PETER GABRIEL - SO
Virgin Records - 123761 - Edition France - 1986
Au milieu de cette année
1986, Genesis s'apprête à battre comme d’habitude tous les records d'audience
et de ventes, mais cette fois, un des anciens membres lui fait de la
concurrence. C’est Peter GABRIEL et son petit dernier, So.
Observons tout d’abord la
pochette. Jusque là, chose importante, on ne voyait jamais vraiment le chanteur
sous son plus beau jour. Soit il était masqué ou modifié, soit il déchirait
lui-même la pochette, ou alors il gisait comme mort. Sur celle de So, il
apparaît vraiment au grand jour, sans artifices, éclairé par une lumière
séyante et qui donne un effet bleu... La couleur de ses yeux ! C’est un signe.
D’autant plus qu’enfin, un de ses albums porte un nom, court et significatif.
"Donc" on y est, Peter s’est trouvé lui-même, il a réalisé une oeuvre
dont il est pleinement satisfait. Et pourtant il en a fallu ! Presque dix ans
si l'on part du premier album...
Il paraît que Peter a du
recommencer en entier l’écriture de So avant d’être satisfait, on peut donc
dire que cela en valait la peine. Il s'est en revanche séparé de certains
membres de son groupe, notamment Larry Fast. Quant à Jerry Marotta, c'est sa
dernière apparition. Peter a également su trouver le bon son avec l’arrivée du
grand producteur canadien Daniel Lanois (U2, …), la manière de composer qui lui
sied le mieux avec une touche d’efficacité en plus par rapport aux albums
précédents -en gardant l’esprit de ces derniers de manière développée-, tout ce
qu’il faut pour bien marcher en cette période du milieu des années 80.
Peter avait décidé d’enlever
les cymbales depuis le début de son orientation "world", il est
amusant de constater que c’est un jeu de charleston qui ouvre "Red
Rain", réminiscence d’un rêve réalisé étant enfant (comme "The Lamia"
du temps de Genesis) et l’un des titres les plus importants de sa carrière.
Chanson puissante, notamment à la fin, lorsque Peter continue seul au piano
après le fade-out, aaah magnifique ! Si "Red Rain" est l’un des plus
importants, "Sledgehammer" ne l'est pas moins et demeure son titre-phare
pour le grand public, un de ceux qui placent Peter sous les lumières des
projecteurs en cette année 86. Cette espèce de funk ralenti façon Stax, chargé
en cuivres (on l’a d’ailleurs accusé d’avoir copié Phil Collins pour le coup,
il faut bien que les venimeux de service se renouvellent) est plein de bonne
humeur et irrésistible, de même que le petit effet de synthé en intro et au
milieu du morceau, tout simplement génial. C’est aussi l’un des clips les plus
réputés de l’Histoire, preuve en images que Peter GABRIEL est du genre
"3000 idées à la seconde".
En matière de hit, "Big
Time" s’est bien débrouillé aussi, c'est un peu le même trip joyeux que
"Sledgehammer" mais en plus rapide. Bref, Peter se fait plaisir avec
ce genre de morceaux, et il en procure à l’auditeur, même si "Big
Time" s'essouffle un peu sur la longueur. Le chanteur excelle aussi dans
un registre plus calme et grave. En témoigne "Don’t Give Up", un faux
slow avec rythmique veloutée -merci Tony Levin-, doux mariage avec une autre voix
hors du commun, celle de la belle Kate Bush, devenue un vrai Peter GABRIEL
féminin. L’un des plus beaux morceaux du disque reste "Mercy Street",
dédié à la poétesse américaine Anne Sexton, sombre et magique, plein
d’ambiances tissées par les claviers, basse et percussions. Le génie est poussé
au point qu'au moment du solo, on ne reconnait même pas un saxophone... Plus
mineur, quoique très enthousiasmant et le seul titre véritablement méconnu de
l'album original : "That Voice Again", très eighties et co-écrit avec
le guitariste David Rhodes.
L’édition CD a rajouté deux
morceaux. D’abord "We Do What We’re Told", sous-titré "Milgram’s
37", et en relation avec une expérience psychologique. On comprend
facilement à l’écoute du titre, assez spécial et en relation directe -plus que
le restant du disque- avec les deux précédents albums musicalement. "This
Is the Picture" est quant à lui un duo avec la chanteuse Laurie Anderson,
une reprise d’un morceau de cette dernière ("Excellent Birds").
Chanson quelque peu surprenante et répétitive, reposant beaucoup sur la
rythmique : Nile Rodgers et Bill Laswell, ce n’est pas rien ! Ces titres sont
les plus anciens de la fournée et j’ai toujours un peu de mal avec leur
présence, notamment le duo "This Is the Picture", mais on reste dans
une pop sophistiquée plutôt louable pour notre cher artiste. Au final, je
préfère la fin sur "In Your Eyes" qui conclue l’ensemble de manière
aussi africaine que joyeuse et met un vrai baume au cœur. Youssou N'Dour y est
présent, mais à l'instar de Laurie Anderson et Kate Bush, les voix ne sont pas
les seules invitées de marque sur l'album, il y a aussi le pianiste Richard Tee
sur "Don't Give Up", Stewart Copeland sur "Red Rain"...
Un classique, comme
quasiment tout l’album. (Marco
Stivell - FP).
TRACKLIST:
A1. Red Rain
A2. Sledgehammer
A3. Don't Give Up
A4. That Voice Again
B1. In Your Eyes
B2. Mercy Street
B3. Big Time
B4. We Do What We're
Told (Milgram's 37)
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