GARBAGE - GARBAGE (1995)
Mushroom Records - L31450 - 2xLP
Comment peut-on, lorsqu'on a produit un disque qui a changé la vie de plusieurs centaines de milliers de gens, se réinstaller derrière une batterie, dans l'ombre de deux techniciens surdoués et sous l'autorité presque l'inavouable d'une harpie dont la réputation à la petite semaine peut vous griller en quelques secondes ? En clair, comment Butch Vig, LE producteur des années 90, a-t-il pu rejoindre Duke Erickson, Steve Marker et cette peste de Shirley Manson dont les états de services au sein de Goodbye Mr McKenzie et Angelfish ne font frémir - de terreur - que les pauvres bougres qui l'accompagnaient ? Deux hypothèses : soit une amitié indéfectible vous lie aux mentors du projet, soit une confiance inaltérable ou une foi quasi-mystique dans le résultat final vous habite. A l'écoute de Garbage, le disque, il parait acquis que Garbage, le groupe, a profité grandement de ces deux motivations. On ne reviendra plus sur le choix a priori surprenant de Shirley Manson au chant tant sa prestation tout au long de cet album est époustouflante Capable d'adapter sa voix, sa personnalité à toutes les exigences, aguicheuse à souhait, elle se donne corps et âme à chacun des morceaux, même si ses deux réussites personnelles sont Queer et A Stroke Of Luck. deux petits slows obliques et sexys. Le second intérêt de ce disque, ensuite, réside bien évidemment dans la production. Vow, petite merveille de précision techno!ogjque, nous avait donné un aperçu plus que convaincant du talent des trois hommes, Supervixen, en ouverture, imprévisible et millimétré, n'autorise plus aucun doute. On aurait aimé pouvoir assister à l'enregistrement et plus encore au mixage de cet album pour tenter de chiper, ne serait ce qu'un dixième, de cet art de la juxtaposition, du découpage, de la superposition et du modelage. Ici les échantillons, les boucles et autres bruitages vous font perdre la tete. Mais jamais le sens de la melodie. Car voilà le troisième et peut-être principal enseignement de garbage. Derrière la provocation de façade et la maîtrise technologique, se cache une doublette de songwriters pas née de la dernière pluie. Là, mélodie impararable, Milk, ici refrains entêtants, Only Happy, When It Rains Stupid Girl, plus loin arpèges à l'unisson ou solo killer, Duke Erickson et Steve Marker ne sont pas des manchots. En mélangeant donc l'esprit originel du style, celui des années 50, la déviance 60's vers la pop, un peu de la folie qui régnait dans les années 70 à la technologie reine des 80's et l'hyper-médiatisation propre aux années 90, Garbage a peut-être commis le premier disque rock du prochain millénaire. (Philippe Jugé-Magic RPM).
TRACKLIST :
A1 | Supervixen | 3:56 | ||
A2 | Queer | 4:36 | ||
A3 | Only Happy When It Rains | 3:56 | ||
B1 | As Heaven Is Wide | 4:43 | ||
B2 | Not My Idea | 3:50 | ||
B3 | A Stroke Of Luck | 4:45 | ||
C1 | Vow | 4:30 | ||
C2 | Stupid Girl | 4:18 | ||
C3 | Dog New Tricks | 3:58 | ||
D1 | My Lover's Box | 3:55 | ||
D2 | Fix Me Now | 4:43 | ||
D3 | Milk | 3:54 |
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