ULTRAVOX - ULTRAVOX!
Island Records – ILPSX 9449 LP, Album, Reissue, Remastered, Red
Il n'est pas dans mon intention de faire un mauvais procès au premier album de ce groupe-charnière par excellence qu'est Ultravox, que du contraire. Je trouve simplement que la musique n'est pas tout à fait à la hauteur, ni par rapport aux autres composantes du chambardement de 76 ni par rapport à leurs albums ultérieurs. Néanmoins, cet Ultravox! est déjà un disque intéressant pour comprendre le passage vers la new wave.
Au départ, j'avais même envisagé de présenter cette chronique comme un petit cours de new wave, mais cela aurait eut l'air prétentieux. Je vais donc me contenter de rappeler certains faits, ici et dans les textes sur les deux albums suivants. Tout d'abord, que s'est-il passé en 75-76 au juste ? Un certain ras-le-bol, justifié ou pas, a commencé à être ressenti, autant vis-à-vis du rock progressif, considéré comme pompeux et prétentieux, que du hard rock perçu comme trop conventionnel et également très orgueilleux, comme en atteste la démesure de la carrière de Led Zeppelin à cette époque, par exemple. Je précise que ce ne sont pas mes opinions sur ces genres, je ne fais que rappeler des faits.
Ce ras-le-bol a donc causé deux choses : tout d'abord, une vague nihiliste, assez violente et contestataire, utilisant une musique volontairement simple et brutale : les punks. En fait, il m'apparaît que le mouvement punk est plus une idéologie dans le rock qu'un véritable style. En parallèle de cela, beaucoup de jeunes musiciens se sont intéressés à des genres moins médiatiques mais quand même très innovants : le krautrock et l'art rock. Le premier est cette vague allemande expérimentale à tendance électronique, comprenant à la fois Tangerine Dream, Cluster, Kraftwerk et Neu!. Le deuxième est son parallèle anglais, dont les exemples les plus importants au début des années 70 sont Roxy Music et leur claviériste originel Brian Eno, Peter Hammill ou encore David Bowie – notons qu'un certain type de glam rock serait, pour faire simple, une branche de l'art rock.
Si l'influence de Bowie et Hammill est palpable un peu partout en punk et en new wave, c'est Brian Eno qui a été la cheville ouvrière de l'évolution des styles, sans en avoir l'air. Tout d'abord, il a fait le pont entre krautrock et art rock, en s'intéressant à Cluster et Neu!, puis en collaborant avec eux à partir de 76. Et d'autre part, il a aidé des jeunes groupes à éclore, comme Talking Heads ou Ultravox. Si les premiers n'ont que vaguement été reliés à la new wave, perpétuant plutôt l'art rock, les deuxièmes ont été parmi les premiers à fixer les codes de ce nouveau courant.
Notons qu'en 1976, le nom «new wave» existait déjà, mais il désignait alors tout ce qui était contestataire et était très parallèle au concept de punk. De ce fait, on peut y inclure Ultravox dès le départ. Leur premier album, avec un point d'exclamation, fait ouvertement référence à Neu!, ce groupe ambigu ayant inventé les rythmes mécaniques avant Kraftwerk et ayant montré un son presque punk dans leur troisième et dernier album de 1975. Sur Ultravox!, la musique est cependant nettement plus mélodique, plus glam rock que du Neu!. La présence de Brian Eno derrière eux ne pourrait être plus évidente. En fait, il n'y a rien de très original ici, juste un bon concentré d'influences. C'est sur de petits détails que je citerai ci-dessous que cet album se montre pourtant plus tourné vers l'avenir qu'il n'y paraît à première vue.
A vrai dire, il n'y a pas grand chose de vraiment punk, à part l'ouverture binaire «Saturday night in the city of the dead» et éventuellement «Slip Away», néanmoins un peu plus lyrique. En cette matière, le deuxième album se montrera nettement plus féroce. A côté de ça, plusieurs chansons font penser à du Bowie ou du Roxy Music, je trouve également quelque chose d'hamillien dans «I want to be a machine». De reste, cette dernière n'est pas terrible, le chant y est horrible, un problème presque général en new wave de toute façon. L'idée de l'homme-machine, un an avant l'album de Kraftwerk, me laisse d'autre part un peu songeur... aucun feedback n'est impossible, n'est-ce pas.
«Wide boys» est amusante, elle me ferait presque penser à du Led Zep ou du psychédélique, en un peu plus sale, comme quoi une contestation est rarement totale. Le rythme de «Dangerous Rythms» m'intrigue beaucoup par contre, ça a un côté chaloupé presque jamaïcain, bien avant The Police, vraiment la prescience d'Ultravox est impressionnante sans en avoir l'air. Notons encore le violon employé par endroits et surtout les premiers synthés invasifs sur «My sex», que je trouve assez influencée par Bowie. Si le chant de cette dernière est de nouveau infâme, je ressens dans l'instrumentation électronique une préfiguration de plus.
Ultravox! est donc un album à connaître si on s'intéresse à la fois au glam rock et à la new wave. S'il est moins important que ses deux successeurs, il offre tout de même un début d'explication tout en montrant une collection de chansons très honnête dans l'ensemble. (Arp2600 - Forces Parallèles).
Au départ, j'avais même envisagé de présenter cette chronique comme un petit cours de new wave, mais cela aurait eut l'air prétentieux. Je vais donc me contenter de rappeler certains faits, ici et dans les textes sur les deux albums suivants. Tout d'abord, que s'est-il passé en 75-76 au juste ? Un certain ras-le-bol, justifié ou pas, a commencé à être ressenti, autant vis-à-vis du rock progressif, considéré comme pompeux et prétentieux, que du hard rock perçu comme trop conventionnel et également très orgueilleux, comme en atteste la démesure de la carrière de Led Zeppelin à cette époque, par exemple. Je précise que ce ne sont pas mes opinions sur ces genres, je ne fais que rappeler des faits.
Ce ras-le-bol a donc causé deux choses : tout d'abord, une vague nihiliste, assez violente et contestataire, utilisant une musique volontairement simple et brutale : les punks. En fait, il m'apparaît que le mouvement punk est plus une idéologie dans le rock qu'un véritable style. En parallèle de cela, beaucoup de jeunes musiciens se sont intéressés à des genres moins médiatiques mais quand même très innovants : le krautrock et l'art rock. Le premier est cette vague allemande expérimentale à tendance électronique, comprenant à la fois Tangerine Dream, Cluster, Kraftwerk et Neu!. Le deuxième est son parallèle anglais, dont les exemples les plus importants au début des années 70 sont Roxy Music et leur claviériste originel Brian Eno, Peter Hammill ou encore David Bowie – notons qu'un certain type de glam rock serait, pour faire simple, une branche de l'art rock.
Si l'influence de Bowie et Hammill est palpable un peu partout en punk et en new wave, c'est Brian Eno qui a été la cheville ouvrière de l'évolution des styles, sans en avoir l'air. Tout d'abord, il a fait le pont entre krautrock et art rock, en s'intéressant à Cluster et Neu!, puis en collaborant avec eux à partir de 76. Et d'autre part, il a aidé des jeunes groupes à éclore, comme Talking Heads ou Ultravox. Si les premiers n'ont que vaguement été reliés à la new wave, perpétuant plutôt l'art rock, les deuxièmes ont été parmi les premiers à fixer les codes de ce nouveau courant.
Notons qu'en 1976, le nom «new wave» existait déjà, mais il désignait alors tout ce qui était contestataire et était très parallèle au concept de punk. De ce fait, on peut y inclure Ultravox dès le départ. Leur premier album, avec un point d'exclamation, fait ouvertement référence à Neu!, ce groupe ambigu ayant inventé les rythmes mécaniques avant Kraftwerk et ayant montré un son presque punk dans leur troisième et dernier album de 1975. Sur Ultravox!, la musique est cependant nettement plus mélodique, plus glam rock que du Neu!. La présence de Brian Eno derrière eux ne pourrait être plus évidente. En fait, il n'y a rien de très original ici, juste un bon concentré d'influences. C'est sur de petits détails que je citerai ci-dessous que cet album se montre pourtant plus tourné vers l'avenir qu'il n'y paraît à première vue.
A vrai dire, il n'y a pas grand chose de vraiment punk, à part l'ouverture binaire «Saturday night in the city of the dead» et éventuellement «Slip Away», néanmoins un peu plus lyrique. En cette matière, le deuxième album se montrera nettement plus féroce. A côté de ça, plusieurs chansons font penser à du Bowie ou du Roxy Music, je trouve également quelque chose d'hamillien dans «I want to be a machine». De reste, cette dernière n'est pas terrible, le chant y est horrible, un problème presque général en new wave de toute façon. L'idée de l'homme-machine, un an avant l'album de Kraftwerk, me laisse d'autre part un peu songeur... aucun feedback n'est impossible, n'est-ce pas.
«Wide boys» est amusante, elle me ferait presque penser à du Led Zep ou du psychédélique, en un peu plus sale, comme quoi une contestation est rarement totale. Le rythme de «Dangerous Rythms» m'intrigue beaucoup par contre, ça a un côté chaloupé presque jamaïcain, bien avant The Police, vraiment la prescience d'Ultravox est impressionnante sans en avoir l'air. Notons encore le violon employé par endroits et surtout les premiers synthés invasifs sur «My sex», que je trouve assez influencée par Bowie. Si le chant de cette dernière est de nouveau infâme, je ressens dans l'instrumentation électronique une préfiguration de plus.
Ultravox! est donc un album à connaître si on s'intéresse à la fois au glam rock et à la new wave. S'il est moins important que ses deux successeurs, il offre tout de même un début d'explication tout en montrant une collection de chansons très honnête dans l'ensemble. (Arp2600 - Forces Parallèles).
TRACKLIST:
A1 Satday Night In The City Of The Dead
A2 Life At Rainbow's End (For All The Tax
Exiles On Main Street)
A3 Slip Away
A4 I Want To Be A Machine
B1 Wide Boys
B2 Dangerous Rhythm
B3 The Lonely Hunter
B4 The Wild, The Beautiful And The Damned
B5 My Sex
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