DAVID BOWIE - HOURS ...
Music On Vinyl -
MOVLP1400 - LP, Reissue - Europe - 2015
On avait laissé Bowie à 50
ans, avec un look résolument différent et sur un album aussi distant qu’impressionnant,
ces deux effets que l’on retrouvait déjà sur outside, dus aux sons purement
électros dont Reeves Gabrels truffait les morceaux. Ce Bowie là bien que
plaisant pouvait sembler "too much" dans cette démarche pour sonner
moderne, à milles lieux de la simplicité de ses premiers ouvrages. Premier
constat avec cette collaboration scénique et en studio, avec placebo : Bowie a
reviré plus rock et moins new sound. Certes Bowie a été et restera un artiste
rock, mais j’entends que la recherche sonore est alors moins marquée comparée
aux délires earthling ou outside.
Deuxième constat : Bowie a
changé une fois de plus au vu de son look, ce changement est d’autant plus
apparent qu’il illustre l’album : sur la pochette le Bowie cinquantenaire
cheveux hérissés et petit bouc git au sol, comme un mourant, s’abandonnant dans
les bras du Bowie 99, cheveux long, tenue cosmique. Faut-il y voir un signe
d’un retour aux sources ? Notre artiste prend-t-il conscience d’un temps qui
passe ? Rien que la pochette annonce la couleur : on est loin des couleurs
chatoyantes d’earthling ou l’anglais à l’œil vairon pose de dos drapé de
l’union jack sur un paysage de bocage. Ici il ne subsiste que des nuances de
bleus, cette neutralité n’étant éclipsée qu’au dos par des bandes de couleur.
Et si l’on prend conscience
que Bowie a vieilli, ça musique, elle, continue de rajeunir. De nombreux
indices de temps sont apparents. l’album se nomme hours, le clip de
"thursday’s child" montre Bowie dont le reflet est un jeune homme qui
lui ressemble étrangement, dans chaque chanson Bowie s’interroge sur la vie,
"something in the air" (’lived with the best times’) -
"survive", évocateur jusque dans le titre - "if i’m dreaming my
life" - "what’s really happening" et surtout ce refrain de
"seven" : ’i got seven days to live my life / or seven ways to die’. Cependant
à ces paroles épicuriennes se joignent des douces mélodies qui rappellent le
meilleur de Ziggy Bowie, quand celui-ci vendait encore des disques et non plus
son image comme à l’heure actuelle. le disque oscille entre ballades, où les
solos guitaresques de Gabrels évoquent l’âge d’or quand Ronson était encore de
la partie, et petits tubes rock à la placebo même si dans ce rapport c’est
plutôt à la placebo qui copie Bowie, le revival glam. L’artiste confirme alors
qu’il n’a en rien perdu sa grâce musicale, sa voix se porte à merveille et mue
selon les morceaux étant méconnaissable d’une piste à l’autre, les guitares
sont tranchantes à souhait telles sur "if i’m dreaming my life" ou
l’excellent "what’s really happening ?" et les écrits foutrement
compliqués et métaphoriques d’earthling sont ici presque abordable pour bac -2.
Le contraste entre pépites pop ("thursday’s child",
"survive") et chef d’œuvres métissés électro-rock ("the pretty
things are going to hell", "what’s really happening ?") est plus
que saisissant et on se surprend à penser que Bowie n’a pas encore tout dit. Si
earthling montrait quelques limites, hours confirme que cet anglais-là a encore
de belles pages rock à écrire à l’instar de bons nombres d’artistes qui sont musicalement
finis en deux albums (les 3/4 de la scène actuelle). Bowie, génie du siècle ?
TRACKLIST
A1 Thursday's Child
A2 Something In The Air
A3 Survive
A4 If I'm Dreaming My Life
B1 Seven
B2 What's Really Happening?
B3 The Pretty Things Are Going To Hell
B4 New Angels Of Promise
B5 Brilliant Adventure
B6 The Dreamers
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