgie pour l'auditeur. Il s'enchaîne avec une partie bien rock, un style qu'on retrouvera très rarement chez Marillion à cette époque, puis une marche pour le moins incongrue pointe son nez, on ne s'y attendait pas vraiment ! Et enfin, le morceau se termine normalement on va dire.
Script For A Jester's Tear aurait donc pu devenir un chef-d'oeuvre de rock-prog et il reste un de mes albums fétiches de Marillion grâce à la présence de deux joyaux, "The Web" et "Chelsea Monday" ce qui en fait mon préféré de l'époque Fish avec Clutching At Straws.
Dès l'intro très classieuse au piano du morçeau-titre "Script For A Jester's Tear", le lien avec Genesis est évident, surtout avec la voix de Fish que l'on confondrait presque par moments avec celle de Peter Gabriel. Elle possède en plus les mêmes forces de caractères ; tantôt triste, joyeuse ou même agressive, elle contribue beaucoup à donner aux morceaux une dimension théâtrale qui se rapporte au personnage du Jester, un artiste replié sur lui-même et en mal de reconnaissance comme le montre la pochette. En tout cas, on n'a pas vraiment à faire à des rigolos ! Le groupe est signé sur une major (EMI) et a déjà son fan club en Angleterre (The Web), preuve que la demande était énorme à l'époque. Mais musicalement, si l'influence de Genesis reste évidente, les compositions de Marilion sont quand même moins alambiquées que celles de son aîné. Les parties de batterie de Mick Pointer (futur Arena) surtout sont très basiques, à l'opposé du jeu très rythmé aux influences jazz de Phil Collins. Ce manque de rythme sur Script et le fait d'avoir l'impression d'entendre une boite à rythme plutôt qu'un batteur rend l'album pas très abordable et les premières écoutes pénibles, surtout si on a découvert Marillion avec des albums antérieurs. Il convient aussi de préciser que les solos de Steve Rothery sont encore loin d'atteindre des sommets d'inspiration et de beauté divine, ils sont même plutôt bruyants la plupart du temps.
Ce qui m'empêche de mettre la note maximale à Script For A Jester's Tear, c'est la naïveté dont le groupe faisait preuve sur ses morceaux, mais c'est souvent le cas sur le premier album d'un groupe. Mais d'un coté, cette spontanéité fait justement tout le charme de cet album, on sent que le groupe se lâchait davantage ici que sur les deux suivants, Fugazi et Misplaced Childhood, plus homogènes. Ca se remarque surtout pour le chant de Fish, vraiment gueulard parfois, il y allait carrément sans retenue ! Marillion en était à ses débuts, donc les mecs pouvaient faire tout ce qu'ils voulaient, personne ne les attendaient au tournant (à part les premiers fans) vu que c'était le premier album. Enfin, y'a quand même un single potentiel dans tout ça, "He Knows You Know", un super hit en puissance, sûrement le meilleur single de l'époque Fish voire de Marillion tout court. Ce morceau, pourtant très simple avec quelques arpèges et nappes de claviers, est hyper accrocheur, sans être bêtement catchy comme un "Punch & Judy" ou un "Incommunicado". "Garden Party" est le second single, et là encore c'est du grand art. Le morceau est basé essentiellement sur une partie de synthé superbe et sur un rythme bâtard (mais avec Mick Pointer on commence à en avoir l'habitude). On pense à "Market Square Heroes" pour son coté joyeux et entraînant et les fameux rrrrrr roulés de Fish, mais "Garden Party" est plus profond.
Les compos ont bien tendance à partir un peu dans tous les sens, avec différentes parties pas toujours bien liées entre elles. On peut parfois penser à du copier-coller pour les contrastes entre les parties très calmes et les parties plus enjouées. C'est surtout le cas sur "Forgotten Sons" qui est le morceau le plus étrange et le plus inhabituel pour Marillion. Fish est déchaîné sur ce titre, plus que sur les autres. Ça commence de manière joyeuse, avec des parties de synthé à gogo comme on les aime ; elles sonnent kitschs et font poindre un p'tit soupson de nostalgie pour l'auditeur. Il s'enchaîne avec une partie bien rock, un style qu'on retrouvera très rarement chez Marillion à cette époque, puis une marche pour le moins incongrue pointe son nez, on ne s'y attendait pas vraiment ! Et enfin, le morceau se termine normalement on va dire.
Script For A Jester's Tear aurait donc pu devenir un chef-d'oeuvre de rock-prog et il reste un de mes albums fétiches de Marillion grâce à la présence de deux joyaux, "The Web" et "Chelsea Monday" ce qui en fait mon préféré de l'époque Fish avec Clutching At Straws.
TRACKLIST :
A1 | Script For A Jester's Tear | 7:40 | ||
A2 | He Knows, You Know | 5:05 | ||
A3 | The Web | 8:39 | ||
B1 | Garden Party | 7:00 | ||
B2 | Chelsea Monday | 7:45 | ||
B3 | Forgotten Sons | 8:00 |
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