DEPECHE MODE - DELTA MACHINE (2013)
Columbia - 88765460631 - Double LP
Il suffit d’écouter le nouvel album des Strokes pour comprendre que le revival 80 est devenu un des éléments musicaux le plus « in » qui soit. Mais quand les originaux s’en mêlent, c’est une autre affaire. Après plus de 30 ans de carrière Depeche Mode revient avec « Delta Machine », un 13ème album démontrant à qui en doutait qu’ils sont encore les boss de l’electro-pop.
Le titre « Delta Machine » renvoie immanquablement au blues suintant du Mississippi, car du blues, il y en a sur cet album. Mais à la sauce Depeche Mode. « Slow » est un titre qui mélange un riff de guitare simple et de grosses nappes inquiétantes portant une mélodie collante à souhait. Progressivement, les sonorités sombres s’entremêlent. C’est fait avec subtilité, chaque sonorité étant travaillée avec soin, et c’est d’ailleurs l’impression générale qui se dégage de « Delta Machine » : on est là face à une production sans faille comme on en avait pas vu depuis longtemps de la part du groupe.
L’ouverture « Welcome to my world » met bien sûr en exergue une belle mélodie sous-tension, mais c’est surtout les basses énormes qui frappent au premier abord. Du gros son à faire trembler les vitres, qui contraste pourtant avec un minimalisme évident. « My little Universe » est un bon exemple de l’énorme travail studio du groupe (et de l’influence non dissimulée des allemands de Kraftwerk). C’est ultra-dépouillé mais peuplé d’une multitude de sons différents et on est plus proche de la création sonore qui cherche à installer une ambiance, que d’un titre véritablement mélodique. On sent que le travail de Martin Gore et Vince Clarke au sein de VCMG a porté ses fruits…
Pourtant, des belles mélodies, cet album n’en manque pas. On pense bien sûr au single « Heaven », ballade plus classique mais à l’efficacité redoutable, mais surtout à « Alone », grand moment de l’album qui mêle une prod impeccable à un refrain imparable.
Beaucoup de titres lents et très noirs sur « Delta Machine », mais aussi quelques titres plus rythmés et taillés pour la tournée des stades qui s’annonce. «Soothe my soul » est la petite soeur de «Personal Jesus », et est un tube en puissance avec des couplets quelques peu monotones suivis d’une pause qui lance la phrase unique d’un refrain accrocheur.
« Should be higher » trouvera aussi aisément sa place dans la setlist : c’est bien lourd et oppressant, marqué par une rythmique en shuffle qui envoie, mais c’est surtout la voix de Dave Gahan qui emporte le morceau. Gahan est d’ailleurs en très grande forme sur cet album : sa voix donne la sensation d’être plus posée et maîtrisée qu’à l’accoutumée. Il marque « Broken » en electro-crooner qu’il est, un titre pourtant plus standard, mais marqué encore une fois par une bonne mélodie et un arrangement de boîtes à rythme et synthétiseurs ciselé à la perfection.
A mi-parcours, l’album connaît un léger creux. Sur « The child inside », c’est Martin Gore qui se colle au chant : pas désagréable mais moins envoutant. « Soft touch/Raw Nerve » enchaîne et ne fait pas dans la finesse avec son arrangement un brin pompier.
Malgré ce léger trou d’air, « Delta Machine » est sûrement un des albums les plus intéressants de Depeche Mode depuis bien longtemps, et ce n’est pas le dernier titre «Goodbye » qui nous fera change d’avis. Encore de l’electro-bluesy qui monte en puissance grâce à une mélodie forte et des synthétiseurs saturés melés aux guitares avec une fin en apothéose. Un titre qu’on verrait bien clôturer un dernier rappel de concert…
Ce nouvel album est, vous l’aurez compris, une superbe réussite. Gahan & co mettent en place une atmosphère pesante, sombre et envoutante, et ce grâce à une réalisation impeccable. La grande force du groupe, c’est aussi de savoir nous embarquer où ils veulent sans qu’on sache réellement on l’on va. Un labyrinthe de sonorités électroniques qui sait se faire imposant ou ultra-minimaliste, mais toujours ciselé avec une précision chirurgicale, ce qui rend ce « Delta Machine » dangereusement addictif et sans aucun doute incontournable dans la discographie du groupe. (Marty Tobin).
TRACKLIST :
A1 | Welcome To My World | 4:56 | ||
A2 | Angel | 3:58 | ||
A3 | Heaven | 4:05 | ||
A4 | Secret To The End | 5:12 | ||
B1 | My Little Universe | 4:24 | ||
B2 | Slow | 3:45 | ||
B3 | Broken | 3:58 | ||
B4 | The Child Inside | 4:16 | ||
B5 | Soft Touch / Raw Nerve | 3:27 | ||
C1 | Should Be Higher | 5:04 | ||
C2 | Alone | 4:29 | ||
C3 | Soothe My Soul | 5:22 | ||
C4 | Goodbye | 5:03 | ||
D1 | Long Time Lie | 4:23 | ||
D2 | Happens All The Time | 4:20 | ||
D3 | Always | 5:07 | ||
D4 | All That's Mine | 3:24 |
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