NIRVANA - Incesticide
Universal
Music Group – 00602537204830 2 LP, 45 RPM, Compilation, Reissue, Remastered,
25th Anniversary, 180 Gram - Europe – 2017
Décembre
92, alors que le groupe est au sommet du rock grâce à son album Nevermind, et, avant d'enregistrer en
mars son prochain LP, Nirvana fait patienter les foules en sortant pour Noël, sans tambour ni
trompette (presque pas de promotion, et une tournée en novembre annulée) une
compilation de démos, faces B et raretés. Ce qui n'empêchera pas au disque de
bien se vendre, même s'il reste aujourd'hui encore assez sous-estimé.
Une compilation qui se veut être
un parfait complément de Bleach. On y trouve en effet parmi cette galette de 15
titres, essentiellement des chansons enregistrées entre 88 et 91. Entre temps,
Nirvana a vu défiler plusieurs batteurs. Ainsi, on retrouvera des chansons avec
Dale Crover, batteur des Melvins, et accessoirement le batteur de secours du
groupe à ses débuts, mais aussi Dan Peters, batteur de Mudhoney, lequel
effectuera un passage éclair au sein du groupe, Chad Channing, véritable
premier batteur de Nirvana, et enfin Dave Grohl. On retrouve d'ailleurs la
photo de chacun d'eux dans le livret.
Incesticide c'est donc
l'occasion pour le public de découvrir des chansons peu jouées en concert, mais
également des enregistrements de chansons majeures du groupe. On pense
notamment à "Aneurysm", ou encore à "Dive", qui sont des
pionnières du répertoire de Nirvana.
Lors des rares coupures de
presse évoquant l'album à sa sortie, le groupe insistait sur le côté découverte
(3/4 du grand public ne connaissait alors que Nevermind), en voulant aussi
avertir sur l'aspect brut et rugueux qu'aurait l'album à venir. Une de ses
autres motivations était de publier officiellement, sur un seul support et avec
une bonne qualité de son, une bonne partie des titres déjà publiés sur des CD
ou vinyles pirates qui pullulaient littéralement en 1992 (on trouvait même des bootlegs
de Nirvana en France, en province, à cette époque...).
La pochette est une peinture
de Kurt Cobain, très fidèle à son style visuel assez torturé. Les notes de
pochette, passionnantes, sont signées Cobain elles aussi. Il y parle de
beaucoup de choses, de l'année passée, tumultueuse pour lui, de ses influences,
de sa femme, et avertit : "si quiconque n'aime pas les homosexuels, les
gens d'une autre couleur ou les femmes, rendez nous service : ne venez pas à
nos concerts et n'achetez pas nos disques". On a rarement lu aussi radical
sur un disque grand public. Malheureusement, seules certaines éditions
étrangères semblent contenir ces notes.
Tout comme Bleach,
"Dive" ouvre l'album sur une intro à la basse, comme l'avait fait
"Blew". D'ailleurs ces deux chansons seront souvent confondues. Elle
fût enregistrée au Smart Studios en Avril 90 avec d'autres chansons qui
figureront par la suite sur Nevermind et publiée en single avec
"Dive". D'un rythme plutôt lourd et trainé en longueur, "Dive"
nous plonge dans une certaine ambiance relaxante. Rappelons que cette chanson
fût ecrite fin 89, durant la tournée européenne de Bleach. Autant dire qu'il
s'agit là d'un des incontournables du répertoire du groupe.
"Sliver" est le
seul morceau enregistré avec Dan Peters à la batterie. Malgré tout, c'est Dave
Grohl que l'on verra lors de l'enregistrement du clip en 93. Encore une fois,
"Sliver" est un des titres phares de Nirvana, que l'on suivra durant
toute sa carrière en live.
Peu connu et beaucoup sous
estimé, "Stain" n'en reste pas moins l'un des titres les plus
intéressants du premier Nirvana. Un riff accrocheur, un gros son (la production
de Steve Fisk est très différente de celle de Jack Endino, il a aussi un studio
plus équipé) un solo particulier à deux guitares (plus une troisième tenant le
rythme initial), un chant nerveux, Stain à tout d'un tube. Elle cartonnera en
live lors des premières tournées pour malheureusement passer à la trappe par la
suite. On retiendra cependant quelques performances durant l'été 92 aux côtés
de "Scoff" et "Swap Meet", deux titres tout droits sortis
de Bleach.
"Been A Son" est
peut être un titre qui ne plaira pas à tout le monde. Son manque de pêche
l'empêche de réellement décoller. Une chanson cependant sympathique énormément
axée sur le chant, où l'on y entend Grohl faire les choeurs sur les refrains.
"Turnaround" est
une reprise de Devo, enregistrée au John Peel Session à Londres fin 90. Une des
reprises les plus géniales que le groupe n'ait jamais réalisé. Très dynamique,
et particulière, avec un jeu de batterie intense ( Dave Grohl oblige ) avec un
effet de batterie robotique, la voix de Cobain est parfaite pour ce genre de
chanson.
S'en suivent deux autres
reprises des Vaselines. "Molly's Lips", souvent interpretée en live,
et "Son Of A Gun", qui, elle se fait plus timide sur scène, avec
seulement de rares performances. Deux chansons encore une fois sympathique
d'ecoute, même si elle se voudront plus anecdotiques qu'autre chose.
"Polly (New Wave)"
est certainement le morceau le moins facile d'écoute. Une reprise rapide de
"Polly". Un format qui ne semble pas du tout coller à l'image
acoustique que l'on s'est faîte de la chanson après son ecoute sur Nevermind.
Un rythme de batterie trop imposant pour réellement rendre ce titre intéressant,
où les detracteurs se verront plus nombreux que les partisans.
Nettement plus sombre,
"Beeswax" est la perle noire d'Incesticide. Enregistrée le 23 Janvier
88 avec Dale Crover derrière les fûts, elle nous rappelle ce Nirvana des
débuts, encore immature dans ses paroles. La chanson anti-machos par
excellence, ces rares performances lives sont assez grandioses pour être
soulignées. Une chanson très appréciée des fans.
Les quatre titres suivants,
"Downer", "Mexican Seafood", "Hairspray Queen" et
"Aero Zeppelin" ont également été enregistrés au Reciprocal le 23
Janvier 88. Toutes ces chansons auraient donc facilement pu figurer sur Bleach.
Incesticide nous permet de
profiter de ces musiques longtemps restées au placard. Le groupe s'en trouve
rajeuni et l'on y découvre des titres inédits pour la première fois. Pas
toujours facile d'accès il est vrai avec des morceaux comme "Downer"
(déjà paru sur la réédition de Bleach), ou "Hairspray Queen"
(véritable prouesse vocale de Cobain).
Plus 'groovy', "Aero
Zeppelin" est un véritable petit bijou. Lente et rapide, à la mélodie
dynamique.
Autant vous dire que ces 5
titres ("Beeswax [...] Aero Zeppelin") n'auront que très peu vu le
jour sur scène et que leurs rares performances ont surtout été faites lors des
premiers shows du groupe.
"Big Long Now", le
titre le plus long de la compilation se révèle très calme malgré les passages
soulevés. Là encore, une chanson énormément appréciée des fans, qui,
malheureusement, n'aura jamais connu le goût du concert. La seule performance
live recensée est un extrait sur le DVD du coffret "With The lights
Out", dans la répétition de 1988...
Concluant de la même manière
qu'il avait commencé, Incesticide s'achève sur la très grande
"Aneurysm". Chanson parfaite pour les ouvertures de concerts, et tout
bonnement taillée pour être jouée en live. Une structure à part, un refrain
divin, un finish grandiose, tous les ingrédients sont réunis pour faire
d'"Aneurysm" une chanson à la fois poétique et violente et un des
nombreux incontournables.
Incesticide n'est pas à
écouter comme un album, mais comme quelque chose qui permettrait au novice
d'approfondir sa découverte de Nirvana. Le fan de souche, lui, verra
incontestablement en Incesticide un véritable trésor lui donnant l'opportunité
de découvrir des versions studio de titres inédits rarement joués en live, ou
tout simplement d'ecouter certains des morceaux les plus sublimes du groupe à
travers un son proche de celui de Bleach. Indispensable.
TRACKLIST:
A1
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Dive
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A2
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Sliver
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A3
|
Stain
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A4
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Been A Son
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B1
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Turnaround
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B2
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Molly's Lips
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B3
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Son Of A Gun
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B4
|
(New Wave) Polly
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B5
|
Beeswax
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C1
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Downer
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C2
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Mexican Seafood
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C3
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Hairspray Queen
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C4
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Aero Zeppelin
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D1
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Big Long Now
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D2
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Aneurysm
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