dimanche 8 décembre 2013

Peter Gabriel - So





PETER GABRIEL - SO
Virgin Records - 123761 - Edition France - 1986



Au milieu de cette année 1986, Genesis s'apprête à battre comme d’habitude tous les records d'audience et de ventes, mais cette fois, un des anciens membres lui fait de la concurrence. C’est Peter GABRIEL et son petit dernier, So.

Observons tout d’abord la pochette. Jusque là, chose importante, on ne voyait jamais vraiment le chanteur sous son plus beau jour. Soit il était masqué ou modifié, soit il déchirait lui-même la pochette, ou alors il gisait comme mort. Sur celle de So, il apparaît vraiment au grand jour, sans artifices, éclairé par une lumière séyante et qui donne un effet bleu... La couleur de ses yeux ! C’est un signe. D’autant plus qu’enfin, un de ses albums porte un nom, court et significatif. "Donc" on y est, Peter s’est trouvé lui-même, il a réalisé une oeuvre dont il est pleinement satisfait. Et pourtant il en a fallu ! Presque dix ans si l'on part du premier album...

Il paraît que Peter a du recommencer en entier l’écriture de So avant d’être satisfait, on peut donc dire que cela en valait la peine. Il s'est en revanche séparé de certains membres de son groupe, notamment Larry Fast. Quant à Jerry Marotta, c'est sa dernière apparition. Peter a également su trouver le bon son avec l’arrivée du grand producteur canadien Daniel Lanois (U2, …), la manière de composer qui lui sied le mieux avec une touche d’efficacité en plus par rapport aux albums précédents -en gardant l’esprit de ces derniers de manière développée-, tout ce qu’il faut pour bien marcher en cette période du milieu des années 80.

Peter avait décidé d’enlever les cymbales depuis le début de son orientation "world", il est amusant de constater que c’est un jeu de charleston qui ouvre "Red Rain", réminiscence d’un rêve réalisé étant enfant (comme "The Lamia" du temps de Genesis) et l’un des titres les plus importants de sa carrière. Chanson puissante, notamment à la fin, lorsque Peter continue seul au piano après le fade-out, aaah magnifique ! Si "Red Rain" est l’un des plus importants, "Sledgehammer" ne l'est pas moins et demeure son titre-phare pour le grand public, un de ceux qui placent Peter sous les lumières des projecteurs en cette année 86. Cette espèce de funk ralenti façon Stax, chargé en cuivres (on l’a d’ailleurs accusé d’avoir copié Phil Collins pour le coup, il faut bien que les venimeux de service se renouvellent) est plein de bonne humeur et irrésistible, de même que le petit effet de synthé en intro et au milieu du morceau, tout simplement génial. C’est aussi l’un des clips les plus réputés de l’Histoire, preuve en images que Peter GABRIEL est du genre "3000 idées à la seconde".

En matière de hit, "Big Time" s’est bien débrouillé aussi, c'est un peu le même trip joyeux que "Sledgehammer" mais en plus rapide. Bref, Peter se fait plaisir avec ce genre de morceaux, et il en procure à l’auditeur, même si "Big Time" s'essouffle un peu sur la longueur. Le chanteur excelle aussi dans un registre plus calme et grave. En témoigne "Don’t Give Up", un faux slow avec rythmique veloutée -merci Tony Levin-, doux mariage avec une autre voix hors du commun, celle de la belle Kate Bush, devenue un vrai Peter GABRIEL féminin. L’un des plus beaux morceaux du disque reste "Mercy Street", dédié à la poétesse américaine Anne Sexton, sombre et magique, plein d’ambiances tissées par les claviers, basse et percussions. Le génie est poussé au point qu'au moment du solo, on ne reconnait même pas un saxophone... Plus mineur, quoique très enthousiasmant et le seul titre véritablement méconnu de l'album original : "That Voice Again", très eighties et co-écrit avec le guitariste David Rhodes.

L’édition CD a rajouté deux morceaux. D’abord "We Do What We’re Told", sous-titré "Milgram’s 37", et en relation avec une expérience psychologique. On comprend facilement à l’écoute du titre, assez spécial et en relation directe -plus que le restant du disque- avec les deux précédents albums musicalement. "This Is the Picture" est quant à lui un duo avec la chanteuse Laurie Anderson, une reprise d’un morceau de cette dernière ("Excellent Birds"). Chanson quelque peu surprenante et répétitive, reposant beaucoup sur la rythmique : Nile Rodgers et Bill Laswell, ce n’est pas rien ! Ces titres sont les plus anciens de la fournée et j’ai toujours un peu de mal avec leur présence, notamment le duo "This Is the Picture", mais on reste dans une pop sophistiquée plutôt louable pour notre cher artiste. Au final, je préfère la fin sur "In Your Eyes" qui conclue l’ensemble de manière aussi africaine que joyeuse et met un vrai baume au cœur. Youssou N'Dour y est présent, mais à l'instar de Laurie Anderson et Kate Bush, les voix ne sont pas les seules invitées de marque sur l'album, il y a aussi le pianiste Richard Tee sur "Don't Give Up", Stewart Copeland sur "Red Rain"...

Un classique, comme quasiment tout l’album. (Marco Stivell - FP).







TRACKLIST:

A1. Red Rain
A2. Sledgehammer
A3. Don't Give Up
A4. That Voice Again

B1. In Your Eyes
B2. Mercy Street
B3. Big Time
B4. We Do What We're Told (Milgram's 37)





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